02/10/2021 francesoir.fr  3min #195950

Décès de Michel Tubiana, président d'honneur de la Ligue des droits de l'Homme

© IROZ GAIZKA / AFP/Archives

Président d'honneur de la Ligue des droits de l'Homme (LDH), Michel Tubiana, décédé samedi était un "militant infatigable" de la défense des droits humains, un "grand défenseur des libertés".

Il fût aussi un "soutien indéfectible" au processus de paix au Pays Basque.

Disparu au cours de sa soixante-neuvième année, Michel Tubiana, né à Alger en novembre 1952, est arrivé à Paris avec sa famille à l'âge de 10 ans.

Lycéen militant aux jeunesses communistes révolutionnaires (JCR), il était devenu avocat en 1974, membre de la Ligue des droits de l'Homme en 1981, dont il deviendra secrétaire général en 1984, puis président en 2000, succédant à Henri Leclerc.

Il souhaitait alors une organisation "plus écoutée" par les médias et par les gouvernements, estimant nécessaire de "refaire passer du politique dans la société" et que "les gens redeviennent des citoyens".

Il avait tiré à l'issue de son mandat en 2005, un bilan "extrêmement négatif" de la situation des droits de l'Homme en France. Devenu président d'honneur de la LDH, il était resté un "militant infatigable de la défense des droits de l'Homme en France et dans le monde, (...) un phare, toujours disponible et toujours clairvoyant", écrit l'organisation.

"On est effondrés, on perd un grand homme qui, par son intelligence, son acuité intellectuelle et sa vivacité d'esprit, était véritablement une référence pour la Ligue", a réagi auprès de l'AFP Malik Salemkour, actuel président de la LDH.

Il était par ailleurs président d'honneur d'EuroMed Droits et ancien vice-président de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH).

Wadih Al-Asmar président d'EuroMed Droits, une ONG basée à Bruxelles, a salué un "pilier" qui n'a "jamais trahi son combat pour les droits humains" et gardera de lui "cette ténacité et ce goût pour le bon vivre tant méditerranéen".

En robe noire, Michel Tubiana a notamment plaidé en tant que partie civile au procès de Maurice Papon en 1998. Sa plaidoirie avait fait sortir de ses gonds l'accusé, qui l'avait interrompu à plusieurs reprises, contrairement à l'usage des cours d'assises.

L'avocat a aussi défendu le cofondateur du groupe armé d'extrême gauche Action directe Jean-Marc Rouillan, mais aussi deux camarades de Clément Méric, étudiant antifasciste tué dans une rixe avec des skinheads à Paris en 2013.

"Nous perdons un compagnon de route précieux pour la Défense des droits humains", a réagi dans un tweet Estellia Araez, présidente du Syndicat des avocats de France.

Au Pays Basque, il a été l'un des "artisans de la paix", membres de la société civile et chevilles ouvrières de l'opération de "désarmement" de l'organisation séparatiste basque ETA, et il a appartenu au collectif "Bake Bidea", qui milite pour les droits des prisonniers basques.

Ce mouvement civil de promotion du processus de paix au Pays Basque a rendu hommage dans un tweet à "l'homme engagé dans la lutte contre toutes les injustices au sein de la LDH comme en faveur de la paix en Pays Basque".

Sa disparition est aussi saluée par le maire de Bayonne Jean-René Etchegeray, qui se souvient d'un "défenseur infatigable des grandes causes humanitaires (qui) fut pour le Pays Basque un soutien indéfectible dans le processus de paix".

Pour le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, "le plus bel hommage" que l'on puisse lui rendre "est de prolonger son combat pour les droits humains".

Le numéro un d'EELV Julien Bayou et le communiste Fabien Roussel ont également rendu hommage à Michel Tubiana, tout comme Alexis Corbière (LFI), qui a adressé ses condoléances à la famille, aux proches de Michel Tubiana, mais aussi à tous les "ligueurs".

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