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 Le journal italien « Corriere della Sera » censure une interview du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov

Le journal italien « Corriere della Sera » censure une interview du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov

La Rédaction

Sergueï Lavrov (AFP)

Nous publions l'intégralité des réponses de Sergueï Lavrov aux questions du journal italien « Corriere della Sera » afin de vous donner la possibilité d'écouter la position de la Russie sur ce conflit.

Moscou le 13 novembre 2025

Question: On dit que la nouvelle rencontre entre Vladimir Poutine et Donald Trump à Budapest n'a pas eu lieu parce que même l'administration américaine a pris conscience de votre indisposition aux négociations sur l'Ukraine. Qu'est-ce qui n'a pas fonctionné après le sommet d'Anchorage, qui suscitait l'espoir d'un véritable processus de paix? Pourquoi la Russie maintient-elle les exigences que Vladimir Poutine a formulées en juin 2024, et sur quels sujets pourriez-vous faire des compromis?

Réponse: Les accords d'Anchorage constituent une étape importante sur la voie de la recherche d'une paix durable en Ukraine, en surmontant les conséquences du coup d'État sanglant et anticonstitutionnel organisé à Kiev en février 2014 par l'administration de Barack Obama. Ils se fondent sur les réalités établies et correspondent étroitement aux conditions d'un règlement juste et durable de la crise ukrainienne, formulées par le Président Vladimir Poutine en juin 2024. Nous avons estimé que ces conditions ont été entendues et comprises, y compris publiquement, par l'administration de Donald Trump, notamment en ce qui concerne l'inacceptabilité d'entraîner l'Ukraine dans l'Otan, ce qui créerait des menaces militaires stratégiques pour la Russie directement à ses frontières. Washington a également reconnu ouvertement qu'il serait impossible d'ignorer la question territoriale à la suite des référendums qui se sont tenus dans cinq régions historiques de notre pays, dont les habitants se sont clairement prononcés pour l'autodétermination vis-à-vis du régime de Kiev qui les a qualifiés de « sous-hommes », « spécimens » et « terroristes », et pour la réunification avec la Russie.

C'est précisément autour du thème de la sécurité et des réalités territoriales que s'articulait le concept américain qu'une semaine avant le sommet en Alaska l'envoyé spécial du Président des États-Unis, Steve Witkoff, a apporté à Moscou sur instruction du Président américain, et que, comme l'a dit le Président Vladimir Poutine au Président Donald Trump à Anchorage, nous avons accepté de prendre comme base, en proposant une mesure concrète ouvrant la voie à sa mise en œuvre pratique. Le dirigeant américain a déclaré qu'il devait se concerter, mais même après sa rencontre avec ses alliés le lendemain à Washington, nous n'avons reçu aucune réaction à notre réponse positive aux propositions mentionnées, transmises à Moscou avant l'Alaska par Steve Witkoff. Aucune réaction n'a suivi non plus lors de ma rencontre avec le Secrétaire d'État Marco Rubio en septembre à New York, lorsque j'ai rappelé que nous l'attendions toujours. Pour aider nos collègues américains à se décider sur le fond de leur propre idée, nous avons mis les accords d'Alaska sur papier officieux et les avons transmis à Washington. Quelques jours plus tard, à la demande de Donald Trump, son entretien téléphonique avec Vladimir Poutine a eu lieu, et il a été convenu de se rencontrer à Budapest après une préparation minutieuse du sommet. Il ne faisait aucun doute qu'il s'agirait des accords d'Anchorage.

Le président américain Donald Trump et le président russe Vladimir Poutine se rencontrent à Anchorage, en Alaska, le 15 août 2025. Figure également sur cette photo : Sergueï Lavrov (ministre des Affaires étrangères russe), Steve Witkoff (envoyé spécial américain) et Marco Rubio (secrétaire d'État américain) - (AFP)

Quelques jours plus tard, nous avons eu un entretien téléphonique avec Marco Rubio, puis Washington, qualifiant la conversation de constructive (elle était effectivement professionnelle et utile), a annoncé qu'après celle-ci, une rencontre personnelle entre le Secrétaire d'État et le Ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie pour préparer un contact au plus haut niveau n'était pas nécessaire. J'ignore d'où et de qui proviennent les rapports en coulisses au dirigeant américain, après quoi il a soit reporté, soit annulé le sommet de Budapest. Mais je vous ai présenté la trame des événements strictement basée sur des faits dont je réponds. Quant à répondre aux infox manifestes sur l' »indisposition de la Russie aux négociations » et la « rupture » des résultats d'Anchorage, je n'en ai pas l'intention. Parlez-en au Financial Times qui, comme je le comprends, a lancé cette version mensongère, en déformant le fond et la séquence des événements pour tout rejeter sur Moscou et détourner Donald Trump de la voie qu'il a lui-même proposée, vers une paix durable à long terme, et non vers un cessez-le-feu immédiat, où l'entraînent les maîtres européens de Zelenski, obsédés par le désir d'obtenir un répit et de gaver le régime nazi d'armes pour poursuivre la guerre contre la Russie.

Si la BBC a falsifié une vidéo du discours de Donald Trump en lui faisant prononcer un appel à prendre d'assaut le Capitole, alors le Financial Times, comme on dit chez nous, mentira sans sourciller. Nous sommes toujours prêts à tenir un deuxième sommet russo-américain à Budapest, s'il s'appuie réellement sur les résultats bien élaborés de l'Alaska. La date n'est cependant pas fixée. Les contacts russo-américains se poursuivent.

Question: Les unités des forces armées de la Fédération de Russie contrôlent actuellement moins de territoire qu'en 2022, après les premières semaines de ce que l'on appelle l'opération militaire spéciale. Si vous êtes vraiment en train de gagner, pourquoi ne pouvez-vous pas porter un coup décisif? Pouvez-vous également expliquer la raison pour laquelle vous ne fournissez pas d'informations officielles sur vos pertes?

Réponse: L'opération militaire spéciale n'est pas une guerre pour des territoires, mais une opération visant à sauver la vie de millions de personnes qui vivent sur ces terres depuis des siècles et que la junte de Kiev veut exterminer juridiquement, en interdisant leur histoire, leur langue, leur culture, et physiquement, à l'aide d'armes occidentales. L'autre objectif majeur de l'opération militaire spéciale est de garantir de manière fiable la sécurité de la Russie, de faire échouer les plans de l'Otan et de l'UE de créer à nos frontières occidentales un État fantoche hostile, s'appuyant législativement et dans la pratique sur l'idéologie nazie. Ce n'est pas la première fois que nous arrêtons des agresseurs fascistes et nazis, c'était le cas pendant la Seconde Guerre mondiale, et ce sera le cas cette fois-ci également.

Contrairement aux Occidentaux qui ont rayé de la surface de la terre des quartiers entiers de villes, nous préservons les vies, civiles et militaires. Nos forces armées agissent de manière extrêmement responsable, portant des frappes de haute précision exclusivement sur des objectifs militaires et sur l'infrastructure de transport et énergétique qui les soutient.

En règle générale, on ne parle pas publiquement des pertes sur le champ de bataille. Je dirai seulement que cette année, dans le cadre du rapatriement des militaires tombés au combat, la Russie a remis plus de 9.000 corps de soldats des forces armées ukrainiennes. De l'Ukraine, nous avons reçu 143 corps de nos combattants. Tirez-en vos propres conclusions.

Question: Votre apparition au sommet d'Anchorage en pull avec l'inscription « URSS » a soulevé de nombreuses questions. Certains y ont vu la confirmation de votre volonté de recréer si possible l'ancien espace soviétique (Ukraine, Moldavie, Géorgie, pays baltes), voire de restaurer l'URSS. Était-ce un message codé ou simplement une plaisanterie?

Réponse: Je suis fier de mon pays où je suis né et où j'ai grandi, où j'ai reçu une éducation digne, où j'ai commencé et poursuis ma carrière diplomatique. La Russie, comme on le sait, est le successeur de l'URSS, et dans l'ensemble, notre pays, notre civilisation, a une histoire millénaire. La démocratie populaire à l'assemblée de Novgorod est apparue bien avant l'organisation des jeux à la démocratie en Occident. J'ai, par ailleurs, un t-shirt avec les armoiries de l'Empire russe, cela ne signifie pas pour autant que nous voulons le ressusciter. L'une de nos plus grandes richesses dont nous sommes fiers à juste titre est la continuité du développement et du renforcement de l'État tout au long de sa grande histoire d'unification et de cohésion du peuple russe et de tous les autres peuples du pays. Le Président Vladimir Poutine en a parlé en détail ces derniers jours lors de la célébration de la Journée de l'unité nationale. Donc, ne cherchez pas de signaux politiques ici. Peut-être qu'en Occident le sentiment de patriotisme et de fidélité à la Patrie faiblit, mais pour nous, c'est une partie de notre code génétique.

Question: Si l'un des objectifs de l'opération militaire spéciale était de ramener l'Ukraine dans la sphère d'influence de la Russie, comme cela peut sembler ressortir, par exemple, de l'exigence de déterminer le nombre de ses armements, ne pensez-vous pas que le conflit armé actuel, quelle qu'en soit l'issue, confère à Kiev un rôle international et une identité bien définis et de plus en plus éloignés de Moscou?

Réponse: Les objectifs de l'opération militaire spéciale ont été définis par le Président Vladimir Poutine en 2022 et restent d'actualité à ce jour. Il ne s'agit pas de sphères d'influence, mais du retour de l'Ukraine à un statut neutre, non aligné, non nucléaire, du respect strict des droits de l'homme et de tous les droits des minorités russe et autres, c'est précisément ainsi que ces engagements sont inscrits dans la Déclaration d'indépendance de l'Ukraine de 1990 et dans sa Constitution, et c'est en tenant compte de ces engagements proclamés que la Russie a reconnu l'indépendance de l'État ukrainien.

Nous nous efforçons et obtiendrons le retour de l'Ukraine aux racines saines et durables de son État, ce qui implique le rejet de la soumission servile de son territoire à l'exploitation militaire par l'Otan (et aussi par l'Union européenne, qui se transforme rapidement en un bloc militaire tout aussi agressif), la purification de l'idéologie nazie interdite à Nuremberg, la restitution de tous les droits aux Russes, aux Hongrois et à toutes les autres minorités nationales. Il est révélateur que les élites bruxelloises, en entraînant le régime de Kiev dans l'UE, gardent le silence sur la discrimination flagrante des « peuples non autochtones » (c'est ainsi que Kiev qualifie avec mépris les Russes qui vivent en Ukraine depuis des siècles) et vantent en même temps la junte de Zelenski comme défendant les « valeurs européennes ». C'est une confirmation supplémentaire que le nazisme relève à nouveau la tête en Europe. Il y a de quoi réfléchir, surtout au vu du fait qu'aux Nations unies, l'Allemagne et l'Italie, avec le Japon, ont récemment commencé à voter contre la résolution annuelle de l'Assemblée générale sur l'inadmissibilité de la glorification du nazisme.

Les Occidentaux ne cachent pas qu'ils mènent de facto, par l'intermédiaire des Ukrainiens, une guerre par procuration contre la Russie, qui ne se terminera pas « après la crise actuelle ». Cela a été dit à plusieurs reprises par le Secrétaire général de l'Otan Mark Rutte, le Premier ministre britannique Keir Starmer, les bureaucrates bruxelloises Ursula von der Leyen et Kaja Kallas, l'envoyé spécial du Président des États-Unis pour l'Ukraine Keith Kellogg. Il est évident que la détermination de la Russie à assurer sa sécurité contre les menaces créées par l'Occident par le biais du régime qu'il contrôle est légitime et justifiée.

Question: Les États-Unis envoient également des armes en Ukraine et ont récemment même discuté de la possibilité de transférer à Kiev des missiles de croisière Tomahawk. Pourquoi votre position et vos évaluations de la politique des États-Unis et de l'Europe diffèrent-elles?

Réponse: La majorité des capitales européennes constituent actuellement le noyau de ce que l'on appelle la « coalition des volontaires », qui ne veut qu'une chose, que les hostilités en Ukraine durent le plus longtemps possible, « jusqu'au dernier Ukrainien ». Ils n'ont apparemment pas d'autre moyen de détourner l'attention de leur électorat des problèmes socio-économiques internes qui se sont fortement aggravés. Avec l'argent des contribuables européens, ils financent le régime terroriste de Kiev, en fournissant des armes avec lesquelles ils tuent systématiquement des civils dans les régions russes et des Ukrainiens qui veulent fuir la guerre et les bourreaux nazis. Ils sabotent toutes les initiatives de paix, refusent les contacts directs avec Moscou. Ils imposent de nouvelles « sanctions » qui, en retour, détruisent encore plus leurs économies. Ils préparent ouvertement une nouvelle grande guerre européenne contre la Russie. Ils persuadent Washington de ne pas s'engager dans un règlement diplomatique honnête et juste.

Leur objectif principal est de saper la position de l'actuelle administration du Président des États-Unis, qui s'est initialement prononcée en faveur du dialogue, qui s'est intéressée à la position de la Russie et qui s'est montrée disposée à rechercher un dénouement pacifique durable. Donald Trump a publiquement reconnu à plusieurs reprises que l'une des raisons des actions de la Russie était l'élargissement de l'Otan, le rapprochement de l'infrastructure de l'Alliance des frontières de notre pays, c'est-à-dire ce contre quoi le Président Vladimir Poutine et la Russie mettaient en garde pendant 20 ans. Nous espérons que le bon sens et l'adhésion à cette position de principe prévaudront à Washington et qu'ils s'abstiendront d'engager des actions qui pourraient porter le conflit à un nouveau niveau d'escalade.

Malgré tout cela, nos militaires ne font pas de distinction quant à l'origine des armements destinés aux forces armées ukrainiennes, d'Europe ou des États-Unis. Toutes les cibles militaires sont immédiatement détruites.

Question: Vous avez été la personne qui a appuyé sur le « bouton de réinitialisation » avec Hillary Clinton, bien que par la suite les choses aient pris une autre tournure. Un redémarrage des relations avec l'Europe est-il possible? La sécurité commune peut-elle devenir un terrain pour l'amélioration des relations actuelles?

Réponse: La confrontation à laquelle a conduit la politique irréfléchie et sans perspective des élites européennes n'est pas le choix de la Russie. La situation actuelle ne répond pas aux intérêts de nos peuples. Nous aimerions que les gouvernements européens, dont la majorité mènent une politique franchement antirusse, prennent conscience de tout le danger d'une telle ligne désastreuse. L'Europe a déjà fait la guerre sous les drapeaux de Napoléon, et au siècle dernier, sous les bannières et les étendards nazis d'Hitler. Certains dirigeants européens ont la mémoire courte. Lorsque cette frénésie russophobe, on ne peut pas le dire autrement, sera passée, nous serons ouverts aux contacts pour écouter comment nos anciens partenaires comptent mener leurs affaires avec nous à l'avenir. Ensuite, nous déciderons s'il existe des perspectives pour une interaction honnête.

Le système de sécurité euro-atlantique qui existait avant 2022 a été complètement discrédité et démantelé par les efforts des Occidentaux. À cet égard, le Président Vladimir Poutine a lancé l'initiative de formation d'une nouvelle architecture de sécurité égale et indivisible en Eurasie. Elle est ouverte à tous les États du continent, y compris sa partie européenne, mais il faudra se comporter poliment, sans arrogance néocoloniale, sur la base des principes d'égalité, de respect mutuel et d'équilibre des intérêts.

Question: Le conflit armé en Ukraine et l'isolement international de la Russie qui a suivi vous ont-ils probablement empêché d'agir plus efficacement dans d'autres zones de crise comme, par exemple, au Moyen-Orient?

Réponse: Si « l'Occident historique » a décidé de s'isoler de quelqu'un, cela s'appelle l'auto-isolement. Et ici, les rangs ne sont pas solides: Vladimir Poutine a eu cette année des rencontres avec les dirigeants des États-Unis, de la Hongrie, de la Slovaquie et de la Serbie. Il est également clair que le monde moderne ne se résume pas à la minorité occidentale. Ces temps sont révolus avec l'avènement de la multipolarité. Nos relations avec les États de l'Est et du Sud global, soit plus de 85% de la population mondiale, continuent de s'élargir. En septembre, le Président russe a effectué une visite d'État en Chine, au cours de ces derniers mois, Vladimir Poutine a participé aux sommets de l'OCS, des Brics, de la CEI, Russie-Asie centrale, nos délégations gouvernementales de haut niveau ont participé aux sommets de l'APEC, de l'Asean, et se préparent maintenant au sommet du G20. Les sommets et réunions ministérielles Russie-Afrique et Russie-Conseil de coopération du Golfe se tiennent régulièrement. Les pays de la majorité mondiale sont guidés par leurs intérêts nationaux fondamentaux, et non par les directives des anciennes métropoles coloniales.

Nos amis arabes apprécient la participation constructive de la Russie aux efforts de résolution des conflits régionaux au Moyen-Orient. Les discussions actuelles sur le problème palestinien à l'ONU confirment la nécessité de mobiliser le potentiel de tous les acteurs extérieurs influents, sinon rien de solide ne sera obtenu, au mieux il n'y aura que des cérémonies spectaculaires. Sur de nombreux autres problèmes internationaux, nos positions avec nos amis du Moyen-Orient coïncident également ou sont très proches, ce qui favorise la coopération à l'ONU et sur d'autres plateformes multilatérales.

Question: Ne vous semble-t-il pas que dans le nouvel ordre mondial multipolaire que vous promouvez et soutenez, la dépendance économique et militaire de la Russie vis-à-vis de la Chine a augmenté, créant ainsi un déséquilibre dans votre alliance historique avec Pékin?

Réponse: Nous ne « promouvons » pas un ordre mondial multipolaire, il se forme objectivement, non pas par la conquête, l'asservissement, l'oppression et l'exploitation, comme les colonisateurs ont construit leur « ordre » (puis le capitalisme), mais par la coopération, la prise en compte des intérêts de chacun, la répartition rationnelle du travail basée sur l'association des avantages compétitifs comparatifs des pays et des structures d'intégration participants.

En ce qui concerne les relations entre la Russie et la Chine, ce n'est pas une alliance au sens traditionnel, mais une forme d'interaction plus efficace et avancée. Notre coopération n'a pas de caractère de bloc et n'est pas dirigée contre d'autres pays. Les catégories de « meneur » et de « mené », habituelles pour les alliances formées pendant la guerre froide, ne s'appliquent pas ici. Par conséquent, il est inapproprié de parler d'un quelconque « déséquilibre ».

Les liens égaux et autosuffisants entre Moscou et Pékin se construisent sur la base de la confiance et du soutien mutuel, de traditions séculaires de bon voisinage. Nous sommes fermement attachés au principe de non-ingérence dans les affaires intérieures.

La coopération commerciale, d'investissement et technologique russo-chinoise apporte des résultats pratiques concrets aux deux pays, contribue à une croissance stable et durable de nos économies, à l'amélioration du bien-être des citoyens. Et l'interaction étroite entre les forces armées assure une importante complémentarité, aide nos pays à défendre leurs intérêts nationaux dans le domaine de la sécurité mondiale et de la stabilité stratégique, à résister efficacement aux défis et menaces traditionnels et nouveaux.

Question: L'Italie est un pays « inamical ». Vous l'avez vous-même répété à plusieurs reprises, en novembre 2024, et vous l'avez même particulièrement souligné. Cependant, ces derniers mois, même sur la question ukrainienne, notre gouvernement a fait preuve de solidarité avec l'administration américaine, que Vladimir Poutine a qualifiée, certes pas d'allié, mais sans aucun doute de « partenaire ». Et le récent changement d'ambassadeur italien à Moscou laisse penser que Rome souhaite un certain rapprochement. À quel niveau se situent nos relations bilatérales?

Réponse: Pour la Russie, il n'y a pas de pays et de peuples inamicaux, il y a des pays avec des gouvernements inamicaux. En raison de la présence d'un tel gouvernement à Rome, les relations russo-italiennes traversent la crise la plus grave de toute l'histoire d'après-guerre. Cela ne s'est pas produit de notre initiative. Nous avons été surpris de la facilité avec laquelle l'Italie, contrairement à ses intérêts nationaux, a rejoint ceux qui ont misé sur la « défaite stratégique » de la Russie. Pour l'instant, nous ne voyons pas que cette approche agressive ait subi de changements substantiels. Rome continue d'apporter une assistance complète aux néonazis de Kiev. L'empressement à rompre les liens culturels, les contacts entre les sociétés civiles est également frappant. Les autorités italiennes annulent les représentations de chefs d'orchestre et de chanteurs d'opéra russes de renom, et depuis plusieurs années déjà, elles n'autorisent pas la tenue du Dialogue de Vérone sur la coopération eurasienne, né en Italie. Cela ne ressemble pas du tout aux Italiens, ouverts à l'art et à la communication humaine.

En même temps, nombre de vos citoyens cherchent à comprendre les causes de la tragédie ukrainienne. Par exemple, dans le livre « Le conflit ukrainien vu par un journaliste italien », le célèbre Italien Eliseo Bertolasi a rassemblé des témoignages documentaires sur les violations du droit international par les autorités de Kiev. Je vous recommande de vous familiariser avec cette publication. Il n'est pas facile de trouver la vérité sur l'Ukraine en Europe aujourd'hui.

Une coopération égale et mutuellement bénéfique entre la Russie et l'Italie répond aux intérêts de nos peuples. Si Rome est prêt à avancer vers le rétablissement du dialogue sur la base du respect mutuel et de la prise en compte des intérêts, qu'il nous le fasse savoir, nous sommes toujours prêts à écouter, y compris votre ambassadeur.

Source :  Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie

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14/11/2025 reseauinternational.net  6min #296239

 Le journal italien « Corriere della Sera » censure une interview du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov

L'interview de Lavrov sur la paix en Ukraine qu'un journal italien a refusé de publier

par RT France

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov affirme dans une interview que des «rapports en coulisse» avaient poussé Donald Trump à reporter ou annuler le sommet de Budapest. Il a dénoncé une désinformation des médias occidentaux, tout en confirmant la volonté de la Russie pour une réunion si les accords d'Alaska servent de base.

Le journal italien Corriere della Sera a interviewé le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.