Par Wayan - Le 11 mai 2025 - Le Saker Francophone
Elections en Roumanie
Le dimanche 4 mai a eu lieu, en Roumanie, le premier d'une tour d'une élection présidentielle à rebondissement. L'imbroglio autour de cette élection présidentielle a commencé il y a quelques mois. Je vous résume d'abord ce qu'il en est :
La Roumanie est un pays de l'UE situé sur la Mer Noire et à la frontière sud de l'Ukraine. Elle occupe donc un emplacement stratégique dans la lutte de l'UE contre la Russie.
Le 24 novembre 2024, Calin Georgescu, le candidat étiqueté d'extrême-droite par les médias, défiait toutes les attentes en arrivant en tête du premier tour des élections présidentielles roumaines avec 23% des voix, laissant ses adversaires loin derrière et s'assurant quasiment la victoire finale. Dans son programme électoral, Georgescu prônait de rétablir de bonnes relations avec le voisin russe.
Voyant cela, le 6 décembre, la Cour suprême de Roumanie décide d'annuler l'élection présidentielle :
« La Cour constitutionnelle roumaine a rapidement annulé l'élection avant le second tour, citant des documents des services de renseignement alléguant des « irrégularités » dans la performance de Georgescu.
Les documents affirmaient que la candidature de Georgescu avait été mal promue en ligne, y compris sur TikTok, par des influenceurs rémunérés et des groupes d'extrême droite, et que sa campagne aurait pu bénéficier de l'ingérence russe »
On voit que les accusations sont très légères pour justifier une annulation subite de campagne présidentielle. D'autant plus que ces accusations n'ont jamais été démontrées publiquement.
Evidemment Georgescu proteste :
Georgescu a intenté une action en justice devant la Cour suprême pour contester l'annulation des résultats des élections. L'avocat du candidat a décrit la situation comme "une violation flagrante de la Constitution » et "un coup d'État." La première audience est prévue pour le 23 décembre.
Puis devant l'a Cour européenne des droits de l'homme. Mais ses deux tentatives ont été rejetées :
Mardi, la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) a rejeté un recours déposé par Georgescu, qui exigeait qu'elle annule la décision de la justice nationale d'annuler les résultats des élections. La CEDH a complètement rejeté l'affaire, jugeant que la question ne relevait pas de sa compétence.
Une attaque politico-judiciaire est alors lancée contre Georgescu. A partir de ce moment, l'étiquette « pro-russe » sera systématiquement accolée à son nom par les médias grand public :
Roumanie: le candidat pro-russe Calin Georgescu inculpé pour « fausses déclarations »
Mais comme cette acharnement politique contre lui n'a fait que renforcer sa base électorale, il ne restait qu'une solution aux pouvoirs en place, lui interdire de se représenter aux élections de mai 2025 :
Roumanie: la candidature du pro-russe Calin Georgescu à la présidentielle rejetée
La personnalité d'extrême droite Calin Georgescu a vu sa candidature à la présidentielle de mai en Roumanie rejetée par la Commission électorale selon des médias locaux, ce qui a suscité l'indignation de ses partisans, dimanche 9 mars à Bucarest. La Commission électorale a d'ailleurs confirmé le rejet du dossier du candidat.
Le parti de Georgescu n'avait plus d'autre choix que de présenter un autre candidat pour les nouvelles élections du 4 mai 2025, George Simion :
Le candidat a changé, mais l'extrême droite reste en tête. Cinq mois après l'invalidation du premier tour de la présidentielle roumaine sur fond d'ingérences russes, et l'exclusion de Calin Georgescu de la nouvelle course, son successeur George Simion est crédité d'environ 40% des suffrages après dépouillement de plus de 90% des bulletins. Il est suivi de deux candidats pro-européens, qui se trouvent au coude-à-coude avec quelque 20% des voix.
On remarque au passage qui si George Simion est toujours étiqueté « extrême-droite » par les médias, le qualificatif de « pro-russe » a disparu et les pouvoirs en place n'ont pas réagi à sa victoire, pourtant encore plus marquée que celle de Georgescu qui n'avait atteint que 23% ; démontrant ainsi que les efforts pour bannir ce dernier ont été totalement contre-productifs.
Un résultat électoral qui a fait chuter le gouvernement « social-démocrate » en place :
Le plébiscite obtenu par Simion fait même tomber le gouvernement roumain, avec la démission annoncée ce lundi par le Premier ministre, Marcel Ciolacu.
« Au vu des résultats du vote », la coalition formée avec les libéraux et le parti de la minorité hongroise « n'a plus de légitimité sous sa forme actuelle », a-t-il déclaré à la presse après une réunion de sa formation à Bucarest. En conséquence, Marcel Ciolacu a soumis sa démission au président Ilie Bolojan et a « proposé à ses collègues » de quitter le gouvernement, qui ne disposera donc plus de la majorité nécessaire au Parlement. « Le futur président m'aurait changé de toute façon », a ajouté le dirigeant.
Si Simion n'est plus étiqueté « pro-russe » par les médias il a, par contre, été étiqueté « anti-ukrainien » par le SBU, les services secrets ukrainiens :
En novembre 2024, le Service de sécurité ukrainien (SBU) a déclaré que Simion avait été mis sur liste noire pour ses » activités anti-ukrainiennes systématiques, qui contredisent les intérêts nationaux de l'Ukraine et violent sa souveraineté étatique et son intégrité territoriale."
Simion a fait valoir qu'il avait été ciblé en raison de sa "promotion de la vérité historique" parmi la minorité roumaine de l'Ukraine occidentale. Il lui a également été interdit d'entrer en Moldavie voisine, qu'il a qualifiée de "pays artificiel" qui "ne rejoindra jamais l'Union européenne."
Simion s'est opposé à la livraison d'armes à Kiev. "Nous n'enverrons pas d'aide militaire à l'Ukraine, et cela ne fait pas de nous des pro-russes", a-t-il déclaré aux journalistes l'année dernière.
Il a également critiqué les bureaucrates de l'UE. "L'UE est un projet remarquable qui a apporté la paix en Europe après des siècles de guerre, mais Bruxelles est devenue une bulle cupide et corrompue", selon le politicien.
Le second de l'élection présidentielle roumaine est planifié pour le 18 mai.
Montée et blocage de « l'extrême-droite » en Europe
Faisant miroir à ce qui se passe en Roumanie, l'AfD, le parti situé à l'extrême droite du spectre politique allemand et en tête des sondages auprès de la population, vient d'être classifié « organisation extrémiste » par les services de renseignements allemands :
L'agence d'espionnage allemande a classé vendredi l'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) comme « extrémiste », ce qui lui permet d'intensifier sa surveillance du plus grand parti d'opposition du pays, qui a dénoncé cette décision comme étant un « coup porté à la démocratie ».
Un rapport d'experts de 1 100 pages a révélé que l'AfD était une organisation raciste et antimusulmane, une désignation qui permet aux services de sécurité de recruter des informateurs et d'intercepter les communications du parti, et qui a relancé les appels à l'interdiction du parti.
Finalement en fin de semaine, l'agence de renseignement allemande a fait, temporairement, marche arrière :
Le service de renseignement intérieur allemand a retiré sa classification du parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) en tant qu'organisation extrémiste - au moins temporairement.
Six jours seulement après que l'agence, l'Office fédéral de la protection de la Constitution, également connu sous le nom de BfV, a déclaré qu'il avait rassemblé des "preuves définitives" que l'AfD cherche à saper l'ordre démocratique allemand, le BfV a déclaré à un tribunal administratif de Cologne qu'il suspendrait la classification pendant que les procédures judiciaires sont en cours.
Le BfV surveillera désormais le parti uniquement en tant que « cas suspect », une désignation de niveau inférieur qui permet toujours la surveillance, mais sous un contrôle judiciaire plus strict.
Paradoxalement, au moment où les pouvoirs en place allemands lancent la charge contre « l'extrême-droite » en invoquant « l'histoire récente de l'Allemagne », le nouveau gouvernement de Friedrich Merz, veut faire de l'Allemagne « une puissance militaire européenne », rompant ainsi la doctrine de non-militarisation de l'Allemagne en place depuis 1945 :
L'autre poids lourd sur ces dossiers sera le ministre de la Défense social-démocrate, Boris Pistorius, reconduit. Ce dernier est notamment connu pour son soutien sans faille à l'Ukraine face à la Russie. Avec un budget inédit, l'homme politique allemand le plus populaire aura les moyens de ses ambitions. Il aura notamment la charge de superviser un vaste programme inédit de réarmement de l'Allemagne de plusieurs centaines de milliards d'euros et de rendre le pays plus autonome militairement des États-Unis, suite au repli stratégique amorcé en Europe par l'administration du président américain Donald Trump.
Boris Pistorius réussit le tour de force de devenir le responsable politique le plus populaire dans une Allemagne longtemps profondément pacifiste et méfiante envers son armée. Il avait choqué l'an dernier, surtout au sein des nombreux pacifistes de son propre parti, en déclarant qu'il fallait rendre à la Bundeswehr « sa capacité à faire la guerre ».
De même, au Royaume Uni, le parti pro-Brexit caracole en tête des sondages, mettant à mal les affirmations médiatiques récurrentes disant que la population anglaise regrette l'UE :
Au Royaume-Uni, le parti nationaliste et anti-immigration Reform UK a remporté la semaine dernière d'importantes victoires lors d'élections locales confirmant ainsi la progression de l'extrême droite et la fragmentation croissante du paysage politique britannique. Dans le comté de Durham, au nord-est de l'Angleterre, le parti d'extrême droite Reform UK s'est imposé avec 65 sièges sur les 98 du conseil remplaçant les travaillistes aux commandes depuis près d'un siècle.
Et quand ce n'est pas « l'extrême-droite » qui est diabolisée par le monde politico-médiatique, c'est au tour de « l'extrême-gauche », comme ce fut le cas cette semaine en France où tous les médias grand public se sont regroupés pour une chasse en meute contre le dirigeant de LFI :
Quand les pouvoirs en place européens comprendront-ils que cette « montée des extrêmes », gauche et droite, n'est que le symptôme des fractures sociales créées par leurs propres politiques et que leurs invocations de « retours aux heures sombres de l'histoire », du stalinisme ou du nazisme, cachent de moins en moins que le roi est nu ?
Ils n'ont pas de milices SS ou de jeunes bolcheviques enragés en face d'eux mais des artisans, des agriculteurs, des infirmières, des instits, des fonctionnaires, des retraités, des gens du peuple qui reportent leur vote vers « les extrêmes » parce qu'ils n'ont, électoralement, que ce moyen de montrer leur ras-le-bol des politiques actuellement appliquées. Un ras-le-bol que les pouvoirs en place refusent d'entendre. Alors cette « montée des partis extrémistes » n'ira qu'en s'amplifiant.
Il ne restera que deux choix aux pouvoirs en place pour contrer cette tendance inéluctable. 1. Adopter une politique qui soit plus à l'écoute de la population. 2. Interdire les partis dits « extrémistes » afin de cantonner les votes aux partis dits « centristes ».
Et on entend bien plus souvent les politiques et les médias parler du choix numéro 2 que du numéro 1, comme nous le montre les infos de la semaine, en France, en Allemagne comme en Roumanie. C'est un signe qui ne trompe pas.
Le conflit Inde/Pakistan
L'attentat terroriste de la semaine dernière, dans le Cachemire indien, a enflammé les relations entre l'Inde et le Pakistan.
En début de semaine, l'Inde accentue sa pression sur le Pakistan :
L'Inde a commencé à restreindre l'approvisionnement en eau de son territoire vers le Pakistan voisin, avec d'autres mesures similaires à venir, a affirmé l'agence de presse PTI, citant une source anonyme.
Dimanche, la plus grande agence de presse indienne, la PTI, a cité la source anonyme « familière avec l'affaire » disant que le pays avait bloqué l'écoulement de l'eau à travers le barrage de Baglihar sur la rivière Chenab, et envisage de faire de même au barrage de Kishanganga sur la rivière Jhelum dans le nord de la région du Jammu-et-Cachemire administrée par l'Inde.
Dans une interview accordée à RT samedi, l'ambassadeur du Pakistan en Russie, Muhammad Khalid Jamali, a averti que "toute tentative d'usurper l'eau de la rive inférieure, ou de l'arrêter, ou de la détourner, serait un acte de guerre contre le Pakistan et serait répondu avec... un spectre complet de puissance."
Puis mercredi, l'Inde lance son armée :
L'Inde a mené des frappes dans trois régions du Pakistan dans la nuit du mardi 6 au mercredi 7 mai, a annoncé l'armée pakistanaise, qui cite deux villes du Cachemire pakistanais ainsi qu'une troisième dans le Pendjab parmi les cibles. New Delhi affirme de son côté avoir frappé « des infrastructures terroristes » et a baptisé son offensive « Opération Sindoor ». Le Pakistan a répliqué avec des tirs d'artillerie sur le territoire indien.
Le Pakistan a immédiatement répliqué :
L'Armée de l'air pakistanaise (PAF) a abattu deux avions de combat indiens en réponse aux frappes aériennes nocturnes menées par l'Inde à cinq endroits au Pakistan, a rapporté mercredi matin la chaîne de télévision publique PTV News, citant des sources de sécurité. » Les forces pakistanaises donnent une réponse convenable à l'agression indienne », a déclaré un communiqué militaire, ajoutant que tous les avions de la PAF impliqués dans l'opération étaient rentrés sains et saufs.
L'Armée de l'air pakistanaise (PAF) a abattu un autre avion de combat indien en réponse à des frappes aériennes nocturnes menées par l'Inde à plusieurs endroits au Pakistan, ont annoncé mercredi des sources de l'armée pakistanaise.
Un journal indien nous donne des détails sur la cible des premières frappes indiennes :
Le chef de Jaish-e-Mohammad Maulana Masood Azhar a affirmé que 10 membres de sa famille et quatre de ses collaborateurs avaient été tués dans les frappes aériennes indiennes ciblées dans le cadre de l'opération Sindoor pour venger l'attaque terroriste de Pahalgam, a rapporté l'agence de presse PTI.
Une déclaration attribuée à Azhar, qui a été arrêté en Inde en 1994 et libéré après le détournement de l'IC 814 d'Air India, indique que les personnes tuées lors de la frappe contre le siège du JeM-Jamia Masjid Subhan Allah à Bahawalpur-comprenaient sa sœur aînée, son mari, un neveu et sa femme, une nièce et cinq enfants de la famille élargie.
Il a dit qu'il n'avait « ni regret ni désespoir ». « Au contraire, il me vient à l'esprit encore et encore que moi aussi j'aurais rejoint cette joyeuse caravane de quatorze membres », a-t-il ajouté. Le terroriste a dit: « Le moment de leur départ était venu, mais le Seigneur ne les a pas tués. » Il a également invité les gens aux prières funéraires aujourd'hui.
Masood Azhar, cinquante-six ans, classé terroriste international par le Conseil de sécurité des Nations Unies, a été impliqué dans la conspiration derrière plusieurs attentats terroristes en Inde, y compris l'attaque du Parlement de 2001, les attentats de Mumbai de 2008, l'attaque de Pathankot de 2016 et l'attaque de Pulwama de 2019. Alors que c'est un secret de polichinelle que le terroriste se trouve au Pakistan, Islamabad a nié à plusieurs reprises avoir des informations à son sujet.
El le ministre de la défense pakistanais de conclure la semaine par ces mots :
Le ministre pakistanais de la Défense, Khawaja Asif, a déclaré vendredi qu'Islamabad n'avait "plus d'autre choix que la guerre totale » en réponse à ce qu'il a décrit comme la posture de plus en plus agressive de l'Inde au cours des quatre derniers jours.
« Nous n'avons pas d'autres options que celle-ci.... Nous devons les rembourser dans la même monnaie", a déclaré Asif dans une interview à une chaîne d'information pakistanaise.
Lorsque le journaliste a demandé si la » guerre est à notre porte ? », il a répondu : "Absolument, il ne devrait y avoir aucun doute là-dessus..."
Pour bien montrer que le gouvernement Trump considère que les Etats-Unis ne doivent plus être considérés comme les « gendarmes du monde » :
Le vice-président américain, J.D. Vance, a estimé jeudi 8 mai que le conflit entre l'Inde et le Pakistan n'était « fondamentalement pas l'affaire » des États-Unis, tout en prônant une « désescalade ». « Ce que nous pouvons faire est de les encourager à une désescalade, mais nous n'allons pas nous impliquer dans une guerre qui n'est fondamentalement pas notre affaire », a déclaré J.D. Vance lors d'un entretien avec la chaîne américaine Fox News.
Rebondissement en fin de semaine, un cessez-le-feu est déclaré entre l'Inde et le Pakistan. Malgré la déclaration précédente de Vance, Trump en a profité pour s'offrir une autre « victoire » :
Plus tôt dans la journée, le président américain Donald Trump a annoncé un cessez-le-feu « total et immédiat » entre l'Inde et le Pakistan. « Après une longue nuit de discussions sous la médiation américaine, je suis heureux d'annoncer que l'Inde et le Pakistan ont accepté un CESSEZ-LE-FEU TOTAL ET IMMÉDIAT », a écrit le président américain sur son réseau Truth Social, adressant ses « félicitations aux deux pays » pour leur « bon sens et grande intelligence ».
Dans la foulée, le ministre pakistanais des Affaires étrangères Ishaq Dar a annoncé que le Pakistan et l'Inde avaient accepté « un cessez-le-feu avec effet immédiat » dans un message sur X, confirmant l'annonce du président américain Donald Trump. L'Autorité pakistanaise de l'aviation a aussi annoncé rouvrir son espace aérien.
« L'Inde et le Pakistan sont parvenus aujourd'hui à un accord sur un cessez-le-feu et l'arrêt des opérations militaires », avait également confirmé le ministre indien des Affaires étrangères, Subrahmanyam Jaishankar, lors d'une conférence de presse.
Mais ce cessez-le-feu semble bien fragile :
À peine annoncé, le cessez-le-feu entre l'Inde et le Pakistan vole en éclats sur le terrain. Ce soir, la situation a basculé dans une phase critique. À Srinagar, des explosions massives retentissent dans la capitale du Jammu-et-Cachemire. Des systèmes de défense aérienne indiens sont activés en pleine ville, comme le montre une vidéo publiée par le ministre en chef du gouvernement du Jammu-et-Cachemire, Omar Abdullah, qui déclare : « Ce n'est pas un cessez-le-feu ».
Israël/Palestine
Cette fois le gouvernement israélien l'annonce officiellement :
Les médias israéliens l'annonçaient, c'est confirmé : des dizaines de milliers de réservistes sont appelés par l'armée. C'est ce qui ressort du Conseil de sécurité réuni dimanche 4 mai par le Premier ministre Benyamin Netanyahu.
Le cabinet de sécurité israélien a donné le feu vert à une intensification de l'offensive militaire à Gaza, qui comprendra notamment la « conquête de la bande de Gaza » et la promotion du « départ volontaire des Gazaouis » du territoire palestinien. Cela se fera en plusieurs phases et en plusieurs parties de la bande de Gaza et devrait prendre des mois ont encore indiqué les ministres. Ces derniers ont adopté ce plan à l'unanimité.
Et l'armée a directement lancé ses avertissements :
La nouvelle campagne militaire sur la bande de Gaza, annoncée lundi 5 mai, nécessitera le déplacement interne de « la plupart » des Palestiniens de ce territoire, a déclaré le général de brigade Effi Defrin, porte-parole de l'armée israélienne. « L'opération inclut une attaque de grande envergure (et) le déplacement de la plupart de la population de la bande de Gaza » hors des zones de combat, a déclaré l'officier.
Bezalel Smotrich, le ministre des finances israélien enfonce le clou :
« Nous allons enfin occuper la bande de Gaza. Nous cesserons d'avoir peur du mot" occupation » », a déclaré Smotrich au journaliste de Channel 12, Amit Segal, lors d'une conférence organisée par le journal de droite Besheva.
« Nous prenons enfin le contrôle de toute l'aide humanitaire, afin qu'elle ne devienne pas des fournitures pour le Hamas. Nous séparons le Hamas de la population, nettoyons la bande, restituons les otages - et vainquons le Hamas", dit-il, ajoutant qu'une fois que la nouvelle offensive à Gaza commencera, il n'y aura "aucun retrait des territoires que nous avons conquis, pas même en échange d'otages."
Et pour bien montrer son accord avec cette politique :
L'administration Trump va placer le bureau qui gère les relations de Washington avec les Palestiniens dans l'enceinte de l'Ambassade des États-Unis à Jérusalem, a déclaré mardi la porte-parole du Département d'État, Tammy Bruce.
Cette fusion du Bureau américain des affaires palestiniennes fermera effectivement la ligne directe que le bureau avait avec le siège du Département d'État à Washington et le placera sous l'autorité de l'ambassadeur américain en Israël Mike Huckabee.
En d'autres termes, l'Autorité palestinienne n'aura plus d'accès direct avec Washington mais seulement avec l'ambassadeur étasunien en Israël. C'est un adieu déguisé de la part du gouvernement Trump à toute idée de nation palestinienne.
Pendant ce temps, Israël ouvre un autre front :
Israël a annoncé, lundi 5 mai, avoir frappé des infrastructures des Houthis à Hodeida, dans l'ouest du Yémen, en riposte « aux attaques » des rebelles yéménites alliés de l'Iran, qui ont revendiqué la veille un tir de missile sur le principal aéroport israélien.
L'armée israélienne a affirmé, mardi 6 mai, avoir mis « complètement hors service » l'aéroport de Sanaa au Yémen, qu'elle a pris pour cible le même jour en réponse à un tir de missile des rebelles houthis sur l'aéroport de Tel-Aviv dimanche. « Les pistes de décollage, des avions et des infrastructures de l'aéroport ont été frappés », a indiqué l'armée dans un communiqué, ajoutant avoir touché aussi « plusieurs centrales électriques » dans la région de Sanaa et une « cimenterie » au nord de la capitale.
En Cisjordanie, les destructions se poursuivent :
Eid Suleiman est habitué des raids menés par l'armée israélienne et les colons sur les villages de Masafer Yatta. Mais ce lundi, il a vite compris que cette incursion allait au-delà de l'intimidation. « On a été étonnés par la présence nombreuse de l'armée d'occupation et de quatre bulldozers. L'armée a fermé la zone. Ils ont fait vider les maisons, les vêtements, la nourriture... Et les bulldozers ont commencé à détruire les habitations », raconte-t-il.
« Il y a quelques mois déjà, ils avaient détruit dix maisons de cette même localité. Les gens n'ont plus rien, plus d'abri où se réfugier, où vivre. Même les grottes qui ont des centaines d'années ont été endommagées. Ces familles n'ont littéralement plus d'endroit où aller », témoigne le coréalisateur.
La Cour suprême israélienne considère cette localité palestinienne comme une zone militaire devant être vidée de sa population. Les habitants des autres villages de Masafer Yatta savent que leur tour viendra aussi. À l'issue de cette opération, une cinquantaine de personnes dont 21 enfants étaient sans abri selon les informations de RFI.
Cisjordanie, Gaza, le Liban, la Syrie et maintenant le Yémen. 5 campagnes militaires simultanées. Emporté par sa folie guerrière, Netanyahou ne surestime-t-il pas la puissance de l'armée israélienne ?
Surtout que le gouvernement Trump ne semble plus vouloir suivre cette attitude guerrière :
Le président Donald Trump a annoncé mardi que les États-Unis cesseraient de bombarder les Houthis au Yémen, affirmant que le groupe aligné sur l'Iran avait accepté de cesser d'interrompre d'importantes voies de navigation au Moyen-Orient.
Après l'annonce de Trump, Oman a déclaré qu'il avait négocié l'accord de cessez-le-feu, marquant un changement majeur dans la politique des Houthis depuis le début de la guerre d'Israël à Gaza en octobre 2023.
La déclaration d'Oman ne mentionne pas si les Houthis avaient accepté d'arrêter les attaques contre Israël. Par contre, le chef du Conseil politique suprême houthi du Yémen, Mahdi al-Mashat, a déclaré que le groupe continuerait à soutenir Gaza et que de telles attaques se poursuivraient.
Et Trump annonce même médiatiquement que « Netanyahou le déçoit » :
Le président américain Donald Trump est déçu du Premier ministre Benjamin Netanyahu, rapporte Israel Hayom, citant deux » sources haut placées proches du président."
Selon le quotidien en hébreu, lors de conversations à huis clos, Trump a déclaré qu'il allait progresser sur ses objectifs au Moyen-Orient sans attendre Israël.
Sur un accord avec l'Arabie saoudite, Trump veut qu'Israël soit un élément central d'un accord, mais "Netanyahu tarde à prendre les décisions nécessaires", écrit Ariel Kahana d'Israel Hayom, qui a interviewé Trump à Mar-A-Lago l'année dernière.
Trump est également toujours en colère contre Netanyahu et son entourage au sujet de ce qu'il considère comme une tentative de pousser la Maison Blanche à une action militaire contre le programme nucléaire iranien, selon les sources.
Et pour bien montrer sa « colère » :
Les États-Unis n'exigent plus que l'Arabie saoudite normalise ses relations avec Israël comme condition préalable à des progrès dans les négociations sur la coopération nucléaire civile, ont déclaré à Reuters deux sources au courant du dossier avant la visite du président américain Donald Trump la semaine prochaine.
Abandonner la demande que l'Arabie saoudite établisse des relations diplomatiques avec Israël serait une concession majeure de Washington. Sous l'ancien président Joe Biden, les pourparlers nucléaires étaient un élément d'un accord plus large américano-saoudien lié à la normalisation et à l'objectif de Riyad d'un traité de défense avec Washington.
Trump plus ferme que Biden face aux diktats israéliens, qui l'aurait cru ?
La guerre en Ukraine
Trump n'ayant pas réussi à ce que Zelensky et Poutine s'accorde sur un cessez-le-feu et Zelensky ayant finalement accepté de signer le fameux « accord sur les minéraux », il semble que Zelensky se sente en droit de reprendre quelques attaques désespérées contre la Russie :
Les forces ukrainiennes ont attaqué une sous-station électrique dans la région de Koursk, dans l'ouest de la Russie, a déclaré le gouverneur régional tôt mardi après que des blogueurs de guerre russes ont signalé une nouvelle incursion terrestre ukrainienne dans la région soutenue par des véhicules blindés.
Des responsables des deux côtés de la frontière ont signalé des décès dus à des activités militaires et ordonné l'évacuation de plusieurs colonies.
Les attaques de drones ukrainiens ont fait trois morts parmi les civils dans la région de Koursk en Russie, selon le gouverneur par intérim Aleksandr Khinstein.
Deux femmes sont mortes lorsqu'une voiture transportant cinq employés d'une ferme laitière a été heurtée par un drone ukrainien à vue subjective, tandis que deux autres ont été grièvement blessées, a déclaré Khinstein. Le chef régional a ajouté que lors d'un incident distinct, un homme au début de la cinquantaine a été tué par un engin explosif largué d'un drone sur le véhicule qu'il conduisait.
Les unités de défense aérienne russes ont détruit un essaim de drones ukrainiens ciblant Moscou lors d'une deuxième attaque nocturne consécutive, entraînant la fermeture de tous les aéroports de la capitale pendant plusieurs heures, ont annoncé mardi matin des responsables.
Le maire de Moscou, Sergueï Sobianine, a déclaré sur les réseaux sociaux qu'au moins 19 drones ukrainiens avaient été détruits à leur approche de Moscou « de différentes directions », sans causer de destruction majeure ni de blessés.
Les défenses antiaériennes russes ont repoussé une attaque ukrainienne à grande échelle, abattant deux roquettes HIMARS fournies par l'Occident et plus de 500 drones, a annoncé mercredi le ministère de la Défense à Moscou. Cinq missiles guidés Neptune à longue portée et six bombes aériennes à guidage de précision JDAM ont également été détruits.
Tout cela à la veille des commémorations de la victoire russe contre l'Allemagne Nazi :
Des drones ukrainiens ont provoqué des perturbations massives dans les aéroports de Moscou quelques jours avant le défilé du jour de la Victoire de la Russie, le vendredi 9 mai. Au moins 60 000 personnes ont vu leur voyage retardé ou annulé, et environ 350 vols auraient été affectés.
Zelensky provoque volontairement la colère russe. Ne risque-t-il pas de le regretter amèrement ?
Ou alors se sent-il totalement protégé par la « coalition des volontaires » européenne :
Les grandes puissances européennes ont pesé de tout leur poids pour un cessez-le-feu inconditionnel de 30 jours en Ukraine samedi, avec le soutien du président américain Donald Trump, et ont menacé le président Vladimir Poutine de nouvelles sanctions « massives » s'il n'acceptait pas dans les jours à venir.
« Donc, nous tous ici avec les États-Unis nous interpelons Poutine. S'il est sérieux au sujet de la paix, alors il a une chance de la montrer », a déclaré le Premier ministre britannique Keir Starmer lors d'une conférence de presse.
Appel auquel Poutine a répondu avec sa propre proposition :
S'adressant à la presse tôt dimanche matin, à l'issue d'une journée de rencontres avec des chefs d'État étrangers, le président Vladimir Poutine a réitéré l'offre de la Russie de reprendre les négociations abandonnées par Kiev en 2022, peu après l'escalade du conflit actuel.
« Nous proposons que les autorités de Kiev reprennent les négociations qu'elles ont interrompues fin 2022 - pour reprendre les négociations directes, et j'insiste, sans aucune condition préalable. Nous proposons de commencer sans délai jeudi prochain, le 15 mai" à Istanbul », a déclaré Poutine.
Notre proposition est, pour ainsi dire, sur la table. La décision appartient maintenant aux autorités ukrainiennes et à leurs soutiens.
" Nous n'excluons pas la possibilité qu'au cours de ces négociations, il soit possible de s'entendre sur de nouvelles solutions, sur des cessez-le-feu, sur une nouvelle cessation des hostilités, et une véritable cessation des hostilités serait respectée non seulement par la Russie mais aussi par la partie ukrainienne », a ajouté Poutine.
Et hop, la balle est renvoyée dans le camp ukrainien. On remarquera que là encore le blocage est dû au fait que l'Ukraine veut un cessez-le-feu avant toute négociation alors que la Russie veut négocier d'abord. Alors elle propose date (15 mai) et lieu (Istanbul) pour commencer ces négociations. Zelensky va-t-il saisir la balle au bond ?
La guerre commerciale de Trump
Une autre « victoire » pour Trump :
Le président américain s'est dit « ravi » d'annoncer la nouvelle le jour anniversaire de la victoire des Alliés en 1945. Concernant quelques points concrets de cet accord négocié depuis plusieurs semaines, Donald Trump a assuré que le Royaume-Uni allait s'ouvrir davantage aux produits américains, pour « plusieurs milliards de dollars », « en particulier pour le bœuf américain, l'éthanol et quasiment tous les produits que produisent nos chers agriculteurs ».
Le Premier ministre britannique Keir Starmer s'est félicité d'une grande victoire, rapporte notre correspondante à Londres, Émeline Vin. « Nous nous trouvons mieux lotis qu'hier : les taxes sur l'acier et l'aluminium sont ramenées à 0, il y a des mesures importantes pour le secteur pharmaceutique. Il reste des droits de douane, mais cet accord nous offre un traitement préférentiel significatif, quoique l'avenir nous réserve », a déclaré le Premier ministre.
Les détails seront dévoilés « plus tard ». Pour Keir Starmer, le fait d'être le premier pays à conclure un accord confirme sa stratégie de conciliation, entre les États-Unis et le reste de l'Europe.
Ce week-end, une délégation chinoise et étasunienne se sont rencontrés en Suisse pour commencer à négocier :
Des représentants de la Chine et des États-Unis assis à la même table samedi 10 et dimanche 11 mai à Genève, pour tenter de trouver une issue à leur guerre commerciale. La veille, Donald Trump a posé les jalons des négociations, en suggérant de baisser à 80% les droits de douane punitifs sur les produits chinois.
Une « offre » qui ressemblera plus à un affront pour le coté chinois. Voici la réponse, brève et directe, du ministère des affaires étrangères chinois :
Comme l'a dit Lin Jian [le porte-parole du ministère des AE], la Chine s'oppose fermement aux hausses douanières américaines. Cette position reste inchangée. Essayer de faire pression ou de contraindre la Chine, sous quelque forme que ce soit, ne fonctionnera tout simplement pas.
En combattant ou en négociant, la position de la Chine pour sauvegarder l'égalité et la justice internationales, maintenir l'ordre économique et commercial mondial, reste inchangée.
Une autre « victoire » qui s'annonce difficile pour Trump, la Chine étant un plus gros morceau que la Grande Bretagne.