14/01/2022 reseauinternational.net  5 min #200580

L'importance du 10 janvier

Moscou attend une réponse écrite

par Denys Pluvinage.

Les discussions que la Russie et l'Occident ont eues lors de la réunion du Conseil Russie-OTAN ce mercredi, premier événement de ce type depuis 2019, ont été utiles et directes. Elles n'ont débouché sur aucun accord, mais ont permis aux parties de comprendre la position de l'autre et de se rendre compte que la Russie et l'OTAN ont toujours des conceptions différentes sur les questions fondamentales. La Russie attend des États-Unis et des autres pays de l'OTAN qu'ils donnent une réponse écrite aux initiatives de Moscou en matière de sécurité, et décidera s'il est raisonnable de poursuivre les pourparlers ou de passer à d'autres mesures pour assurer la sécurité nationale.

Réponse aux propositions

Alexandre Grushko a souligné que la Russie avait clarifié toutes ses préoccupations lors de la réunion et a appelé l'autre partie à mettre ses propositions sur papier. Le diplomate russe a ajouté qu'il était raisonnable d'attendre des membres de l'OTAN qu'ils le fassent dans un avenir proche, mais qu'il était trop tôt pour parler de contacts ultérieurs.

Présence diplomatique

Le vice-ministre russe des Affaires étrangères a noté que Moscou envisagerait de rétablir sa mission permanente auprès de l'OTAN, à condition que l'alliance change de politique et abandonne ses tentatives de faire monter les tensions. Il a également souligné que la Russie ne permettrait à personne de prendre des décisions concernant sa présence diplomatique.

Désescalade en Ukraine

Alexandre Grushko a déclaré que, lors de la réunion de quatre heures, les discussions sur la question ukrainienne avaient duré une heure et demie. Il a également déclaré que la désescalade dans le pays était possible sur la base des accords de Minsk. Toutefois, il a insisté sur la nécessité de faire en sorte que Kiev s'acquitte pleinement des obligations qui lui incombent en vertu de ces accords. Le diplomate russe a ajouté qu'une fois que ce sera fait, « il n'y aurait aucune menace pour la sécurité et l'intégrité territoriale de l'Ukraine. » Selon lui, si l'OTAN est réellement intéressée par la désescalade, elle devrait cesser de fournir toute forme d'assistance militaire à l'Ukraine, en particulier des armes, et retirer ses inspecteurs, ses instructeurs, ses officiers et ses soldats.

Instruments politiques et militaires

Alexandre Grushko a également expliqué aux journalistes que Moscou ne pouvait pas accepter l'approche de l'OTAN concernant le principe de la sécurité indivisible, car l'alliance le considère uniquement « comme la sécurité indivisible des États membres de l'OTAN. » Il a souligné qu'ignorer les intérêts des autres pays et tenter de construire un système de sécurité « contre la Russie » et sans la Russie ne mènerait à rien. En outre, selon lui, la Russie utilisera tous les outils dont elle dispose pour assurer sa sécurité, y compris les outils politiques et militaires. Le vice-ministre des affaires étrangères a souligné que la Russie répondrait à la politique de dissuasion de l'OTAN par une politique de contre-dissuasion, et à l'intimidation, par une contre-intimidation. « S'il s'agit de chercher des vulnérabilités dans le système de défense de la Russie, nous chercherons les vulnérabilités dans celle de l'OTAN. Ce n'est pas notre choix, mais si nous ne parvenons pas à renverser le dangereux cours actuel des événements, il n'y aura pas d'autre option. Il serait préférable de surmonter la crise en trouvant un équilibre raisonnable des intérêts. »

L'expansion comme menace

Alexandre Grushko a noté que l'une des principales exigences de la Russie était que l'OTAN mette un terme à son expansion vers l'est, notamment vers les anciens pays soviétiques. Selon lui, l'élément essentiel de l'ordre du jour était la nécessité pour l'OTAN de donner des garanties juridiques qu'elle ne s'étendrait pas à l'est.

Remarques du ministère de la défense

Le vice-ministre russe de la Défense, Alexandre Fomin, parlant au nom du ministère russe de la Défense déclaré que « les relations entre la Russie et l'OTAN ont atteint un niveau extrêmement préoccupant, dans un contexte d'instabilité mondiale, de menace terroriste, de course aux armements imminente et de délabrement de l'architecture de sécurité européenne. La Russie a souligné lors de la réunion qu'elle avait demandé à plusieurs reprises à l'alliance de prendre des mesures pour apaiser les tensions, mais l'OTAN n'a pas répondu, ce qui a créé des conditions propices aux incidents et aux conflits. »

Des problèmes à résoudre

Le ministère russe de la Défense a déclaré que dans une telle situation, le président russe Vladimir Poutine avait pris la décision d'envoyer aux États-Unis et à l'OTAN les projets d'accords de Moscou sur les garanties de sécurité juridiquement contraignantes. Le ministère a énuméré les principaux problèmes à résoudre. Tout d'abord la nécessité pour l'OTAN de garantir qu'elle ne s'étendra pas à l'est. Deuxièmement, le non déploiement de missiles américains à portée intermédiaire et à courte portée en Europe, car une telle mesure pourrait aggraver considérablement la situation sécuritaire sur le continent. Troisièmement, la diminution des activités militaires en Europe et la diminution des forces dites de déploiement avancé ».

De son côté, l'ambassadeur de Russie aux Etats-Unis, Anatoli Antonov a expliqué, répondant à la question d'un journaliste : « Nous pensons que les appels lancés au Capitole en faveur de l'introduction de restrictions antirusses « paralysantes », ainsi que de sanctions personnelles contre les hauts dirigeants de la Fédération de Russie, sont des provocations désespérées. Nous ne nous laisserons pas intimider par ces restrictions. Ces appels cachent une tentative d'influencer la Russie dans le contexte des négociations en cours sur la sécurité européenne. Nous les considérons comme la preuve de l'incapacité des États-Unis à défendre leur point de vue à la table des négociations de façon rationnelle. »

Quant à la représentante américaine aux négociations (Genève et Bruxelles), Wendy Sherman a déclaré que c'était à la Russie de choisir entre « désescalade et confrontation ».

source :  associationfrancorusse.fr

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