09/12/2019 reseauinternational.net  4 min #165712

Les Chutes Victoria quasiment à sec après la pire sécheresse du siècle

par Laurie Debove.

Depuis toujours, les chutes Victoria fascinent des voyageurs du monde entier. Impressionnantes cascades du fleuve Zambèze en Afrique australe, elles plongent à 100 mètres dans les entrailles de la terre. Aujourd'hui, la région traverse sa sécheresse la plus grave en un siècle. La situation est telle que le fleuve Zambèze s'est profondément tari, et que les chutes Victoria ont été réduites à un mince filet d'eau.

« Les chutes Victoria réduisent à chaque saison sèche. Ce qui est différent cette année, c'est l'ampleur et la longueur de la sécheresse. La saison sèche a commencé très tôt, en juin. Je dirais que c'est l'une des plus longues saisons sèches que nous ayons connues aux Chutes Victoria. » témoigne David Samalembo , vendeur au marché local, pour The Guardian.

Si la plupart des locaux craignent que la réduction des chutes Victoria attire moins de touristes, les autorités sont soucieuses des conséquences de la sécheresse prolongée sur l'approvisionnement en eau et en électricité dans la région.

Les Chutes Victoria

Des problèmes d'approvisionnement en eau et en électricité

Alors que les dirigeants politiques et économiques se réunissent une énième fois pour la conférence COP25 qui vise à prendre des décisions pour stopper la crise climatique causée par l'activité humaine, l'Afrique australe en subit déjà les pires effets comme en Afrique du Sud où  Le Cap risque chaque année d'affronter une pénurie d'eau.

Dans cette partie de l'Afrique, 45 millions de personnes souffrent de la faim à cause des récoltes de plus en plus difficiles. Le Zimbabwe et la Zambie ont également subi des coupures d'électricité car ils dépendent fortement de l'hydroélectricité des centrales du barrage de Kariba, qui se trouve sur le fleuve Zambèze en amont des chutes d'eau.

Les données de la Zambezi River Authority montrent que le débit d'eau est à son niveau le plus bas depuis 1995, et bien en-dessous de la moyenne sur le long terme. Le président zambien, Edgar Lungu,  l'a qualifié de « rappel brutal de ce que le changement climatique fait à notre environnement ». Richard Beilfuss, directeur de l'International Crane Foundation, qui a étudié le Zambèze ces trois dernières décennies, estime que le changement climatique retarde la mousson, en provoquant des pluies diluviennes soudaines beaucoup plus difficiles à stocker dans le sol et le fleuve, et aboutissant à une saison sèche bien plus longue et brutale.

Pourtant, certains scientifiques comme Harald Kling, un hydrologue de la firme d'ingénierie Poyry et un expert du fleuve Zambèze, réfutent que la situation soit forcément imputable à la crise climatique car il faut attendre plusieurs décennies afin de vérifier que l'événement se reproduise régulièrement.

Seulement, l'Afrique Australe ne dispose pas du luxe d'attendre que ces difficultés se répètent pour les prendre au sérieux. L'absence des chutes Victoria est le reflet douloureux d'une réalité implacable : les écosystèmes peuvent s'arrêter de fonctionner si nous n'en prenons pas soin.

source :  lareleveetlapeste.fr

 reseauinternational.net

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