France-Soir
Le Dr Damien Barraud de l'hôpital de Metz interdit d'exercer pendant 3 mois dont un ferme
DR, X
Le 13 juin 2025, la Chambre disciplinaire de première instance de l'Ordre des Médecins du Grand Est a prononcé une sanction importante contre le Dr Damien Barraud, anesthésiste-réanimateur à l'hôpital de Metz, à la suite d'une plainte déposée par Jean-Yves Capo, lanceur d'alerte et expert judiciaire. Cette décision a été rendue publique par affichage le 13 juin 2025.
Le Dr Barraud, connu pour ses tweets injurieux et sans retenue, est souvent associé à la « harcelosphère » en raison de son comportement en ligne agressifs envers les professeurs de l'IHU méditerranée et plus particulièrement le professeur Raoult. " Et ça se dit médecin" explique le journaliste Jean-Baptiste Gervais dans un essai Chronique de la haine médicale en ligne. Cette décision, susceptible d'appel, met en lumière les responsabilités déontologiques des médecins et soulève des questions sur la complicité de ses soutiens, en écho aux réflexions d'Hannah Arendt sur la « banalité du mal ».
Contexte de la plainte et décision de l'Ordre
La plainte, déposée le 17 octobre 2024, reprochait au Dr Barraud des violations des articles R. 4127-3 et R. 4127-31 du Code de la santé publique, exigeant moralité, probité et l'abstention de tout acte déconsidérant la profession. Le Conseil départemental de la Moselle de l'Ordre des Médecins s'est joint à la plainte au regard des propos manquant de confraternité tenue par l'intéressé.
La chambre disciplinaire de première instance a relevé des tweets injurieux envers M. Capo (comme « pangolin » ou « proxénète ») et un message provocateur du 11 août 2020 parmi d'autres produit : « Merci de rédiger vos directives anticipées pour dire qu'en cas d'agonie vous refusez toute sédation analgésie. Je me ferai un plaisir de vous regarder étouffer avec les yeux sortant des orbites. » Jugé « de nature à déconsidérer la profession », ce propos a été critiqué pour son impact sur un public ignorant le contexte.

La chambre a infligé une interdiction d'exercer de trois mois, dont un mois ferme, à partir du 1er septembre 2025, notant que Dr Barraud « ne paraît pas conscient de la gravité [de ses propos] ni de leur potentiel impact auprès du public ».

Malgré une conciliation proposée par M. Capo et rejetée par le médecin, l'affaire a abouti à cette sanction, avec Me Diane Protat comme conseil de M. Capo.

Réactions et soutiens à Dr Barraud : une complicité questionnée
La décision a suscité des réactions variées, notamment le soutiens du Dr Barraud, également liés à la « harcelosphère », un groupe identifié pour leurs méthodes qui s'apparentent à des campagnes d'insultes et de harcèlement. Ces soutiens, incluant des médecins et des professionnels de santé, l'avocat Peltier qui officie sous le pseudo Me Eolas sur X, minimisent les manquements du Dr Barraud et défendent une supposée liberté d'expression, contribuant ainsi à légitimer des propos sanctionnés. Cela rappelle l'analyse d'Hannah Arendt qui dans la « banalité du mal » décrit comment des individus, par manque de réflexion, cautionnent des actes répréhensibles. En soutenant le Dr Barraud sans discernement, ces acteurs participent à une dynamique nuisible, alors qu'Arendt valorise une participation critique (Condition de l'homme moderne, 1958).
Exemples de tweets :
- Mathias Wargon : « J'attends avec impatience, les représentants de l'ordre médecins viennent nous expliquer avec cette décision où on voit un conseil départemental d'ordre s'associer à un proche de Raoult pour défoncer un réanimateur. Et suspendre un réanimateur avant été. » (Réponse au communiqué de Jean-Yves Capo.) Un médecin urgentiste de l'hôpital de St Denis où une jeune femme est décédée 4 heures après avoir été renvoyée des urgences. Individu au 164 500 tweets depuis 2013 soit approximativement 6 tweets par heure ouvrée, qui n'hésiterait pas à tenir des propos insultants ou à caractère raciste
- Me Christian Peltier alias @Maitre_Eolas : « Se faire condamner à tort, je sais ce que ça fait. On trouve toujours des juges qui se laissent tromper. L'important, c'est de gagner à la fin. Tout mon soutien au docteur Barraud. Sa victoire finale ne fait aucun doute pour moi. » Aucune prise de recul sur les propos tenu.
- Le pseudo @arikouts: « Encore une honte de l' @ordre_medecins qui se joint à des complotistes antivax dont le seul but est de nuire. Vous laissez seuls les médecins se défendre, vous ne faites rien quand ils se font attaquer, pour ensuite se joindre à des plaintes invraisemblables ».
- @laurenceide69 : « Tout mon soutien au Dr Barraud qui subit la condamnation d'un ordre, ce même ordre qui a fermé les yeux sur le cas Le Scouarnec, ça vous parle ? Le monstre qui a violé plus de 250 enfants pour rappel ». Un hors sujet de cette infirmière des Hospices Civils de Lyon qui serait amie avec Jean-Christophe Lega, co-auteur d'une étude rétractée en août 2024 (Biomedicine & Pharmacotherapy). Cette étude, surnommée « Lancetgate à la française », estimait à tort que 17 000 patients seraient décédés de l'hydroxychloroquine, un chiffre non corroboré par les données réelles.
- Pr Mathieu Molimard : « Allô @ordre_medecins ? C'est avec ce médecin du groupe CIA, cofondateur de l'association Bon Sens, connu pour avoir harcelé des scientifiques, que vous vous associez à un proche de Raoult pour sanctionner un réanimateur ? Cette décision est une aberration. Soutien à Barraud ! ». Ce même Molimard est connu pour ses prises de positions qui ne correspondent pas aux données de la science et pour avoir cautionné l'étude frauduleuse sur les 17 000 décès inexistants liés à l'hydroxychloroquine.
Aurélien Rousseau, un non médecin, ancien ministre de la Santé, a lui réagi via un tweet : « Il y a des jours où on a l'impression que la justice ordinale est à la justice ce que la musique militaire est à la musique… (et encore, le Chant des partisans par le chœur de l'armée française est une merveille). Être un soutien de Raoult est donc le top de la déontologie ! » Cette remarque sarcastique critique la décision, suggérant un biais lié au soutien de Barraud à Didier Raoult, dont les études sur l'hydroxychloroquine ont été éthiquement remises en question en 2023 par l'Université d'Aix-Marseille. Ce ministre est connu pour tenir des propos erronés sur les effets secondaires de la vaccination covid.
Ces soutiens participent aux manquements sanctionnés, renforçant le constat de l'Ordre sur le manque de conscience du Dr Barraud. Cela soulève des interrogations sur sa capacité à évaluer l'impact de ses actes, notamment dans les soins. N'est-il pas légitime de s'interroger sur le traitement subi par les patients qu'un tel médecin, qui n'est pas conscient de la portée de ses propos publics ? Interrogé par France-Soir, l'hôpital de Metz Thionville n'était pas disponible pour répondre.
Implications et questions ouvertes
Cette affaire, potentiellement emblématique, pourrait servir de précédent pour réguler la conduite en ligne des professionnels de santé. Jean-Yves Capo espère que cette sanction incitera le Dr Barraud à adopter un comportement plus conforme aux attentes éthiques. Le Dr Barraud visé par d'autres plaintes ordinales n'a pas souhaité répondre aux questions de France-Soir, hormis en échange d'argent : « Répondre aux questions n'est pas gratuit. 6000 euros. Je prends les chèques ». En l'absence d'excuses publiques pour ses propos injurieux, la question de sa prise de conscience reste en suspens, ce qui représente réellement un manquement déontologique.
C'est sur le réseau Blue Sky que Dr Barraud réagi, avec des messages dont le contenu montre qu'il ne souhaite rien comprendre à la gravité de ses propos et actes.
La récidive parait manifeste.
Damien Barraud a déclaré sur BlueSky vouloir faire appel, sans que l'Ordre, interrogé par France-Soir, ne le confirme officiellement à ce jour.