09/12/2025 ssofidelis.substack.com  5min #298533

Le « business » de l'outrage : comment Friedrich Merz fait payer ses détracteurs en ligne

(Crédit photo © AP)

Par  Mickaël Lelièvre, le 9 décembre 2025

  • Friedrich Merz, chancelier allemand, lance des milliers de plaintes contre ses détracteurs en ligne. Il s'associe à "So Done" pour traquer les injures et empoche 50% des dommages.
  • La liberté d'expression est menacée : perquisitions à domicile et confiscations pour des critiques sur les réseaux sociaux, y compris contre des personnes vulnérables.
  • En Allemagne, la répression des opinions s'intensifie avec des agences comme "Hessen gegen Hetze" envoyant des milliers de dossiers à la police.
  • La pression judiciaire entraîne une autocensure inquiétante, selon la spécialiste Frauke Rostalski, qui critique l'appareil judiciaire.

Le patron de la CDU et chancelier allemand, Friedrich Merz, loin d'être un homme politique à la peau dure, a lancé une véritable croisade contre ses détracteurs en ligne. Et pas qu'un peu : des milliers de plaintes pour injures supposées ont été déposées en son nom. Il a même tenu à signer lui-même la 4 999ᵉ.

Le Welt am Sonntag vient de lever le voile sur ce business très lucratif. Merz s'est associé à l'entreprise "So Done", spécialisée dans la traque de commentaires injurieux sur internet. Cette société chasse les moindres remarques désobligeantes envers certains responsables politiques, puis déclenche des procédures judiciaires en série.

Mais le plus révélateur est ailleurs : ce système n'est pas qu'une question d'honneur froissé. La société empoche 50 % des dommages et intérêts obtenus, un modèle économique dont Merz profite largement.

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La liberté d'expression mise à l'épreuve

Le mensonge grossier de Merz sur l'usage de son argent contredit ses grandes déclarations sociales. Le même homme affirmait pourtant reverser "toujours" et "intégralement" ses indemnités et amendes aux œuvres sociales de sa région natale.

Selon Die Welt, des perquisitions à domicile ont été menées à la suite de ces plaintes déposées par Merz. Un cas particulièrement révoltant a été révélé : une personne handicapée d'origine juive, vivant des aides sociales, s'est fait confisquer son téléphone pour avoir qualifié Merz de "petit nazi", malgré des aveux immédiats.

Dans une autre affaire, une personne ayant traité Merz "d'ivrogne répugnant" a vu son domicile perquisitionné illégalement, comme l'a confirmé un tribunal par la suite. "Un arbitraire illégal" face à une "réaction excessive du pouvoir judiciaire", a résumé l'avocat de la défense.

À Berlin, même des tweets contenant des insultes sont désormais considérés comme des délits pénaux. Exemple : un message affirmant que "les connards sont des gens dont la production verbale est indiscernable de leur production anale" a fini dans le viseur du parquet berlinois.

Les autorités n'ont pas hésité à classer ce message dans la catégorie des "infractions pénales" et même de "l'extrémisme politique".

La répression des opinions en Allemagne

En Allemagne, les politiciens traquent les opinions en ligne - et la répression s'intensifie. En plus de Merz, Habeck et Strack-Zimmermann utilisent massivement des sociétés privées pour envoyer des mises en demeure. Tout un système répressif s'est développé depuis 2019 : ces centres de "lutte contre la haine" - comme ils les appellent - servent souvent de prétexte pour museler les voix dissidentes.

Un exemple flagrant : l'agence "Hessen gegen Hetze" a transmis près de 17 000 dossiers à la police en seulement dix mois de 2025. Les politiciens n'ont même plus besoin de se salir les mains : le système tourne désormais tout seul.

L'affaire du chercheur Norbert Bolz a fait grand bruit. Ce spécialiste en communication a vu la police débarquer chez lui pour... un tweet. Un simple message sur les réseaux sociaux qui a déplu aux puissants.

*Israels polit-Hure MERZ skadar Tyskland. Samtidigt har användningen av både statliga och halvstatliga anmälningscentraler mot “hat och hets” byggts ut kraftigt sedan 2019. Enbart den regionala instansen “Hessen gegen Hetze” skickade nästan 17.000 ärenden till polis och åklagare.

(Ndt, traduction du message :

"L'agence de renseignement israélienne Merz fait du tort à l'Allemagne. Parallèlement, le recours aux centres de signalement étatiques et para-étatiques visant les propos haineux et l'incitation à la haine a considérablement augmenté depuis 2019. L'organisme régional « Hessen gegen Hetze » a transmis à lui seul près de 17 000 cas à la police et au parquet".)

Quand la pression judiciaire mène à l'"autocensure"

Face aux poursuites d'opinion qui se multiplient, la spécialiste en droit pénal Frauke Rostalski ne mâche pas ses mots :

"On observe une augmentation des réactions disproportionnées face à des expressions d'opinion licites ou, au pire, à la limite de l'illégalité, et qui ne devraient donc pas faire l'objet de poursuites de la part de l'État".

Cette pression judiciaire n'est pas sans conséquence sur une liberté fondamentale : elle engendre, selon Rostalski, des "formes d'autocensure" particulièrement inquiétantes.

La professeure va droit au but lorsqu'elle qualifie cette situation de "grand danger". Elle n'hésite pas à critiquer frontalement l'appareil judiciaire, estimant la procédure "disproportionnée".

Frau Professor Frauke Rostalski hat völlig Recht:
Das führt zur Selbstzensur und das ist ja auch beabsichtigt …
Merz ließ fast 5000 Strafanträge gegen Online-Kritiker stellen – mit Hilfe der Abmahnfirma „So Done“ - https://t.co/ooFMULFjaB
Merz ließ bis zu 5000 Strafanträge gegen Online-Kritiker stellen - mit Hilfe der Abmahnfirma
Trotz Tausender Ermittlungsverfahren bleiben Verurteilungen die Ausnahme. Bei den Merz-Anträgen, so ein befragter Anwalt, der rund 30 Verfahren betreut, wurde bislang nur ein einziges mit einem Strafbefehl abgeschlossen, zehn weitere wurden eingestellt.
 voir

(Ndt, traduction du message :

"La professeure Frauke Rostalski a tout à fait raison. Cette pratique mène à l'autocensure, et c'est précisément l'objectif visé. Merz a déposé près de 5 000 plaintes pénales contre des critiques en ligne, avec l'aide de la société de lettres de mise en demeure"So Done"".

Le déséquilibre flagrant

Des milliers d'enquêtes, presque aucune condamnation : c'est le triste bilan des affaires liées à Merz. Un avocat qui gère une trentaine de dossiers confie qu'une seule poursuite s'est soldée par une sanction sommaire, les dix autres ont été classées sans suite.

Le déséquilibre est flagrant. D'un côté, Rostalski rappelle que la Cour constitutionnelle a souvent souligné que, face aux responsables politiques, les citoyens ordinaires "doivent généralement faire preuve de plus de tolérance en matière de protection de leur honneur". Normal, puisque le rapport de force est inégal.

Mais de l'autre, l'article 188 du Code pénal allemand - le délit d'outrage envers un responsable politique - a été durci en 2020.

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