28/11/2025 reseauinternational.net  3min #297445

Lettre ouverte à ceux qui veulent absolument mon bien (à défaut de me laisser tranquille)

par Amal Djebbar

À peine avais-je refermé le premier courrier de la CPAM, celui qui, tel un héraut apocalyptique, annonçait : «La grippe arrive, n'attendez pas pour vous faire vacciner !»... qu'un deuxième débarquait déjà dans ma boîte aux lettres. On sent l'urgence : la propagande vaccinale, elle, court un marathon.

Il paraît que je n'ai jamais été vaccinée contre la grippe. Une révélation, un scandale, une tragédie nationale. Les cloches sonnent, les sirènes hurlent : Alerte, citoyenne en liberté immunitaire !
Et moi, naïve créature, je continue de me porter parfaitement bien, d'attraper mes petits microbes et de m'en sortir comme une grande - sans assistance technique de la haute autorité sanitaire. Je sais, c'est fou : je me soigne toute seule. Quel manque de modernité.

On ressort alors le grand orchestre : 17 000 morts l'an dernier, des drapeaux en berne, et moi, pauvre inconsciente, qui continue de vivre sans leur sceau d'approbation médicale. Quel manque de discipline civique.

Puis vient le chapitre sur les idées fausses - celles que tout le monde répand, sauf eux bien sûr :

«Les gestes barrières suffisent» : FAUX. Ils sont nécessaires, mais pas suffisants pour vous protéger. Disent-ils.

Ah, mais bien sûr. Je note.
Je ne pratique pas spécialement les gestes barrières - je fais même mieux : je pratique plutôt l'évitement social, méthode archaïque, mais efficace. Et après avoir survécu aux bises de gens enrhumés, aux mains non lavées post-toilettes et aux confidences pestilentielles juste après m'avoir embrassée, on peut dire que je suis blindée.

«Le vaccin ne sert à rien, car il n'empêche pas de tomber malade» : FAUX.
La vaccination ne permet pas toujours d'éviter la grippe, mais elle sera moins sévère, avec moins de risques de complication ou d'hospitalisation. Disent-ils.

On me promet : «Vous serez peut-être malade, mais mieux».
Ah, la grippe édition prestige, symptôme adouci, souffrance rationalisée, tout le charme d'une infection sponsorisée par l'Assurance Maladie.
Avec une telle campagne, difficile de ne pas ressentir ce bon vieux réflexe : celui qui pousse tout esprit encore autonome à faire pile l'opposé.

«Je ne suis jamais malade» : FAUX. L'année dernière, 80% des personnes qui ont été hospitalisées en réanimation n'étaient pas vaccinées, alors que comme vous, l'Assurance Maladie les avait invitées à le faire. Disent-ils.

Évidemment : si l'administration dit que je suis fragile comme une feuille, je dois l'être. On me balance des statistiques façon prophétie biblique, mais quand on regarde la vie réelle, tout le monde patiente côte à côte, vacciné, pas vacciné, enrhumé, pas enrhumé - un carnaval de microbes démocratiques.
Alors, le grand argument de la peur, on va peut-être le poser cinq minutes sur la table et respirer un bon coup, merci. Et cessez de me culpabiliser pour ne pas être vaccinée : je suis en pleine santé, vous l'entendez ? Je n'ai pas besoin qu'on me moralise pour ça.

Et enfin l'apothéose : «Cette année, choisissez de vous protéger». Disent-ils.

Oui, je choisis de me protéger... de vous, de votre panique organisée et de votre admirable talent pour me donner des ordres déguisés en conseils.

Avec toute mon attention, et rassurez-vous, la vôtre n'est pas nécessaire.

- Une citoyenne qui survit très bien sans recevoir trois courriers de propagande par saison.

 Amal Djebbar

 reseauinternational.net