30/04/2025 lesakerfrancophone.fr  5min #276424

 L'opération de libération de la région de Koursk est terminée

La Russie rejette la tentative de Trump de geler la guerre en Ukraine

🇬🇧

Par  Moon of Alabama - Le 28 avril 2025

Les détails des négociations de cessez-le-feu entre les États-Unis, l'Europe et l'Ukraine continuent de faire les manchettes bien qu'elles ne soient pas vraiment pertinentes pour mettre fin au conflit en Ukraine.

Dans  une interview accordée au journal brésilien O Globo (en portugais), le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a de nouveau répété les demandes russes de paix en Ukraine.

Elles comprennent :

  • La fin de l'interdiction ukrainienne de négocier avec la Russie,
  • Que l'Ukraine revienne au statut de pays neutre et non aligné conformément à la Déclaration de souveraineté de l'Ukraine dans les années 1990,
  • La fin des politiques de destruction légale et physique de tout ce qui est russe : la langue, les médias, la culture, les traditions et l'orthodoxie russe
  • La reconnaissance internationale de la propriété russe sur la Crimée, la RPD, la LPR et les régions de Kherson et de Zaporijia.

Il doit également y avoir des mesures pour fixer juridiquement ces positions, les rendre permanentes et disposer de mécanismes d'exécution.

Il est également nécessaire, dit Lavrov, (traduction automatique éditée) :

.. un calendrier pour la tâche de dénazification en Ukraine, et la levée des sanctions, actions, poursuites et mandats d'arrêt, et le transfert des avoirs « gelés » en Occident vers la Russie. En outre, nous rechercherons des garanties fiables pour la sécurité de la Fédération de Russie et contre les menaces créées par l'activité hostile de l'Otan, de l'Union européenne et de ses États membres individuels aux frontières occidentales du pays.

Il n'y a donc aucun changement dans la position russe puisque son Président Vladimir Poutine l'avait  déjà expliqué en détails le 14 juin 2024.

Pendant ce temps, les États-Unis négocient très publiquement avec l'Ukraine et l'Europe au sujet de certaines conditions de cessez-le-feu sur un modèle pro-ukrainien (et néo-conservateur?) que  le général Kellogg a longtemps promu ( également ici) :

Les hypothèses implicites de Kellogg étaient que la Russie était très vulnérable à une menace de sanctions (son économie était perçue comme fragile) ; qu'elle avait subi des pertes insoutenables ; et que la guerre était dans une impasse.

Ainsi, Kellogg a persuadé Trump que la Russie accepterait facilement les conditions de cessez-le-feu proposées, bien que les conditions aient été construites autour d'hypothèses sous-jacentes manifestement erronées au sujet de la Russie et ses faiblesses présumées.

...

Toutes les hypothèses sous-jacentes de Kellogg n'avaient aucun fondement dans la réalité. Pourtant, Trump les a apparemment crues sur parole. Et malgré les trois longues réunions personnelles ultérieures de Steve Witkoff avec le président Poutine, au cours desquelles ce dernier a déclaré à plusieurs reprises qu'il n'accepterait aucun cessez-le-feu tant qu'un cadre politique n'aurait pas été convenu au préalable, le contingent de Kellogg a continué à supposer tranquillement que la Russie serait forcée d'accepter la détente de Kellogg en raison des prétendus graves « revers » que la Russie aurait subis en Ukraine.

Compte tenu de cette histoire, sans surprise, les conditions du cessez-le-feu décrites par Rubio cette semaine à Paris reflétaient celles qui convenaient mieux à une partie sur le point de capituler plutôt qu'à un État prévoyant d'atteindre ses objectifs par des moyens militaires.

Essentiellement, le plan de Kellogg visait à apporter une « victoire » américaine à des conditions alignées sur le désir de garder ouverte l'option de poursuivre une guerre d'usure contre la Russie.

Dans son interview à O Globo, Lavrov a de nouveau fait savoir que la Russie ne pouvait pas et ne s'engagerait pas dans un gel temporaire du conflit sans avoir une voie claire vers un accord de paix plus large.

Au vu de cela, il est amusant de voir comment la Russie a réussi à mettre le blocage du cessez-le-feu sur le dos de (l'ancien) président ukrainien Vladimir Zelenski.

Malgré la pression des États-Unis pour un accord rapide, la Russie ne s'attend à aucune résolution rapide du conflit. Elle vient d'annoncer un nouveau cessez-le-feu unilatéral du 8 au 10 mai, soit à la date du 80e anniversaire de sa victoire dans la Seconde Guerre mondiale le 9 mai.

C'est un autre signe public que la Russie est prête à adhérer à un accord de cessez-le-feu SI les conditions sont réunies.

Trump essaie toujours de se comporter comme un médiateur neutre dans un conflit entre Kiev et Moscou. Il veut imposer un accord de paix qui projette sa « grandeur » personnelle.

Mais les États-Unis ont été et continuent d'être un acteur majeur dans la guerre contre la Russie, tandis que l'Ukraine n'est qu'une simple force par procuration, celle qui fait saigner. Trump ne peut pas imposer une solution rapide pour mettre fin à la guerre car il ne peut toujours pas accepter qu'il en soit un des principaux acteurs.

La Russie est en train de gagner cette guerre. Une solution ne pourra être trouvée que lorsque les États-Unis seront prêts à accepter (silencieusement) leur défaite.

Trump peut encore mettre fin à la guerre et déclarer « victoire«. Mais seulement s'il accepte les conditions énoncées par la Russie.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

 lesakerfrancophone.fr