15/12/2025 ssofidelis.substack.com  7min #299044

Les apologistes d'Israël sautent sur la fusillade de Bondi Beach pour s'en prendre aux anti-génocide

Par  Caitlin Johnstone, le 15 décembre 2025

Dimanche, deux tireurs ont  attaqué une célébration de Hanoukka à Bondi Beach, tuant quinze personnes et en blessant des dizaines d'autres.  Selon la police, les tireurs seraient un père et son fils. Le père a été tué par la police et le fils arrêté.

Les tireurs semblaient être musulmans, mais, au grand dam de ceux qui aimeraient exploiter cet incident pour attiser l'hystérie islamophobe en Occident, l'homme qui a  risqué sa vie en altruiste pour désarmer l'un d'entre eux était un père musulman de deux enfants nommé Ahmed al-Ahmed.

Comme toujours, de nombreuses spéculations sur les opérations sous faux drapeau et les opérations psychologiques entourant cet incident circulent, mais je préfère m'abstenir de tout commentaire jusqu'à pouvoir disposer de preuves tangibles.

Voici quelques réflexions sur le discours dominant actuel à propos de la fusillade.

J'ai toutefois quelques réflexions sur le discours public actuel sur cette fusillade.

Only the @nytimes would print a headline this twisted. Bondi Beach has nothing to do with the Palestinian struggle, and to say it does is journalistic malpractice.

Point 1 : il est évidemment condamnable de massacrer des civils sous prétexte qu'ils sont Juifs.

Point 2 : il faut continuer à s'opposer au massacre de civils par Israël, et nous ne cesserons pas de protester.

Aujourd'hui, les pires personnes au monde tentent de faire croire que les points 1 et 2 sont contradictoires.

Il est particulièrement écœurant d'observer avec quelle avidité les partisans d'Israël se jettent sur cette fusillade. Ils tirent un tel profit de cette fusillade qu'ils peuvent à peine contenir leur excitation, tant ils se réjouissent de disposer d'une nouvelle arme rhétorique pour réduire au silence les voix pro-palestiniennes. Ils ne s'en cachent même pas.

Basically @netanyahu is saying that Australia got what it had coming for not supporting his genocide in Gaza even more than it already does.

Benjamin Netanyahu a immédiatement organisé une conférence de presse pour  clamer que l'attaque serait la conséquence de la décision de l'Australie de reconnaître l'État palestinien.

Bret Stephens, éditorialiste belliciste du New York Times, a publié un article intitulé " Bondi Beach, ou la 'mondialisation de l'Intifada'", dans lequel il affirme que les tireurs

"prônaient des slogans tels que 'la résistance est justifiée' et 'par tous les moyens nécessaires', devenus omniprésents lors des rassemblements anti-israéliens à travers le monde".

David Frum, propagandiste de la guerre d'Irak, a écrit un article similaire pour The Atlantic, intitulé " L'Intifada arrive à Bondi Beach", où il affirme que la plage

"a été à plusieurs reprises le théâtre de manifestations pro-palestiniennes" et dénonce "l'interprétation de nombreux Occidentaux considérant les actions anti-israéliennes postérieures au 7 octobre comme relevant de la liberté d'expression".

La sénatrice australienne Pauline Hanson, notoire islamophobe, a rapidement publié une  déclaration affirmant que les

"manifestations antisémites hebdomadaires dans notre pays" et les "universités haineuses" étaient des "signes avant-coureurs" d'une telle attaque.

La chaîne Sky News a immédiatement  donné la parole à la vice-ministre israélienne des Affaires étrangères, Sharren Haskel, pour une interview durant laquelle elle a déclaré que

"voilà ce qui se passe" quand on permet aux manifestants de scander "Intifada dans le monde entier" et qu'"en laissant ce genre de choses se produire dans vos rues, vous encouragez de nouvelles attaques terroristes".

Haskel a précédemment qualifié les manifestants pro-palestiniens en Australie d' "idiots utiles » du Hamas".

not a second is wasted for victims to mourn their loved ones. instantly israel's envoys demand "persecution" of anti genocide protestors worldwide. they blame the bare min recognition australia has offered to palestinians. its so cynical, so transparent.

La star de la téléréalité Chris Cuomo  a tweeté que ceux qui accusent Israël de génocide contribuent à "alimenter la haine à Bondi Beach".

Stephen Pollard, du Jewish Chronicle, a  publié une vidéo de manifestants pro-palestiniens à Birmingham, accompagnée de la légende :

"Si vous niez le lien entre ça et ce qui s'est passé à Bondi Beach, c'est que vous faites partie du problème".

Un  tweet viral de Kobie Thatcher, une influente personnalité conservatrice australienne, a partagé une vidéo d'une manifestation pro-palestinienne avec la légende :

"C'était à Sydney, en Australie, il y a seulement six mois. Ces scènes auraient dû être un avertissement sérieux".

La cheffe de l'opposition, Sussan Ley, a exploité cette attaque pour  exiger du Premier ministre Albanese qu'il fasse adopter le  plan autoritaire de répression de la liberté d'expression proposé par l'"envoyée spéciale contre l'antisémitisme" de l'Australie, Jillian Segal, en début d'année, avançant que

"nous avons vu des monuments publics se transformer en symboles de haine antisémite. Nous avons vu des campus occupés et des étudiants juifs terrorisés".

Dès les premiers instants suivant l'attaque, les apologistes d'Israël ont tenu pour acquis la thèse selon laquelle il s'agit d'un acte terroriste de représailles aux atrocités génocidaires commises par Israël à Gaza, mais ont accusé les manifestants pacifiques d'être le problème.

Ils reconnaissent ouvertement que le génocide radicalise la population, mais au lieu de conclure qu'Israël devrait donc cesser sa politique génocidaire, ils s'en servent pour justifier l'interdiction de toute protestation contre le génocide.

It's wild how people take it as a given that the Bondi shooting was a response to Israel committing genocide, but then instead of saying Israel should not be committing genocide they say people should not have called it a genocide.

Ils pourraient attribuer la responsabilité de la fusillade aux tireurs eux-mêmes. Ils pourraient aussi accuser les auteurs du génocide d'avoir radicalisé les tireurs. Mais ils préfèrent incriminer les plus pacifiques de l'équation, ceux qui tiennent des pancartes pour dire que de tels massacres sont inacceptables.

Telle est la manipulation la plus insensée et la plus perverse qui soit.

Après l'attaque de la synagogue de Manchester, en octobre dernier, j'ai fait  remarquer que

"chaque fois que des Juifs occidentaux sont blessés, les partisans d'Israël organisent toujours la grand-messe pour clamer : 'Ça suffit, cessez de critiquer la politique d'Israël, vos propos incitent au terrorisme !' Et personne ne les écoute, on retourne protester contre le génocide, et c'est très bien ainsi".

Nous assistons aujourd'hui au même scénario grotesque.

Whenever western Jews get hurt the Israel supporters have a big parade where they go "Okay that's it, nobody gets to criticize Israel's behavior anymore, you're causing terrorism!" And then everyone ignores them and goes back to protesting the genocide, because that's ridiculous.

Massacrer des civils relève de la barbarie. À Bondi Beach comme à Gaza, on ne massacre pas les civils. Aujourd'hui, les pires des individus tentent de faire croire que, parce que des civils ont été tués à Bondi Beach, il faudrait cesser de protester contre les crimes commis à Gaza. Une manipulation perverse et cynique pour préserver un État d'apartheid génocidaire de toute critique. Ce procédé ne mérite que mépris et condamnation.

J'ai le cœur lourd pour tous ceux qui se sont réveillés aujourd'hui pour la première fois sans leurs proches. Nul doute que pour eux, respirer aujourd'hui sera un défi insurmontable. Chacune de ces pertes anéantira leur famille, leurs amis, leurs collègues, leurs communautés et lieux de culte comme une bombe nucléaire, et il faudra des années pour surmonter ce traumatisme. C'est irréversible. Qu'il s'agisse de Bondi ou de Gaza. Mes pensées vont à tous ceux dont le cœur se brise aujourd'hui sous le poids de ce chagrin insurmontable.

On ne dispose pas encore d'informations suffisantes sur cet épisode, mais il est probable qu'il servira de prétexte pour cibler les militants pro-palestiniens et restreindre la critique d'Israël en Australie, comme on le constate de plus en plus en Australie depuis deux ans. Le sionisme est la plus grande menace pour la liberté d'expression dans le monde occidental dans son ensemble.

Traduit par  Spirit of Free Speech

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