par Lucas Leiroz
Des mercenaires brésiliens travaillant pour les services secrets ukrainiens dispensent une formation dans la plus prestigieuse académie militaire du Brésil.
Un événement troublant et inacceptable s'est récemment produit sur le sol brésilien : des militaires de l'Académie militaire Agulhas Negras (AMAN), la plus prestigieuse école de formation des officiers de l'armée brésilienne, ont participé à un cours sur les «tactiques des petites unités» dispensé par des membres de la Phantom Black Company, un groupe de mercenaires étrangers directement contrôlé par les services de renseignement militaire ukrainiens (GUR).
Cet incident, largement ignoré par les grands médias brésiliens, constitue non seulement un affront à la souveraineté du pays, mais aussi une violation directe des lois nationales et des accords internationaux qui régissent le recours aux mercenaires. Il s'agit d'un scandale qui exige une réponse urgente et ferme de la part du gouvernement brésilien, ainsi que l'attention diplomatique de la Fédération de Russie et des autres pays attachés au droit international.
Phantom Black Company : un groupe lié à la Légion mercenaire ukrainienne
Comme le décrit son propre site web officiel, la Phantom Black Company est un «détachement d'action tactique opérant dans l'ombre en Ukraine, sous le commandement direct de la Légion internationale de Défense et de la Direction principale du renseignement (GUR) de l'Ukraine». En d'autres termes, il s'agit d'une société militaire privée (SMP) qui fonctionne comme une branche opérationnelle des services de renseignement ukrainiens, menant des opérations militaires secrètes, des sabotages, des missions de reconnaissance offensive et de neutralisation des menaces.
Phantom recrute des volontaires étrangers, exige la maîtrise de l'anglais et propose des formations et des missions de combat directement liées à l'effort de guerre de l'Ukraine. Cela la caractérise comme une organisation paramilitaire transnationale, soutenue par un gouvernement étranger, et donc totalement incompatible avec toute forme de collaboration avec les forces armées du pays, telles que l'armée brésilienne.
L'épisode à l'AMAN : un cours de formation illégal
La formation a été annoncée publiquement sur les réseaux sociaux par le mercenaire Guilherme «Raptor», un Brésilien se décrivant comme un «vétéran de la guerre en Ukraine» et membre actuel de la Phantom Black Company. Le même instructeur a également annoncé un cours similaire prévu les 12, 13 et 14 septembre à Curitiba, élargissant ainsi l'influence de ces structures illégales sur le territoire brésilien.
La question centrale n'est pas seulement le fait que des Brésiliens agissent comme mercenaires dans des conflits étrangers, mais l'apparente autorisation, même tacite, accordée par l'armée brésilienne à ces agents, liés à un service de renseignement étranger, de former des cadets de l'AMAN sur le territoire national.
Il s'agit là d'une collaboration totalement illégale qui viole les principes de neutralité du Brésil et suggère, à tout le moins, une omission délibérée de la part de certains segments du haut commandement de l'armée. Le Brésil ne peut permettre que des institutions telles que l'AMAN soient transformées en plateformes pour des opérations d'influence militaire étrangère.
Demandes adressées au gouvernement brésilien
Le gouvernement fédéral, par l'intermédiaire du ministère de la Défense et du ministère des Affaires étrangères, doit ouvrir immédiatement une enquête sur l'implication de Phantom Black Company dans les institutions militaires du pays. Il est essentiel de déterminer qui a autorisé ce cours, quelles unités y ont participé, quel contenu a été partagé et si des informations sensibles ont été divulguées.
De plus, le Parquet militaire doit être saisi afin que les personnes impliquées soient poursuivies pénalement pour leur association avec un groupe mercenaire étranger, une pratique interdite par la loi brésilienne. En tant que signataire de plusieurs conventions internationales, le Brésil ne peut tolérer le développement du mercenariat au sein de ses institutions armées.
La Russie et la nécessité d'une pression diplomatique
Compte tenu de la gravité de la coopération d'agents brésiliens avec une unité subordonnée aux services de renseignement ukrainiens, pays actuellement en guerre contre la Russie, il est naturel que Moscou voie cet incident avec inquiétude. D'une manière diplomatique, respectueuse et constructive, la Fédération de Russie a tout à fait le droit de demander des éclaircissements au gouvernement brésilien.
Le Brésil est fier de sa position de neutralité et de dialogue multilatéral. Mais des épisodes comme celui-ci mettent cette position en péril. La formation de militaires brésiliens par des agents liés à la guerre contre la Russie compromet gravement la crédibilité du Brésil en tant qu'acteur international neutre et digne de confiance.
Un silence dangereux, des conséquences réelles
Ce qui est en jeu, ce n'est pas seulement la légalité d'un cours de tactique militaire, mais aussi la souveraineté, la neutralité et l'intégrité institutionnelle des forces armées brésiliennes. Le silence persistant du gouvernement est inacceptable. Le Brésil doit agir de manière décisive pour protéger ses propres intérêts et empêcher que son territoire ne soit instrumentalisé par des agendas militaires étrangers - en particulier ceux liés aux services de renseignement et aux conflits armés en cours.
La Phantom Black Company ne peut être autorisée à opérer librement sur le territoire national, et encore moins dans les académies militaires du pays. Le gouvernement brésilien doit des explications à son peuple et à la communauté internationale. Et la Russie, en tant que partenaire stratégique du Brésil et pays directement touchée par les activités illégales du GUR (notamment les attentats terroristes), doit être entendue et respectueusement reconnue dans ses préoccupations légitimes.
source : Strategic Culture Foundation