
Par Al Mayadeen English, Source : ZeroHedge, le 20 août 2025
Marquée par une vague de refus de l'appel sous les drapeaux, de suicides et de désertions, la crise militaire s'aggrave en Israël, poussant l'État hébreu à recruter au sein de sa diaspora aux États-Unis et en France. Cette démarche illustre son désespoir et le rejet croissant dont il fait l'objet dans le monde.
Les guerres sans fin d'Israël et sa campagne meurtrière à Gaza ont décimé ses rangs, contraignant l'armée à recruter à l'étranger pour pallier cette pénurie. Selon l'Army Radio, les responsables comptent enrôler chaque année entre 600 et 700 Juifs de la diaspora, ciblant principalement les États-Unis et la France.
Selon le site d'information Zero Hedge, environ 3 500 Juifs de la diaspora servent actuellement dans l'armée israélienne, dont près de 900 Américains. Ces combattants sont connus sous le nom de "soldats isolés".
Selon Noya Govrin, directrice du programme Lone Soldiers à Nefesh B'Nefesh,
"la majorité des soldats isolés américains arrivent après leurs études secondaires, soit directement après le lycée, ou après une année sabbatique. Au cours des deux dernières années, nous avons constaté une augmentation notable du nombre de diplômés universitaires qui viennent en Israël pour servir en tant que soldats isolés", a-t-elle déclaré au Times of Israël.
Cependant, l'hostilité envers ceux qui participent aux crimes de guerre d'Israël ne cesse de croître, même aux États-Unis. Au début du mois, un Américain de retour de son service à Gaza a été victime d'un incendie criminel dans le Missouri. Les véhicules de sa famille ont été incendiés et des graffitis l'accusant de meurtre et proclamant "MORT à l'armée israélienne" ont été découverts sur les lieux.
La grave crise que traverse l'armée en matière d'effectifs est manifeste, les responsables admettant un déficit de 10 000 à 12 000 soldats. Les raisons de la crise sont multiples : insoumission massive des ultra-orthodoxes, démissions en masse, et dépressions. Depuis le 7 octobre 2023, plus de 3 700 soldats israéliens ont été diagnostiqués atteints de syndrome de stress post-traumatique, et 54 d'entre eux se sont suicidés, dont 16 cette année seulement.
Par ailleurs, quelque 14 600 conscrits sont considérés comme déserteurs, la plupart étant des ultra-orthodoxes ayant échappé à la conscription. Pour pallier ces lacunes, les autorités militaires proposent un programme d'amnistie afin d'inciter ceux qui sont en situation irrégulière à s'engager avant jeudi, en leur promettant de ne pas les poursuivre au pénal.
Crise des insoumis
La décision de la Cour suprême de 2024 de mettre fin aux exemptions pour la conscription des ultra-orthodoxes n'a fait qu'ajouter à la confusion. La coalition fragile de Netanyahu dépend des partis haredim, qui exigent que leurs adeptes soient exemptés du service militaire et continuent à étudier les textes religieux. Les Haredim consacrent leur vie à l'étude religieuse dans les yeshivas, tout en percevant des allocations de l'État. Cette politique est de moins en moins acceptée par les autres Israéliens, contraints de participer aux guerres menées par Israël à Gaza, en Cisjordanie, au Liban, en Syrie, au Yémen et en Iran.
La campagne de recrutement désespérée d'Israël se heurte également à la colère croissante des Juifs de la diaspora. Comme l'a déclaré Rafael Shimunov, animateur d'une émission de radio juive de gauche à New York :
"C'est une période difficile pour certains de mes coreligionnaires de la diaspora. Ils applaudissent les Israéliens qui envoient leurs enfants commettre un génocide, mais n'enverraient jamais les leurs".
Malgré l'indignation croissante, les alliés d'Israël à Washington tentent tant bien que mal de soutenir ce projet. Des législateurs à la solde d'Israël ont même présenté un projet de loi qui étendrait les privilèges dont bénéficient les militaires américains à ceux qui s'engagent dans l'armée israélienne. Ces privilèges ne sont pourtant jamais accordés à quiconque sert dans une armée étrangère.
Traduit par Spirit of Free Speech