
Par Finian Cunningham, le 28 novembre 2025
Quatre-vingts ans après les procès de Nuremberg, au cours desquels les dirigeants nazis ont été jugés pour agression criminelle contre des nations, l'administration Trump adopte la même attitude envers le Venezuela. Pourtant, les médias américains et leurs alliés européens ne trouvent rien à redire à cette agression.
Ces deux derniers mois, plus de 80 personnes ont été tuées par des frappes aériennes américaines visant plus de 20 bateaux civils au large des côtes vénézuéliennes. L'administration Trump justifie ces attaques en invoquant la lutte contre le trafic de drogue. Il s'agit pourtant d'exécutions extrajudiciaires, autrement dit de meurtres.
Cette semaine, Trump a qualifié le président vénézuélien Nicolás Maduro de chef d'une organisation terroriste étrangère, à la tête d'un prétendu cartel de narcotrafiquants qui inonderait les États-Unis de drogue. Là encore, aucune preuve n'a été apportée. Le Venezuela a réfuté ces accusations, dénonçant l'absurdité de ces mensonges dont le but est de justifier une intervention militaire pour renverser le régime de Caracas.
Le prétexte de la lutte contre le narcotrafic est on ne peut plus évident. Lorsque les États-Unis procèdent au plus grand déploiement militaire dans la Caraïbe depuis la crise des missiles de Cuba en 1962, ils démontrent la nature de leur véritable stratégie, sans aucun lien avec la répression du narcotrafic.
Selon l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime, le rôle du Venezuela dans le narcotrafic est négligeable comparé à celui d'autres pays d'Amérique latine. La Colombie et le Pérou sont les principaux pourvoyeurs de cocaïne. La Drug Enforcement Administration américaine a qualifié le Mexique de principale source de fentanyl illicite, responsable de la plupart des overdoses mortelles aux États-Unis.
Le véritable objectif est évidemment de renverser le gouvernement socialiste vénézuélien et de prendre le contrôle de ses immenses réserves de pétrole, les plus importantes au monde. Washington cherche par ailleurs à freiner l'expansion des partenariats stratégiques entre la Chine et l'Amérique latine. Comme l'ont souligné Donald Ramotar, ancien président de la Guyane, et d'autres observateurs lors d'une récente table ronde organisée par le Schiller Institute, les États-Unis font les gros bras dans leur prétendue "arrière-cour" pour tenter de restaurer leur pouvoir mondial en déclin.
De tels agissements sont criminels et doivent être dénoncés. La Charte des Nations unies interdit en effet explicitement le recours à la force ou à la menace de la part de Trump au Venezuela. L'article 2, paragraphe 3, stipule que tout litige doit être réglé pacifiquement. L'article 2:4 interdit le recours ou la menace de recours à la force militaire.
En d'autres termes, l'administration Trump se livre clairement à une agression criminelle, précisément ce contre quoi la Charte des Nations unies a été créée en 1945, après la terrible expérience des crimes nazis contre la paix, eux-mêmes responsables du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.
Et c'est là que les médias américains jouent un rôle particulièrement scandaleux et honteux. Les médias mainstream ont lamentablement échoué à leur devoir d'information du public et de contrôle du gouvernement pour ses abus de pouvoir depuis que Trump menace le Venezuela.
À quelques exceptions près, tous les médias traditionnels américains, notamment le New York Times, le Washington Post, Fox News, le Wall Street Journal, CNN, NBC, Axios, ABC et Newsweek, ont relayé les allégations et calomnies de l'administration Trump selon lesquelles le Venezuela serait au cœur d'un réseau de "narcoterrorisme".
Les médias américains ont relayé les appels lancés par des personnalités de l'opposition vénézuélienne, comme la très suspecte lauréate du prix Nobel de la paix, Maria Corina Machado, en faveur d'une intervention américaine au Venezuela pour renverser le régime, alors qu'une telle violation de la souveraineté d'un État est illégale au regard du droit international.
Si les médias américains faisaient preuve d'intégrité et d'indépendance, ils demanderaient des comptes à l'administration Trump pour sa politique étrangère criminelle. Pourquoi ne dénoncent-ils pas ces mensonges flagrants et ces absurdités ? Pourquoi ne condamnent-ils pas ces actes scandaleux de meurtre et d'agression ?
Les médias américains perpétuent leur rôle d'instrument de propagande pour justifier ou dissimuler les agressions criminelles de Washington envers ses voisins latino-américains. Mais l'Amérique latine n'est pas le seul continent à pâtir d'invasions et de subversions illégales perpétrées par les États-Unis pour renverser les régimes qui n'ont pas leur faveur.
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et les principes énoncés dans la Charte des Nations unies, les États-Unis ont systématiquement bafoué ces derniers sous de nombreux prétextes : de la défense de la démocratie contre le communisme à la protection des droits de l'homme, de "l'élimination des armes de destruction massive" à la "promotion de gouvernements démocratiques", pour ne citer que ceux-là. Le dernier en date est la protection des Américains contre le "narcoterrorisme".
En réalité, les États-Unis sont un État voyou qui bafoue et viole le droit international pour servir les intérêts hégémoniques peu scrupuleux de sa classe dirigeante. C'est une pratique vieille de 80 ans, au point que le droit international et les prétentions démocratiques des États-Unis s'avèrent aujourd'hui dénués de toute crédibilité.
C'est cette vérité que les médias américains serviles dissimulent systématiquement depuis huit décennies, en propageant consciemment les alibis des criminels. Peu importe le nombre de nations détruites par les interventions et les guerres de Washington de changement de régime, peu importent les millions de morts et de déplacés, les médias américains continuent de couvrir servielement chaque agression criminelle.
La complaisance des médias américains en fait des complices des crimes de l'empire. Cette complicité permet aux États-Unis d'agir en toute impunité et avec une agressivité inouïe contre d'autres nations.
Les médias américains, incapables de dénoncer des abus aussi flagrants que ceux commis au Venezuela, révèlent leur incapacité à respecter la déontologie journalistique la plus élémentaire. Ils sont partie prenante du problème.
Traduit par Spirit of Free Speech
* Finian Cunningham est coauteur d'un livre à paraître, Killing Democracy: Western Imperialism's Legacy of Regime Change and Media Manipulation (Tuer la démocratie : l'héritage de l'impérialisme occidental en matière de changement de régime et de manipulation des médias).