
par German Gorraiz Lopez
Sous prétexte de lutter contre le trafic de drogue, Trump a ordonné un déploiement militaire massif dans les Caraïbes dans le cadre d'une opération visant à harceler le Venezuela. Trump pense-t-il que les Caraïbes lui appartiennent ?
Depuis août, les États-Unis ont déployé au moins huit navires de guerre dans les Caraïbes, dix avions de chasse F-35 à Porto Rico et environ 10 000 soldats sous prétexte de combattre des cartels de la drogue comme le Tren de Aragua et le Cartel des Soleils (désignés comme organisations terroristes par les États-Unis). Le 2 septembre, un missile tiré d'un destroyer américain a coulé un navire suspect, faisant onze victimes. Depuis, au moins cinq attaques similaires ont été signalées, faisant un total de 27 morts.
Le Venezuela, un allié stratégique de la Russie
Les relations russo-vénézuéliennes remontent à 2000, la Russie étant un allié stratégique en Amérique latine. En septembre 2015, le Traité de partenariat stratégique a été ratifié, renforçant la coopération militaire et politique.
Nicolás Maduro a officiellement sollicité une aide militaire auprès de la Russie (ainsi que de la Chine et de l'Iran) afin de renforcer les défenses du Venezuela face au déploiement massif des forces américaines dans la région. Cette demande porte notamment sur des radars défensifs, la réparation d'avions de chasse russes (tels que le Sukhoi Su-30MK2), des missiles et un soutien logistique. Elle a été formalisée dans une lettre de Maduro à Vladimir Poutine, remise en octobre 2015 par un responsable vénézuélien à Moscou.
Ces demandes font suite à la présence militaire américaine dans les Caraïbes du Sud depuis août 2015 qui comprend des navires de guerre, un sous-marin, des milliers de soldats et le groupe aéronaval du porte-avions USS Gerald R. Ford. Washington justifie cette présence comme une «opération antidrogue contre les cartels liés au régime de Maduro».
En octobre et novembre 2025, des avions cargo russes Il-76 (exploités par Zicotrans, une compagnie aérienne liée à la logistique militaire) ont atterri à Caracas avec jusqu'à 50 tonnes de fret à leur bord. Des parlementaires russes ont confirmé que ces vols transportaient des systèmes de défense aérienne tels que des batteries Pantsir-S1 et Buk-M2E, venant renforcer les systèmes S-300VM déjà déployés au Venezuela.
L'échiquier géopolitique s'étend-il aux Caraïbes ?
La Russie a condamné les opérations antidrogues américaines dans les Caraïbes, les qualifiant d'«usage excessif de la force», et a réaffirmé son soutien à Maduro.
Par ailleurs, Alexeï Jouravlev (vice-président de la commission de la défense de la Douma) a déclaré que «Moscou est disposée à fournir des missiles hypersoniques Orechnik, des missiles de croisière Kalibr et d'autres systèmes à longue portée, sans obstacle juridique ou international». La Russie est déjà le principal fournisseur d'armes du Venezuela, avec des ventes record dépassant les 4 milliards de dollars depuis 2005, incluant des chars, des hélicoptères, des fusils AK-103 et des avions de chasse.
Le 8 novembre 2025, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a annoncé que Moscou était «prêt à répondre à toute demande d'assistance du Venezuela, y compris un soutien militaire», dans le contexte d'éventuelles attaques américaines. Cette déclaration réaffirme le traité de partenariat stratégique ratifié en septembre 2025, qui renforce la coopération militaire et politique. Des navires russes se sont approchés des côtes vénézuéliennes en réponse aux pressions américaines dans la région, suscitant l'inquiétude des États-Unis, qui considèrent cette présence comme une provocation.
Une hypothétique invasion américaine du Venezuela coûterait des milliards de dollars au Pentagone, causerait d'innombrables victimes et ferait exploser le prix du pétrole. L'éventualité d'un cycle de négociations entre les États-Unis et le Venezuela ne peut être exclue, ce qui pourrait aboutir à la création d'une nouvelle carte géopolitique dans les Caraïbes, où le Panama et le Venezuela serviraient de porte-avions continentaux pour les États-Unis et la Russie.
source : Observateur Continental