08/07/2021 francesoir.fr  4 min #191877

Boris Johnson veut alléger les mesures sanitaires, s'attirant les foudres du Lancet et de l'Oms

DANIEL LEAL-OLIVAS / POOL / AFP

Une quinzaine de scientifiques ont co-signé  une lettre publiée dans The Lancet afin de remettre en question les récentes décisions du Premier ministre britannique.

Lundi 5 juillet, Boris Johnson annonçait vouloir se reposer sur "la responsabilité individuelle" des Britanniques, en levant au 19 juillet, l'essentiel des mesures sanitaires (port du masque, distanciation sociale, rouverture des salles de spectacles, etc.) Aussi, tout en incitant à "rester prudent", il voulait "permettre aux gens de prendre leurs propres décisions éclairées sur la façon de gérer le virus". Après s'être plié face aux recommandations gouvernementales, le Premier ministre reprend donc la position qu'il tenait au début de la crise.

Deux jours plus tard, la prestigieuse et critiquée revue The Lancet publie une lettre dans laquelle un groupe de scientifiques critiquent cette décision, intitulée : " L'infection de masse n'est pas une option, nous devons faire plus pour protéger la jeunesse".

The Lancet has lost all credibility. In particular this kind of collective letter... It is supposed to be a scientific journal, this is just politics...

Les auteurs rappellent que 68 % de la population est au moins partiellement vaccinée (51 % de la population générale étant entièrement vaccinés), et que vraisemblablement, 20 % de la population non-vaccinée est protégée par une infection récente du covid-19. Pourtant, ils freinent des quatres fers en insistant sur le fait qu'il reste ainsi 17 millions de personnes qui selon eux, ne sont pas du tout protégées. Aussi, ils fondent leur argumentaire sur cinq points précis : la transmission non atténuée, qui toucherait de manière disproportionnée les enfants et les jeunes non vaccinés ; les taux élevés de transmission dans les écoles, qui entraîneraient une importante perturbation de l'enseignement ; les données préliminaires de modélisation suggèreraient que la stratégie du gouvernement constitue un terrain fertile pour l'émergence de variants résistantes aux vaccins ; cette stratégie aurait un impact important sur les services de santé et sur le personnel soignant ; ces politiques continueraient à affecter de manière disproportionnée les personnes les plus vulnérables.

De son côté, le Dr Mike Ryan, membre de l'équipe de direction de l'OMS, y va de son grain de sel et s'insurge :

Hier, l'OMS avait sévèrement condamné la stratégie britannique : "une logique qui a déjà prouvé sa vacuité morale et sa stupidité épidémiologique", selon Mike Ryan.

Traduction : "La logique qui consiste à dire que plus il y a de personnes infectées, mieux c'est, est, selon moi, une logique qui a déjà prouvé son absence de morale et sa stupidité épidémiologique".

La stratégie du "zéro-covid" est-elle meilleure ? D'après cet  article du Huffington Post, datant du 28 juin, non : "Alors qu'ils affichaient un bilan sanitaire exemplaire, les pays zéro Covid-19 font face à une flambée de contaminations. Singapour [comme l'Australie] envisage désormais de changer de fusil d'épaule pour vivre avec le coronavirus."

En effet, si tout le monde s'accorde à dire que le nouveau variant Delta est plus contagieux mais moins dangereux, pourquoi persister et signer dans une telle stratégie de contraintes perpétuelles, quand le bon sens semble en faveur du "vivre avec" ? Est-il moralement acceptable et épidiologiquement pertinent, pour reprendre les termes de l'OMS, de continuer de confiner la population entière - qui a déjà beaucoup souffert de toutes ces restrictions de libertés, tout en  interdisant les traitements précoces et en cultivant  les conflits d'intérêts ?

Voir aussi :  Pr Martin Kulldorff : "ne faites plus jamais de confinement !"

Enfin, jusqu'où faudra-t-il aller avec la vaccination pour considérer que l'immunité collective est suffisante et que les mesures sanitaires ne sont plus pertinentes ? À ce sujet, le gouvernement britannique devrait statuer d'ici au 12 juillet.

 francesoir.fr

 Commenter