24/03/2023 reseauinternational.net  4 min #226007

Pas de référendum, ni de retrait : Macron conteste la «légitimité» de «la foule» face aux élus

Emmanuel Macron dans une impasse

par Faouzi Oki

Crise politique et sociale

Aveu de faiblesse, échec et autres titres accusant Macron devant la crise française actuelle : la presse française a fustigé vendredi le recours à l'article 49.3 pour faire passer la réforme des retraites, et pointe du doigt Emmanuel Macron pour la crise politique et sociale qui menace le pays. La presse internationale n'est pas en reste, soulignant, à l'instar du New York Times, que le conflit sur les retraites révèle un Macron affaibli et plus isolé, selon qui cette réforme pèsera longtemps sur le pays.

« Quel aveu de faiblesse ! » s'exclame Jean-Marcel Bouguereau dans La République des Pyrénées. « Le gouvernement ne dispose pas d'une majorité absolue pour faire passer la réforme phare du quinquennat », poursuit-il, estimant que c'est une énorme crise politique qui s'annonce. « Gain politique zéro, coût social majeur. L'échec d'une tactique signe, la solitude criante du président », écrit Florence Chédotal dans La Montagne. « À présent, comment reprendre la main quand la mère des réformes se solde de la sorte ? » se demande-t-elle, évoquant une séquence désastreuse où s'épaissit le brouillard.

« Emmanuel Macron s'est lui-même coincé dans une impasse politique », constate Patrick Jankielewicz dans La Voix du Nord. « S'il fallait sauver la réforme des retraites, il n'y avait qu'une façon de le faire : il fallait aller jusqu'au vote. C'était bien sûr courir le risque d'être battu, mais en politique il vaut parfois mieux tomber avec les honneurs que passer en force et sans gloire au risque de jeter de l'essence sur le brasier social », poursuit-il.

« Une question domine déjà toutes les autres après cette journée historique : onze mois après son commencement, le quinquennat de Emmanuel Macron est-il déjà fini ? » s'interroge Maurice Bontinck dans La Charente libre, pour qui l'usage du 49.3 résonne comme un aveu de faiblesse de ce qu'il convient d'appeler aujourd'hui la minorité présidentielle.

« Le goût de l'échec », titre pour sa part Yves Thréard dans Le Figaro, qui estime également que l'exécutif est plus que jamais affaibli. Même constat pour Sud Ouest, pour qui « c'est un tandem affaibli qui va devoir gérer l'après ». « La colère syndicale et populaire qui s'est intensifiée hier, après la séance avortée au Palais-Bourbon, est grosse de menaces. Avec, dans le pire des cas, un blocage prolongé du pays. Et, sinon, une rancœur qui trouvera d'autres motifs pour s'exprimer, bridant la volonté réformatrice du gouvernement », met en garde l'éditorialiste. Même inquiétude pour Libération, dont l'éditorial de Dov Alfon estime que « c'est dans l'instabilité que la réforme des retraites mal acquise pousse la France, sa démocratie et ses travailleurs ».

« Crise de régime », titre pour sa part Maud Vergnol dans L'Humanité. « Avec ce nouveau recours au 49.3, le divorce entre nos institutions et le peuple est consommé, acmé d'une crise rampante de délégitimation du pouvoir politique, ouvrant une voie royale aux tentations autoritaires. L'incendiaire de l'Élysée est l'unique responsable de cette situation », estime-t-elle.

La presse internationale n'en dresse pas moins le même constat d'un président affaibli et d'une situation sociale explosive en France. « La République bloquée », titre Die Zeit, selon qui « il y a des réformes dont un gouvernement ne se relève jamais ». « La confiance dans le président et le Parlement, déjà en berne, a subi un coup supplémentaire ce jeudi. Emmanuel Macron en est le premier responsable », juge l'hebdomadaire allemand.

L'utilisation du 49.3 symbolise « l'échec de la politique et une crise institutionnelle profonde », estime Ana Fuentes dans El Pais quotidien espagnol, « Macron, dont la popularité est au plus bas, toujours remis en question pour son caractère hautain et déconnecté de la rue, est entré dans la même phase que ses prédécesseurs Alain Juppé, en 1995, et Nicolas Sarkozy, en 2010, lorsqu'ils ont eux aussi réformé les retraites ».

 Faouzi Oki

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