11/12/2022 theriansotherkins.forumactif.com  9 min #220511

les pierre sacrées...

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THEMATIQUE DE LA PIERRE SACREE

La symbolique de la pierre sacrée est utilisée depuis la nuit des temps, car la pierre est « commune à tous les hommes; (...)solide, durable, pesante, elle est signe de force ».Nous chercherons à rendre compte de l'importance de sa symbolique universelle dans les philosophies et les religions, comme médiatrice entre la sphère sacrée et le monde de nos apparences quotidiennes.

Les « gamahés »

Les pierres brutes gravées par la nature de signes symboliques ou possédant une forme connue sont empreintes d'un mystère qui leur valent d'être utilisées comme talisman. A en croire Paracelse, ces pierres appelées gamahés se trouvent dans les sables et les cours d'eau. « Ils sont rarement dépourvus de forces et de propriétés merveilleuses, dont il faut juger d'après la figure qui leur a été attribuée. Celle-ci témoigne en effet de l'influence céleste et de la qualité dont Dieu les a gratifiés ». Alors que Paracelse défend l'idée qu'ils sont ainsi créés par Dieu, habités par une force divine agissant en fonction de la capacité de l'acquéreur à obtenir une révélation de la pierre; Jules-Albert Lecompte pensait qu'ils étaient produits par une imprégnation psychique car selon lui, « en certaines circonstances, les émotions de l'âme pourraient imprimer une trace fluidique dans la substance ou à la surface des minéraux». Hypothèse surprenante qui s'appuie peut-être sur la conviction que la pierre n'est pas un élément inerte mais assimilé à un être vivant au cycle extrêmement lent, sans pour cela développer une pensée animiste.

La pierre, support de la méditation extrême-orientale

Dans l'art du jardin zen, la pierre participe à l'harmonie des forces « assises ». Elle est perçue selon un point de vue anthropocentrique où « chaque pierre a un visage (...). L'expression de leur visage doit être étudiée et leurs intentions interprétées de façon à bien choisir l'emplacement. Un bon jardinier parle à son rocher tout en s'occupant de lui. Il le plaint, lorsqu'il a été maltraité par un maladroit. Il lui accorde toute sa sympathie pour les épreuves qu'il a subies (...).Le jardinier choisit ses rochers en fonction de leur taille et de leur beauté d'œuvre d'art naturelle. Il les place sans qu'ils aient l'air de se trouver là ».
La divine proportion recrée par l'homme est telle, qu'aucun élément ne pourrait être ôté ou ajouté sans briser l'harmonie. Le visiteur doit ainsi caresser les pierres du regard, afin de laisser dans son âme une empreinte qui porte à la méditation.

Roger Caillois révèle l'existence d'une pierre appelée l'Encrier-Montagne détenue par un chinois taoïste féru de ces « voyages de l'âme ». Yo K'o recueillit le poème consacré à la fameuse pierre. « Il décrit les terrasses réduites, les amphithéâtres minuscules, les cimes infinitésimales. Rien n'y manquait : plateaux, cirques, pics, route aux neufs lacets ». « La contemplation intense et prolongée » de cette pierre entraînait le poète dans des « randonnées mystiques ». Roger Caillois pensait que ces voyages étaient « sans doute des ravissements extatiques, hérités des anciens chamans. L'esprit, affranchi du corps, est censé parcourir sans effort et presque instantanément les différents mondes naturels et surnaturels, avant de réintégrer son enveloppe ». Notre démarche artistique retient l'idée que la pierre anthropomorphe est vivante, qu'elle parle d'elle même à ceux qui lui portent un intérêt contemplatif.

A sa façon, Chintamani est une aussi une pierre maîtresse parmi les pierres asiatiques célèbres. Selon une légende tibétaine, rapportée par Andrew Tomas dans « Shambhala, oasis de lumière », une pierre appelée Chintamani en sanscrit ou Norbu Rinpotché en tibétain, posséderait des pouvoirs fabuleux. En effet, cette curieuse pierre dégagerait des radiations réagissant aux vibrations mentales qui l'entourent. Plus surprenant encore, la description réaliste que rapporte Andrew Tomas : « L'un de ses fragments a été décrit comme ayant la longueur d'un petit doigt, une couleur grisâtre et brillante et la forme d'un noyau ou d'un cœur. Quatre signes hiéroglyphiques indéchiffrables y sont gravés. Il est dit que les nuages s'amoncellent quand la pierre s'assombrit, le sang est versé lorsqu'elle devient pesante. Si elle fait entendre des craquements, c'est que l'ennemi approche. Lorsqu'elle lance du feu, le monde est à la veille d'un cataclysme, mais quand une étoile brille au- dessus d'elle, la paix et la prospérité sont en vues ». Cette pierre prophétique aurait été confiée par le Maître du Monde au Dalaï-Lama, en vue de consacrer son possesseur.

On ne peut évoquer la pierre du Maître du Monde sans parler de celles qui représentent le Centre du Monde.

La pierre Axis Mundi

Le « nombril du monde » le plus connu est celui du temple d'Apollon à Delphes en Grèce (Omphallos se traduit par ombilic ou nombril). C'est un rocher sculpté de forme ovoïde au sommet, recouvert d'un filet de laine. Selon Pindare, il était, « plus que le centre de la terre, plus que le centre de l'univers créé; il symbolisait la voie de communication entre les trois niveaux d'existence, ou trois mondes, de l'homme vivant ici-bas, du séjour souterrain des morts, de la divinité ». Dans la mythologie grecque, cette pierre fut érigée et vénérée par onction d'huile à Delphes, par Zeus lui-même. Elle serait aussi celle que Cronos (Saturne) aurait avalé puis recraché à la place de Zeus (Signalons au passage que cet épisode de la pierre de Saturne fut abondamment repris dans l'iconographie symbolique de l'alchimie). Toujours selon la mythologie grecque, « l'omphalos de Delphes était censé situé sur le lieu où Apollon aurait tué le serpent Python, en même temps que sur la crevasse où s'étaient englouties les eaux du déluge de Deucalion ».

Lui aussi considéré comme le sceau des eaux souterraines, Schetija, le rocher du Temple de Jérusalem, serait le lieu de la Création du monde. Son nom vient de l'hébreu schata qui signifie fonder. Certains hébreux voyaient dans cette pierre un élément de fondation du Temple, sous l'autel des holocaustes. D'autres y voyaient la pierre qui supportait l'Arche d'Alliance. Pour les musulmans, cette pierre passait pour le lieu où Abraham aurait tenté de sacrifier son fils unique. Elle est protégée aujourd'hui par le fameux Dôme du Rocher.

Symbolique de la pierre dans la Bible
Dans l'univers biblique, il est nécessaire de dissocier l'utilisation idolâtrique de la pierre par les peuples voisins d'Israël dans l'Ancien Testament, de l'utilisation transcendante des stèles érigées par les patriarches, tel Jacob à Béthel. Dans ce dernier cas les pierres utilisées sont non taillées, si ce n'est par la « main » de l'Éternel, devenant ainsi un instrument de sanctification de la terre. Selon la Tradition, « la pierre taillée n'est en effet qu'œuvre humaine; elle désacralise l'œuvre de Dieu, elle symbolise l'action humaine substituée à l'énergie créatrice ». En comparaison, il est troublant de constater que le paganisme préhistorique par exemple, retient l'idée que certaines pierres brutes choisies et dressées ont le pouvoir de régénérer la terre.

La pierre de la Bible est avant tout une pierre-mémorial, une pierre servant de témoignage et d'alliance entre Dieu et les hommes (Josué à Sichem) ou pour les hommes entre eux (traité entre Jacob et Laban). Le fondement de la paix repose donc sur une pierre témoin, une borne sur laquelle l'homme orgueilleux ou belliqueux vient buter.

Cette pierre d'achoppement est présente dans de nombreux passages de la Bible. Ainsi, l'Éternel est un rocher de scandale pour les deux maisons d'Israël dans la prophétie d'Isaïe. Ceci trouve son accomplissement dans la figure christique de Jésus lorsqu'il nous oblige à choisir entre la lumière et les ténèbres. Le Christ devient une pierre d'achoppement pour ceux qui refusent de suivre la parole de Son Père. Mais cette « pierre méprisée par les bâtisseurs est devenue tête d'angle » selon Matthieu. La pierre angulaire qui semblait inutile pour la construction de la citadelle, a été placée « à l'angle d'un rempart d'où on peut la basculer sur l'assaillant », et « celui sur qui elle tombera elle l'écrasera ».

C'est donc contre toute attente et contre la sagesse humaine que Dieu déclare par la voix d'Isaïe : « Me voici, je fonde en Siôn une pierre, une pierre d'examen (bien choisie), angle de cherté, fondé au fondement. » car «celui qui la prendra pour appui n'aura point hâte de fuir ».« C'est un prodige à nos yeux », car Christ est « tête d'angle » et « pierre de fondement ». Cette déduction a profondément motivé notre choix d'apposer le titre d' « Achoppement » sur notre pierre angulaire, celle-ci étant précisément le chef d'œuvre et la pierre de fondement de notre « Œuvre au Blanc ».

La pierre « fondement-achoppement » est le sujet-clé de l'alchimie. Longtemps considérée comme une activité subversive, l'alchimie a été depuis reléguée à tort au rang des mystifications. Cependant, la Tradition demeure et quelques adeptes poursuivent leurs travaux à l'abris des regards indiscrets. Loin d'être indifférent au message évangélique, l'alchimiste ne peut entreprendre le Grand Œuvre, percer l'arcane la plus élevée de la compréhension de la nature, sans invoquer l'aide de Dieu.

La pierre, matière première de l'œuvre alchimique

Au premier abord la pierre des alchimistes semble insignifiante, chétive (lapis exilis) « et c'est pourquoi tous ceux dont l'intelligence est orientée vers les valeurs de ce monde sont incapables de reconnaître ce joyau ». Elle peut aussi briser l'adepte engagé sur la voie du Grand Œuvre s'il ne parvient pas à la rectification de la pierre. Cette dernière doit passer d'une fonction d'obstacle à celle d'appui.

On ose peu la représenter à l'état brut tant elle paraît « informe et vide ». Pourtant cette pierre possède déjà l'étincelle du sceau divin, révélée seule à l'initié méditatif. A ce stade, « la pierre est encore considérée comme androgyne, l'androgynat constituant la perfection de l'état primordial. Est-elle taillée, les principes se séparent ». Sa représentation symbolique est donnée par l'image d'un cône inversé posé sur un cube. La pierre conique correspondrait à l'élément masculin et la pierre cubique à l'élément féminin.

Quoi qu'il en soit la pierre est souvent présentée comme encéphale. Les alchimistes grecs ne se baptisaient-ils pas « enfants de la tête d'or»? L'adepte est donc sur la voie du Grand Œuvre lorsque sa pierre ressemble au « vase du cerveau », car « le cerveau est la demeure de la partie divine ». « Triangulaire de forme, il est l'organe qui est le plus proche de la simplicité de l'âme; il est ainsi le pont vers la transformation spirituelle».

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