Xavier Azalbert, France-Soir
Une étude en Floride révèle des différences de mortalité entre les vaccins Pfizer et Moderna
Résumé : Une étude menée en Floride sur 9 162 484 adultes non institutionnalisés a comparé les effets des vaccins Pfizer-BioNTech (BNT162b2) et Moderna (mRNA-1273) sur la mortalité toutes causes confondues sur une période de 12 mois. Parmi eux, 1 470 100 personnes ont été appariées selon des critères précis. Les résultats montrent que les receveurs du vaccin Pfizer ont un risque significativement plus élevé de mortalité toutes causes (847,2 contre 617,9 décès pour 100 000 personnes ; rapport de cotes [RC] : 1,384), de mortalité cardiovasculaire (248,7 contre 162,4 ; RC : 1,540), de mortalité liée à la COVID-19 (55,5 contre 29,5 ; RC : 1,882) et de mortalité non liée à la COVID-19 (791,6 contre 588,4 ; RC : 1,356) par rapport à ceux ayant reçu le vaccin Moderna. Aucun biais majeur n'a été détecté dans les analyses de contrôle.
Pourquoi cette étude est importante
Depuis le début de la pandémie de COVID-19, les vaccins à ARN messager (ARNm), comme ceux de Pfizer-BioNTech (BNT162b2) et de Moderna (mRNA-1273), ont été largement utilisés pour protéger contre le virus. Mais au-delà de leur efficacité contre la COVID-19, des questions se posent sur leurs effets à long terme sur la santé globale, notamment sur la mortalité. Une étude récente, en preprint, menée en Floride, publiée le 29 avril 2025 sur medRxiv, s'est penchée sur cette question en comparant les taux de mortalité sur un an entre les personnes vaccinées avec Pfizer et celles vaccinées avec Moderna. Voici ce qu'il faut retenir de cette recherche, expliquée de manière simple et accessible.
Qui sont les auteurs de l'étude ?
L'étude a été dirigée par une équipe de chercheurs de renom dont Retsef Levi, PhD, professeur à la Sloan School of Management du Massachusetts Institute of Technology (MIT), spécialiste en gestion des opérations et en analyse des données. Il est accompagné de Fahad Mansuri et Melissa M. Jordan, MS, MPH, tous deux affiliés au Département de la Santé de Floride, apportant leur expertise en santé publique. Et de Joseph A. Ladapo, MD, PhD, également du Département de la Santé de Floride, connu pour ses travaux controversés sur les politiques de santé publique, notamment sur les vaccins COVID-19.
Leur collaboration combine des compétences en recherche académique et en santé publique, avec un accès direct aux données de l'État de Floride.
Comment l'étude a-t-elle été menée ?
Les chercheurs ont analysé les données de 9 162 484 adultes de Floride non institutionnalisés (c'est-à-dire ne vivant pas en maison de retraite ou en prison) ayant reçu deux doses des vaccins Pfizer ou Moderna entre décembre 2020 et août 2021. Pour limiter les biais, ils ont créé un groupe de 1 470 100 personnes appariées une à une selon sept critères, comme l'âge, le sexe, la race, le lieu de vaccination et le quartier de résidence.
Ils ont ensuite suivi ces personnes pendant 12 mois pour compter les décès, qu'ils soient liés à la COVID-19, à des problèmes cardiovasculaires (comme les crises cardiaques), ou à d'autres causes. Les données proviennent des registres de vaccination et des certificats de décès de Floride.
Les résultats : des différences inquiétantes
L'étude révèle que les personnes vaccinées avec Pfizer ont un risque de décès plus élevé que celles vaccinées avec Moderna, et ce, dans plusieurs catégories :
- Mortalité toutes causes confondues : 847,2 décès pour 100 000 personnes chez les receveurs de Pfizer, contre 617,9 pour Moderna, soit 229 décès supplémentaires pour 100 000 personnes (rapport de cotes [RC] : 1,384).
- Mortalité cardiovasculaire : 248,7 décès pour 100 000 avec Pfizer, contre 162,4 avec Moderna, soit 86 décès supplémentaires (RC : 1,540).
- Mortalité liée à la COVID-19 : 55,5 décès pour 100 000 avec Pfizer, contre 29,5 avec Moderna (RC : 1,882).
- Mortalité non liée à la COVID-19 : 791,6 décès pour 100 000 avec Pfizer, contre 588,4 avec Moderna (RC : 1,356).
Ces différences sont particulièrement marquées chez les plus de 60 ans. Les graphiques montrent que les courbes de mortalité commencent à diverger environ 30 à 40 jours après la deuxième dose, et encore plus après 200 jours pour les décès liés à la COVID-19, période correspondant à la vague Delta en Floride.
L'étude a été menée sur un grand échantillon de plus 9 millions de participants initiaux et 1,47 million dans le groupe apparié. L'étude est donc très robuste.
De plus l'appariement effectué a été très rigoureux sur des critères stricts (âge, sexe, quartier, etc.) réduisant ainsi les biais, comme les différences de santé ou de comportement entre les groupes.
La base de données est fiable car les chercheurs ont utilisé des registres officiels de vaccination et de décès, ce qui limite les erreurs potentielles.
Enfin une analyse de contrôle a été menée. Les tests sur des causes de décès non liées aux vaccins (comme les suicides ou homicides) montrent que les résultats ne sont pas faussés par des facteurs extérieurs.
Les limites de l'étude
L'étude n'a pas pris en compte les conditions médicales des participants, ce qui pourrait influencer les résultats. De plus en appariant les participants, beaucoup ont été exclus, ce qui pourrait limiter la généralisation des résultats. Les causes de décès (COVID-19 ou cardiovasculaires) pourraient avoir été être mal classifiées, bien que cela ne devrait pas avoir de différence marquante entre les deux vaccins. Enfin, l'étude n'a pas encore été évaluée par des pairs, car il s'agit d'un préprint.
Réactions sur les réseaux sociaux
Sur X, l'étude a suscité des réactions variées. Retsef Levi a partagé les résultats dans un post, attirant l'attention sur les différences de mortalité.
BREAKING (new pre-print):
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Florida adults who received initial 2 doses of Pfizer BNT162b2 had significantly higher risk of 12-month all-cause, cardiovascular, COVID-19, and non-COVID-19 mortality compared to carefully matched Moderna mRNA-1273 recipients.
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Matched cohort… pic.twitter.com/LMrQMfYUpO— Retsef Levi (@RetsefL) 𝕏 April 29, 2025
Certains utilisateurs saluent l'étude pour son sérieux et appellent à plus de recherches sur les effets secondaires des vaccins. D'autres, plus sceptiques, remettent en question la méthodologie ou accusent les auteurs, notamment Joseph Ladapo, de biais anti-vaccin en raison de ses positions passées. Le débat est vif, reflétant les divisions sur la sécurité des vaccins.
Une situation similaire en France : le combat pour les données et l'opacité persistante
En France, des préoccupations similaires émergent, marquées par une crise de confiance croissante envers les autorités sanitaires. Laurent Toubiana, épidémiologiste, et l'association BonSens.org ont demandé à plusieurs reprises l'accès aux données de mortalité toutes causes confondues par statut vaccinal et classe d'âge. A ce jour ces demandes ont été refusées par les autorités, notamment la DREES. Une procédure juridique est en cours, mais aucune date d'audience n'a été fixée depuis deux ans. Ce manque de transparence, dénoncé comme une opacité persistante, alimente les doutes sur la sécurité des vaccins et sur la gestion de la crise sanitaire.
Par ailleurs, des articles récents soulignent que les autorisations des vaccins contre la COVID-19 reposent sur des bases fragiles, avec des essais cliniques limités et des données insuffisantes sur les effets secondaires. Un sondage évoque des problèmes majeurs de pharmacovigilance en France, estimant que les vaccins pourraient avoir causé jusqu'à 4,5 millions d'effets secondaires, bien plus que ce qui est officiellement rapporté, en raison d'une sous-déclaration généralisée.
De plus, une étude menée par le Dr Vibeke Manniche et ses collègues, publiée dans l'European Journal of Clinical Investigation et relayée en France, a révélé que certains lots de vaccins Pfizer-BioNTech étaient associés à un nombre significativement plus élevé d'effets secondaires graves. Cette variabilité entre les lots, potentiellement liée à des différences dans le contrôle qualité ou la composition, pourrait expliquer certaines des différences observées dans l'étude floridienne. Ces révélations soulignent l'urgence d'une évaluation plus rigoureuse des vaccins, à l'image de ce que l'étude floridienne tente de faire.
Que faut-il en retenir ?
Cette étude en Floride met en lumière des différences significatives entre les vaccins Pfizer et Moderna en termes de mortalité sur un an, soulevant des questions sur leurs effets à long terme. Bien que robuste, elle présente des limites et nécessite une validation par d'autres recherches. En France, le manque d'accès aux données similaires, combiné à des préoccupations sur l'opacité et la variabilité des lots de vaccins, empêche une analyse comparable et alimente les débats sur la transparence et la sécurité des vaccins.
Ces résultats appellent à une vigilance accrue et à des études plus approfondies pour garantir que les vaccins, bien qu'essentiels, ne présentent pas de risques inattendus pour la santé.