24/04/2024 francesoir.fr  5 min #247364

Markus Söder, dirigeant de la Bavière veut abolir l'interdiction de moteurs à combustion d'ici 2035

France-Soir

Le Premier ministre de l'État de Bavière, Markus Soeder, s'adresse au public lors d'une conférence de presse conjointe avec le président de la Serbie à Belgrade le 15 mars 2024.

Isakovic / AFP

A quelle Europe doit-on s'attendre après les prochaines élections communautaires, prévues en juin ? Après le Premier ministre hongrois Viktor Orbàn, qui a dévoilé un programme hostile au nouveau Pacte sur la migration et à la guerre en Ukraine, c'est au tour du ministre-président de la Bavière en Allemagne, Markus Söder, de rejeter, avec la coalition dont il fait partie, la CDU/CSU, une des mesures climatiques phrase de l'UE, à savoir l'interdiction à partir de 2035 les émissions de CO2 des voitures neuves. Pour lui, il s'agit d'une "erreur absurde" qui n'arrange pas Berlin et encore moins son industrie automobile. Cette interdiction est l'un des principaux désaccords au sein de ce parti allemand, dont la tête de liste pour les prochaines européennes n'est autre qu'Ursula von der Leyen, initiatrice du programme Green Deal.

En mars 2023, les États membres de l'UE et le Parlement européen ont adopté une mesure interdisant la vente de voitures neuves à moteur à combustion à partir de 2035, après un report du vote en raison de la réticence de Berlin, qui souhaitait une exemption pour les véhicules qui fonctionnent aux carburants de synthèse.

Une "erreur" et son maintien est "absurde"

Une année plus tard, la coalition CDU/CSU, qui réunit l'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (CDU), présente dans tous les Länder sauf en Bavière, et l'Union chrétienne-sociale en Bavière (CSU), dirigée par Markus Söder, s'est engagée à annuler l'interdiction des émissions de CO2 des voitures neuves à partir de 2035. Dans son manifeste, publié en prévision des européennes de juin, le parti allemand dit vouloir "abolir l'interdiction des moteurs à combustion et préserver la technologie de pointe de l'Allemagne en matière de moteurs à combustion et la développer de manière neutre sur le plan technologique".

Pour le chef de file de la CSU, cette question est "absolument cruciale, en réponse aux défis qui se présentent sur le marché mondial de l'automobile". Le manifeste en question reprenait celui du Parti populaire européen (PPE), dont la liste électorale est également dirigée par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Le PPE, qui estime que "son orientation" sur cette question reste "incontestée" malgré la déclaration de la CDU/CSU, relativise la révision du manifeste. Markus Söder a réitéré ce weekend sa revendication, mais, cette fois-ci, en des termes plus directs.

Cette interdiction est une "erreur", dit-il. "L'interdiction des moteurs à combustion pour 2035 est une erreur et doit donc être abolie". Le dirigeant de la Bavière, vainqueur en octobre 2023 des  élections régionales contre la coalition (SPD-Grüne-FDP) menée par le chancelier Olaf Scholz, affirme qu'il serait "absurde" de "fermer une technologie qui fonctionne et de la laisser à d'autres pays à l'avenir". "Nos constructeurs automobiles sont des leaders mondiaux dans la fabrication de moteurs à combustion", rappelle-t-il.

Dans le manifeste dévoilé en mars, Markus Söder et Friedrich Merz, président fédéral de la CDU, évoquent ce "développement technologique neutre" pour dénoncer cette interdiction des voitures avec moteur à combustion. Le ministre-président bavarois en a remis une couche en critiquant la suspension des subventions pour les acheteurs de véhicules électriques. "Au lieu d'interdire et de réduire les dépenses, nous devrions autoriser et promouvoir. Le gouvernement fédéral devrait réintroduire les subventions à l'achat de voitures électriques", a-t-il ajouté, samedi dernier.

Les Allemands (toujours) défavorables

Son appel a vite reçu le soutien du ministre fédéral des Transports, Volker Wissing. "Même ceux qui se réveillent plus tard sont les bienvenus pour soutenir la neutralité technologique dans la réglementation de l'industrie automobile", a-t-il déclaré, critiquant le manque de soutien de Markus Söder sur la question. "Si M. Söder m'avait davantage soutenu ces derniers mois, y compris au niveau européen, nous aurions peut-être fait des progrès plus rapides."

Or, Volker Wissing est membre du Parti libéral-démocrate (FDP), membre de la coalition au pouvoir, dont les partis profitent du nouveau manifeste pour relever une division entre la présidente de la CE, Ursula von der Leyen et son parti allemand. "Les trois messieurs qui l'entourent se battent contre elle depuis cinq ans, notamment sur son projet phare, le Green Deal", a déclaré Katarina Barley, vice-présidente du Parlement européen, en référence à Söder, Friedrich Merz et Manfred Weber, chef de file du PPE.

"En matière de protection du climat, il ne s'est pas passé une semaine au cours de ces cinq années sans qu'elle ne subisse des vents contraires et des tirs croisés de Berlin et de Munich", fait-elle remarquer.

La revendication de Markus Söder intervient peu après un récent sondage, selon lequel 61% des Allemands sont opposés à cette interdiction, contre 24% en faveur. Peu après l'adoption de cette mesure en mars 2023, un sondage révélait qu'il s'agissait de la décision climatique la moins populaire en France, en Pologne et dans le pays voisin.

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