20/01/2022 francais.rt.com  4 min #200899

«Concentration des médias en France» : des grands patrons de presse convoqués au Sénat

© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Le Palais du Luxembourg, siège du Sénat français (image d'illustration).

20 janv. 2022, 17:25

Le sénateurs ont commencé à auditionner des dirigeants d'entreprises sur la «concentration» dans le secteur des médias. Celle-ci inquiète certains acteurs de la presse, tandis que d'autres y voient une opportunité d'opposer une résistance aux GAFAM.

De grands industriels des médias sont convoqués à partir de cette semaine au Sénat, dans le cadre d'une commission d'enquête de la Chambre haute du Parlement, créée à la demande du groupe Socialiste, écologiste et républicain. Son objectif : «Mettre en lumière les processus ayant permis ou pouvant aboutir à une concentration dans les médias en France, et d'évaluer l'impact de cette concentration sur la démocratie.»

Dans ce cadre, Vincent Bolloré, notamment premier actionnaire de Canal+, de plusieurs journaux (magazines de Prisma Media, Journal du dimanche, Paris Match) et de la radio Europe 1, a été auditionné le 19 janvier. Le lendemain, c'est Bernard Arnault, PDG de LVMH à la tête des quotidiens Les Echos, Le Parisien et de Radio Classique, qui a répondu aux questions les sénateurs. Sont attendus par la suite, entre autres dirigeants du secteur : Patrick Drahi, patron du groupe télécom Altice (BFMTV, RMC) le 2 février et le magnat du BTP Martin Bouygues, dont le groupe de télévisions TF1 projette de fusionner avec M6, le 9 février.

Une «concentration» soulevant certaines craintes...

«L'hyperconcentration des médias», en France, inquiète une partie de la profession : dans une tribune mi-décembre du  Monde, plus de 250 journalistes et professionnels des médias, dont Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières, appelaient les candidats à la présidentielle à prendre des engagements pour s'opposer à ce qu'ils estiment être un «fléau». Ces signataires réclament, notamment, la création d'un «délit de trafic d'influence en matière de presse» pour «limiter tout interventionnisme des actionnaires» et «garantir la participation active des rédactions à la gouvernance de leurs médias».

«La concentration a un impact majeur sur la qualité et la diversité de l'information délivrée au public. Elle réduit l'espace consacré au décryptage. Elle favorise l'opinion et fragilise la liberté de la presse ainsi que l'indépendance des journalistes», jugent les auteurs de la tribune anti-concentration.

... mais utile pour résister aux Gafam ?

Les craintes quant à «l'hyperconcentration des médias» en France ne font toutefois pas l'unanimité : d'une part, comme le font valoir certaines figures du secteur, elle est à relativiser. D'autre part, elle peut être perçue comme une manière de résister à l'influence des mastodontes du web et des médias américains (tels que Google, Amazon, Apple...).

Ainsi, lors de son audition au Sénat le 19 janvier, Vincent Bolloré faisait-il valoir que le groupe français des médias Vivendi - dont il a laissé en 2018 la présidence du conseil de surveillance à son fils Yannick - est en réalité «tout petit» face au «vrai danger» de la concurrence étrangère des géants du net américains. Pour Vincent Bolloré, selon ce que rapporte l'AFP, l'essor de Vivendi est possible et souhaitable, avec l'objectif de promouvoir la culture française à l'étranger.

Dans la même veine, la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, estimait la semaine dernière sur France Inter que pour lutter «contre l'hégémonie des médias mondiaux américains aujourd'hui et peut-être demain asiatiques», la France avait «besoin de médias privés et publics forts». «J'ai toujours mis à mon soutien affiché à la fusion TF1/M6 une condition []... c'est d'avoir un service public fort», précisait-elle, à propos du projet de fusion entre les deux chaînes privées.

En tout état de cause, le Sénat doit remettre fin mars un rapport pour faire la lumière sur les conséquences économiques et démocratiques d'une telle concentration du secteur.

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