30/01/2023 les-crises.fr  15 min #223250

Noam Chomsky : « Un autre monde est possible, à nous d'en faire une réalité »

Le militantisme syndical et populaire peut contribuer à façonner le système économique de manière à ce qu'il profite aux gens, et non au secteur privé.

Source :  Truthout, C.J. Polychroniou, Noam Chomsky
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Une manifestante tient une pancarte sur laquelle on peut lire « Halte à la dégradation du climat » lors d'une grève pour le climat, le 18 novembre 2022, à Varsovie, en Pologne.
ARTUR WIDAK / ANADOLU AGENCY VIA GETTY IMAGES

Dire que le monde est dans un état pitoyable est un truisme ; en effet, notre monde est confronté à trop de grands défis et la planète est bel et bien à son point de rupture, comme l'explique Noam Chomsky dans l'interview exclusive ci-dessous pour Truthout. Ce que l'on sait moins, c'est qu'un autre monde est possible dans la mesure où le monde actuel n'est tout simplement plus soutenable, affirme l'un des plus grands intellectuels du monde.

Noam Chomsky est professeur émérite du département de linguistique et de philosophie du MIT, professeur lauréat de linguistique [Le titre de professeur lauréat est décerné aux universitaires les plus éminents en reconnaissance de leurs réalisations et de leur contribution exceptionnelle à leur domaine d'études et à leur université, NdT] et titulaire de la chaire Agnese Nelms Haury du programme sur l'environnement et la justice sociale de l'université d'Arizona. Il est l'un des chercheurs les plus fréquemment cités dans le monde et un intellectuel reconnu considéré par des millions de personnes comme un trésor national et international, Chomsky a publié plus de 150 ouvrages sur la linguistique, la pensée politique et sociale, l'économie politique, l'étude des médias, la politique étrangère des États-Unis et les affaires mondiales. Ses derniers livres sont The Secrets of Words (avec Andrea Moro ; MIT Press, 2022) (Le mystère des mots, non traduit) ; The Withdrawal : Iraq, Libya, Afghanistan, and the Fragility of US Power (avec Vijay Prashad (Le repli : Irak, Libye, Afghanistan, et la fragilité de la puissance américaine, non traduit) ; The New Press, 2022) ; et The Precipice : Neoliberalism, the Pandemic and the Urgent Need for Social Change (avec C. J. Polychroniou ; Haymarket Books, 2021) (Le Précipice : néolibéralisme, pandémie et urgence d'un changement social, non traduit).

C.J. Polychroniou : Noam, alors que nous entrons dans une nouvelle année, je voudrais commencer cette interview en vous demandant de mettre en lumière les plus grands défis auxquels notre monde est confronté aujourd'hui et si vous partagez l'idée que le progrès humain, bien que réel et significatif à certains égards, n'est ni uniforme ni inexorable ?

Noam Chomsky : La meilleure façon de répondre est de recourir à l'horloge de l'apocalypse, qui est maintenant réglée à 100 secondes avant minuit et dont les aiguilles se rapprocheront probablement de la fin lorsqu'elle sera remise à zéro dans quelques semaines. Comme cela devrait être le cas, compte tenu de ce qui s'est passé au cours de l'année écoulée. Les défis qu'elle a mis en évidence en janvier dernier restent en tête de liste : guerre nucléaire, réchauffement de la planète et autres destructions environnementales, et délitement dans les débats de tout discours rationnel alors que ces derniers représentent pourtant notre seul espoir si nous voulons relever ces défis existentiels. Il y en a d'autres, mais examinons ceux-ci.

Washington vient d'accepter de fournir à l'Ukraine des missiles Patriot. La question de savoir s'ils fonctionnent ou non reste posée, mais la Russie se basera sur une analyse du pire des cas et les considérera comme une cible. Nous disposons de peu de détails, mais il est vraisemblable que les instructeurs américains accompagnent les missiles, et constituent donc des cibles pour une attaque russe, ce qui pourrait nous faire gravir quelques marches supplémentaires dans le processus d'escalade.

Ce n'est pas le seul scénario inquiétant envisageable concernant l'Ukraine, et les menaces d'escalade vers une guerre inconcevable ne se limitent pas à ce pays. La situation est déjà bien assez dangereuse au large des côtes chinoises, d'autant plus que Biden a déclaré une guerre virtuelle à la Chine et que le Congrès est impatient de rompre l'« ambiguïté stratégique » qui a préservé la paix à Taïwan pendant 50 ans, autant de sujets que nous avons déjà abordés.

Sans faire quoi que ce soit, la menace d'une guerre extrême a augmenté, ainsi que les affirmations insensées et inconscientes qui voudraient que nous ne soyons pas concernés.

Passons maintenant à l'environnement. En ce qui concerne le réchauffement de la planète, les nouvelles vont de catastrophiques à effroyables, mais il y a quelques points positifs. La Convention sur la biodiversité est un pas important vers la limitation de la destruction meurtrière de l'environnement. Le soutien est presque universel, mais pas absolu. Un État a refusé de signer, l'aberration habituelle, l'État le plus puissant de l'histoire du monde. Le Parti républicain, fidèle à ses principes, refuse de soutenir tout ce qui pourrait interférer avec le pouvoir et le profit privés. Pour des raisons similaires, les États-Unis ont refusé de signer les protocoles de Kyoto sur le réchauffement de la planète (rejoints dans ce cas là par Andorre), déclenchant ainsi un désastreux défaut d'action qui a fortement réduit les chances d'échapper à la catastrophe.

Je ne prétends pas que le monde soit parfait. C'est loin d'être le cas. Mais la puissance hégémonique mondiale se démarque.

Venons-en au troisième élément, celui qui fait avancer les aiguilles de l'horloge de l'apocalypse les rapprochant de minuit : délitement dans les débats de tout discours rationnel. La plupart des analyses relatives à ce phénomène profondément troublant se concentrent sur les débordements des médias sociaux, les théories délirantes du complot, QAnon et les élections volées, ainsi que sur d'autres évolutions dangereuses qui peuvent être attribuées en grande partie à l'effondrement de l'ordre social sous les coups de boutoir de la guerre des classes des 40 dernières années. Mais au moins, il nous reste la sphère modérée et raisonnable de l'opinion intellectuelle libérale qui nous permet d'espérer un certain discours rationnel.

Mais est-ce le cas ?

Ce que nous constatons dans ce domaine défie souvent la logique - et suscite des railleries en dehors des cercles occidentaux rigoureux. Par exemple, la principale revue d'affaires internationales de l'establishment nous informe sobrement qu'une défaite russe « renforcerait le principe selon lequel une attaque contre un autre pays ne saurait rester impunie ».

Le journal s'appuie ici sur le principe qui a été si scrupuleusement défendu lorsque nous sommes les agents de l'agression : une pensée qui n'apparaît que chez ceux qui commettent le crime impardonnable de s'appliquer à eux-mêmes les principes que nous défendons vaillamment pour les autres. Il est difficile d'imaginer que cette pensée n'a jamais fait surface au sein du grand public. Mais elle n'est pas facile à dénicher.

Ce qui apparaît est parfois si farfelu que l'on est en droit de se demander ce qui peut se cacher là-dessous, puisque les auteurs ne peuvent même pas croire ce qu'ils disent. Comment, par exemple, réagir à un article intitulé « Pas de preuve concluante que la Russie est à l'origine de l'attaque du Nord Stream », qui explique ensuite que « Les dirigeants mondiaux ont rapidement accusé Moscou d'avoir fait exploser les gazoducs sous-marins. Mais certains responsables occidentaux doutent désormais de la responsabilité du Kremlin », même si les Russes ont probablement agi dans le but « de tarir l'approvisionnement en énergie de millions de personnes sur le continent » ?

Il est exact qu'une grande partie de l'Occident s'est empressée de rejeter la faute sur la Russie, mais cela est aussi instructif que de constater que lorsque quelque chose ne va pas, les apparatchiks russes s'empressent de rejeter la faute sur les États-Unis. La Russie n'a rien à gagner de la destruction d'un de ses actifs précieux ; la société d'État russe Gazprom est le principal propriétaire et promoteur des pipelines, et la Russie compte sur ceux-ci pour obtenir des revenus et de l'influence. Si elle avait voulu « tarir le flux d'énergie », il lui suffisait de fermer quelques vannes.

Comme l'ont immédiatement reconnu les pays sains d'esprit, le coupable le plus probable est le seul qui avait à la fois le mobile et la capacité. La motivation des États-Unis n'est pas remise en question. Elle est publiquement clamée depuis des années. Le président Biden a explicitement informé ses homologues allemands, très publiquement, que si la Russie envahissait l'Ukraine, le pipeline serait détruit. La capacité des États-Unis n'est bien sûr pas remise en question, même en dehors des énormes manœuvres navales américaines dans la zone du sabotage juste avant que celui-ci n'ait lieu.

Mais le fait de faire état de cette conclusion évidente est aussi ridicule que de soutenir que le noble « principe selon lequel une attaque contre un autre pays ne peut rester impunie » pourrait s'appliquer lorsque les États-Unis attaquent l'Irak ou n'importe qui d'autre. Insupportable.

Qu'y a-t-il donc derrière le gros titre cocasse « Aucune preuve concluante que la Russie est derrière l'attaque du Nord Stream » - il y a la traduction orwellienne de la déclaration selon laquelle nous avons des preuves accablantes que la Russie n'est pas derrière l'attaque et que donc ce sont bien les États-Unis qui le sont.

La réponse la plus vraisemblable est la technique du « au voleur, au voleur », un procédé de propagande bien connu : Lorsque vous êtes pris les mains dans la poche de quelqu'un, ne niez pas et ce que vous dites pourra facilement être réfuté. Au contraire, il faut montrer du doigt quelqu'un d'autre et crier « au voleur, au voleur », reconnaissant ainsi qu'il y a eu un vol tout en déplaçant l'attention vers un coupable imaginaire. Cela fonctionne très bien. L'industrie des combustibles fossiles le met en pratique de manière efficace depuis des années, comme nous en avons déjà fait état. Cela fonctionne encore mieux quand on embellit le tout avec les techniques standard qui rendent la propagande américaine tellement plus efficace que la lourde version totalitaire : encourager le débat pour montrer notre ouverture, mais dans le cadre de contraintes étroites qui instillent le message de propagande par présupposition, ce qui est beaucoup plus efficace que l'affirmation. Il faut donc souligner le fait qu'il existe un scepticisme à l'égard de la dépravation russe, ce qui montre à quel point nous sommes une société libre et ouverte tout en renforçant l'affirmation ridicule que le système de propagande cherche à instiller.

Il existe, bien sûr, une autre possibilité : peut-être que certaines catégories de la classe intellectuelle sont si profondément immergées dans le système de propagande qu'elles ne peuvent en réalité pas percevoir l'absurdité de ce qu'elles disent.

Quoi qu'il en soit, il s'agit d'un rappel brutal de la déliquescence du champ du discours rationnel, là même où nous pouvions espérer qu'il soit défendu.

Malheureusement, il est beaucoup plus facile de persister.

En bref, les trois raisons pour lesquelles la pendule avait été avancée à 100 secondes avant minuit ont été considérablement renforcées au cours de l'année écoulée. Une conclusion peu réconfortante, mais néanmoins irréfutable.

Les scientifiques nous alertent sur le fait que le réchauffement climatique est une menace existentielle telle que la civilisation se dirige vers une catastrophe majeure. Les affirmations ou les points de vue apocalyptiques sur le réchauffement climatique sont-ils utiles ? Que faudra-t-il en effet pour que l'action en faveur du climat soit couronnée de succès, si l'on considère que la nation la plus puissante de l'histoire est en fait « un État voyou qui conduit le monde tout droit vers un effondrement écologique », comme l'a si bien dit George Monbiot dans une récente tribune publiée dans The Guardian ?

Le département Climat et communication de l'université de Yale a mené des études sur la meilleure façon d'amener les gens à comprendre la réalité de la crise à laquelle l'humanité est confrontée. D'autres études ont été réalisées, à partir de perspectives diverses.

C'est une tâche qui revêt une importance particulière dans « l'État voyou qui conduit le monde vers l'effondrement écologique ». C'est aussi une tâche difficile, étant donné que le négationnisme n'existe pas seulement dans certains cercles, mais qu'on le rencontre au plus près de la politique officielle du parti républicain depuis que cette organisation extrémiste a succombé à l'offensive du conglomérat énergétique Koch, lancée alors que le parti semblait virer vers le bon sens pendant la campagne McCain de 2008. Lorsque les fidèles du parti entendent leurs dirigeants, et leur chambre d'écho médiatique, qui leur répètent « ne vous inquiétez pas », il n'est pas facile de les convaincre. Et bien qu'extrême, le Parti républicain n'est pas isolé.

Il semblerait bien que l'on s'accorde à dire que les déclarations apocalyptiques ne sont pas utiles. Soit les gens se déconnectent, soit ils écoutent et laissent tomber : « C'est trop énorme pour moi. » Il semble bien que ce qui fonctionne le mieux consiste à se concentrer sur les expériences concrètes et sur les mesures qui peuvent être prises, même si elles sont modestes. Tout cela, bien sûr, est connu de la plupart des responsables politiques. C'est un chemin difficile à suivre pour ceux qui sont conscients de l'énormité de la crise. Mais les efforts pour sensibiliser les gens doivent être adaptés à leur niveau de compréhension et à leurs préoccupations. Sinon, on risque de se contenter de prêcher dans le vide.

Dernièrement, dans une autre interview, nous nous sommes penchés sur les objectifs et les effets du capitalisme néolibéral. Aujourd'hui, on confond assez souvent néolibéralisme et mondialisation, mais il est évident que cette dernière est un processus multidimensionnel qui a existé bien avant la montée du néolibéralisme. Bien sûr, la forme dominante de la mondialisation aujourd'hui est la mondialisation néolibérale, mais cela ne veut pas dire que la mondialisation doit être structurée autour des politiques et des valeurs néolibérales, ni qu'il « n' existe aucune alternative. » Il existe en effet des luttes permanentes à travers le monde pour le contrôle démocratique des États, des marchés et des entreprises. Ma question est donc la suivante : Est-il utopique de croire que le statu quo peut être remis en question et qu'un autre monde est possible ?

La mondialisation est tout simplement synonyme d'intégration internationale. Elle peut prendre de nombreuses formes. La mondialisation néolibérale élaborée principalement pendant les années Clinton a été conçue dans l'intérêt du capital privé, avec une série d'accords très protectionnistes sur les droits des investisseurs, maquillés en « libre-échange ». Cela n'était en rien inévitable. Le mouvement syndical et le propre bureau de recherche du Congrès (l'Office of Technology Assessment, ou OTA) ont proposé des alternatives orientées vers les intérêts des travailleurs aux États-Unis et à l'étranger. Elles ont été sèchement écartées. Selon certains rapports, l'OTA a été dissous parce que le Parti républicain de Newt Gingrich considérait que cet organisme était partial à leur égard, mais il se peut que les néo-démocrates clintoniens aient partagé ce sentiment quant aux faits et à la raison. Le capital a prospéré, y compris le système financier, essentiellement prédateur. Le monde du travail a été sévèrement affaibli, avec des conséquences qui se font sentir jusqu'à aujourd'hui.

La mondialisation pourrait prendre une forme très différente, tout comme les accords économiques en général. Depuis longtemps, on s'efforce de séparer le domaine politique du domaine économique, ce dernier étant considéré comme purement objectif, à l'instar de l'astronomie, guidé par les spécialistes de la profession économique et insensible à l'action des citoyens ordinaires, en particulier des travailleurs. Une étude récente très impressionnante, réalisée par Clara Mattei, soutient de manière convaincante que cette dichotomie, qui prend généralement la forme de programmes d'austérité, a été un instrument majeur de la lutte des classes pendant un siècle, ouvrant la voie au fascisme, qui a d'ailleurs été bien accueilli par l'opinion élitaire occidentale, et avec enthousiasme par les « libertariens » [Le Parti libertarien est un parti politique américain fondé en 1971. Comptant 511 277 membres en juillet 2017, c'est l'un des principaux partis minoritaires aux États-Unis, NdT].

Or, il n'y a aucune raison d'accepter ce mythe. Le domaine politique au sens large, incluant notamment les syndicats et d'autres formes de militantisme populaire, peut façonner le système économique de manière à ce qu'il favorise les gens, et non le profit et le pouvoir privé. La montée de la social-démocratie l'illustre bien, mais il n'y a pas non plus de raison d'accepter son postulat tacite selon lequel l'autocratie capitaliste est une loi de la nature. Pour citer Mattei, «  soit les organisations humaines peuvent aller au delà des relations capitalistes [vers la démocratie économique], soit la classe dominante imposera de nouveau sa loi.»

On peut certainement remettre en question le statu quo. Un monde bien meilleur est certainement à portée de main. Il y a toutes les raisons de mettre à l'honneur le slogan du Forum social mondial selon lequel « Un autre monde est possible », un monde bien meilleur, et de déployer tous nos efforts pour qu'il devienne réalité.

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C.J. POLYCHRONIOU

C. J. Polychroniou est économiste politique/scientifique, auteur et journaliste. Il a enseigné et travaillé dans de nombreuses universités et centres de recherche en Europe et aux États-Unis. Actuellement, ses principaux intérêts de recherche portent sur l'intégration économique européenne, la mondialisation, le changement climatique, l'économie politique ainsi que la politique des États-Unis et la déconstruction du projet politico-économique du néolibéralisme. Il contribue régulièrement à Truthout et est membre du Public Intellectual Project de Truthout. Il a publié de nombreux livres et plus de 1000 articles qui sont parus dans nombre de revues, de magazines, de journaux et de sites d'information populaires. Plusieurs de ses publications ont été traduites en plusieurs langues étrangères, notamment en arabe, chinois, croate, espagnol, français, grec, italien, néerlandais, portugais, russe et turc. Ses derniers livres sont Optimism Over Despair : Noam Chomsky On Capitalism, Empire, and Social Change (2017) ; Climate Crisis and the Global Green New Deal : The Political Economy of Saving the Planet (avec Noam Chomsky et Robert Pollin comme principaux auteurs) ; The Precipice : Neoliberalism, the Pandemic, and the Urgent Need for Radical Change, une anthologie d'entretiens avec Chomsky publiée à l'origine sur Truthout et rassemblée par Haymarket Books (2021) ; et Economics and the Left: Interviews with Progressive Economist (2021).

Source :  Truthout, C.J. Polychroniou, Noam Chomsky, 04-01-2023

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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newsnet 2023-01-30 #13051

ils vont bien finir par y arriver