01/10/2025 reseauinternational.net  7min #292183

Le Golem de Tel-Aviv

par Azzedine Kaamil Aït-Ameur

Introduction

Dans les ruelles de Prague, une légende juive, kabbalistique, s'est transmise de siècle en siècle. On raconte qu'un rabbin, maître en secrets mystiques, aurait modelé dans la glaise des rives de la Veltava une créature colossale : le Golem. Ni homme ni bête, animé par des lettres sacrées, il avait la force, mais pas l'âme. Sa seule mission : protéger les siens face aux menaces extérieures.

Mais cette créature n'avait pas de limites. Sa force brute, sans discernement ni compassion, finit par inquiéter ses propres créateurs. Ainsi, au fil des récits, ce protecteur devint une figure ambiguë : tantôt sauveur, tantôt danger pour ceux-là mêmes qui l'avaient fait naître.

Le mythe du Golem n'est pas qu'une vieille fable. C'est un miroir tendu aux époques futures. Une parabole des créatures que les hommes forgent pour se protéger - et qui, un jour, peuvent leur échapper. Ces êtres collectifs, forgés par la peur, légitimés au nom de la survie.

Prologue - La filiation de glaise

Autrefois, à Prague, le Maharal forma dans la boue un colosse silencieux, destiné à protéger son peuple des accusations et des pogroms. Désormais, ce n'est plus à Prague que la matière est modelée, mais à Tel-Aviv : là-bas, une terre pétrie pour protéger ; ici, une idéologie conçue pour dominer. Le créateur n'est plus le rabbin Loew, mais Schneerson.

Le souffle qui anima cette créature ne fut pas un Nom sacré inscrit sur son front, mais une idéologie messianique : hâter l'avènement du Mashiâ, quitte à précipiter le monde dans le chaos. À qui donnerait-il ce souffle ? À une lignée issue du sang de Jabotinsky, par son père Benzion Mileikovsky, secrétaire du fondateur du sionisme révisionniste. De cette filiation sortit la matière d'où jaillit le Golem moderne : Nétanyahou.

Le Golem devant les nations

Le Golem de Tel-Aviv se leva raide, drapé dans l'apparat des diplomates, et prit place dans la vaste salle des Nations-unies. Là même où jadis il avait déchiré la Charte de l'organisation devant les regards médusés du monde. Du même pupitre, il avait désigné ses ennemis, avant que ses bras de feu n'écrasent Beyrouth, effaçant un quartier entier pour atteindre ses cibles.

Aujourd'hui, la vaste salle résonnait du vide : seuls quelques membres de son maigre staff l'entouraient. Il parlait encore. Ses lèvres bougeaient, mais ses paroles sonnaient creux. Il niait la famine. Il niait les cadavres. Jusqu'au mot de génocide.

Comme dans la légende : le Golem n'a pas d'âme, il n'a pas de conscience de sa monstruosité. Pourtant, sitôt le 8 octobre, ses propres ministres avaient juré d'exterminer «Amalek» et de réduire la population à la condition «d'animaux humains».

Le bras de glaise et de feu

Le Golem de Tel-Aviv n'agit pas seul. Comme l'argile de Prague animée par le sortilège, ses bras forgés dans l'histoire : Tsahal.

Tsahal est née des entrailles de la Haganah, de l'Irgoun et du Lehi, milices où le terrorisme et la brutalité faisaient loi. Devenue le prolongement mécanique du colosse, elle agit sans âme, sans morale universelle, et frappe là où on l'ordonne.

Beyrouth, Gaza, Naplouse - tout devient poussière de glaise sous ses pas.

Gaza, la poussière sans jeu

Autrefois, on pouvait dire que les enfants de Gaza, malgré les ruines, jouaient dans les décombres, souriant au milieu de la poussière.

Aujourd'hui, ils n'en ont plus la force.

Leurs corps, réduits à la peau et aux os, ne connaissent plus le jeu - seulement la faim. Leurs ventres creux crient dans un silence plus terrible que le fracas des bombes.

Certains ne sont déjà plus là.

D'autres s'éteignent lentement, la bouche sèche, le regard éteint.

Le Golem de Tel-Aviv n'est pas celui de Prague.
Il ne défend pas.
Il attaque.
Il tue l'innocence.
Il tue la vie.

Le créateur disparu

Dans la légende, le Maharal pouvait toujours effacer une lettre, transformer Émet (Vérité) en Met (Mort) et rendre la glaise à la glaise.

Mais Schneerson est mort : le mage n'est plus là. Personne ne peut retirer le souffle. Personne ne peut l'éteindre. Personne ne peut arrêter la créature qu'il a fait naître.

Le Golem de Tel-Aviv marche seul désormais, aveugle, mécanique, persuadé d'accomplir une mission sacrée.

Épilogue - La chute possible

Comme Samson dans son temple, le Golem de Tel-Aviv brandit sa force en menaçant d'entraîner tout le monde dans sa chute. Feu nucléaire, ferraille et glaise, déni des crimes : il se croit invincible. Mais partout, dans les ruines de Gaza et les territoires asphyxiés, une vérité ancienne se dresse contre lui : les Golems ne créent jamais la paix. Ils ne laissent que poussière et larmes.

L'histoire du Golem n'est plus une légende : c'est une réalité vécue.

Et, comme à Prague, viendra le jour où l'on se demandera : qui aura la force d'effacer la lettre du front du Golem de Tel-Aviv ? Avant que ses poings ne fassent tomber le monde entier.

Conclusion

Au moment où j'écris ces lignes, la flottille pour Gaza, composée de 47 navires internationaux, est en route pour tenter de briser le blocus illégal de Gaza et livrer de l'aide humanitaire.

Ce blocus israélien, sans valeur juridique au regard du droit international, ne date pas du 8 octobre 2023 comme tente de le faire croire Tel-Aviv. Il est en place depuis 2007 : dix-huit ans de prison à ciel ouvert pour tout un peuple. À cela s'ajoutent les véritables otages qui croupissent dans les prisons israéliennes, y compris des mineurs. C'est précisément ce point qui éclaire la révolte de la résistance palestinienne du 7 octobre.

Quant aux soldats israéliens prisonniers de guerre, encore aux mains de la résistance armée, le Golem de Tel-Aviv n'a jamais eu l'intention de les faire libérer. Il ne cherche qu'à les réduire au silence, en même temps que la population palestinienne - et, récemment, même les négociateurs au Qatar.

Et cette flottille de la liberté, déjà attaquée par des drones alors qu'elle navigue encore en eaux internationales ? Qui pourra désactiver cette folie, en même temps que le Monstre de Tel-Aviv ? Transition vers l'annexe

La légende du Golem rejoint ici le réel le plus brut. Car si la flottille témoigne du courage des peuples, le silence des États révèle leur complicité.

Le Monstre de Tel-Aviv ne se maintient pas seulement par sa force brute, mais aussi par l'impunité que lui garantissent ses alliés.

C'est ce que rappellent les mandats d'arrêt de la Cour pénale internationale.

Annexe - Mandats d'arrêt et responsabilité internationale

Le 21 novembre 2024, la Cour pénale internationale (CPI) a émis des mandats d'arrêt à l'encontre de Benjamin Netanyahou, Premier ministre d'Israël, et de Yoav Gallant, ancien ministre de la Défense, pour des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité commis lors des opérations militaires à Gaza depuis le 7 octobre 2023.

La CPI a également émis des ordonnances de mesures provisoires le 26 janvier 2024, ordonnant aux autorités israéliennes de prévenir tout acte de génocide et de permettre l'acheminement de l'aide humanitaire.

Malgré ces décisions, plusieurs États n'ont pas procédé à l'arrestation du Premier ministre lors de ses déplacements internationaux, permettant ainsi sa libre circulation. De plus, certains de ces États continuent de fournir des armes et du matériel militaire à Israël, renforçant ainsi leur complicité dans les crimes perpétrés.

Liste des États concernés :

1. États membres de la CPI n'ayant pas procédé à l'arrestation :

  • France : Bien que la France ait reconnu l'État de Palestine et condamné les actions israéliennes à Gaza, elle a autorisé le survol de son espace aérien par l'avion de Netanyahu en septembre 2025, malgré le mandat d'arrêt de la CPI.

2. États membres ou non membres de la CPI continuant de fournir des armes :

  • États-Unis : Fournisseur majeur d'armements à Israël, les États-Unis ont continué leurs livraisons après l'émission des mandats d'arrêt.
  • Allemagne : Bien qu'ayant exprimé des préoccupations, l'Allemagne a maintenu ses exportations d'armements vers Israël.
  • Royaume-Uni : Le Royaume-Uni a également poursuivi ses ventes d'armements à Israël après les mandats d'arrêt.
  • France : En plus d'autoriser le survol de son espace aérien, la France a continué de fournir des armes à Israël.
  • Canada et Australie : Ces pays ont également continué leurs exportations d'armements vers Israël après les mandats d'arrêt.

Ces actions soulèvent des questions sur la responsabilité internationale et la complicité dans les crimes allégués.

Azzedine Kaamil Aït-Ameur

Également auteur de :

 L'empire du mensonge : une success story
Chronique d'une trahison : Gaza et la fin des droits de l'homme (2023-2025) ( partie 1) - ( partie 2)
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