20/01/2021 tlaxcala-int.org  4 min #184492

Sous prétexte de pandémie, des étudiants palestiniens interdits de sortie de Gaza

 Amira Hass عميرة هاس עמירה הס

Quatre étudiants et quatre étudiantes palestinien··es de Gaza posent un risque sanitaire pour Israël, qui est en proie au coronavirus. Ce n'est que grâce à la détermination du Bureau de coordination et de liaison, qui les empêche d'aller étudier à l'étranger, qu'Israël a été sauvé de ces huit hypothétiques super-diffuseurs du virus.

Même le fait que ces huit personnes ne mettront même pas un pied en Israël mais voyageront dans un véhicule fermé directement du point de contrôle d'Erez à la frontière de Gaza au point de passage d'Allenby vers la Jordanie, n'apaise pas le bureau de coordination et l'organe qui le supervise, le bureau du Coordinateur des activités gouvernementales dans les territoires. Ils ne permettront pas à ces huit personnes de quitter la bande de Gaza pour poursuivre leurs projets d'études et d'améliorer leurs compétences professionnelles, ce qui sera également bénéfique pour leur société à l'avenir.

Yafa (son vrai nom n'est pas divulgué), 28 ans, a été acceptée dans un programme de doctorat en Espagne en économie et en administration des affaires. Elle a également reçu une bourse généreuse de l'Union européenne, mais le point de passage de Rafah en Égypte est fermé. Le semestre a commencé le 11 janvier et l'université s'est montrée compréhensive, disant que même si elle est un peu en retard, elle sera très bien accueillie.

Elle a soumis une demande au bureau de liaison palestinien à Gaza, pour être transférée au bureau de liaison israélien, afin qu'elle puisse sortir par Erez. On lui a dit de s'inscrire d'abord sur un site web du gouvernement jordanien appelé « Visit Jordan », afin de s'assurer une place parmi les Palestiniens qui entrent en Jordanie par le pont Allenby en route vers l'étranger. Par mesure de précaution sanitaire, le nombre quotidien de ces inscriptions est limité.

Jeudi dernier, Yafa a réussi à s'inscrire sur ce site web très fréquenté. Elle a payé le test de dépistage du coronavirus requis et sa participation à la désinfection du véhicule qui l'amènera à l'aéroport d'Amman. Son tour de passer la frontière était prévu pour jeudi prochain. Toute contente, elle s'est rendue au bureau de liaison palestinien, qui l'a informée que la partie israélienne refusait d'accepter des demandes comme la sienne. En raison de la pandémie, Israël a limité et rendu encore plus sévères les critères déjà stricts pour franchir le passage d'Erez. Une source israélienne a déclaré à Haaretz que les demandes de ces huit étudiants n'ont pas été reçues par le bureau de coordination et de liaison.

Il s'agit d'une méthode ancienne et bien connue : La partie israélienne interdit aux fonctionnaires palestiniens de délivrer certains types de demandes, puis fait valoir qu'elle n'a jamais reçu ces demandes. Le porte-parole du bureau de coordination des activités gouvernementales dans les territoires a déclaré que la restriction de la circulation au point de contrôle d'Erez vise à empêcher la propagation du virus, et que les demandes qui ne sont pas de nature médico-humanitaire sont « étudiées sérieusement, sur la base de considérations de santé et de sécurité ».

« J'étais en état de choc », m'a dit Yafa au téléphone, la voix légèrement tremblante. « J'ai déjà quitté mon travail et abandonné ce qui est considéré comme un bon salaire à Gaza - 900 dollars - et vous savez combien il est difficile de trouver du travail ici. J'ai essayé pendant deux semaines de m'inscrire pour le passage au pont Allenby, et maintenant ils me disent qu'Israël n'accepte pas des demandes comme la mienne ? Je pourrais perdre l'allocation. Si je n'y vais pas bientôt, elle sera donnée à quelqu'un d'autre ».

Une requête de N., une autre doctorante, sera examinée dans deux jours par le tribunal de district de Jérusalem pour les affaires administratives. N. a été acceptée dans un programme de pédagogie et d'éducation en Jordanie. Elle a fait son premier semestre par apprentissage à distance. Le deuxième semestre commence le 24 janvier, et sa présence physique est désormais obligatoire. Elle a demandé un permis de sortie il y a longtemps, le 25 novembre, mais n'a pas encore reçu de réponse.

C'est la même chose pour les autres. Ce sont des étudiants accomplis, avec des rêves et des projets qu'ils pourraient poursuivre dans des universités en Angleterre, en Norvège, en France ou en Turquie. Après avoir soumis des candidatures au bureau de liaison palestinien et avoir rencontré le silence du côté israélien, ils ont contacté l'ONG de défense des droits humains Gisha, qui défend la liberté de circulation des résidents de Gaza. Le 7 janvier, l'ONG a lancé un appel au coordinateur des activités gouvernementales dans les territoires, le général de brigade Kamil Abu-Rukun, lui demandant d'examiner l'interdiction générale de sortie des étudiants, y compris la question de ces huit. Ni Abu-Rukun ni aucun de ses collaborateurs n'ont daigné répondre.

Courtesy of  Tlaxcala
Source:  haaretz.com
Publication date of original article: 18/01/2021

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