{"167723":{"id":"167723","parent":"0","time":"1579538248","url":"http:\/\/www.newsnet.fr\/167723","source":"http:\/\/cadtm.org\/Etat-espagnol-debat-Un-gouvernement-de-coalition-fin-du-cycle-de-changement","category":"documentaires","title":"Etat espagnol-d\u00e9bat. Un gouvernement de coalition : fin du \u00ab cycle de changement \u00bb ?","catalog-images":"3\/\/1\/newsnet_167723_f74266.jpg","image":"http:\/\/www.newsnet.fr\/img\/newsnet_167723_f74266.jpg","hub":"newsnet","url-explicit":"http:\/\/www.newsnet.fr\/art\/etat-espagnol-debat-un-gouvernement-de-coalition-fin-du-cycle-de-changement","admin":"newsnet","views":"416","priority":"3","length":"20382","lang":"fr","content":"\u003Cp\u003E\u003Cspan class=\"philum ic-img2\"\u003E\u003C\/span\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EAlors que nous arrivons \u00e0 la fin de la d\u00e9cennie commenc\u00e9e en 2010, il est in\u00e9vitable d'examiner le pass\u00e9 et de faire le point sur les avanc\u00e9es et les reculs que nous avons connus au niveau des luttes sociales. Dans le cas de l'Etat espagnol, l'entr\u00e9e de Unidas Podemos (UP) au gouvernement marque le d\u00e9nouement d'un cycle politique qui commencerait avec le M15 [le Mouvement des Indign\u00e9s] en 2011. Pour certains, ce fait est la cons\u00e9cration de ce que ce mouvement a exprim\u00e9, \u00e0 savoir la volont\u00e9 de faire de la politique diff\u00e9remment dans un contexte de crise de r\u00e9gime. Pour d'autres, la formation de ce nouveau gouvernement est presque une fausse sortie relative \u00e0 l'\u00e9lan de contestation qui a commenc\u00e9 \u00e0 se forger en 2011. Parmi tous les \u00e9v\u00e9nements qui ont pu surgir au cours d'une d\u00e9cennie turbulente, comme celle que nous cl\u00f4turons, il est n\u00e9cessaire de faire le point sur ce qui s'est pass\u00e9 il y a cinq ans, le 25 janvier 2015, jour o\u00f9 le gouvernement de Syriza a \u00e9t\u00e9 \u00e9lu en Gr\u00e8ce, avec Alexis Tsipras \u00e0 sa t\u00eate. Cette arriv\u00e9e au pouvoir (dont personne ne semble plus vouloir se souvenir) a marqu\u00e9 le sommet de la crise politique de l'Union europ\u00e9enne en raison de sa gestion de la crise, ainsi que la possibilit\u00e9 se profilant pour les forces progressistes en Europe (et en particulier Podemos) de pouvoir aspirer un jour \u00e0 construire une h\u00e9g\u00e9monie dans la gauche, dans le but de proposer une alternative \u00e0 la solution n\u00e9olib\u00e9rale \u00e0 la crise.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EL'accord gouvernemental entre le PSOE et Unidas Podemos est sans aucun doute un tournant dans les 45 ans qui se sont \u00e9coul\u00e9s depuis la fin de la dictature franquiste. Il constitue \u00e9galement le premier gouvernement de coalition progressiste depuis la Deuxi\u00e8me R\u00e9publique [1931-1939]. Cependant, au-del\u00e0 du fait qu'il s'agit d'un \u00e9v\u00e9nement historique, il semble que le nouveau gouvernement soit per\u00e7u plus avec soulagement pour avoir \u00e9vit\u00e9 un gouvernement des trois droites [PP, Ciudadanos, Vox] qu'avec l'espoir ayant trait \u00e0 sa capacit\u00e9 effective de mener des politiques de transformation. Aussi bien la trajectoire historique du PSOE, ses r\u00e9ticences en 2019 \u00e0 conclure un accord de coalition avec Unidas Podemos (jusqu'au r\u00e9sultat des \u00e9lections du 10 novembre), que les accords concrets contenus dans l'accord de coalition (qui sont en de\u00e7\u00e0 des attentes formul\u00e9es par UP au cours des derniers mois) n'invitent pas \u00e0 un optimisme excessif.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDans le document d'accord, pr\u00e9sent\u00e9 le 30 d\u00e9cembre 2019 [\u003Ca href=\"#nb1\" id=\"nh1\"\u003E1\u003C\/a\u003E], se sont r\u00e9v\u00e9l\u00e9es les potentialit\u00e9s ainsi que les limites impos\u00e9es \u00e0 la capacit\u00e9 d'action du nouveau gouvernement. Selon la plupart des m\u00e9dias, nous sommes confront\u00e9s \u00e0 un v\u00e9ritable changement de paradigme, qui mettrait fin \u00e0 des ann\u00e9es de politiques n\u00e9olib\u00e9rales en faveur d'un programme de type social-d\u00e9mocrate [\u003Ca href=\"#nb2\" id=\"nh2\"\u003E2\u003C\/a\u003E]. Toutefois, une analyse plus d\u00e9taill\u00e9e du document montre que ces aspirations sont plus que limit\u00e9es. Il s'engage \u00e0 garantir des droits tels que le niveau des retraites [le gouvernement de coalition a augment\u00e9 le montant de retraite de 0,9% comme premi\u00e8re mesure] ou le soutien \u00e0 la d\u00e9pendance [handicap], tout en assurant \u00ab le respect des m\u00e9canismes de discipline budg\u00e9taire pour garantir la viabilit\u00e9 des comptes publics \u00bb [\u003Ca href=\"#nb3\" id=\"nh3\"\u003E3\u003C\/a\u003E]. A titre d'exemple, dans la lutte contre l'emploi pr\u00e9caire (un des th\u00e8mes centraux des partenaires de la coalition), des divergences apparaissent d\u00e9j\u00e0 dans l'interpr\u00e9tation des politiques \u00e0 mettre en œuvre : alors que Unidas Podemos pr\u00e9conise l'abrogation de la r\u00e9forme du travail de 2012 [sous le gouvernement de Mariano Rajoy, qui accentue la r\u00e9forme de 2020], le PSOE d\u00e9fend la n\u00e9cessit\u00e9 de mettre fin \u00e0 ses effets les plus n\u00e9fastes et r\u00e9gressifs. Nous attendons de voir la port\u00e9e de ces mesures, mais les r\u00e9ticences d\u00e9j\u00e0 exprim\u00e9es, ainsi que le fait d'ignorer la r\u00e9forme du travail mise en œuvre par le PSOE en 2010, indiquent que le travail ne cessera pas d'\u00eatre la principale la variable d'ajustement pour assurer la \u00ab reprise \u00e9conomique \u00bb. Comme l'explique Mikel de Lafuente, entre 2007 et 2017, la part des salaires dans le PIB est pass\u00e9e de 50% \u00e0 47%, preuve des modalit\u00e9s avec lesquelles le capital a maintenu ses avantages par rapport \u00e0 la contraction des ressources de la classe ouvri\u00e8re [\u003Ca href=\"#nb4\" id=\"nh4\"\u003E4\u003C\/a\u003E].\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EC'est pourquoi le grand capital affirme n'\u00eatre pas favorable \u00e0 ce type d'orientations. En particulier, l'UE, qui a jou\u00e9 le r\u00f4le d'un pouvoir technocratique qui a dict\u00e9 le chemin de la rigueur, bien qu'elle ne soit pas dans la meilleure des situations, est loin de vouloir abandonner ses pr\u00e9rogatives. Le PSOE, dans son souci de respecter la politique n\u00e9olib\u00e9rale promue par les institutions europ\u00e9ennes, a nomm\u00e9 Nadia Calvi\u00f1o (ancienne directrice g\u00e9n\u00e9rale du budget de la Commission europ\u00e9enne) \u00e0 la vice-pr\u00e9sidence \u00e9conomique, ce qui a constitu\u00e9 une d\u00e9claration d'intention visant \u00e0 contrebalancer l'int\u00e9gration d'Unidas Podemos au sein du gouvernement [El Pais du 10 janvier \u00e9crit : \u00ab La pr\u00e9sence de Calvi\u00f1o est un antidote face aux inqui\u00e9tudes de Bruxelles ou de Francfort \u00bb]. D\u00e8s que le principe d'un accord pour une coalition progressiste a \u00e9t\u00e9 annonc\u00e9 le 12 novembre, l'UE a envoy\u00e9 un message clair au gouvernement du PSOE en place, \u00e0 savoir que le budget pr\u00e9sent\u00e9 jusqu'alors ne respectait pas les limites de d\u00e9penses et qu'il devait donc \u00eatre r\u00e9duit de 8 milliards d'euros [\u003Ca href=\"#nb5\" id=\"nh5\"\u003E5\u003C\/a\u003E]. Cette tendance \u00e0 assurer des garanties s'est confirm\u00e9e r\u00e9cemment avec la nomination d'autres membres du gouvernement, comme Arancha Gonz\u00e1lez Laya, ministre des Affaires \u00e9trang\u00e8res (anciennement haut fonctionnaire \u00e0 l'OMC, directrice de cabinet durant huit ans de Pascal Lamy, directeur g\u00e9n\u00e9ral de l'OMC de 2005 \u00e0 2013), ou Jos\u00e9 Luis Escriv\u00e1 \u00e0 la t\u00eate du minist\u00e8re de la S\u00e9curit\u00e9 sociale, marquant ainsi l'engagement du PSOE \u00e0 veiller au respect des recettes n\u00e9olib\u00e9rales europ\u00e9ennes [El Pais du 11 janvier r\u00e9sume son orientation \u00e0 moyen terme : \u00ab rendre les retraites anticip\u00e9es plus difficiles et accro\u00eetre le nombre d'ann\u00e9es de cotisation pour calculer le montant de la retraite]. Le PSOE a d\u00e9fendu cette politique de recrutement dans le but de construire un pouvoir ex\u00e9cutif ayant un \u00ab profil \u00e9conomique \u00bb [\u003Ca href=\"#nb6\" id=\"nh6\"\u003E6\u003C\/a\u003E]. Un profil \u00e9conomique \u00e0 partir duquel on peut clairement voir une modification, en particulier avec la s\u00e9paration du minist\u00e8re du Travail et de la S\u00e9curit\u00e9 sociale en deux entit\u00e9s distinctes.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EL'accord gouvernemental devra \u00e9galement tenir compte des limites impos\u00e9es de d\u00e9penses, qui dans le cas de l'Espagne se sont concr\u00e9tis\u00e9es avec la r\u00e9forme de l'article 135 de la Constitution en 2011 [sous le gouvernement de Jos\u00e9 Luis Rodriguez Zapatero, appuy\u00e9 en l'occurrence par le PP]. Cet article, qui privil\u00e9gie le remboursement de la dette par l'Etat par rapport \u00e0 toute autre d\u00e9pense, limite la capacit\u00e9 de tout gouvernement \u00e0 agir comme un organisme politique, le subordonnant au capital financier. Bien que la r\u00e9forme ait eu lieu en 2011, un moratoire de 9 ans a \u00e9t\u00e9 \u00e9tabli, cette ann\u00e9e \u00e9tant le premier exercice gouvernemental o\u00f9 elle devrait \u00eatre appliqu\u00e9e avec toutes ses cons\u00e9quences [\u003Ca href=\"#nb7\" id=\"nh7\"\u003E7\u003C\/a\u003E]. En d'autres termes, les budgets devront assumer la rigueur d'une r\u00e8gle o\u00f9 le d\u00e9ficit est interdit. C'est dans ce contexte que les budgets de cette ann\u00e9e devront \u00eatre \u00e9labor\u00e9s (puisqu'ils n'ont pas \u00e9t\u00e9 d\u00e9finis dans le cadre de l'accord). Et bien que ceux-ci devront \u00eatre n\u00e9goci\u00e9s avec un spectre plus large au sein du Congr\u00e8s des d\u00e9put\u00e9s, le r\u00e9sultat de l'arithm\u00e9tique des alliances actuelles au Parlement, la pression face \u00e0 la paralysie et \u00e0 l'\u00e9chec de ce gouvernement (et d\u00e8s lors la possibilit\u00e9 de l'arriv\u00e9e au pouvoir de la droite) favorisent le PSOE en premier lieu.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ESi l'on se place du point de vue du contexte europ\u00e9en, la formation d'une \u00ab coalition progressiste \u00bb appara\u00eet comme un sp\u00e9cimen rare au regard de l'\u00e9volution g\u00e9n\u00e9rale des gouvernements des pays membres de l'UE. Un contexte marqu\u00e9 par une crise de l'UE elle-m\u00eame, face \u00e0 laquelle la gauche n'a pas su proposer une alternative capable d'aboutir \u00e0 la construction d'un rapport de forces suffisant (notamment depuis le d\u00e9sastre de l'exp\u00e9rience grecque). Comme nous le soulignons depuis les \u00e9lections europ\u00e9ennes [\u003Ca href=\"#nb8\" id=\"nh8\"\u003E8\u003C\/a\u003E], nous affrontons, d'une part, une recomposition des blocs politiques historiques en crise (\u00e0 droite et \u00e0 gauche) autour d'un objectif de gouvernance. Cet espace de gouvernabilit\u00e9 autour du \u00ab centre extr\u00eame \u00bb a v\u00e9cu son dernier \u00e9pisode dans la coalition gouvernementale \u00e9tablie en Autriche entre la droite et le parti vert [d\u00e9but janvier : 10 ministres pour le parti conservateur-\u00d6VP et 4 pour les \u00e9cologistes]. La gauche qui \u00e9tait critique de la social-d\u00e9mocratie mais qui n'a pas opt\u00e9 pour une remise en cause plus ou moins frontale des orientations existantes a d\u00fb rejoindre ce bloc de gouvernance pour ne pas dispara\u00eetre. D'autre part, nous assistons \u00e0 une droitisation accentu\u00e9e du spectre politique, l'extr\u00eame droite \u00e9tant actuellement la plus apte \u00e0 fixer l'agenda politique.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDans le cas espagnol, ce champ politique a \u00e9t\u00e9 fragment\u00e9 sous l'effet de la crise du r\u00e9gime qui a affect\u00e9 le Parti populaire PP). L'\u00e9mergence de Vox, \u00e0 la suite de cette crise, le pousse vers l'extr\u00eame droite. Aussi habilement que de mani\u00e8re pr\u00e9visible, l'\u00e9mergence de cette extr\u00eame droite a \u00e9t\u00e9 utilis\u00e9e par le PSOE pour se positionner dans le bloc de gauche tout en r\u00e9tr\u00e9cissant son espace politique. Unidas Podemos a \u00e9t\u00e9 vid\u00e9 (et s'est laiss\u00e9 vid\u00e9) dans cette r\u00e9organisation des espaces politiques qui a lieu en Europe, en abandonnant une grande partie (ou presque toute) son autonomie par rapport au PSOE. La coalition dirig\u00e9e par Podemos n'a cess\u00e9 de chercher \u00e0 prouver sa valeur en tant que partenaire gouvernemental du PSOE, se pr\u00e9sentant non seulement comme un acteur incontournable de sa possibilit\u00e9 de gouverner, mais aussi comme un partenaire privil\u00e9gi\u00e9 pour participer au gouvernement. La r\u00e9duction de l'horizon des possibles que s'est attribu\u00e9e Podemos est un \u00e9l\u00e9ment particuli\u00e8rement inqui\u00e9tant, car cela \u00e9crit les derni\u00e8res pages d'un espace politique dont l'origine r\u00e9side pr\u00e9cis\u00e9ment dans la contestation du r\u00e9gime de 1978 [\u00ab transition \u00bb post-franquiste] et avec elle aussi la place du PSOE, un de principaux acteurs de ce r\u00e9gime.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EParall\u00e8lement \u00e0 cette r\u00e9organisation des espaces politiques, qui est le r\u00e9sultat de l'accumulation des crises que connaissent les soci\u00e9t\u00e9s europ\u00e9ennes, de nouvelles voix commencent \u00e0 sonner l'alarme sur la possibilit\u00e9 d'une nouvelle crise. La Banque mondiale a d\u00e9j\u00e0 averti que les niveaux d'endettement restent extr\u00eamement \u00e9lev\u00e9s et que cela pourrait avoir de graves cons\u00e9quences en cas de crise [\u003Ca href=\"#nb9\" id=\"nh9\"\u003E9\u003C\/a\u003E]. En Espagne, ces niveaux de dette agr\u00e9g\u00e9e (dette de l'Etat, des entreprises et des particuliers) s'\u00e9l\u00e8vent \u00e0 240% du PIB. L'application de l'article 135 de la Constitution impose une limite d'endettement de 60% du PIB (actuellement 96,57%), soit une 518'286 millions d'euros [la dette publique de l'Etat s'\u00e9levait \u00e0 1'047'250 millions en 2018] [\u003Ca href=\"#nb10\" id=\"nh10\"\u003E10\u003C\/a\u003E]. Si certains milieux se f\u00e9licitent de la l\u00e9g\u00e8re r\u00e9duction de l'endettement priv\u00e9 [\u003Ca href=\"#nb11\" id=\"nh11\"\u003E11\u003C\/a\u003E], celle-ci est davantage li\u00e9e \u00e0 la faible rentabilit\u00e9 de l'\u00e9conomie \u00ab non financi\u00e8re \u00bb compar\u00e9e aux gains des investissements financiers. En effet, les injections massives de liquidit\u00e9s op\u00e9r\u00e9es par la BCE tendent \u00e0 accentuer les risques de bulles sp\u00e9culatives qui entra\u00eeneront l'ensemble de l'\u00e9conomie dans l'ab\u00eeme. En outre, les banques ont entrepris de vastes op\u00e9rations de cession d'actifs toxiques, conform\u00e9ment aux orientations propos\u00e9es par la BCE, qui visent \u00e0 prot\u00e9ger le grand capital face \u00e0 une nouvelle crise. Alors que les r\u00e9formes antisociales entreprises au cours des dix derni\u00e8res ann\u00e9es ont fortement r\u00e9duit les protections de la population face aux fluctuations \u00e9conomiques. Tous ces \u00e9l\u00e9ments sont cit\u00e9s non seulement pour donner une image du contexte dans lequel ce nouveau gouvernement se forme, mais aussi pour nous rappeler la cristallisation des principaux rapports de forces de pouvoir en Europe, actuellement. Et dans cet affrontement, le m\u00e9canisme de la dette joue un r\u00f4le central (comme ce fut le cas \u00e0 partir de 2008 au sein de l'Etat espagnol). Face \u00e0 un sc\u00e9nario de ce type, le capital a plusieurs \u00e9tapes \u00e0 franchir pour d\u00e9fendre ses int\u00e9r\u00eats.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDans un entretien \u00e0 Eldiario.es du 7 janvier 2020 [\u003Ca href=\"#nb12\" id=\"nh12\"\u003E12\u003C\/a\u003E], intitul\u00e9 \u00ab Nous n'allons pas oublier d'o\u00f9 nous venons \u00bb, Pablo Iglesias, secr\u00e9taire g\u00e9n\u00e9ral de Podemos, deuxi\u00e8me vice-pr\u00e9sident du gouvernement [sur quatre] et ministre des Droits sociaux et de l'Agenda 2030, a r\u00e9sum\u00e9 les perspectives de son parti dans le nouveau gouvernement de coalition. Ainsi, il a expliqu\u00e9 comme un processus d'apprentissage tactique le fait d'avoir compris la n\u00e9cessit\u00e9 d'adapter le discours de Podemos \u00e0 la d\u00e9fense de la Constitution espagnole. Dans un contexte de crise \u00e9conomique et sociale et de la droitisation du spectre politique de la droite, il serait plus pertinent de d\u00e9fendre le cadre constitutionnel, notamment les articles \u00ab surtout ceux promus par la PCE \u00bb [le Parti communiste espagnol \u00ab il y a quarante ans et qui en ce moment de mont\u00e9e de l'extr\u00eame droite pourraient servir de ceinture de s\u00e9curit\u00e9 et quasiment de programme pour un gouvernement des gauches \u00bb], que de parier sur les horizons constituants. Plus avant, dans le m\u00eame entretien, Iglesias a suppos\u00e9 qu'il y a des limites claires \u00e0 l'action politique du gouvernement, sachant que les r\u00e8gles limitant les d\u00e9penses budg\u00e9taires ne seraient pas enfreintes. Un t\u00e9moignage qui refl\u00e8te clairement l'\u00e9volution de l'orientation politique de Podemos au fur et \u00e0 mesure que l'hypoth\u00e8se de l'entr\u00e9e au gouvernement (\u00e0 tout prix) gagnait du terrain. Cependant, ce sont deux affirmations qui sont difficiles \u00e0 marier. D'une part, on d\u00e9fend une politique \u00ab patriotique des gauches \u00bb, d'autre part, on suppose que la capacit\u00e9 d'action politique d'un \u00ab gouvernement souverain \u00bb d'un pays, \u00e9lu selon les canaux repr\u00e9sentatifs de la d\u00e9mocratie parlementaire, d\u00e9pend de r\u00e8gles qui garantissent le retour des investissements pour le grand capital. Dans le cas qui nous occupe, la dette globale, dans le cadre l\u00e9gal actuel, sera utilis\u00e9e par le capital financier pour extorquer \u00e0 nouveau la population espagnole. L'illusion de conjuguer le \u00ab Oui, nous le pouvons \u00bb avec le \u00ab There is No Alternative \u00bb (invent\u00e9 par Margaret Thatcher dans les ann\u00e9es 80), en affirmant qu'il peut y avoir une coexistence entre les deux, ne pourra pas \u00eatre maintenue ind\u00e9finiment. Alors qu'Unidas Podemos tente de cr\u00e9er une politique diff\u00e9rente sans se confronter au cadre juridique impos\u00e9 par le n\u00e9olib\u00e9ralisme, les affrontements dans la rue avec les politiques n\u00e9olib\u00e9rales ainsi qu'au sein de l'ex\u00e9cutif lui-m\u00eame ne tarderont pas \u00e0 venir. Face \u00e0 un tel sc\u00e9nario, quel r\u00f4le Unidas Podemos peut-il jouer ?\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EL'\u00e9volution qu'Unidas Podemos a connue en tant qu'espace politique, de plus en plus d\u00e9pendant de la n\u00e9cessit\u00e9 de d\u00e9montrer sa capacit\u00e9 \u00e0 gouverner, soul\u00e8ve des doutes raisonnables sur son aptitude \u00e0 \u00e9tablir le rapport des forces n\u00e9cessaire \u00e0 la mise en œuvre de politiques \u00e9conomiques et sociales progressistes. En 5 ans, UP est pass\u00e9 d'une force politique qui exemplifiait la crise politique et ouvrait des horizons en direction de la possibilit\u00e9 d'un processus constituant [par rapport au r\u00e9gime de 1978, entre autres] qui permettrait, lui, de red\u00e9finir les param\u00e8tres dans une perspective v\u00e9ritablement d\u00e9mocratique, et d'aspirer \u00e0 se constituer comme une force permettant conditionner sur la gauche le PSOE. D'une expression par le bas de la crise de r\u00e9gime, nous nous trouvons face maintenant \u00e0 une force politique qui propose une clore cette crise par la gauche, mais sans l'ambition que soient appliqu\u00e9s des changements structurels. Apr\u00e8s l'\u00e9chec de l'exp\u00e9rience grecque [\u003Ca href=\"#nb13\" id=\"nh13\"\u003E13\u003C\/a\u003E] en 2015 avec la capitulation du gouvernement de Tsipras, il est apparu clairement que, face au rouleau compresseur que repr\u00e9sente la politique n\u00e9olib\u00e9rale de la tro\u00efka [FMI, BCE, Commission de l'UE], toute politique de conciliation n'aura gu\u00e8re de chance si elle n'est pas accompagn\u00e9e d'un plan s\u00e9rieux de d\u00e9sob\u00e9issance. Sinon, cela reviendra \u00e0 maintenir un espoir artificiel consistant \u00e0 pouvoir obtenir de la sorte des marges de manœuvre pour mener \u00e0 bien des politiques de transformation. En m\u00eame temps, l'opposition au gouvernement des trois partis de droite a clairement fait savoir qu'elle ne cessera pas de saboter le d\u00e9bat politique pour lui nuire, se pla\u00e7ant clairement sur le terrain d'une rh\u00e9torique de coup d'Etat qui encourage l'affrontement [dans la rue, dans le parlement et par le biais des structures juridiques]. Nul doute qu'elles mettront \u00e0 profit \u00e9galement toute attaque des institutions europ\u00e9ennes afin d'affaiblir le gouvernement. Esp\u00e9rons qu'Unidas Podemos ne sera pas pi\u00e9g\u00e9 dans une attaque des institutions qui sera \u00e9galement utilis\u00e9e par ces droites pour affaiblir le gouvernement. Le maintien par l'UP de son autonomie par rapport au PSOE sera fondamental non seulement pour assurer un r\u00e9sultat acceptable lors des prochaines \u00e9lections, mais surtout pour \u00e9viter d'\u00eatre compl\u00e8tement absorb\u00e9 dans le processus de r\u00e9novation du PSOE.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ECette autonomie n'est pas seulement fond\u00e9e sur la bonne volont\u00e9 des dirigeants d'Unidas Podemos, mais elle d\u00e9pendra aussi du rapport r\u00e9el des forces dans la soci\u00e9t\u00e9 et en particulier des mobilisations sociales. De nombreuses voix d'Unidas Podemos ont soulign\u00e9 l'importance que les mobilisations auront au cours de cette l\u00e9gislature (notamment Pablo Iglesias qui a mentionn\u00e9 les syndicats des retrait\u00e9\u00b7s et des locataires lors de son investiture). Le point de tension ne r\u00e9sidera donc pas dans la reconnaissance de l'importance de ces mouvements, mais dans la relation entretenue avec eux de la part des institutions. En lieu et place de pouvoir s'instituer comme un agent structurant de la soci\u00e9t\u00e9 civile qui servirait \u00e0 promouvoir les mobilisations sociales, la direction de Podemos a pr\u00e9f\u00e9r\u00e9 que l'organisation se concentre sur la politique institutionnelle, sous la fameuse strat\u00e9gie de la machine de guerre \u00e9lectorale. S'il est vrai que l'UP se pr\u00e9sente souvent comme le porte-parole des mouvements, il est important qu'il ne succombe pas \u00e0 la pr\u00e9tention d'une hi\u00e9rarchisation, dans laquelle les mouvements doivent se subordonner au travail institutionnel. Endiguer et r\u00e9duire la lutte de classe \u00e0 son aspect parlementaire serait aussi dangereux et pr\u00e9tentieux que de pr\u00e9tendre que cinq ministres [Pablo Iglesias, Irene Montero, Alberto Garz\u00f3n, Yolanda Diaz, Manuel Castells] sont capables de repr\u00e9senter les int\u00e9r\u00eats de toute une classe. (Article publi\u00e9 sur le site Viento Sur, en date du 16 janvier 2020 ; traduction r\u00e9daction A l'Encontre)\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ESource : \u003Ca href=\"https:\/\/alencontre.org\/europe\/etat-espagnol-debat-un-gouvernement-de-coalition-fin-du-cycle-de-changement.html\"\u003EA l'Encontre\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cbig\u003ENotes\u003C\/big\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh1\" id=\"nb1\"\u003E1\u003C\/a\u003E] \u003Ca href=\"https:\/\/elpais.com\/politica\/2019\/12\/30\/actualidad\/1577717188_495072.html\"\u003Eelpais.com\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh2\" id=\"nb2\"\u003E2\u003C\/a\u003E] \u003Ca href=\"https:\/\/www.lavanguardia.com\/politica\/20191231\/472650294044\/acuerdo-psoe-podemos-gobierno-coalicion-reforma-laboral-irpf.html\"\u003Elavanguardia.com\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh3\" id=\"nb3\"\u003E3\u003C\/a\u003E] Accord de gouvernement 10.7.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh4\" id=\"nb4\"\u003E4\u003C\/a\u003E] \u003Ca href=\"https:\/\/vientosur.info\/spip.php?article15480\"\u003Evientosur.info\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh5\" id=\"nb5\"\u003E5\u003C\/a\u003E] \u003Ca href=\"https:\/\/www.eleconomista.es\/economia\/noticias\/10210281\/11\/19\/Bruselas-pide-al-nuevo-Gobierno-un-ajuste-de-casi-8000-millones-respecto-a-sus-planes.html\"\u003Eeleconomista.es\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh6\" id=\"nb6\"\u003E6\u003C\/a\u003E] \u003Ca href=\"https:\/\/elpais.com\/politica\/2020\/01\/10\/actualidad\/1578660599_300684.html\"\u003Eelpais.com\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh7\" id=\"nb7\"\u003E7\u003C\/a\u003E] \u003Ca href=\"https:\/\/www.publico.es\/economia\/constitucion-deficit-sanchez-e-iglesias-topan-austeridad-entra-vigor-reforma-articulo-135.html\"\u003Epublico.es\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh8\" id=\"nb8\"\u003E8\u003C\/a\u003E] \u003Ca href=\"https:\/\/vientosur.info\/spip.php?article14895\"\u003Evientosur.info\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh9\" id=\"nb9\"\u003E9\u003C\/a\u003E] \u003Ca href=\"https:\/\/www.theguardian.com\/business\/2020\/jan\/08\/world-bank-global-debt-crisis-borrowing-build-up\"\u003Etheguardian.com\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh10\" id=\"nb10\"\u003E10\u003C\/a\u003E] \u003Ca href=\"https:\/\/www.publico.es\/economia\/constitucion-deficit-sanchez-e-iglesias-topan-austeridad-entra-vigor-reforma-articulo-135.html\"\u003Epublico.es\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh11\" id=\"nb11\"\u003E11\u003C\/a\u003E] \u003Ca href=\"https:\/\/cincodias.elpais.com\/cincodias\/2019\/12\/26\/economia\/1577379691_445840.html\"\u003Ecincodias.elpais.com\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh12\" id=\"nb12\"\u003E12\u003C\/a\u003E] \u003Ca href=\"https:\/\/www.eldiario.es\/politica\/Pablo-Iglesias-vamos-olvidar-venimos_0_982002194.html\"\u003Eeldiario.es\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh13\" id=\"nb13\"\u003E13\u003C\/a\u003E] \u003Ca href=\"http:\/\/www.cadtm.org\/Les-propositions-de-Varoufakis-qui-menaient-a-l-echec\"\u003Ecadtm.org\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ca href=\"http:\/\/cadtm.org\/Etat-espagnol-debat-Un-gouvernement-de-coalition-fin-du-cycle-de-changement\"\u003Ecadtm.org\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E","_links":[]}}