08/11/2025 essentiel.news  12min #295703

La Radio Télévision Suisse sanctionnée par la Cour européenne des droits de l'homme

Les juges de Strasbourg confirment définitivement la condamnation du service public suisse pour manque d'impartialité et de véracité

 Essentiel News

Un cap symbolique a été franchi le 6 novembre, qui signifie peut-être la fin de l'impunité dont se targue depuis longtemps la Radio Télévision Suisse (RTS) à pouvoir multiplier les contre-vérités.

Bien avant « l'affaire Tran-Tien », du nom qu'a pris le travail de calomnie de la RTS à l'endroit du Dr Louis Fouché, et qui a été  bien documenté dans ces colonnes, le service public suisse avait fait ses armes dans le journalisme jaune en s'en prenant à un vigneron valaisan catholique jugé « intégriste ».

Rappel des faits

Le contexte est celui de « l'affaire Giroud », ou la croisade médiatique, politique, fiscale et judiciaire menée par des institutions d'État contre un vigneron valaisan aux positions conservatrices politiquement incorrectes.

Dans cette chasse aux sorcières, la RTS a joué un rôle de premier plan, comme  l'ont révélé depuis les conversations téléphoniques fuitées sur Internet de son ex-journaliste disgracié Yves Steiner.

En l'occurrence, c'est une émission diffamatoire de Temps Présent qui est en cause, diffusée en prime time sur le service public suisse le 22 janvier 2015.

Intitulée « Affaire Giroud, du vin en eaux troubles », cette émission qui se prétendait être une enquête de journalisme d'investigation a en fait constitué le point culminant d'une longue campagne de dénigrement où il était reproché à Dominique Giroud, au milieu d'allégations calomnieuses, ses positions en matière d'avortement et d'homosexualité.

Suite à cette diffusion, la RTS avait été  condamnée en 2016 par l'organe de surveillance AIEP (Autorité indépendante d'examen des plaintes en matière de radio-télévision), qui avait qualifié le reportage de « tendancieux », et avait reproché au service public d'avoir porté « un jugement moral, personnel, professionnel négatif ».

Par suite, la RTS avait  contesté cette décision auprès du Tribunal fédéral, dans un  recours qu'elle a finalement perdu. Feignant d'être outrés par cette décision, les avocats de la RTS avaient alors promis de porter le dossier devant la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH), prétendant que cette décision entravait la liberté d'expression de leur mandante.

C'est ce dernier recours donc que la RTS a perdu cette semaine, ce qui entérine définitivement sa condamnation pour son reportage de 2015.

Dominique Giroud se félicite

Dans un  communiqué de presse, le vigneron se félicite, sans surprise et non sans humour, de cette décision. On lit:

Depuis sa création en 1969, Temps Présent n'avait jamais été condamnée pour avoir fait du mauvais journalisme. Elle aimait d'ailleurs à s'en vanter. Tempi passati. Désormais, il y a une tache sur ce joli parcours. Désormais, il est définitivement établi que Temps Présent a volontairement sali la réputation de Dominique Giroud dans son émission « Affaire Giroud, du vin en eaux troubles » diffusée le 22 janvier 2015. [...]

A l'avenir, dans les couloirs de la SSR, cette affaire portera donc les noms de Pietro Boschetti (journaliste), Philippe Mach (réalisateur) et Jean-Philippe Ceppi (rédacteur en chef), les trois brillants professionnels à l'origine de cet exploit qui vient de les faire entrer dans les annales de la SSR: salir à eux seuls cinquante années de réputation immaculée de Temps Présent.

Pour mémoire, en 2015, l'organe de surveillance de la SSR avait envoyé une véritable volée de bois vert au trio susnommé, le condamnant pour avoir réalisé un reportage « tendancieux qui n'a relevé que des aspects en défaveur de Dominique Giroud et rien à sa décharge », « omettant des informations essentielles pour la compréhension du public », « jetant le discrédit sur Dominique Giroud », « suscitant envers lui un sentiment de mépris », « ne respectant pas les devoirs essentiels de diligence journalistique » et dont « les manquements ont empêché le public de se faire sa propre opinion sur Dominique Giroud ». L'organe de surveillance avait conclu que Temps Présent, en « livrant un réquisitoire jugeant Dominique Giroud moralement, personnellement et professionnellement, et de manière négative », « n'a pas respecté le principe de la présentation fidèle des événements » et « a donc violé » la loi.

Bornée et incorrigible, la SSR avait porté l'affaire (dorénavant joyeusement connue sous le nom « d'affaire Boschetti, Ceppi et Mach ») devant le Tribunal fédéral. Las. En 2018, notre Haute cour confirmait la condamnation infligée en 2016. La crème de la crème du journalisme suisse se faisait à nouveau sévèrement tancer pour avoir produit un reportage « tendancieux » qui n'a pas « présenté de manière complète et fidèle » les faits, « éludant des éléments essentiels pour la compréhension du public » et « passant sous silence des éléments de nature à aboutir à une relativisation de certains faits ».

Le reportage était critiqué pour avoir « présenté de manière récurrente Dominique Giroud comme un être sans scrupules » et pour avoir « laissé entendre qu'il avait bénéficié d'un traitement avantageux » de la part de la Commission fédérale des vins, ce qui est entièrement faux. Le Tribunal fédéral considérait également qu'en « évoquant les convictions de Dominique Giroud sur l'avortement et l'homosexualité, la RTS a donné au public une image d'emblée négative de l'intéressé, de manière gratuite et sans prendre la peine de préciser qu'il n'avait plus fait état publiquement de ses convictions sur ces sujets depuis des années. »

Les juges fédéraux reprochaient enfin aux journalistes de la RTS d'avoir utilisé les convictions religieuses de Dominique Giroud comme « prétexte » pour s' »ériger en juge moral, jetant ainsi le discrédit sur sa personne ». Ce « procédé » était très sèchement qualifié par la plus haute instance judiciaire du pays de « gratuit » et « inadmissible venant d'un service public. »

Incapable de reconnaître leurs erreurs, les vilains petits canards de Temps Présent ont alors tenté le tout pour le tout: la Cour européenne des droits de l'homme. Ils en étaient sûrs. Ils en étaient persuadés. Ils allaient être lavés de leurs fautes par les juges de Strasbourg. La décision est tombée aujourd'hui. Leur recours, mal fondé, n'est pas même recevable.

La victoire de Dominique Giroud contre Temps Présent est donc définitive.

Le meilleur pour la fin. En violation crasse de ses devoirs d'information, la SSR a toujours refusé de publier sur ses canaux les défaites encaissées devant les tribunaux. Ainsi, le grand public n'en a rien su. On savait que les journalistes sont incapables de reconnaître leurs erreurs; ceux de la RTS en avaient une fois de plus donné la preuve.

Hier pourtant, branlebas de combat: les journalistes de la RTS se sont agités pour savoir qui, dans le camp de Dominique Giroud, pourrait réagir à la décision de la CEDH. « Nous ne connaissons pas le verdict, mais nous allons couvrir l'événement. » Il était même prévu d'y consacrer un sujet au 19:30.

Vous connaissez la suite - elle est sans surprise puisque la SSR a perdu. Décision a été prise de ne rien faire. Rien au 19:30, rien à la radio. Juste un entrefilet sur le site Internet. La mauvaise foi est une maladie incurable.

Je voudrais remercier mon avocat Yannis Sakkas pour son engagement de toujours à faire valoir le droit au-dessus des préjugés. Et mon ancien porte-parole Marc Comina, qui, ayant le premier reconnu les errances journalistiques de l'équipe de Temps Présent, avait osé les dénoncer. A eux aussi, la CEDH donne aujourd'hui définitivement raison.

De Giroud à Fouché, un fil rouge

Dominique Giroud et Louis Fouché n'ont à peu près rien en commun; pourtant, entre deux reportages diffamatoires de la RTS, un fil rouge se distingue.

Celui qui a  visé le médecin, intitulé « Qui est Louis Fouché, le médecin français qui fait peur à la Suisse? » (et ironiquement réalisé par une « journaliste » française), l'essence de ce qui lui était reproché était de « flirter avec l'extrême droite » simplement parce que des personnalités comme Alain Soral ou Florian Philippot avaient unilatéralement rediffusé des extraits de ses vidéos ou promu certaines de ses conférences.

De tels sophismes par association, qui sont bien le propre du journalisme jaune, ont également été employés contre Dominique Giroud; sous couvert d'enquête sur ses démêlés fiscaux, on lui reprochait en fait une « proximité idéologique » que les médias subventionnés estiment contraires aux intérêts d'État, et devoir donc provoquer l'outrance publique générale.

Ensuite, les deux reportages calomnieux de la RTS ont fait l'objet d'une plainte auprès de l'AIEP. Bien que dans le cas Fouché / Tran-Tien les plaignants n'aient pas emporté l'assentiment d'une majorité des juges comme dans le cas Giroud, la présidente de l'organe de surveillance a toutefois porté un jugement sévère à l'encontre du service public, dont nous faisions état dans l'article  consacré à ces délibérations:

[Il] est intéressant de relever certaines positions énoncées et défendues lors des délibérations par la présidente de l'AIEP elle-même, Me Mascha Santschi Kallay, docteur en droit, avocate, consultante juridique et en communication.

Citons tout d'abord ce que Me Kallay écrivait dans le rapport annuel de l'AIEP en 2022:

« L'ostracisation délibérée de nombreuses personnes et les insultes proférées sans gêne à leur encontre ont laissé des traces dans notre société. La perte de confiance dans la politique, la science, les médias ainsi que dans autrui donne à réfléchir. Toutefois, s'arrêter un instant, jeter un regard honnête en arrière et se livrer à un minimum d'introspection ne semble pas être en vogue. »

Fidèle à cette perspective éclairée, Me Kallay a voté jeudi en faveur de la recevabilité des plaintes dans le cadre de l'affaire Tran-Tien. A l'appui de ses positions elle aurait, durant les délibérations, cité le recul des naissances rapporté par Konstantin Beck (professeur titulaire à l'Université de Lucerne et conseiller spécialisé en économie de la santé), ainsi que les études de huit pays qui ont reconnu les effets secondaires des injections Covid.

Elle aurait également dit être convaincue que les médecins comme le Dr Fouché finiront par être réhabilités, que le reportage Tran-Tien a ignoré tout des compétences du médecin (notamment en ce qui concerne l'éthique médicale), et qu'une telle émission sape la crédibilité du journalisme d'investigation. Selon certains témoins, elle aurait même qualifié le « fact-checking » de ce reportage d'une sorte de « ministère de la vérité ».

Il est également apparu durant les délibérations qu'elle avait, contrairement à certains de ses collègues, effectivement visionné le reportage Tran-Tien, ainsi que l'enregistrement complet de l'interview du Dr Fouché réalisé par ce dernier (et dont la SSR aurait découragé l'accès à l'AIEP).

En d'autres termes, Me Kallay aurait démontré une excellente connaissance du dossier et une parfaite intégrité sur ce qu'un média devrait représenter. Certains plaignants ont même rapporté qu'elle avait l'air stupéfaite des déclarations de certains collègues justifiant le ton du reportage Tran-Tien.

Le deuxième membre de l'AIEP ayant voté en faveur de la recevabilité des plaintes est M. Phlipp Eng, nommé en 2024, avocat et codirecteur d'une agence de médias sociaux à Soleure.

Les  autres membres présents, Delphine Gendre, Edy Salmina, Reto Schlatter, Maja Sieber et Armon Vital ont tous opté pour le rejet des plaintes. Plusieurs témoins ont été surpris de voir Mme Ilaria Tassini Jung, membre du secrétariat de l'AIEP qui n'avait pas droit au vote, se livrer elle aussi à un réquisitoire en bonne et due forme contre les plaignants, et en faveur de Tran-Tien.

Finalement, le dernier point commun notable entre les deux affaires a été la ligne de défense de la RTS, qui dans les deux cas a été strictement la même: prétendre que de lui reprocher sa pratique du journalisme jaune et de la calomnie relevait d'une tentative de censure et atteignait à sa liberté d'expression.

Ainsi, le service public a dans les deux cas tenté d'inverser complètement le principe et la définition de la liberté d'expression, qui s'applique en effet aux personnes privées (comme Louis Fouché et Dominique Giroud), et non pas aux organismes d'État financés par le travail des gens et disposant d'un monopole sur l'information.

C'est ce dernier point qui constitue l'essence de ce qu'il convient de retenir: la liberté d'expression n'est pas conçue pour protéger la doctrine majoritaire et les positions consensuelles, bien au contraire. Ainsi, en attaquant des personnes privées parce qu'elles expriment des opinions controversées, la RTS s'inscrit comme adversaire à la liberté d'expression, et de se prétendre dans un tel contexte comme représentante de ladite liberté représente une inversion entière et éhontée.

Un encouragement à l'action

Dans le cas de la calomnie contre le Dr Fouché, les plaignants avaient renoncé à faire recours de la décision de l'AIEP qui leur était défavorable sur le fil, estimant qu'ils avaient peu de chances de l'emporter; pourtant, sa décision dans le cas Giroud, confortée désormais par la CEDH, suggère peut-être le contraire.

Au minimum, cette récente décision de la CEDH est encourageante: elle démontre que les institutions ne sont pas corrompues jusqu'au bout, que le cynisme n'est pas justifié, et qu'il demeure des juges intègres.

Pour les Suisses, il existe d'ailleurs encore un recours suprême: celui d'opposer par la voie démocratique une fin de non recevoir à la SSR (maison-mère de la RTS), en lui supprimant une bonne partie de ses financements publics. A cet égard,  l'initiative SSR constitue une  échéance cruciale l'année prochaine; ironie sans doute du calendrier, dans la foulée de la décision de la CEDH contre la RTS cette semaine, des employés de la RTS se sont  engagés contre cette initiative, dans une « bataille pour leur survie ».

Cela signifie qu'il n'y a qu'une chose à faire:  soutenir l'initiative et agir dans tous les sens possibles pour qu'elle soit acceptée par le Souverain en mars 2026.

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