03/09/2022 reseauinternational.net  5 min #214873

«La Russie a fait ce qu'il fallait» pour assurer la sécurité de la mission de l'Aiea, selon l'Onu

Grossi veut imposer l'Aiea à la centrale nucléaire de Zaporijia : Une mission Osce bis ?

par Karine Bechet-Golovko.

Après une inspection de quelques heures, la démonstration des munitions tirées d'Ukraine et des discussions avec le personnel et les habitants, qui lui demandaient de faire savoir au monde qu'ils ne veulent plus que l'Ukraine tire sur eux, Grossi part et déclare depuis l'Ukraine que l'AIEA reste à la centrale - mais aucun mot sur les tirs ukrainiens, ni sur le fait que le personnel n'est pas pris en otage ou que la centrale n'a pas été militarisée. Première belle preuve d'objectivité. Si une délégation permanente reste, les autorités locales et les Russes vont se retrouver avec le même problème que la mission de l'OSCE dans le Donbass, aussi objective et aussi constructive - surtout lorsqu'elle transmettait des renseignements à l'armée ukrainienne.

Dès le matin, une  opération de prise par la force de la Centrale de Zaporijia a été lancée par l'Ukraine, et sous contrôle des Britanniques, si l'on en croit les autorités locales. Cela s'est accompagné de tirs massifs aux abords de la Centrale et sur la ville contiguë d'Energodar. L'opération a tourné court, les militaires russes ont détruits les groupes d'intervention d'une soixantaine d'hommes et les tirs ont pris fin, quand finalement la mission de l'AIEA est arrivée à proximité de la zone. Selon les  autorités russes, ces experts internationaux devaient être des boucliers humains devant empêcher l'armée russe de réagir et permettre ainsi le transfert de facto de la centrale aux autorités russes. Je dirais plutôt que ces experts devaient légitimer le transfert et conduire au départ des militaires russes. L'ONU et la communauté internationale a gardé le silence, finalement Guterres s'est fendu d'un rapide remerciement à la Russie pour avoir assuré la sécurité des inspecteurs de l'AIEA, mais sans un mot de condamnation de cette attaque militaire de la centrale atomique de Zaporijia.

Bref, nos inspecteurs internationaux sont arrivés, ils n'ont vu aucune militarisation du site par la Russie. En revanche, ils ont vu des  obus ukrainiens, des habitants qui leur ont remis une pétition demandant qu'ils fassent savoir au monde qu'ils sont sous tirs constants de l'armée ukrainienne et qu'ils fassent tout leur possible pour que cela prenne fin.

Finalement, et très rapidement puisque le premier scénario est tombé à l'eau, Grossi part... mais laisse sur place quelques hommes jusqu'au 3 septembre et annonce unilatéralement une présence permanente de l'AIEA sur le site. Le second scénario est lancé.

De retour en territoire ukrainien, devant  caméra, pas un seul mot n'est prononcé sur la demande des civils, pas un mot n'est prononcé sur les bombardements ukrainiens. Il n'est question que de la prise de territoire : on reste sur les lieux, on ne va nulle part.

Cette présence de l'AIEA, permettrait-elle de désamorcer la crise ou va-t-on revivre le scénario de la mission de l'OSCE dans le Donbass, qui elle aussi prétendant à l'objectivité, l'a pas empêché les tirs, n'a jamais vu d'où cela tirait et transmettait des renseignements à l'armée ukrainienne ?

La répétition est fort possible, surtout lorsque l'on peut déjà voir la manière dont certains  médias retraduisent les premières déclarations :

« C'est un cri d'alerte que lance Rafael Grossi. « L'intégrité physique de la centrale » nucléaire ukrainienne de Zaporijia, occupée par les troupes russes « a été violée à plusieurs reprises », a déclaré ce jeudi 1er septembre le directeur de l'Agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA) après avoir inspecté cette installation autour de laquelle des combats ont lieu entre Russie et Ukraine. À son retour dans le territoire contrôlé par Kiev avec une partie de la mission de l'AIEA, il a expliqué ne pas avoir « d'éléments pour évaluer » l'ampleur de ce qui a pu être fait par les soldats russes, mais « c'est quelque chose qui ne peut pas continuer à se produire », a-t-il ajouté. »

Rien n'est dit dans les médias sur ces  civils, qui demandaient l'aide de la communauté internationale pour mettre fin aux bombardements ukrainiens. Rien n'est dit sur le fait que ce sont bien les bombardements ukrainiens, qui ont « violé l'intégrité de la centrale », comme on peut le lire partout, laissant plus ou moins ouvertement sous-entendre que c'est la faute de la Russie. Rien n'est dit sur le fait que la centrale n'est pas militarisée. Rien n'est dit sur le fait que le personnel n'est pas soumis à des tortures et diverses « douches radioactives ». Rien. Sauf le fait que, contre les déclarations des autorités locales, l'AIEA s'installe à la centrale nucléaire.

Ca commence mal pour une organisation qui veut s'installer de force à la Centrale, afin d'être « objective ». Pourquoi ne pas commencer dès maintenant à être objectif et constructif ?

Il n'y a pas encore de réactions officielles russes quant à cette déclaration unilatérale de Grossi de prise du territoire. La Russie a demandé une réunion le 6 septembre du Conseil de sécurité de l'ONU, afin que Grossi puisse rendre compte de sa visite. Je suis impatiente de l'entendre parler des pauvres habitants d'Energodar... Ou bien va-t-il se taire à ce sujet ? Le suspens est insoutenable.

 Karine Bechet-Golovko

source :  Russie Politics

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