17/08/2021 mondialisation.ca  20min #193760

Les ressources annuelles de la Terre consommées en 7 mois. Nous vivons à crédit.

Par  Mondialisation.ca

«Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu'elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse.» (Albert Camus - Discours lors de la cérémonie du Nobel)

Chacun sait que l'énergie, l'eau, la nourriture sont inégalement réparties sur cette Terre qui, chaque année, met à la disposition de toute l'humanité un viatique censé durer une année. Dans la réalité, les choses sont tragiquement différentes. Les riches deviennent de plus en plus riches, cela veut dire que, pendant que certains gaspillent, d'autres meurent de faim. Ainsi, un Américain consommait il y à peine dix ans 8 tonnes équivalents pétrole (tep)/an.

L'Européen est à 4 tep/an, le Chinois à 2 tep/an, le Sahélien à 200kg de pétrole. S'agissant de l'eau, un Américain ou un Canadien consomment, en moins d'un mois, ce que consomme un Africain en une année. Pour l'énergie, retenons qu'un plein de 4×4 en biocarburant (maïs) suffirait à nourrir un Sahélien pendant une année. C'est dire si la boulimie ne profite qu'aux pays riches et que les ressources deviennent insuffisantes et sont consommées par les pays riches de plus en plus dans l'année.

Joanne Massard écrit à propos de l'épuisement précoce des ressources que la Terre met à la disposition de l'Homme et censées durer une année : «Après une brève accalmie en 2020 liée à la crise sanitaire, l'ONG américaine Global Footprint Network alerte : le ''Jour du dépassement'' des ressources planétaires revient au niveau de 2019.» Selon elle, jeudi 29 juillet 2021, l'humanité aura consommé l'ensemble des ressources planétaires.
«À plus de cinq mois de la fin de l'année, ce 29 juillet nous aurons épuisé le budget planétaire de ressources biologiques pour 2021. Si nous avions besoin d'un rappel de l'urgence climatique et écologique à laquelle nous sommes confrontés, le ''Jour du dépassement'' de la Terre s'en charge», indique Susan Aitken, responsable politique à Glasgow, ville qui accueillera la COP26 sur le climat en novembre prochain. Cet indice a pour but d'illustrer la consommation toujours plus rapide d'une population humaine en expansion sur une planète limitée. Pour le dire de façon imagée, il faudrait cette année 1,7 planète Terre pour subvenir aux besoins de la population mondiale de façon durable.(1)

Le «dépassement» se produit quand la pression humaine dépasse les capacités de régénération des écosystèmes naturels. Il ne cesse, selon l'ONG, de se creuser depuis 50 ans : 29 décembre en 1970, 4 novembre en 1980, 11 octobre en 1990, 23 septembre en 2000, 7 août en 2010. En 2020, cette date avait été repoussée de trois semaines sous l'effet des confinements liés à la pandémie de Covid-19. Le rebond cette année s'explique à la fois par une hausse de l'empreinte carbone de 6,6% ainsi qu'une diminution de la biocapacité forestière mondiale de 0,5% «due en grande partie au pic de déforestation en Amazonie», selon l'ONG.(1)

Le coût humain du carbone

Une autre étude en dehors de celle de l'Overshoot Day. le «Jour du dépassement» qui concerne la date à laquelle l'humanité a consommé le viatique permis par Dame Nature explique comment la quantité de CO2 est responsable de la mort de personnes. Celine Delusarche rapporte la publication suivante : «Un chercheur a calculé un nouvel indicateur appelé ''coût humain du carbone», qui établit les morts additionnelles engendrées par l'émission d'une tonne de CO2. Selon cette étude, 4.434 tonnes de carbone suffisent ainsi à tuer une personne dans le monde. C'est un chiffre choc qui fait comprendre l'ampleur du danger du réchauffement climatique pour la santé. Selon une étude publiée le 29 juillet 2021 dans la revue Nature Communications, l'émission de 4.434 tonnes de carbone (l'équivalent des émissions totales de 3,5 Américains durant leur vie) va entraîner le décès additionnel d'une personne d'ici la fin du siècle.»(2)

Le coût social du carbone (CSC), qui calcule l'impact financier et sanitaire de l'émission d'une tonne de carbone, selon les études, la tonne de carbone varierait de 113 dollars quand d'autres aboutissent à un chiffre de 417 dollars. Une étude publiée dans The Lancet en 2009 avait ainsi considéré que le changement climatique est «la plus grosse menace sur la santé mondiale du XXIe siècle». De très nombreuses études ont tenté d'évaluer le nombre de décès causés par le réchauffement climatique. Daniel Bressler a voulu construire un nouvel indicateur, l'équivalent en morts du CSC. Il a mesuré les morts additionnelles générées par les émissions d'un habitant sur sa durée de vie. (Daniel Bressler, Nature Communications, 2021). On s'en doute, la mortalité engendrée par individu est très différente selon les pays. Un habitant d'Arabie saoudite va ainsi engendrer indirectement la mort de 0,33 personne de par ses émissions, trois fois plus qu'un Anglais (0,11 personne) et dix fois plus qu'un Indien (0,03 personne). Au total, ce sont 83 millions de morts additionnelles qui seront engendrées entre 2020 et 2100 par le réchauffement induit par toutes ces émissions.(3)

Quand les épidémies dictaient la géopolitique

Les pandémies ne sont pas tombés du ciel. C'est l'homme conquérant qui se croit en droit de perturber l'harmonie naturelle et de ne pas ouvrir la Boite de Pandore de la promiscuité trop étroite des genres qui devraient co-exister en bonne intelligence sans interférence. Après les maladies « offertes » par les conquistadors aux natifs du nouveau monde au point de les décimer, voici que la boite de Pandore de la proximité de l'homme avec l'animal est ouverte. Le Covid 19 devrait trouver un bouc émissaire ; ce serait le Pangolin de Huan ; Ce qui explique les certitudes de Trump quand il parle de virus chinois. En fait il n'en est rien. Ce sont tous, comme nous allons le voir les humains qui sont à des degrés divers coupables !!

Des conquêtes du Nouveau Monde aux guerres du XIXe siècle, les fléaux épidémiologiques ont lourdement pesé dans l'Histoire, déclare Laurent Testot dont les propos sont rapportés par Claire Chartier qui écrit : «Les progrès de la médecine nous l'ont fait oublier, mais les épidémies ont joué un rôle politique majeur dans l'Histoire S'intéresser aux limites naturelles, au rôle des microbes ou des pathogènes dans l'histoire humaine permet d'expliquer un certain nombre d'énigmes. Par exemple, la raison pour laquelle les Européens se sont emparés des Amériques dès le XVIe siècle, mais ont dû attendre le XIXe siècle pour annexer l'Afrique. Lorsqu'ils sont arrivés en Amérique avec Christophe Colomb, en 1492, les Européens étaient porteurs d'une cohorte de germes - variole, typhus, pneumonie, rougeole, diphtérie, etc. - auxquels ils s'étaient habitués depuis des millénaires, parce que la quasi-totalité des épidémies affectant les humains trouvent leur origine en Eurasie (région regroupant l'Europe et l'Asie). C'est en Eurasie qu'a commencé la domestication des vaches, des porcs, des poulets et autres animaux. La cohabitation animaux-humains dans cette région du monde extrêmement peuplée a favorisé un intense échange de germes. La grippe, par exemple, est apparue il y a 4 500 ans en Chine, via des interactions entre les canards et les hommes. Les Amérindiens, installés depuis 30 000 à 15 000 ans dans le Nouveau Monde et ne pratiquant que très peu cette cohabitation homme-animal, ne connaissaient aucune de ces maladies. Le premier Espagnol à avoir éternué sur une plage cubaine a donc diffusé un ensemble de microbes. Qui se sont ensuite répandus chez les habitants. En un siècle, 90 % de la population amérindienne a disparu, selon les estimations.»(4)

«Ce ''choc microbien'', selon la formule de Laurent Testot, a aidé les conquistadors dans leur entreprise. Certains se demandent encore comment Hernán Cortés a réussi, au XVIe siècle, à mettre à bas la confédération aztèque, une machine étatique à faire la guerre, qui était à la tête de 17 millions de sujets. La réponse est dans la variole, qui a fauché les Aztèques par centaines de milliers. Des témoignages de conquistadors racontent comment les combattants ennemis s'effondraient sur le champ de bataille, avant même d'avoir été touchés. Les Espagnols ont cru qu'ils étaient aidés par les flèches divines de saint Jacques et de saint Sébastien. En fait, cette providence était biologique ! Francisco Pizarro a soumis de la même manière l'Empire inca, ravagé par la variole (...) Les guerres du passé doivent beaucoup plus qu'on ne le pense à un assaut de germes tueurs. Jusqu'au XXe siècle, les issues des conflits sont influencées par les épidémies, aggravées par de mauvaises conditions sanitaires. Lors de la campagne de Russie, en 1812, le typhus a tué plus de soldats napoléoniens que les balles russes. Près des deux tiers des troupes de la Grande Armée ont rendu l'âme. Mais comme cette réalité est moins glorieuse qu'une grande geste militaire, on la souligne rarement.»(4)

«Comparé aux grandes épidémies du passé, ce Covid-19 n'est pas très meurtrier. La peste a pu emporter les deux tiers des populations dans certaines villes et régions. Et, contrairement à nos lointains ancêtres, nous avons les moyens technologiques de lutter. La vitesse de réaction de nos sociétés a considérablement augmenté, mais la diffusion du virus, elle aussi, s'est accrue à vive allure. (...) Nous accélérons nos processus technologiques, mais nous accélérons aussi les problèmes qui vont avec, de sorte que nous faisons du surplace tout en ayant l'impression d'accélérer. Cette pandémie a un lien avec la destruction des écosystèmes. Le virus affecte les pangolins et les chauves-souris, deux espèces qui disparaissent très rapidement. Pour tenter de survivre, selon le mécanisme de la sélection naturelle, il doit se trouver un nouvel hôte, et cet hôte, c'est nous.» Pour Laurent Testot, auteur du livre qui porte sur les théories de l'effondrement, le collapsus de l'humanité serait inévitable, tant nous tardons à répondre à l'urgence climatique. Le coronavirus serait révélateur de cette marche accélérée vers l'Apocalypse : «Il y a deux écoles en matière d'effondrement : certains pensent que nous allons vivre une lente érosion des ressources, et d'autres pronostiquent un chaos rapide après qu'un élément a déclenché l'engrenage. Le coronavirus peut entraîner un dérèglement massif de notre système bancaire et donc une crise systémique, qui touchera tous les domaines, bien au-delà de l'économie.»(4)

Il semble que le changement climatique a en effet un impact considérable sur la pandémie. La pandémie de Covid-19 a débuté il y a désormais deux ans. Depuis, les scientifiques tentent de déterminer sa cause. C'est alors que le changement climatique entre dans le débat : une étude suggère sa corrélation avec le coronavirus. Pour Laura Faz Meteored Chili : «Les chauves-souris sont porteuses d'une grande partie des virus zoonotiques : modifier leur répartition géographique créera sans aucun doute un plus grand risque pour la population humaine. La plupart des maladies infectieuses émergentes dans le monde sont causées par des zoonoses, des animaux vertébrés transmettant alors leur maladie à l'homme. Parmi le groupe de mammifères, les chauves-souris sont les animaux qui transmettent le plus les virus zoonotiques. Les coronavirus (CoV) qui infectent les humains, tels que le SRAS-CoV-1 et le SRAS-CoV-2, dont les chauves-souris sont porteuses, ont provoqué des épidémies à grande échelle ces derniers temps. Une enquête menée par des experts de l'Université de Cambridge (Royaume-Uni) propose une explication possible de la propagation de ces virus. Et le changement climatique joue un rôle-clé dans cette théorie : les émissions mondiales de gaz à effet de serre au cours du siècle dernier ont fait du sud de la Chine un point chaud pour les coronavirus, alimentant la croissance de l'habitat forestier favorisé par les chauves-souris.»(5)

La pandémie, antichambre de l'effondrement de l'humanité

Pour Fred Vargas, chercheuse au CNRS, spécialiste de la peste au Moyen-Âge, rédactrice d'un essai, L'humanité en péril, virons de bord, «depuis trente années, ils savaient. Les gouvernants, les industriels, ils savaient. Que leur folle ruée vers l'argent et la croissance était meurtrière. Tout est aujourd'hui dévasté : le climat, les sols, les eaux, la faune, les forêts. Nous ont-ils informés ? Bien sûr que non ! Nous filons droit vers un réchauffement de + 3°C (c'est-à-dire + 7°C à + 8°C sur les terres) : le péril mortel qui attend nos enfants est devenu réalité. En ont-ils cure ? Nous, oui. A nous de mettre fin à leur effroyable cynisme. A nous de nous battre, par les actes, par les urnes, à nous de sauver nos enfants». Fred Vargas s'engage pour le climat. Dans son livre lanceur d'alerte dans lequel elle répertorie, de manière presque exhaustive, toutes les pollutions, Fred Vargas sait alarmer mais aussi proposer des alternatives. Elle délivre aussi un message d'espoir et croit que les «Gens», comme elle appelle les citoyens qui ne sont ni des décideurs ni des ultrariches, sauront changer leurs comportements et boycotter l'industrie agroalimentaire qui les empoissonne. «L'avenir nous le dira.»(6)

Sommes-nous sur la pente de la disparition inexorable de l'espèce dans cette ère singulière qui est celle de «l'anthropocène», synonyme de la boulimie de consommation des riches qui va précipiter l'humanité dans la sixième extinction ? Les savants atomistes avaient proposé au plus fort de la guerre froide une horloge antichambre du déclenchement du feu nucléaire : l'Horloge de l'Apocalypse. Avec tout ce qui se passe actuellement à l'échelle mondiale, on est tenté de dire que la fin est proche. À en croire les scientifiques, ce ne serait pas complètement faux. Le 27 janvier 2021, le groupe d'experts The Bulletin of Atomic Scientists a présenté la mise à jour du Doomsday Clock (l'Horloge de l'Apocalypse) à l'occasion d'une conférence de presse en ligne. D'après les experts, l'incapacité des gouvernements à gérer la pandémie mondiale risque de nous précipiter plus vite que l'on ne pense vers la fin du monde.

Selon les experts : « les gouvernements sont totalement dépassés par les récents événements. Ils rejettent notamment la faute sur les décideurs politiques qui refusent de travailler en étroite collaboration avec les scientifiques. Pour cette année 2020, l'heure de l'horloge reste inchangée. Pour justifier ce dangereux "sur-place" de l'humanité, les chercheurs évoquent la mauvaise gestion de la pandémie meurtrière qui met en exergue le fait que «les gouvernements nationaux et autres organisations internationales sont mal préparés pour faire face aux menaces des armes nucléaires et du changement climatique qui pourraient véritablement mettre fin à la civilisation».(7)

Pour combattre le réchauffement climatique : «Ne plus surexploiter la planète»

Il faut s'attaquer aux sources de cette ébriété de consommation et désigner du doigt le néo-libéralisme prédateur en ce sens que c'est le toujours plus, quitte à éliminer l'humanité dans une victoire à la Pyrrhus. «Catastrophes climatiques, déforestation, émissions de gaz à effet de serre : presque tous les signes vitaux de notre planète, écrit Nathalie Mayer, sont dans le rouge.»

Dans une interview, Jean Jouzel, paléoclimatologue, énonce les répercussions du réchauffement climatique sur nos modes de vie. « Le changement climatique est en cours. Il s'accélère même plus rapidement que prévu par nombre d'entre nous..» C'était la conclusion d'un rapport signé par plus de 11 000 scientifiques issus de 153 pays en novembre 2019. Dans le même temps, le cheptel de ruminants est aujourd'hui fort de plus de 4 milliards de têtes. Pour une masse totale supérieure à celle de tous les humains et de tous les animaux sauvages ! « Les politiques visant à atténuer le réchauffement climatique ne devraient pas être axées sur le soulagement des symptômes, mais sur la lutte contre la cause profonde : la surexploitation de la Terre, soulignent les chercheurs. La seule manière d'assurer la durabilité à long terme de la civilisation humaine et de donner aux générations futures la possibilité de prospérer.» La priorité absolue reste de mettre en place des politiques de «réductions immédiates et drastiques» de nos émissions de gaz à effet de serre.(8)

«Ce que les chercheurs proposent, c'est une approche en trois volets :
* la mise en place d'un prix du carbone réellement dissuasif visant à induire une décarbonisation de l'industrie et de la consommation ;

* l'élimination progressive, voire l'interdiction des combustibles fossiles ; la mise en œuvre de réserves climatiques stratégiques pour sauvegarder et restaurer les puits de carbone naturels et la biodiversité.

* Se concentrer sur la justice sociale et les besoins humains fondamentaux. Il est temps de nous unir et de faire preuve de coopération et d'équité pour faire face à l'urgence climatique.»
Allant plus loin, ils reprennent les arguments du Club de Rome : «Les scientifiques attirent enfin l'attention sur le problème de la surpopulation. Ils appellent à stabiliser une population qui aujourd'hui augmente de plus de 200 000 personnes par jour. Atténuer et s'adapter au changement climatique tout en respectant la diversité humaine implique des transformations majeures dans les modes de fonctionnement et d'interaction de notre société mondiale avec les écosystèmes naturels », « en tant qu'alliance scientifique, nous sommes prêts à aider les décideurs à opérer une transition juste vers un avenir durable et équitable». Interrogé par Le Monde, le biologiste Gilles Bœuf, ancien président du Muséum national d'histoire naturelle, rappelle une évidence : «La biodiversité, nous en faisons partie. Dès que l'on admet cela, on comprend que détruire les écosystèmes revient à s'auto-agresser. Nous devons prendre conscience que la Terre, avec toute la vie qu'elle recèle, est notre seul foyer.»(8)

Il faut enrayer cette machine du diable qu'est le money-théisme

Omar Aktouf, professeur honoraire HEC Montréal, ne dit pas autre chose quand il écrit : «La pandémie de Covid-19 et les catastrophes que nous vivons en ces jours ne sont qu'un prélude aux cataclysmes qui nous guettent. Nous avons dévasté et mis sens dessus-dessous notre planète. Les coupables sont multiples, mais le plus direct reste la façon dont on conduit l'exploitation de ce que la Terre donne, et ce, depuis près de deux siècles. En tête vient la façon de pratiquer l'économie et d'user de son bras armé, l'école de gestion. Dès le début des années 1970, le Club de Rome et les travaux de Meadows et Forrester ont donné le rapport intitulé ''Halte à la croissance !''. C'était faire aller le monde de catastrophes en crises continues, qui culmineraient, selon les modélisations, en un cataclysme planétaire majeur vers les années 2015-2020 ! Prévision imparable ! Avertissements et alarmes se sont multipliés. () L'économiste Manfred Max-Neef a montré que, depuis la décennie 1980, chaque dollar de plus en «croissance» (du PNB...) générait plus de dégâts que le précédent (pauvreté, chômage, pollution, GES...). Nul n'en a eu cure. Ni les milieux d'affaires, ni les politiciens, ni les écoles d'économie-gestion. Même si le premier venu peut comprendre qu'aucune croissance infinie n'est possible sur la Terre. Comment ose-t-on parler de ''retour de croissance pour sortir de la crise de la Covid'' ? Puisque c'est justement la façon de favoriser cette croissance qui nous y a menés !»(9)

Le professeur Aktouf va jusqu'à proposer une solution radicale, il faut aller à la source ; il désigne «la chose» par laquelle le mal est arrivé, à savoir les soldats du néo-libéralisme: «Fermer les écoles d'économie, à l'origine des théories pour ''faire de la croissance infinie'' est un premier pas absolu.(...). Comment oser continuer d'enseigner qu'enrichir toujours plus les riches et faire croître PNB et PIB... sans limites est encore la bonne façon d'assurer la prospérité et une qualité de vie pour tous ? Stoppons cette gabegie intellectuelle, d'autant que l'économie n'a jamais été une science. Ce n'est qu'une idéologie au service de ceux qui en profitent par la dégradation et la destruction, chaque jour davantage, de ce qui est vital : l'air, l'eau, les océans, les forêts, le climat, les terres, l'équilibre des écosystèmes... () L'école de gestion n'est que le bras armé au service de l'idéologie qui assigne ce qui est à faire pour servir l'économie comme la désirent les plus nantis : le néolibéralisme ! On y met en pratique les diktats et desiderata des riches. (...) Il n'y a là ni sciences ni connaissances. Il n'y a que techniques et procédures aveugles du «how to make money». Au détriment de qui ? De quoi ? Pour qui ? Pourquoi ? Jusqu'à quelle limite ?... Des questions qui ne se posent pas.»(9)

Conclusion

Une nouvelle très inquiétante. Il semble qu'il est trop tard que les 1,5°C seront atteints dans les prochaines années En effet le dernier rapport du GIEC premier volume du sixième rapport du Giec, Groupe Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat, une émanation de l'ONU, publié le 9 août. Sonne l'alerte L'évolution du climat est plus grave que prévu, et les incertitudes scientifiques s'estompent. Ce rapport tourne le dos définitivement aux théories climatosceptiques Le réchauffement est de type anthropique ; Ceci étant dit Est-ce la fin du monde où la fin d'un Monde du toujours plus du gaspillage. Pour ne pas dépasser ces 1,5°C il faut un coup d'arrêt drastique pour que les deux tiers de ce qui restent comme énergies fossiles ne sortent pas du sol. C'est dire s'il faut déconstruire le modèle dominant du gaspillage débridé et du manque de solidarité planètaire. De toutes les façons si la Terre Brûle et que l'on continue de regarder ailleurs, l'addition sera douloureuse pour tout le Monde. Nous n'avons pas de planète de rechange

Pendant ce temps, un rentier du Golfe (les Emirats) se lance dans la géo-ingénierie. Dubaï utilise des drones pour créer de la fausse pluie et provoque des inondations. Ainsi, les autorités locales ont décidé de faire appel aux drones pour soulager leur population, mais aussi et surtout, pour pallier la pénurie d'eau qui s'aggrave dans la région. Le procédé a tellement bien fonctionné que la situation a rapidement dégénéré. La ville s'est en effet retrouvée littéralement noyée sous la pluie. En apprentis-sorciers, ils n'ont pas de vision globale et oublient la fameuse allégorie du battement d'ailes d'un papillon capable de provoquer un ouragan à l'autre bout de l'univers Quelque part, ils sont responsables de dégâts, voire des incendies et sécheresse ailleurs.

Dans cette apocalypse inexorable, certains pays ou régions peuvent s'en sortir quand le chaos sera incontrôlable : « Une nouvelle étude a identifié les endroits du monde les plus résilients en cas d'effondrement économique ou climatique majeur. Les îles au climat tempéré et à faible population comme l'Islande ou la Nouvelle-Zélande figurent en tête de liste. D'après les auteurs de cette étude, l'effondrement pourrait se manifester de plusieurs façons : crise financière majeure, destruction de la nature, survenue d'une pandémie encore plus grave que celle de la Covid-19... Pourtant, des pays pourraient s'en sortir mieux que d'autres. C'est ce que démontrent ces travaux parus dans le journal Sustainability et qui désignent la Nouvelle-Zélande, l'Islande, le Royaume-Uni, la Tasmanie et l'Irlande comme les endroits du monde les plus adaptés pour survivre à un effondrement mondial de la société. (...) La Nouvelle-Zélande, État insulaire d'Océanie, détiendrait le plus grand potentiel pour survivre, grâce à son énergie géothermique et hydroélectrique, ses terres agricoles abondantes et sa faible densité de population humaine.»(10)

Il est hors de doute que la COP 26, si elle veut sortir des voeux pieux et de la COP21 qui n'impose aucune restriction - chose que nous payons cash; les émissions de CO2 n'ont pas été freinés après 2015 - aura à se pencher sur la nécessité de coordination pour les grandes actions pouvant provoquer des cataclysmes mutlidimensionnels notamment par l'obligation de fixer des quotas de pollution par pays et de mettre en place des mécanismes visant à compenser les dégâts occasionnés par les changements climatiques provoqués dans les pays exposés comme c'est le cas des pays africains. L'Algérie devrait avoir une position ferme et être partie prenante du débat à la COP 26. Les autorités organisatrices et les directeurs des Agences IRENA et AIE ont été informés par le ministère de la Transition énergétique lors de différentes Webinaire. L'Algérie devrait prendre dès à présent la mesure des défis qui l'attendent et rien de pérenne ne pourra se faire si sans tarder la mise en place d'un modèle de consommation à 2030 n'est pas en chantier. Pour paraphraser Albert Camus, les hommes de bonne volonté épris de sérénité, apôtres de la sobriété, feront tout pour que le monde ne se défasse pas.

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique Alger

Notes :

1. Joanne Massard & AFP  fr.euronews.com

2. Celine Deluzarche  futura-sciences.com

3. Nathalie Mayer Futura Sciences Le réchauffement climatique tue 5 millions de personnes par an 09/07/2021

4.Claire Chartier 25/03/2020  lexpress.fr

5. Laura Faz Meteored Chili  tameteo.com

6.https://www.culture-tops.fr/critique-evenement/essais/lhumanite-en-peril

7.https://www.fredzone.org/100-secondes-apocalypse-9385

8. Nathalie Mayer 01/08/2021  futura-sciences.com

9 ; Omar Aktouf  ledevoir.com

10.https://fr.metrotime.be/monde/voici-les-pays-les-plus-surs-pour-survivre-en-cas-deffondrement-de-notre-civilisation 31/07/2021

Article de référence : Chems Eddine Chitour  lesoirdalgerie.com 09.08.2021

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