Par The Cradle
Un rapport classifié du département d'État américain a révélé que les soldats israéliens ont commis "plusieurs centaines" de violations potentielles de la législation américaine en matière de droits humains dans la bande de Gaza, dont l'examen prendrait "plusieurs années", a rapporté le Washington Post le 31 octobre.
Les détails du rapport préparé par le bureau de l'inspecteur général du département d'État ont été communiqués au Post par deux responsables américains.
Le rapport "admet pour la première fois l'ampleur des exactions israéliennes à Gaza relevant du champ d'application des lois Leahy, la législation historique qui interdit le soutien américain en termes de sécurité aux unités militaires étrangères accusées de manière crédible de violations flagrantes des droits humains", écrit le journal.
Toutefois, le rapport du Bureau de l'inspecteur général
"émet des doutes quant aux chances de voir les actions d'Israël faire l'objet de poursuites, compte tenu du nombre considérable d'incidents en attente d'examen et de la nature du processus de vérification, qui est favorable aux Forces de défense israéliennes", a ajouté le Post."Ce qui m'inquiète, c'est que la question de la responsabilité soit reléguée aux oubliettes maintenant que le tumulte du conflit s'estompe",
a déclaré Charles Blaha, un ancien responsable du département d'État chargé de superviser l'application des lois Leahy.
Le rapport a été achevé quelques jours avant l'entrée en vigueur, le 11 octobre, du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas à Gaza. Depuis, Israël a poursuivi ses attaques contre des civils palestiniens et a restreint l'aide humanitaire entrant dans la bande de Gaza, où les habitants souffrent de pénuries alimentaires, de malnutrition et de famine.
Plusieurs atrocités commises par les forces israéliennes depuis le début du génocide, il y a deux ans, ont donné lieu à des investigations au titre des lois Leahy.
En avril 2024, sept travailleurs humanitaires de World Central Kitchen (WCK) ont été tués par trois frappes de drones israéliens, successives, sur trois véhicules distincts de WCK. Les drones ont ouvert le feu, alors même que WCK avait communiqué à l'avance les coordonnées et l'itinéraire du convoi à l'armée israélienne. Les victimes étaient de nationalité australienne, britannique, palestinienne, polonaise et double nationalité américaine-canadienne.
En février 2024, les forces israéliennes ont tiré, notamment avec des chars, sur des Palestiniens qui tentaient d'obtenir l'aide humanitaire dont ils avaient désespérément besoin à Gaza. Au moins 112 Palestiniens ont été tués et 760 blessés dans ce qui a été appelé le " massacre de la farine".
Cependant, la Maison Blanche a déclaré ne "pas être en mesure de tirer des conclusions définitives" sur l'utilisation d'armes américaines dans ces attaques.
Les États-Unis fournissent chaque année au moins 3,8 milliards de dollars d'aide à Israël, et ont fourni des dizaines de milliards supplémentaires depuis 2023 pour soutenir le génocide à Gaza.
Cependant, il est peu probable que les États-Unis suspendent leur aide militaire à Israël et tiennent les unités responsables des nombreuses violations mentionnées dans le nouveau rapport du département d'État, écrit The Post.
Le groupe de travail du département d'État chargé de se prononcer sur les violations de la loi Leahy comprend des représentants de l'ambassade américaine à Jérusalem et du Bureau des affaires proche-orientales, "deux entités qui défendent souvent Israël au sein du système américain", poursuit le quotidien.
Si le groupe de travail conclut que les unités israéliennes ne sont pas éligibles à un financement continu, le secrétaire d'État américain doit approuver cette conclusion.
Le secrétaire d'État sous l'ancien président américain Joe Biden, Antony Blinken, a été un fervent défenseur d'Israël tout au long du génocide.
Le nouveau secrétaire d'État du président américain Donald Trump, Marco Rubio, entretient des liens étroits avec le milliardaire juif Paul Singer, sioniste affiché qui a financé les campagnes électorales de Rubio au fil des ans.
"À ce jour, les États-Unis n'ont refusé aucune aide à aucune unité israélienne malgré des preuves de crimes évidentes",
a déclaré Josh Paul, ancien fonctionnaire du département d'État, au Post.
Le département d'État de Blinken a refusé de suspendre l'aide aux unités israéliennes, même après qu'un citoyen américain de 78 ans, Omar Assad, a été arrêté à un poste de contrôle en Cisjordanie en 2022 et assassiné par des soldats israéliens.
M. Assad était propriétaire d'une épicerie dans la ville de Milwaukee, dans l'État américain du Wisconsin, avant de retourner vers son lieu de naissance en Palestine après avoir pris sa retraite.
Au début de la semaine, le New York Times (NYT) a rapporté qu'un ancien policier militaire américain qui a enquêté sur le meurtre en 2022 de la journaliste américano-palestinienne Shireen Abu Aqla a déclaré qu'un soldat israélien l'a délibérément abattue, mais que ses supérieurs au département d'État ont modifié les conclusions de son rapport pour affirmer que le meurtre n'était pas intentionnel.
Les États-Unis sous la présidence de Trump n'ont pas fait mieux.
"Je ne vois aucune différence entre l'administration Biden et l'administration Trump sur la question",
a déclaré M. Blaha, ancien responsable du département d'État chargé de l'application des lois Leahy.
Lien vers l'article original en anglais : Leaked US State Department docs unveil first formal acknowledgment of Israeli units committing gross rights abuses, The Cradle, le 31 octobre 2025.
Traduit par Spirit of Free Speech
La source originale de cet article est The Cradle
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Par The Cradle
