15/08/2022 reseauinternational.net  6 min #213786

La Russie et l'Ukraine s'accusent mutuellement de frappes sur le site d'une centrale nucléaire

La centrale nucléaire de Zaporojie : l'Europe n'a pas besoin d'une catastrophe nucléaire

par Karine Bechet-Golovko.

La centrale nucléaire de Zaporojié, actuellement sous contrôle russe, fait l'objet d'un tir continu de l'artillerie - ukrainienne. Les médias occidentaux font semblant d'être objectifs, en affirmant que Moscou et Kiev se rejettent la responsabilité, comme si la logique n'entraînerait pas une responsabilité de Kiev - les armées se tirent assez rarement dessus volontairement et régulièrement. Le soutien inconditionnel et irrationnel apporté par le clan atlantiste à l'Ukraine, par l'intermédiaire de laquelle il mène la guerre contre la Russie, devrait trouver une limite - celle de l'instinct de survie. Que l'UE transforme les pays européens en pions avec leur accord tacite est une option possible (dont il faudra répondre, aucun système n'est éternel), mais les pays européens ne peuvent se permettre une catastrophe nucléaire sur leur continent. Même si ces élites veulent mener la guerre à la Russie, le coût qu'il nous faudrait payer serait trop élevé. Inacceptable.

La fausse objectivité n'est souvent que l'expression de la soumission. Nos médias nous présentent l'escalade des bombardements systématiques de la centrale nucléaire de Zaporojie de manière caricaturale : la Russie doit être coupable, puisque l'Ukraine doit être innocente.

La centrale de Zaporojie est la plus grande centrale nucléaire d'Europe, construite sous la période soviétique et dont le premier réacteur a été mis en service en 1984. Depuis mars, elle est sous contrôle de la Russie, qui ne veut pas permettre une catastrophe nucléaire, l'armée ukrainienne ayant la mauvaise habitude d'utiliser les sites sensibles et civils pour s'y réfugier, comme l'a souligné Amnesty International. Ce qui présente ici un risque trop grand pour la sécurité internationale.

La  Russie a demandé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU le 11 août, le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique devant être présent. Seules de grandes déclarations vides et sans aucun courage politique n'en sont sorties. Le secrétaire général de  l'ONU demande l'arrêt des combats et des actions militaires autour de la centrale sans oser préciser d'où elles proviennent évidemment, proposant l'instauration une « zone démilitarisée » autour de la centrale et laissant la Russie se débrouiller avec l'Ukraine pour la mettre en place, comme si sérieusement l'on pouvait penser que les autorités ukrainiennes pouvaient être constructives.

L'exemple de l'accord céréalier ici ne joue pas : il n'y a pas dans le cas de la centrale d'intérêt commercial direct du clan atlantiste pouvant justifier une action disciplinée de l'Ukraine, à la différence de l'export des céréales, qui sont exclusivement dirigées vers les ports occidentaux. Au fait, combien de grains de blé sont arrivés à ce jour en Afrique ?  Aucun.

Une  mission d'expertise de l'AIEA devait être immédiatement envoyée, même si aucun danger immédiat n'existe selon son directeur. L'Ukraine et la Russie devaient collaborer à la rendre possible. La Russie l'appelle de ses voeux, mais les tirs continuent et, étrangement, l'ONU a bloqué sa réalisation, sans donner aucunes explications à la délégation  russe à l'ONU, qui s'est adressée à eux : « Selon le représentant permanent de la Fédération de Russie, l'AIEA a demandé l'aide de l'ONU pour organiser une visite à la centrale nucléaire de Zaporojié, mais elle ne l'a pas obtenue. « Le rôle de l'ONU dans cette affaire est que le département de la sécurité du secrétariat de l'ONU doit donner son feu vert pour un voyage dans une zone troublée. Tout le reste est la prérogative de l'AIEA, son domaine de responsabilité. Nous avons travaillé en étroite collaboration avec l'agence en mai-juin et avons préparé la visite. Au dernier moment, le secrétariat de l'ONU l'a bloqué sans explication claire des raisons », a déclaré Oulianov. »

Évidemment, vous n'entendrez pas parler de ces faits dans les médias occidentaux, dont la fausse objectivité se borne à calibrer le discours, afin de disculper a priori l'Ukraine de toute accusation possible. Cela dépasse l'entendement, empêche toute réflexion, toute approche rationnelle. Dans cette logique et afin de maintenir la suspicion d'un bombardement russe de la centrale, puisqu'il ne doit être ukrainien, silence est fait sur le fait que le système de défense aérienne russe soit activé pour détruire les attaques, comme ce fut encore le cas  hier pour déjouer les tirs de 9 obus lancés sur la centrale nucléaire et sur la ville d'Energodar (qui a commis le crime de passer à la Russie et donc dont les habitants doivent payer le prix de la trahison atlantiste) :

« Une partie des obus sont tombés entre la centrale thermique et la centrale nucléaire, et certains - sur la centrale thermique. La centrale nucléaire elle-même n'a pas été endommagée et fonctionne normalement. La défense aérienne de l'armée russe a de nouveau couvert le centrale contre la menace nucléaire, constamment provoquée par les nationalistes ukrainiens. »

Il est effectivement logique de lancer des obus sur une cible, que l'on protège par son propre système de défense aérienne. Logique... Comme Donetsk, qui soit disant était bombardé par l'armée russe... C'est toujours la même logique : soit la Russie peut être désignée comme coupable, soit l'on ne précise pas qui est coupable. C'est de la communication de guerre.

Les pays européens peuvent faire le choix de soutenir les États-Unis dans leur guerre contre la Russie sur le territoire ukrainien, c'est d'ailleurs leur choix, c'est leur droit. Mais les dirigeants européens n'ont pas le droit de trahir les populations vivant sur le Continent européen, en ouvrant la porte à une catastrophe nucléaire, par fanatisme ou par pleutrerie, qui les toucherait de plein fouet. Les États-Unis sont loin, leur population ne risque rien et ils ont l'habitude des guerres sales, loin de chez eux. Du napalm au Viet Nam à la bombe atomique au Japon, en passant par les villes rasées en Irak, ils ont l'habitude de détruire les peuples pour renverser les dirigeants et écraser les pays. C'est ainsi qu'ils « gagnent » les guerres. Les Européens devraient y réfléchir sérieusement, car ce sera au Continent européen de payer le prix de cette guerre atlantiste, comme les populations commencent à le sentir.

Dans cette logique, ce n'est pas une catastrophe nucléaire en Europe, provoquée par les armes de l'OTAN, dirigées par les conseillers otanesques et manipulées par des Ukrainiens kamikazes, qui va arrêter les fous au pouvoir aux États-Unis. C'est aux pays européens de les arrêter. C'est cela le rôle que doivent jouer les pays européens, et non pas celui du caniche de salon, qui aboie sur commande, apporte le joujou au bruit de la sonnette et vient lécher la main, qui peut le frapper.

 Karine Bechet-Golovko

source :  Russie Politics

 reseauinternational.net

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