10/07/2025 francais.rt.com  4min #283821

Donald Trump serait prêt à soutenir de nouvelles sanctions contre la Russie, mais à ses conditions

Source: AP

Le président Donald Trump s'exprime lors d'une réunion du cabinet à la Maison Blanche, le 8 juillet 2025, à Washington.

Après des mois de refus, Donald Trump se dit désormais ouvert à l'adoption de nouvelles sanctions contre la Russie. Cette volte-face s'explique par sa frustration croissante envers Moscou et la pression constante des Européens. Toutefois, il ne donnera son feu vert qu'à condition d'avoir un contrôle sur l'application et la levée de ces sanctions.

Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, Donald Trump avait évité toute mesure sévère contre la Russie, préférant miser sur la négociation. Pourtant, un tournant s'est opéré ces derniers jours : Donald Trump « envisage très sérieusement » de soutenir un projet de loi imposant de nouvelles sanctions économiques contre Moscou. Il s'agit d'un texte bipartisan présenté au Sénat américain par Lindsey Graham et Richard Blumenthal, et soutenu par plus de 80 sénateurs.

Ce projet, qualifié par CNN de « massif », prévoit l'instauration de droits de douane allant jusqu'à 500 % sur les produits importés depuis les pays qui achètent du pétrole, du gaz ou de l'uranium russes, notamment la Chine, l'Inde ou encore certains États européens. L'objectif affiché par les auteurs du texte est d'attaquer les revenus énergétiques russes, afin de pousser Moscou à la table des négociations sur l'Ukraine.

"I'm looking at the Russia sanctions bill very strongly," says Trump of a new bill that would slap a 500% tariff on India and other countries for buying Russian oil  pic.twitter.com/JT4ZWTV6F6

- Shashank Mattoo (@MattooShashank)  July 9, 2025

Un soutien conditionnel de la Maison Blanche

Cependant, la position de Trump reste nuancée. Comme le rapporte Politico, le président américain conditionne son soutien à l'ajout de clauses lui garantissant une flexibilité totale. Il veut être le seul à décider du moment et de la forme de la mise en œuvre des sanctions, sans interférence du Congrès. Il a déclaré : « Ils [le Congrès] passent la loi, mais tout dépend de moi. »

Ce point est crucial pour Donald Trump, qui entend conserver un levier de négociation avec la Russie. Pour Washington, il s'agit autant d'une posture stratégique que d'un calcul politique. Comme l'explique Marco Rubio, le président a besoin de cette liberté d'action « pour conserver un pouvoir maximal lors de ses discussions avec le président russe ».

En Europe, plusieurs dirigeants, dont le chancelier allemand Friedrich Merz, ont tenté de flatter Trump pour le convaincre de prendre une position plus ferme contre Moscou. Selon The New York Times, Merz a même comparé l'effet potentiel de ces sanctions à celui des frappes américaines contre le programme nucléaire iranien, soulignant qu'il s'agissait là « d'une bombe économique ».

Réactions prudentes et réalités russes

Malgré le durcissement apparent de la ligne américaine, de nombreux analystes restent sceptiques. Certains experts considèrent la plupart des mesures proposées comme « irréalistes » et estiment qu'elles « ne seront probablement jamais mises en œuvre ». Le politologue russe Konstantin Blokhine souligne que « si les sanctions sont adoptées, elles contrecarreront la stratégie initiale de Trump, qui voulait affaiblir la Chine en se rapprochant de la Russie ».

En Russie, les réactions restent mesurées. Les autorités ne semblent ni surprises ni véritablement inquiètes. Le pays, sous pression occidentale depuis des années, a su adapter son économie et contourner de nombreuses restrictions. Comme le rappelle Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, « les sanctions n'ont jamais fonctionné et ont surtout nui à ceux qui les imposent ».

Le projet de loi pourrait être adopté d'ici la fin juillet, selon les déclarations du sénateur John Thune relayées par Bloomberg. Mais dans les faits, tout dépendra du bon vouloir de Trump, qui conserve toutes les cartes en main.

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