02/11/2025 reseauinternational.net  7min #295130

Honduras : Sous le feu du coup d'État de la droite et de l'ambassade des États-Unis

par Resumen Latinoamericano

Le procureur général du Honduras, Johel Zelaya, a ouvert une enquête pour déterminer les responsabilités dans ce qui, personne n'en doute à Tegucigalpa, est un attentat civil et militaire contre le système démocratique du Honduras.

Ceci se produit à un mois des élections générales, qui, selon les sondages, devraient donner la victoire à la candidate de Liberté et Refondation (LIBRE), Rixi Moncada.

Le bureau du procureur a fait savoir qu'il possède une série d'enregistrements audio et de transcriptions qui montrent une stratégie concertée pour saboter la transmission des résultats et construire un récit de discrédit de la candidate du parti au pouvoir Rixi Moncada qui, nous le répétons, devrait s'imposer aux élections prévues pour le 30 novembre.

Les archives montrent des opérations réalisées entre le député du Parti National Tomás Zambrano, la conseillère du Conseil national électoral (CNE), Cossette López-Osorio également du Parti national et un militaire d'active dont l'identité n'a pas été révélée.

Les conversations mettent à nu la façon dont ils pensent développer une fraude électorale face à une victoire pratiquement sûre de LIBRE.

Dans celles-ci, ils précisent avoir l'intention d'influer sur des contrats logistiques (transport et personnel accrédité), de contrôler l'observation des élections grâce à des infiltrés, de créer des interruptions dans la transmission des données et de lancer une annonce publique selon une ligne déjà tracée pour installer comme vainqueur le candidat de droite du Parti Libéral, Salvador Nasralla, un violent mandat des urnes de la Constitution du pays.

Certaines phrases illustrent ces intentions. Cossette dit sans ambages : «L'important, c'est qu'on annonce que Salvador Nasralla va gagner, pas Rixi Moncada».

Dans d'autres passages, on envisage d'utiliser des entreprises de même tendance pour le transport du matériel électoral, et on signale l'nécessité «d'annoncer» des résultats partiels favorables qui serviront ensuite à contester les résultats et à suspendre le processus.

Les audio décrivent une méthode et Zambrano propose de créer des contenus médiatiques qui sèment la suspicion sur le déroulement des élections.

Le militaire non identifié propose des contrôles illégaux sur le système de communication et «des opérations» de déstabilisation de différentes natures.

Le cocktail politique, militaire et patronal, qui naît des enregistrements est, en argot technique, un risque systémique : non seulement, il sape la transparence des opérations, mais il construit le récit grâce auquel on cherche à violer la volonté du peuple.

Le plus grave n'est pas le contenu des conversations, mais leur place dans un schéma historique.

Le Honduras a traversé des épisodes pendant lesquels la manipulation du scrutin et l'intervention d'acteurs armés et de structures clientélistes ont eu des conséquences dramatiques.

Aujourd'hui, ceux qui ont été signalés dans ces épisodes précédents semblent à nouveau (avec moins de masque et beaucoup plus de technologie) prêt à exploiter des brèches techniques et administratives : connectivité, contrôle des bureaux de vote, accréditation des contrôleurs et possibilité d'annoncer «des coupures» dans l'annonce des résultats.

Les enregistrements révélés par le procureur rendent compte d'un plan destiné à faire pression sur des acteurs extérieurs parmi lesquels se détache l'ambassade des États-Unis à Tegucigalpa, dans le but de ne pas reconnaître une éventuelle victoire de LIBRE. Ceci transformerait un différent interne en crise de reconnaissance internationale avec des effets durables sur la souveraineté et la gouvernabilité.

Il faut ajouter, comme l'enseigne l'histoire, que derrière cette tentative se trouve la main directrice du personnel actif du service de renseignement de l'ambassade des États-Unis elle-même.

Le procureur a affirmé lors d'une conférence de presse : «toute tentative, délibéré pour altérer, faire obstruction ou manipuler, les résultats électoraux, constituent un attentat direct contre la démocratie, un délit de trahison envers la patrie de nature imprescriptible».

«L'ordre constitutionnel et l'État de droit sont des biens juridiques supérieurs à tout intérêt privé ou partisan» a déclaré Zelaya il a ajouté que l'usurpation de la souveraineté populaire «est punie d'une peine de 15 à 20 ans de prison et d'une interdiction absolue d'occuper des charges publiques pour le double du temps que dure la peine».

La politique du Honduras est à nouveau à une croisée de chemins : ou les règles du jeu sont renforcées et le scrutin public est rendu sûr ou on ouvre la porte à un cycle de discrédit qui s'achèvera par une érosion des fragiles institutions. Si le pays veut regarder vers l'avenir, comme disent ceux qui imaginent des changements profonds, il devra défendre aujourd'hui la lettre froide, des procédures et la volonté ardente des urnes.

Cette opération ne sera certainement pas la dernière dans laquelle le bipartisme, qui a gouverné pendant plusieurs décennies en collusion avec le système de pouvoir militaire et patronal, cherchera à agresser la fragile démocratie du Honduras au bénéfice de ceux qu'ils appellent «les 10 familles» et des intérêts étrangers.

C'est dans ce cadre dangereux pour la démocratie que doit être comprise la demande du général Roosevelt Hernandez, chef de l'état-major conjoint, d'obtenir des copies, des procès-verbaux, de clôture des bureaux de vote au niveau présidentiel auprès du Conseil national électoral (CNE).

À ce sujet, le journal hondurien La Prensa écrit :

«L'avocat constitutionnaliste Oliver Erazo a indiqué clairement que la Constitution de la République, n'accorde pas, ne suggère pas, n'insinue pas la faculté des forces armées à demander des procès-verbaux électoraux. Les articles 272 et 273 de la Constitution délimitent clairement les attributions de l'organisation militaire. Sous aucun prétexte, ni la Constitution ni la loi la constitution des forces armées ne permettent de demander au CNE des copies des procès-verbaux».

Toutes ces actions de la droite qui, décidément, doivent être considérées comme putschistes, se déroulent dans un cadre régional et international marqué par l'agressivité du gouvernement de Donald Trump.

À ce sujet, il faut souligner ce que le site d'analyse internationale Other News a publié mercredi 29 octobre en reproduisant l'article : «Washington redessine les Caraïbes...» du journaliste mexicano-étasunien Jorge Luis Sierra du journal Red :

«Les Caraïbes occupent une situation centrale dans la géopolitique des États-Unis (...)

Le gouvernement de Trump les a transformées en un véritable espace de projection militaire. Les opérations navales de la Marine des États-Unis en mer des Caraïbes et près des côtes de la Colombie, les bombardements de bateaux suspects et la présence de destroyers et de frégates nord-américains évoquent une scène du temps passé quand la doctrine Monroe justifiait l'intervention. Aujourd'hui, sous prétexte de la guerre contre le trafic de drogue, Washington cherche à reconfigurer la carte de la sécurité de l'hémisphère occidental et a réinstallé dans les Caraïbes un dispositif militaire qui perturbe l'équilibre politique de la région. L'argument officiel nous est familier : combattre les routes du trafic de drogue et neutraliser les réseaux criminels transnationaux mais, sous le prisme de l'analyse stratégique, ce récit agit comme un voile. En réalité, on est en train d'adapter la doctrine de la défense des États-Unis à une vision hémisphérique destinée à réaffirmer leur présence militaire face à la Chine, à la Russie et, dans une moindre mesure, à l'Iran. Le trafic de drogue n'est que le prétexte».

Si quelqu'un a encore un doute sur la présence du gouvernement des États-Unis dans la direction de cette tentative de coup d'État au Honduras, il doit écouter attentivement une phrase lapidaire prononcée par la conseillère du CNE Cossette López-Osorio dans les enregistrements audio : «Nous utilisons les outils que nous donnent les gens de l'Ambassade».

source :  Resumen Latinoamericano via  Bolivar Infos

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