08/11/2022 infomigrants.net  3 min #218669

Tunisie : des familles des disparus de Zarzis fouillent des tombes à la recherche de leurs proches

Le cimetière d'initiative privée "Jardin d'Afrique", situé à Zarzis. Crédit : Dana Alboz, InfoMigrants (Archive)

Les familles des migrants tunisiens portés disparus dans le naufrage du 21 septembre, au large de Zarzis, poursuivent leur quête de vérité sur ce drame. Faute de soutien suffisant de la part des autorités tunisiennes, ils ont fouillé des tombes dans un cimetière du sud-est de la Tunisie, lundi 7 novembre, tentant de retrouver par leurs propres moyens les corps de leurs proches, ont rapporté des témoins.

Depuis le drame survenu fin septembre, seul neuf corps ont été repêchés en mer, dont une jeune femme identifiée de manière formelle par les autorités comme étant membre du groupe. Pour trois autres d'entre eux, les familles sont parvenues à reconnaitre un proche.

L'embarcation de fortune qui transportait 18 migrants à son bord était partie de Zarzis le 21 septembre avant de disparaître des radars. Ce sont  les familles des migrants qui ont donné l'alerte à Alarm Phone, s'inquiétant, 24 heures après le départ, de n'avoir aucune nouvelle de leurs proches.

À la recherche des corps

Persuadés que leurs proches ont été enterrés par erreur dans le cimetière d'initiative privée ("Le Jardin d'Afrique") - d'ordinaire réservé aux migrants subsahariens - des parents de migrants disparus ont ouvert plusieurs tombes lundi et tenté d'identifier les corps inhumés.

C'est dans ce même lieu de recueillement que les corps de quatre Tunisiens morts dans le drame avaient été  inhumés par erreur le 22 septembre, puis le 2 octobre, avant d'être déterrés et transférés vers d'autres lieux de sépulture sous la pression des familles. Un évènement qui a provoqué la colère des familles de disparus, donnant lieu à  plusieurs grandes manifestations à Zarzis à la mi-octobre pour faire réagir les autorités.

"C'est une erreur des autorités que d'avoir enterré ces personnes sans prélèvement ADN préalable", avait alors commenté Mongi Slim, président du Croissant rouge tunisien, auprès d'InfoMigrants.

Face aux pressions, les autorités avaient procédé à l'exhumation des quatre corps dont trois ont été reconnus par les familles. En outre, le président de la République, Kaïs Saïed, lui-même, a ordonné, le 17 octobre, au ministère de la Justice d'ouvrir une enquête afin de déterminer les responsabilités dans ce naufrage.

Cinq disparus après le naufrage d'un nouveau bateau

Du printemps à l'automne, en raison de conditions météorologiques favorables, le rythme des tentatives de départ de migrants de Tunisie et de Libye vers l'Italie s'accélère, se soldant parfois par des naufrages. Les autorités tunisiennes peinent à intercepter ou à secourir les migrants en raison, disent-elles, d'un manque de moyens.

Pourtant, ce mardi 8 novembre, elles ont pu porter secours à des migrants dont l'embarcation avait chaviré au large de Bizerte (nord). Sur les 16 passagers à bord du bateau,10 personnes ont été secourues. Au moins cinq personnes sont toujours portées disparues et un corps a été repêché, a déclaré un responsable officiel des services de sécurité. Les garde-côtes poursuivent leurs recherches pour retrouver les disparus.

Depuis le début de l'année, plus de 22 500 migrants ont été interceptés au large des côtes tunisiennes, dont près de 11 000 d'origine d'Afrique subsaharienne, selon des chiffres officiels.

L'OIM centralise plusieurs ressources disponibles pour des familles à la recherche de proches disparus, classées par régions du monde. Voir  sur son site dédié "Missing Migrants".

 infomigrants.net

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