• En ces temps si extrêmement troublés, le philosophe Alexandre Douguine se montre capable de saisir à pleines mains un sujet brûlant et de lui faire rendre raison. • Le sujet : l'immigration et notre grand malheur.
Dans un texte concis où l'essentiel est dit, le philosophe Alexandre Douguine exécute l'immigration telle qu'elle est aujourd'hui pratiquée et favorisée, - notamment l'immigration des musulmans dans les pays américanistes-occidentalistes, d'ailleurs provoquées en grande partie par les agressions aveugles et hypocrites de ces mêmes pays américanistes-occidentalistes. Des actes de nations décadentes, impies et mécréantes, et au bord de la décomposition conduisent à provoquer cette décomposition... A méditer.
Ce qui est dit dans le texte de Douguine est dit sans une seule notation de racisme ou de haine religieuse, mais simplement en s'appuyant sur l'indispensabilité de la tradition. De cette façon, Douguine met en évidence leur perversité naturelle, et sans doute inconsciente puisqu'on ne trouve nul réel esprit de nature ni intuition de l'intelligence du monde chez les globalistes, - c'est bien d'eux que l'on parle, - qui sont ainsi installés dans leur dévastation du monde.
Le texte est d'une progression fascinante. Après avoir instruit et expédié le procès de notre effondrement obscène dans le gaspillage et l'immuable contemplation de soi-même dans le miroir de notre simulacre d'hubris, il met en accusation l'immigration, essentiellement des musulmans, "telle qu'elle est aujourd'hui pratiquée et favorisée". Il développe son propos d'une façon qui fait s'interroger le lecteur : comment s'en sortira-t-il sans utiliser un racisme et une intolérance profonde, découvrant ainsi des failles qui le feront définitivement passer du côté du faux-diable qu'ils dénoncent pour diaboliser sans grand risque ? Et comment se justifiera-t-il, lui qui est Russe et donc d'un pays qui inclut une population musulmane importante (« les Tatars, Tchétchènes et autres peuples du Caucase ») et en fait son honneur et sa vertu ? Puis il répond à notre attente, soupçonneuse et par avance dénonciatrice chez certains : la tradition, l'ancrage traditionnel et spirituel dans la terre des ancêtres et des origines.
...Ce passage vers la fin du texte résume le propos, l'éclaire même, il suffit à nous faire comprendre la grandeur et le naturel fondamental de la démarche.
« Mais qu'est-ce que cela doit nous apprendre, à nous, Russes ? Premièrement, les pays musulmans doivent être nos amis, et les musulmans qui vivent dans leurs territoires traditionnels—dans leurs régions de peuplement—sont des gens merveilleux—porteurs de tradition. Deuxièmement, lorsqu'ils commencent à se répandre de manière excessive et sans motifs sérieux comme une sorte de mycélium fongique dans d'autres sociétés, cela doit être combattu. En d'autres termes, nous devons être amis et alliés des musulmans et des pays islamiques, tout en réduisant autant que possible l'immigration islamique.» Quant à nos musulmans traditionnels et autochtones—comme les Tatars, Tchétchènes et autres peuples du Caucase—ils relèvent entièrement de nos propres peuples. C'est une autre question; ils sont tout simplement des nôtres. Mais les étrangers musulmans qui viennent dans notre pays doivent adopter nos coutumes ou retourner dans leurs pays d'origine, amis. »
Douguine réduit ainsi le problème qui constitue effectivement l'une des causes principales de notre décadence, notamment en introduisant dans nos psychologies le doute culpabilisateur fondamental sur notre identité, - celui qui nous fait douter de nous-mêmes, d'être réellement ce que nous prétendons être. Il est évident qu'il heurte de front le Système, la doctrine hyperlibérale, le modernité, la soumission à l'idéologie, le laïcisme et ainsi de suite, et qu'il tient cette posture d'agression comme essentielle et bienheureuse. Il est évident qu'il ne changera rien à nos pesantes haines de nous-mêmes. Il est évident qu'il n'attend certainement pas un tel effet, mais qu'il cherche surtout à tirer des enseignements de notre effondrement, en même temps qu'il voit se faire notre effondrement comme une inéluctabilité somme toute méritée et bienheureuse.
Il est peu utile, sans aucun doute, de préciser que sa position est une impitoyable mise en accusation de toute notre politique depuis des siècles et peut-être même plus d'un millénaire. Mais tant pis ! Même si cette logique de la Tradition primordiale qu'il utilise débouche sur un procès contre le christianisme lui-même ou dans tous les cas dans ses graves déviations initiales, - ce qui n'est pas loin d'être le cas, comme on le lit dans 'La malédiction papale' de Laurent Guyenot, - eh bien qu'il en soit ainsi.
Le texte « Leçons tirées de l'Occident brisé par l'immigration » est une traduction du russe donnée le 26 novembre par 'euro-synergies.hautetfort.com'.