05/04/2023 infomigrants.net  3 min #226648

Paris : plus de 200 mineurs occupent une école abandonnée pour réclamer une prise en charge

Les mineurs isolés ont passé leur première nuit dans une école désaffectée de Paris. Crédit : Utopia 56

Nouvelle action coup de poing des associations d'aide aux migrants. Mardi 4 avril vers 21h, plus de 200 mineurs non accompagnés (MNA), et leurs soutiens, se sont installés dans une école abandonnée du très chic 16e arrondissement de Paris. Ce lieu avait déjà été occupé par des exilés en 2021.

[En cours] Depuis 21h, au côté de 200 adolescents isolés et à la rue, nous occupons pacifiquement une école abandonnée du 16? arrondissement de Paris. Ici, nous attendons une solution digne pour sortir définitivement ces jeunes de la rue. C'est urgent.

Épaulés par plusieurs associations dont Utopia 56, ces jeunes migrants réclament une prise en charge des autorités. "Depuis plus de trois mois, des centaines d'adolescents étrangers et isolés errent dans les rues parisiennes, confrontés au froid, à la faim, au harcèlement policier et à la destruction de leurs bien matériels", écrivent les humanitaires dans un communiqué.

Des mineurs de plus en plus isolés

La situation pour ces jeunes s'est en effet encore détériorée en fin d'année derrière. Désormais, les campements de migrants sont strictement interdits dans la capitale. L'installation de tentes dans l'espace public n'a jamais été autorisée, mais une sorte de tolérance permettait aux mineurs de passer les nuits tranquilles, à plusieurs, dans des parcs et de repartir au petit matin, couvertures et tentes repliées dans les sacs à dos. Une époque révolue.

Désormais, les policiers démantèlent systématiquement, sans solution de relogement, les camps de migrants quelle que soit leur taille. Résultat : les MNA cherchent des cachettes et restent seuls ou en petits groupes pour ne pas se faire repérer.

Un quotidien que connait bien Alpha. Ce jeune de 15 ans rencontré par InfoMigrants la semaine dernière est arrivé récemment en France. Installé dans une rue avec d'autres migrants, il a déjà eu affaire deux fois à eux. "Mes amis ont eu peur, ils sont partis, ils ne veulent pas être expulsés. Je ne sais pas où ils sont. Moi je reste tout seul maintenant", a-t-il confié.

Cet isolement forcé inquiète les associations. Les mineurs, qui sortent de leurs radars, voient une dégradation de leur santé physique et mentale, et peuvent être la cible de trafics en tout genre.

Présomption de minorité

Avec cette nouvelle occupation, les humanitaires entendent bien mettre fin à cette précarité. "Le but, c'est de rester jusqu'à ce qu'on nous propose une solution. On est venu ici y a deux ans, on a eu des solutions dans la soirée", a affirmé Nikolaï Posner, coordinateur d'Utopia 56 à Paris.

"On demande que ces jeunes soient accompagnés par l'aide sociale à l'enfance", le temps que soient examinés leurs recours auprès d'un juge des enfants, continue le militant.

La plupart de ces migrants n'ont pas été reconnus mineurs par le département et intentent un recours en justice. Mais le temps de cette procédure, ils ne sont pas pris en charge et sont livrés à eux-mêmes.

Les associations militent pour que la présomption de minorité soit déclarée dans le droit français, afin que les jeunes migrants soient déclarés mineurs dès leur arrivée jusqu'à la décision du juge.

"Malgré nos demandes répétées, la préfecture d'Île-de-France ainsi que la secrétaire d'État à la protection de l'enfance, Charlotte Caubel, refusent continuellement la mise en place d'un espace d'échange et de concertation avec les acteurs de terrain, afin de mettre en place des solutions pérennes et constructives", peut-on lire dans le communiqué inter-associatif.

Les humanitaires "demandent un accompagnement pluridisciplinaire" des jeunes, "adapté à leurs situations individuelles et dans des hébergements stables en Île-de-France".

 infomigrants.net

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