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La procureure de Marseille Dominique Laurens a déploré lundi une "explosion" du nombre de règlements de comptes liés au trafic de drogues dans la ville depuis deux mois, après un week-end marqué par la mort de trois hommes.
"Depuis le début de l'année, on voit que ces huit mois sont scindés en deux. Sur les six premiers mois, nous notions assez peu de règlements de comptes. Il y a eu une accélération à partir du 15 juin, on note une explosion du nombre d'affaires en l'espace de deux mois", a déclaré la magistrate au cours d'une conférence de presse.
Selon le patron de la police judiciaire Eric Arella, ces règlements de comptes ont fait 15 morts depuis le début de l'année. "On note une accélération importante: à la même date en 2020, il en était décompté neuf", a rappelé Dominique Laurens. "Sur les 15, 12 ont eu lieu dans les deux derniers mois" cette année, a-t-elle ajouté.
Ce week-end, quatre jours après la mort d'un adolescent de 14 ans près d'un point de vente de drogue, trois hommes ont été tués.
Dans la nuit de samedi dimanche, vers minuit, deux hommes de 25 et 26 ans ont été abattus dans une cité du 14e arrondissement, un des plus pauvres de Marseille. Puis, dans le 4e arrondissement, dans le centre, un homme a été emmené de force dans un véhicule, avant qu'un corps ne soit découvert dans le coffre de la voiture en feu, peu de temps après.
"Les autopsies démontrent que la personne était vivante au moment où l'incendie a démarré au niveau de la voiture, il a inhalé de la fumée et de la suie qui ont causé son décès", a précisé Mme Laurens lundi, évoquant des faits d'une "extrême violence".
Aucun élément ne permettait lundi de relier ces deux affaires, selon la procureure, qui a rappelé que les trois victimes du week-end étaient "dans le cours d'actions judiciaires, mais dans des affaires totalement distinctes".
Les deux jeunes tués dans le 14e arrondissement n'avaient pas de casier judiciaire mais devaient prochainement comparaître devant la justice, dans des affaires distinctes et pas liées aux stupéfiants. Le troisième homme comptait quant à lui 12 condamnations à son casier.
Dans un entretien accordé à la chaîne de télévision BFMTV, le maire socialiste de la deuxième ville de France Benoît Payan a estimé que Marseille manquait encore de policiers, 800 selon lui, malgré de récents renforts d'une centaine de fonctionnaires de police.
Mais il a aussi appelé à une "approche globale" de la question dans une des villes les plus pauvres de France, minée par des problèmes de mal-logement et d'écoles en mauvais état: "Il faut aussi donner des moyens à la justice, à l'Education nationale", a-t-il plaidé, à la veille d'une visite du garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti.
"Si on ne fait pas quelque chose de fort en faveur de Marseille, nous ne parviendrons pas à juger certaines affaires et nous nous rapprocherons d'une situation de déni de justice", avait estimé en mars dernier le président du tribunal de Marseille Olivier Leurent en demandant des moyens supplémentaires pour une juridiction surchargée.
En 2016, 29 personnes étaient mortes dans des règlements de compte à Marseille, un record depuis 30 ans.