25/09/2021 infomigrants.net  3 min #195600

Grande-Synthe : un camp de 800 migrants évacué, les associations dénoncent une « politique de la terreur »

Une centaine de CRS était présent dans le camp jeudi 23 septembre pour son démantèlement. Crédit : Utopia 56

Par  Leslie Carretero Publié le : 24/09/2021

Jeudi matin, le campement de migrants de Grande-Synthe, appelé terrain des Jésuites, a été démantelé par les forces de l'ordre, sans réelles propositions de mise à l'abri pour ses quelque 800 habitants, déplorent les associations. Dès le soir même, un autre camp s'est reformé à quelques mètres de là.

Depuis plus de deux semaines, le principal campement de migrants de Grande-Synthe, appelé terrain des Jésuites, ne subissait plus de démantèlement quasi-quotidien. Quelque 800 exilés qui avaient été chassés du bois du Puythouck avaient dès le mois d'avril installé là leur tente et construit des abris faits de morceaux de bois et de bâches. Le lieu avait pris des allures de l'ancienne "jungle" de Calais, de l'avis des associations.

Mais le répit de ces migrants originaires du Kurdistan, d'Afghanistan, du Pakistan et de l'Est de l'Afrique aura été de courte durée. Jeudi 23 septembre au matin, une centaine de CRS accompagnés de membres de la mairie et d'une entreprise chargée du nettoyage ont débarqué dans le camp.

En cours, destruction totale du campement de Grande-Synthe. 800 personnes à la frontière franco-britannique. Un policier : "Partez à Londres ou Calais, mais vous ne restez pas ici !" Londres par la mer, et Calais pour la rue. Le non-accueil selon @gouvernementFR

"Ils ont forcé les habitants, y compris les femmes et les enfants, à quitter les lieux. Ils ont méticuleusement balayé la zone avec un tractopelle, découpé les bâches et les tentes pour les mettre dans des bennes à ordures", rapporte à InfoMigrants Marie Chapelle, coordinatrice de l'association Utopia 56 à Grande-Synthe. "Tout s'est passé si vite que beaucoup de gens n'ont pas eu le temps de récupérer leurs effets personnels".

Des migrants "désemparés"

D'après Human rights observers (HRO) et Utopia 56, présents lors de cette évacuation, seuls quatre bus ont été mis à disposition des migrants par la préfecture pour une orientation vers des centres d'accueil de la région. "Ce démantèlement a été déguisé en opération de mise à l'abri mais dans la réalité, environ 70 personnes seulement ont été prises en charge par les autorités", assure Marie Chapelle.

 » À (re)lire :  L'État sévèrement critiqué pour sa gestion des migrants à Calais et Grande-Synthe

Les autres ont erré une bonne partie de la matinée près du rond-point à proximité du camp, situé à la sortie d'une autoroute. Des centaines de migrants, perdus, se sont retrouvés sur la route avec leurs enfants en bas âge. "Ils ne savaient pas où aller, aucune information ne leur a été communiquée, ils étaient complètement désemparés", ajoute la responsable d'Utopia dans la région. "Les gens ne peuvent pas s'évaporer uniquement parce qu'il y a un démantèlement".

"Violence d'État"

Selon les associations, la mairie est venue dans l'après-midi baliser un bout de terrain à côté de l'ancien camp où ont pu se réinstaller un groupe de migrants. "On ne comprend pas bien l'intérêt de cette opération. Hormis le fait que le lieu est plus petit et que le nombre d'occupants sera de fait limité, cela n'a aucun sens", estime Marie Chapelle qui dénonce une "politique de la terreur".

Contactées par InfoMigrants, la Ville et la préfecture du Nord n'ont pas répondu à nos sollicitations.

Dans un rapport publié en mai dernier, HRO a comptabilisé pour l'ensemble de l'année 2020 91 expulsions de lieux de vie informels à Grande-Synthe, la saisie de 357 sacs de couchage et de plus de 2 000 tentes ou bâches. "Ces chiffres rendent compte de la violence d'État que constituent ces expulsions", affirme le collectif.

 infomigrants.net

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