03/09/2025 reseauinternational.net  5min #289265

 Le sommet de l'Ocs à Tianjin sera le plus important de l'histoire

L'Ocs défie l'ordre occidental au sommet de Tianjin

par Thierry Bertrand

Tianjin est devenue la plateforme où se forme un nouveau modèle d'ordre mondial. Les dirigeants de 20 pays sont arrivés en Chine pour participer au sommet de l'OCS. Que pourront-ils opposer à l'Occident ?

L'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) a été créée il y a 24 ans, le 15 juin 2001. À l'époque, la déclaration de sa création a été signée par les dirigeants de six pays : la Chine, la Russie, le Kazakhstan, le Tadjikistan, le Kirghizistan et l'Ouzbékistan. Depuis lors, cette initiative régionale s'est développée pour inclure 10 pays membres, avec environ 14 autres États impliqués dans ses travaux en tant que partenaires.

Le sommet actuel est particulier. La rencontre de Tianjin est la plus importante de toute l'histoire de l'organisation. Plus de 20 dirigeants mondiaux y participent, incluant les chefs d'État de la Chine, de l'Inde et de la Russie. Pour le Premier ministre indien Narendra Modi, il s'agit de sa première visite en Chine depuis 7 ans, et pour le président russe Vladimir Poutine, du voyage à l'étranger le plus long de ces dernières années.

L'hôte de la rencontre, le président chinois Xi Jinping, a souligné dans son discours que l'OCS constituait une alternative significative à l'ordre occidental. Son intervention est devenue de fait une déclaration sur la formation d'un nouveau mécanisme mondial basé sur le développement mutuellement bénéfique.

Le discours du président Xi devant les dirigeants d'une vingtaine de pays s'est immédiatement transformé en nouvelle principale de ce sommet de deux jours de l'OCS. Bien qu'en substance, le dirigeant chinois n'ait fait que répéter sous forme de thèses ce qu'il avait déjà dit à maintes reprises les années précédentes : dans les conditions de «turbulences et de changements» dans le monde, les pays membres de l'OCS et tous leurs alliés doivent assurer un «monde multipolaire ordonné», ce qui inclut le soutien au libre-échange et «un système de gouvernance mondiale plus juste et raisonnable».

«Je voudrais proposer une initiative sur la gouvernance mondiale et travailler avec tous les pays à la création conjointe d'un système de gouvernance mondiale plus juste et équitable, ainsi que la création d'une communauté au destin partagé pour l'humanité»,  a-t-il déclaré lors de la réunion des chefs d'État de l'OCS.

Son projet comprend cinq principes : l'égalité souveraine, le respect des principes du droit international, l'orientation vers le multilatéralisme, la défense d'une approche centrée sur les peuples, ainsi que la concentration sur des actions concrètes.

Des propositions ont également été formulées du côté russe. Vladimir Poutine a noté que les monnaies nationales étaient de plus en plus utilisées dans les règlements mutuels des pays participants et a évoqué la possibilité de créer une infrastructure de paiement et de règlement dans le cadre de l'OCS. Les experts estiment qu'il sera difficile de réaliser rapidement ce projet, mais qu'à long terme, il pourrait sérieusement affaiblir les positions du dollar dans le commerce régional.

Une attention particulière a été portée à l'Inde. Le pays s'est trouvé sous forte pression des États-Unis en raison de ses achats de pétrole russe. Dans ce contexte, Pékin et New Delhi se sont entendus sur l'élargissement de la coopération commerciale. Xi Jinping a également appelé à considérer les relations bilatérales dans une perspective à long terme, soulignant qu'il faut «permettre au dragon et à l'éléphant de danser ensemble».

La rencontre actuelle est perçue comme une plateforme où il est possible de coordonner les actions en réponse à la politique américaine liée à la pression économique sur les pays participants de l'OCS.

Dans ce contexte, le sommet apparaît comme une opportunité optimale : il est possible d'y élaborer des mesures communes qui permettront, d'une part, de minimiser les dommages de la politique américaine et d'autre part, de rendre le travail de l'organisation plus efficace.

Et à ce niveau apparaît le lien avec le thème du monde multipolaire, car aujourd'hui il est vital d'élaborer des mesures de résistance non seulement aux États-Unis, mais aussi aux autres grands partenaires commerciaux et économiques et aux acteurs géopolitiques clés.

L'OCS fait souvent l'objet de critiques selon lesquelles l'organisation reste seulement une plateforme consultative et influence peu les processus réels. Cependant, de telles remarques sont injustes : il faut s'appuyer non pas sur des déclarations générales, mais sur des chiffres concrets et des statistiques. Or ils montrent que l'union donne aux pays participants et partenaires la possibilité de développer leurs économies, de renforcer leurs positions sur la scène internationale et de devenir des acteurs de plus en plus significatifs. C'est l'aspect clé du travail de l'OCS.

Le mouvement vers un monde multipolaire n'avance pas aussi vite qu'on le souhaiterait, il est freiné par le système mondial existant. Les exemples sont nombreux : de la réforme de l'ONU à la sécurité stratégique en passant par le contrôle des armements et la non-prolifération nucléaire. Certains États, dominants dans l'ordre actuel, ne sont objectivement pas intéressés par un changement de ce système.

source :  Observateur Continental

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