Nous publions ci-dessous de larges extraits de la pétition pour la libération d'Ali, qui illustre un cas inadmissible de collaboration de l'Etat français avec le régime génocidaire israélien, et une rupture inacceptable des engagements de la France et du droit.
« Ali est né dans le camp de réfugié·es de Balata, à la bordure de la ville de Naplouse, en Cisjordanie. Alors qu'il n'a que 14 ans, Ali est témoin de l'assassinat de son petit frère de 8 ans, abattu sous ses yeux d'une balle en plein cœur tirée par un soldat de l'armée israélienne. À 16 ans, il est arrêté une première fois lors d'un raid de l'armée d'occupation au domicile familial. Il est incarcéré pendant un an, sans inculpation ni procès, en détention « administrative », avant d'être condamné à quatre ans de prison pour « jets de pierres », une accusation courante portée par Israël contre les enfants palestiniens, dont plus de 450 sont actuellement incarcérés dans ses prisons. Il passe quatre ans dans la prison de Hasharon, où étaient incarcéré·es à l'époque, des enfants et femmes palestinien·nes. Par la suite, il sera incarcéré à trois reprises sans jugement ni inculpation pour des périodes de 12, 14 et 9 mois.

À chaque fois il a été remis en liberté sans qu'aucune accusation ne lui soit formulée. Lors de sa troisième arrestation, son père décède des suites d'un AVC après avoir reçu de fausses nouvelles disant qu'Ali était mort en prison. Les services israéliens ont délibérément repoussé la libération d'Ali, l'empêchant ainsi d'assister à l'enterrement de son père, une pratique courante au sein de l'administration pénitentiaire israélienne.
En 2014, Ali est expulsé de son pays par l'État israélien, puis s'installe en France, où il obtient un titre de réfugié. Depuis, il a occupé différents emplois, n'a fait l'objet d'aucune condamnation de la part de la justice française, et s'est efforcé de reconstruire sa vie malgré la douleur de l'exil et l'éloignement de sa famille. Avec sa compagne, ils fondent une famille et élèvent plusieurs jeunes enfants ensemble. Entourés et aimés par leurs amis, certains membres de leur famille et leur voisinage, ils ont construit leur vie en France.
Mais le 28 mai 2024 au petit matin, la police française fait irruption dans le domicile familial, enfonce la porte de l'appartement, dégrade la voiture de la compagne d'Ali, retourne l'appartement, y compris les chambres des enfants. Sa compagne et lui sont brutalement arrêté·es sous les yeux de leurs jeunes enfants terrorisés.
Depuis son arrestation, Ali est incarcéré en détention provisoire en l'attente d'un procès. Pour quelle raison ? Parce que les autorités israéliennes ont transmis des accusations contre Ali aux autorités françaises.
Depuis son arrivée, Ali bénéficie du statut de réfugié, la France lui a accordé l'asile, lui assurant ainsi protection contre la répression de l'État israélien. Mais en dépit de ses engagements dans la protection des réfugié·es, de la situation catastrophique en Palestine, du génocide en cours à Gaza, de l'accélération dramatique de la colonisation et des violences commises en Cisjordanie par l'armée israélienne et les milices de colons, largement documentés par l'ONU et de nombreuses organisations internationales reconnues, la France a choisi de donner suite aux accusations israéliennes.
Il est actuellement incarcéré à la prison d'Osny, dans le Val d'Oise, et a été détenu pendant quatre mois au quartier d'évaluation de la radicalisation de Vendin le Vieil, un quartier de haute sécurité qui suscite inquiétudes et questionnements déontologiques sur les possibilités réelles de respect des droits fondamentaux des personnes qui y sont détenues. Sa première demande de liberté conditionnelle a été refusée, et ses avocats ont lancé une procédure de nullité en cours d'appel, mais la cour s'est estimée ne pas être en mesure de juger la demande. Nous allons donc nous pourvoir en cassation pour demander que cette procédure soit jugée illégale au regard du droit international.
Son titre de réfugié lui a été retiré au motif qu'il représenterait une menace pour la sécurité intérieure, alors même qu'il n'a pas été jugé et que le droit français garanti la présomption d'innocence à toute personne. Une procédure d'appel auprès de la cour du droit d'asile (CNDA) est en cours mais nous nous doutons qu'elle ne donnera probablement pas de réponse tant que la procédure contre Ali est en cours.
Quelques semaines après l'incarcération d'Ali, sa compagne a été diagnostiquée d'un cancer très agressif qui s'est généralisé en quelques semaines seulement. Le médecin qui a effectué le diagnostic a expliqué que le déclenchement du cancer était probablement dû à un stress important. Sa compagne avait alors perdu le sommeil, se réveillait en sursaut chaque nuit et était dans un état de stress majeur depuis l'effraction de leur intimité familiale et la violence de l'arrestation d'Ali. Depuis, elle doit suivre un traitement hebdomadaire voire quotidien particulièrement lourd et invalidant, dont la réussite ne peut être garantie. Les enfants ont également développé d'autres formes de stress suite à la perquisition et leurs résultats scolaires ont été durablement impactés. Un réseau de solidarité s'est constitué autour de la famille pour leur assurer un soutien au quotidien, mais la situation reste difficile, financièrement et moralement.
Que demandons-nous ?
Nous demandons la remise en liberté immédiate d'Ali et l'abandon des charges qui sont portées contre lui au nom des engagements français à protéger les réfugié·es des persécutions des États qu'ils et elles fuient.
Nous demandons à la justice française de garantir son titre de réfugié à Ali et de le protéger contre tout projet d'expulsion ou d'extradition et de ne pas donner suite aux accusations formulées contre lui par cet Etat.
Comment pouvez-vous nous aider ?
Jusqu'à présent, nous ne souhaitions pas rendre publique la situation d'Ali, pour préserver le bon traitement du dossier et des différentes requêtes adressées aux autorités judiciaires par ses avocats. Mais aujourd'hui, devant l'urgence et la gravité de la situation, il nous paraît essentiel de rendre publique l'injustice dont lui et sa famille sont victimes. Nous souhaitons que cette affaire soit traitée en toute transparence, comme c'est le cas dans tout État de droit, et nous estimons que les citoyen·nes ont le droit d'être informé·es et de se soucier de la mise en œuvre et du respect du droit international ici en France.
Un comité pour la libération d'Ali s'est donc constitué et nous avons besoin de votre aide.
Pour en savoir plus et lire le texte intégral de la pétition : change.org