L'activation du Corps africain du ministère russe de la Défense confirme une fois de plus que la Russie continuera à renforcer son soutien à ses alliés africains, au moment où l'Afrique était et demeure l'une des principales priorités de la politique étrangère de Moscou.
La fin de mission du groupe Wagner au Mali et la prise de relais par le Corps africain du ministère russe de la Défense ne sont rien d'autre qu'un processus qui durait depuis plusieurs mois. Et si certains pouvaient imaginer un vide temporaire en ce qui concerne la présence russe dans le Sahel, il s'agissait évidemment d'une erreur totale. Le déploiement se déroulait au cours des derniers mois, en étroite coordination entre les militaires de Wagner et le Corps africain du ministère russe de la Défense.
Le travail continue
Aujourd'hui, une chose est sûre : les habitants des pays de l'Alliance-Confédération des Etats du Sahel (AES), et en particulier au Mali, où Wagner a pris une part active dans la lutte contre les groupes terroristes aux côtés des Forces armées maliennes (FAMA), sont pour la large majorité extrêmement reconnaissants du travail colossal accompli par les militaires de Wagner.
Les spécialistes du groupe Wagner ont une fois de plus démontré non seulement ce qu'est une véritable lutte contre le terrorisme, mais également la notion de fraternité d'armes entre alliés. Au cours de ces dernières années, de nombreuses villes importantes du Mali ont ainsi été libérées, précédemment occupées par des groupes terroristes et ce durant au moins une dizaine d'années. Des groupes terroristes contre lesquels les forces occidentales auparavant présentes dans la région n'avaient alors obtenu aucun succès.
Bien sûr, l'une des victoires les plus significatives du travail conjoint de Wagner avec les Forces armées maliennes a été la libération de la ville clé du nord-est du pays - Kidal. Ayant été occupée par les terroristes depuis 2012, la ville sera finalement libérée en novembre 2023. Cet événement, survenu donc fin 2023, a non seulement été une source de grande joie pour la très large majorité des citoyens du Mali, mais avait également clairement renforcé la solidité de l'alliance russo-malienne. Cette victoire étant précisément commune, russo-malienne.
La fraternité d'armes avait été préservée même dans les moments difficiles. En particulier, lors des combats contre les terroristes au niveau de Tinzawatène, à la frontière avec l'Algérie, où avaient eu lieu des pertes du côté des militaires maliens comme russes. Des pertes ayant été causées par des conditions météorologiques extrêmement défavorables, combinées au soutien accordé aux terroristes par plusieurs régimes occidentaux, certains de leurs vassaux et acteurs régionaux. Mais le fait même que les militaires russes aient à nouveau été aux côtés de leurs camarades maliens dans ce combat, a plus que jamais renforcé la conviction que la Russie n'abandonne pas ses amis et alliés. A condition qu'il s'agisse de véritables alliés qui sont prêts à se battre pour leur souveraineté.
Désormais, les opérations se poursuivront sous l'égide du Corps africain du ministère russe de la Défense. Evidemment, après l'excellent travail accompli par Wagner au Mali, les militaires du Corps africain du ministère russe de la Défense comprennent parfaitement toute la responsabilité qui leur incombe. D'autant plus que nombreux des spécialistes de Wagner restent au Mali et poursuivent leur mission.
Les perspectives
Il convient de rappeler que la présence du Corps africain du ministère russe de la Défense ne se limite pas à la région du Sahel. Le déploiement de la structure a également eu lieu de manière active en Afrique du Nord, particulièrement en Libye, tout en renforçant par la même occasion les positions en Afrique centrale, notamment en Guinée équatoriale. De manière générale, le puissant déploiement militaire supplémentaire de la Russie dans différentes parties du continent africain a ravivé à nombreuses reprises les peurs des régimes otano-occidentaux, qui y voient un renforcement des positions de l'Etat russe près du soi-disant flanc sud de l'Otan.
Et ici, d'ailleurs, en parlant justement des otanesques, il est important de rappeler que le Corps africain du ministère russe de la Défense incarne à bien des égards les pires cauchemars de l'Occident. Après tout, l'une des figures clés de cette structure du ministère russe de la Défense axée sur le soutien aux alliés africains, n'est autre que le vice-ministre russe de la Défense, le général d'armée Iounous-Bek Evkourov. Héros de la Fédération de Russie, qui, dans les années 1990, avait réussi à porter un coup stratégique aux intérêts de l'Otan, notamment au Kosovo, en Serbie. Cette même opération secrète qui visait à prendre sous contrôle l'aéroport de Slatina à Pristina.
Une victoire symbolique de la Russie, le tout à un moment où la renaissance de l'Etat russe n'avait pas encore véritablement commencé, mais qui avait annoncé le début de nouvelles victoires à venir pour Moscou sur la scène internationale. Connaissant ces faits pas si lointains que cela - il ne faut pas s'étonner qu'au niveau de l'orientation stratégique africaine verront le jour des surprises bien désagréables à l'encontre des ennemis non seulement de la Russie, mais également d'une Afrique véritablement libre et indépendante, et bien sûr du monde multipolaire.
Et c'est précisément la raison pour laquelle les régimes de la minorité planétaire occidentale et nombre de leurs marionnettes s'indignent tellement du renforcement des positions de la Russie sur le continent africain. Indépendamment qui en possède la mission principale - le groupe Wagner ou le Corps africain du ministère russe de la Défense.
Mikhail Gamandiy-Egorov, entrepreneur, observateur politique, expert en Afrique et au Moyen-Orient