12/05/2025 reseauinternational.net  12min #277645

 Conflit en Ukraine : Vladimir Poutine propose à Kiev de reprendre les négociations le 15 mai à Istanbul

Vladimir Poutine propose des négociations avec l'Ukraine sans conditions préalables le 15 mai à Istanbul

Déclaration du président de la Russie aux médias. À l'issue des célébrations du 80ème anniversaire de la victoire de la Grande Guerre patriotique, Vladimir Poutine a fait une déclaration aux médias résumant les résultats des événements du 7 au 10 mai.

11 mai 2025, 02h00, Moscou, Kremlin

Vladimir Poutine : Bonsoir ou, plutôt, bonne nuit. Je voudrais souhaiter la bienvenue à tout le monde. Mesdames et Messieurs ! Chers collègues !

Je tiens à vous féliciter une fois de plus pour la fête de la Grande Victoire ! Je voudrais remercier nos amis, nos partenaires étrangers, qui étaient avec nous à Moscou ces jours-ci lors des célébrations de l'anniversaire pour s'incliner devant la génération des vainqueurs.

Nous rendons hommage à tous ceux qui ont contribué à la victoire commune sur le nazisme, à savoir nos alliés de la coalition anti-hitlérienne comme les guerriers de Chine, les participants à la résistance antifasciste en Europe, les combattants des mouvements de libération des peuples en Afrique et dans la région Asie-Pacifique, les volontaires des pays d'Amérique latine.

Nous sommes unis à nos amis et aux personnes qui partagent les mêmes idées par une mémoire commune et le respect de l'Histoire, des véritables héros qui se battaient pour la liberté et, bien sûr, par notre responsabilité pour l'avenir, pour la construction d'un monde plus équitable et plus sûr. Ce sont justement les questions dont dépend directement le développement stable et durable de l'ensemble de la communauté mondiale - de l'Eurasie et d'autres régions du monde - qui ont été au centre des réunions bilatérales et multilatérales tenues à Moscou.

Ces réunions se sont bien sûr déroulées dans une atmosphère spéciale, solennelle et festive, mais elles ont également été exceptionnellement riches et instructives, et ont abordé des sujets politiques, économiques et humanitaires.

Pour résumer les résultats, et je voudrais le faire maintenant, je dirai qu'en quatre jours - du 7 au 10 mai - nous avons organisé des visites officielles des dirigeants de trois États étrangers : la République populaire de Chine, la République bolivarienne du Venezuela et la République socialiste du Viêt Nam.

En outre, 20 réunions bilatérales ont été organisées avec les chefs d'État des pays de la CEI, d'Asie, d'Afrique, du Moyen-Orient, d'Europe et d'Amérique latine. Au total, 27 chefs d'État de la CEI, d'Asie, d'Afrique, du Moyen-Orient, d'Europe et d'Amérique latine, ainsi qu'une dizaine de chefs d'organisations internationales ont pris part aux célébrations. Six autres pays étaient représentés à haut niveau.

Nous considérons cette large participation de délégations de pays étrangers et d'organisations internationales comme une preuve inspirante d'une véritable consolidation autour des idées et des valeurs durables de notre Grande Victoire commune.

Nous sommes reconnaissants aux dirigeants de treize États qui ont envoyé des détachements de leurs forces armées nationales pour participer au défilé sur la Place Rouge. Leur marche, au coude à coude avec nos unités du défilé, a imprégné la fête générale d'une énergie particulière et d'un esprit de fraternité de combat endurci au cours de la Seconde Guerre mondiale.

J'ai eu le plaisir de remercier personnellement les commandants militaires de l'Armée populaire coréenne et de transmettre mes paroles les plus chaleureuses aux soldats et aux commandants des détachements des forces spéciales de la République populaire démocratique de Corée, qui, aux côtés de nos combattants, ont accompli avec professionnalisme et, je tiens à le souligner, en toute bonne conscience des tâches lors de la libération des zones frontalières de l'oblast kourien des formations du régime kievien. Je souligne qu'ils ont fait preuve de courage et d'héroïsme, qu'ils ont agi - je tiens à le répéter - avec le plus haut degré de professionnalisme et qu'ils ont fait preuve d'un bon entraînement et d'une bonne préparation.

Et bien sûr, ce fut un honneur particulier pour tous les chefs d'État d'accueillir sur les tribunes les principaux héros de l'anniversaire de la Victoire - les vétérans de la Seconde Guerre mondiale de Russie, d'Israël, d'Arménie, de Mongolie.

Je voudrais noter que, malgré les menaces, le chantage et les obstacles érigés, jusqu'au blocage de l'espace aérien, les dirigeants de certains pays européens - la Serbie, la Slovaquie, la Bosnie-et-Herzégovine - se sont également rendus à Moscou. Je le répète : nous comprenons la pression massive à laquelle ils ont été confrontés et nous apprécions donc sincèrement leur courage politique, leur position morale ferme, leur décision de partager la fête avec nous, de rendre hommage à la mémoire des héros de la Grande Guerre patriotique, de la Seconde Guerre mondiale, qui se sont battus à la fois pour leur patrie et pour débarrasser de la peste brune le monde entier, l'humanité tout entière, sans aucune exagération.

Il est important pour nous que des millions d'Européens, les dirigeants des pays qui mènent une politique souveraine, s'en souviennent. Cela nous donne l'optimisme et l'espoir que tôt ou tard, y compris sur la base des leçons de l'Histoire et de l'opinion de nos peuples, nous commencerons à avancer vers le rétablissement de relations constructives avec les États d'Europe. Y compris ceux qui, aujourd'hui, ne renoncent toujours pas à leur rhétorique anti-russienne et à leurs actions clairement agressives à notre encontre. Ils essaient encore - nous le voyons en ce moment même - de nous parler, en fait, en goujat et brandissant des ultimatums.

Notre partenariat global et notre coopération stratégique avec la République populaire de Chine peuvent servir de véritable exemple de relations égales modernes au XXIe siècle. Le président de la République populaire de Chine, Xi Jinping, était l'invité principal des célébrations du 80e anniversaire de la Grande Victoire.

Nous avons mené des négociations extrêmement fructueuses, adopté deux déclarations conjointes au niveau des chefs d'État et signé toute une série d'accords intergouvernementaux et interdépartementaux couvrant des domaines tels que l'énergie, le commerce, les finances, la science, la culture et bien d'autres encore. Comme je l'ai déjà dit, il a été convenu qu'en septembre, j'effectuerai une visite officielle en Chine pour les célébrations du 80e anniversaire de la Victoire sur le Japon militariste.

Il est profondément symbolique et légitime que les événements commémoratifs majeurs, en fait primordiaux, liés au 80ème anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe et en Asie se tiennent à Moscou et à Pékin, à savoir dans les capitales des États dont les peuples ont traversé les épreuves les plus difficiles et payé le prix le plus élevé pour la Victoire commune.

Chers collègues, je pense qu'il est évident pour tout le monde que les négociations et les réunions qui ont eu lieu à Moscou ont également abordé la question de la résolution du conflit en Ukraine. Nous sommes reconnaissants à tous nos invités, nos amis, pour l'attention qu'ils portent à ce conflit et pour les efforts qu'ils déploient pour y mettre fin. À cet égard, je pense qu'il est nécessaire de s'attarder sur ce sujet séparément.

À cet égard, je voudrais dire que, comme vous le savez, la Russie a présenté à plusieurs reprises des initiatives en faveur d'un cessez-le-feu, mais elles - ces initiatives - ont été sabotées à maintes reprises par la partie ukrainienne. Par exemple, le régime kievien a manifestement violé environ 130 fois le moratoire de 30 jours - je tiens à le souligner - de 30 jours, du 18 mars au 17 avril, sur les frappes contre les installations énergétiques, qui a été déclaré conformément à notre accord avec le président des États-Unis Donald Trump.

La trêve de Pâques initiée par la Russie n'a pas non plus été respectée : le régime de cessez-le-feu a été violé par les formations ukrainiennes près de cinq mille fois. Néanmoins, nous avons déclaré un cessez-le-feu pour la troisième fois le jour de la Victoire - et nous considérons cette fête aussi comme une fête sainte pour nous : on ne peut que l'imaginer, nous avons subi 27 millions de pertes - donc pour cette fête, sainte pour nous, nous avons annoncé le cessez-le-feu.

Dans le même temps, nous avons également fait part à ceux de nos collègues occidentaux, qui, à mon avis, cherchent sincèrement des moyens de parvenir à un règlement, de notre position sur cette question, sur le cessez-le-feu le jour de la Victoire, à savoir qu'à l'avenir, nous n'excluons pas la possibilité de prolonger le cessez-le-feu - mais, bien sûr, après avoir analysé ce qui se passera durant ces jours, en fonction de la manière dont le régime kievien réagirait à notre proposition.

Et que constatons-nous ? Quels sont ces résultats ? Les autorités kieviennes - vous pouvez d'ailleurs le constater vous-même - n'ont pas du tout répondu à notre proposition de cessez-le-feu. En outre, après l'annonce de notre proposition - et cela s'est produit, comme vous vous en souvenez, le 5 mai de cette année - les autorités kieviennes ont lancé des attaques à grande échelle du 6 au 7 mai. L'attaque a impliqué 524 véhicules aériens sans pilote et un certain nombre de missiles de fabrication occidentale, et dans le même temps, 45 BSE - bateaux sans équipage - ont également été utilisés en mer Noire. En fait, pendant ces trois jours de notre cessez-le-feu déclaré - les 8, 9 et 10 mai - ce que vous avez également vu dans les médias, en fait, dans vos rapports, était clair : cinq tentatives ciblées ont été faites pendant cette période pour attaquer la frontière de la Fédération russienne dans l'oblast kourien et à la jonction avec l'oblast belgorodien, précisément pendant les jours de notre cessez-le-feu déclaré. En outre, 36 autres attaques ont été lancées dans d'autres directions. Toutes ces attaques, y compris les tentatives de pénétration sur le territoire de la Fédération russienne dans les oblasts kourien et belgorodien, ont été repoussées. Qui plus est, nos experts militaires estiment qu'elles n'avaient aucune signification militaire, qu'elles ont été menées pour des raisons purement politiques et que l'ennemi a subi de très lourdes pertes.

Comme je l'ai dit, les autorités kieviennes ont non seulement rejeté notre proposition de cessez-le-feu, mais, comme nous tous l'avons vu, elles ont également tenté d'intimider les dirigeants des États réunis pour les célébrations à Moscou. Vous savez, chers collègues, lorsque j'ai rencontré mes collègues ici à Moscou, j'ai eu cette pensée. Permettez-moi de la partager avec vous : qui essayaient-ils d'intimider parmi ceux qui sont venus à Moscou pour célébrer la victoire sur l'Allemagne nazie ? Qui voulaient-ils intimider en fait ? Après tout, ceux qui sont venus nous voir sont des dirigeants non pas en raison de leur position officielle, non pas en raison de leur poste, mais en raison de leur caractère, de leurs convictions et de leur volonté de défendre leurs convictions. Et qui essayait de les intimider ? Ceux qui, au garde-à-vous, saluent et applaudissent les anciens soldats SS ? Et qui saluent comme des héros nationaux ceux qui ont collaboré avec Hitler pendant la Seconde Guerre mondiale ? Il me semble qu'il s'agit d'une tentative avec des moyens clairement inadaptés, et ceux qui essaient de le faire ne sont pas à la hauteur de ce qu'ils ont cru faire.

Je le répète : nous avons proposé à plusieurs reprises des mesures en vue d'un cessez-le-feu. Nous n'avons jamais refusé de dialoguer avec la partie ukrainienne. Permettez-moi de vous rappeler une fois de plus que ce n'est pas nous qui avons rompu les négociations en 2022, mais la partie ukrainienne. Dans ce contexte, nous proposons malgré tout aux autorités kievienne de reprendre les négociations qu'elles ont interrompues à la fin de l'année 2022 et de reprendre les discussions directes. Et ceci, je le souligne, sans aucune condition préalable.

Nous proposons de les commencer sans tarder jeudi prochain, le 15 mai, à Istanbul, où ils se sont tenus précédemment et où ils ont été interrompus. Comme vous le savez, les collègues turcs ont à plusieurs reprises proposé leurs services pour organiser ces discussions, et le président Erdogan a fait beaucoup pour les organiser. Permettez-moi de vous rappeler qu'à l'issue de ces pourparlers, un projet de document commun a été préparé et paraphé par le chef du groupe de négociation kievien, mais qu'à la demande insistante de l'Occident, il a tout simplement été jeté au panier.

Demain, je tiens à m'entretenir avec le président de la Turquie, Erdogan. Je voudrais lui demander de nous donner l'occasion de discuter en Turquie. J'espère qu'il confirmera son désir de contribuer à la recherche de la paix en Ukraine.

Nous sommes disposés en faveur des négociations sérieuses avec l'Ukraine. Leur but est d'éliminer les causes profondes du conflit, d'établir une paix durable à long terme dans une perspective historique. Nous n'excluons pas qu'au cours de ces négociations, il soit possible de convenir de certaines nouvelles trêves, d'un nouveau cessez-le-feu. Et en fait d'une trêve réelle qui serait respectée non seulement par la Russie mais aussi par la partie ukrainienne et qui constituerait la première étape, je le répète, vers une paix durable à long terme, plutôt qu'un prologue à la poursuite du conflit armé après que les FAU auraient été réarmées, rééquipées et auraient fébrilement creusé des tranchées et de nouvelles redoutes. Qui a besoin d'une telle paix ?

Notre proposition est, comme on dit, sur la table. La décision appartient maintenant aux autorités ukrainiennes et à leurs manipulateurs qui, guidés, semble-t-il, par leurs ambitions politiques personnelles plutôt que par les intérêts de leurs peuples, veulent poursuivre la guerre avec la Russie aux mains des nationalistes ukrainiens.

Je le répète : la Russie est prête à négocier sans conditions préalables. Aujourd'hui, il y a des hostilités, une guerre, et nous proposons de reprendre des négociations qui ont été interrompues pas du tout par nous. Qu'y a-t-il de mal à cela ?

Ceux qui veulent vraiment la paix ne peuvent que soutenir cela. Dans le même temps, je tiens à exprimer une nouvelle fois ma gratitude pour les services de médiation et les efforts visant à un règlement pacifique de la crise ukrainienne entrepris par nos partenaires étrangers, notamment la Chine, le Brésil, les pays d'Afrique et du Moyen-Orient, et récemment par la nouvelle administration des États-Unis.

En conclusion, je voudrais remercier une fois de plus tous ceux qui ont partagé avec nous les célébrations festives marquant le 80ème anniversaire de la Victoire sur le nazisme. Je suis convaincu que l'esprit de solidarité et d'harmonie qui nous a unis pendant ces jours à Moscou continuera à nous aider à construire une coopération et un partenariat fructueux au nom du progrès, de la sécurité et de la paix.

Je voudrais également profiter de cette occasion pour souligner le rôle important joué par les journalistes, les représentants des agences de presse mondiales, les chaînes de télévision et la presse qui ont couvert les événements de l'anniversaire et le programme des négociations et des réunions de travail qui ont duré des heures. Ils ont fait beaucoup pour que les citoyens des différents pays du monde ressentent l'atmosphère unique de ces jours de fête à Moscou. Bien sûr, je vous remercie également pour cette réunion, car il est assez tard et, bien sûr, tout le monde est déjà fatigué.

Je vous remercie de votre attention, vu qu'il est presqu'une heure et demie du matin, ou même plus tard à Moscou, et je vous laisse partir avec Dieu.

Merci beaucoup pour votre attention. Au revoir.

source :  Kremlin

traduit par Valerik Orlov via l'Amicale des russophiles francophones

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