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Station de réception du gazoduc Nord Stream 2 en mer Baltique, à Lubmin, en Allemagne.
L'UE acte son divorce énergétique avec la Russie d'ici fin 2027 en interdisant toute importation de gaz russe. Ursula von der Leyen salue «l'aube d'une nouvelle ère» pour l'Europe. Dmitri Peskov dénonce une décision aux conséquences lourdes : une dépendance accrue à un gaz bien plus cher et un affaiblissement durable de l'économie européenne.
Le 3 décembre, le Conseil de l'Union européenne et le Parlement européen ont validé un accord préliminaire imposant un abandon progressif du gaz russe, aussi bien liquéfié (GNL) que par gazoduc. Ce texte, inscrit dans le cadre du programme REPowerEU, prévoit un arrêt total des importations de GNL d'ici le 31 décembre 2026, et de celles du gaz par pipeline au plus tard le 30 septembre 2027, avec une extension technique possible jusqu'au 1ᵉʳ novembre.
Les contrats en cours bénéficieront d'une période transitoire mais ne pourront être modifiés que pour des raisons strictement techniques, sans augmentation des volumes. Pour les contrats de courte durée signés avant le 17 juin 2025, les interdictions entreront en vigueur plus tôt : dès le 25 avril 2026 pour le GNL et le 17 juin de la même année pour le gazoduc, comme l'indique le Conseil de l'UE.
Présenté comme un tournant par la Commission européenne, ce plan est salué par Ursula von der Leyen comme « un moment historique ». Lors d'une conférence de presse à Bruxelles, elle a affirmé : « Nous entrons dans une nouvelle ère d'indépendance énergétique complète vis-à-vis de la Russie. » La présidente de la Commission a insisté sur le fait que les États membres misent désormais sur des « sources fiables », comme les États-Unis ou la Norvège, ainsi que sur les énergies renouvelables, qui représenteraient actuellement la moitié de la consommation de l'UE.
Moscou dénonce un choix idéologique et destructeur
La décision européenne a suscité une réaction immédiate de Moscou. Le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a dénoncé une orientation politique dictée davantage par une logique idéologique que par des intérêts économiques. « L'Europe sera dépendante de sources d'énergie bien plus coûteuses, parfois beaucoup plus chères que le gaz russe », a-t-il déclaré.
Selon lui, cette rupture énergétique ne fera qu'aggraver les fragilités économiques du continent. « En choisissant volontairement des ressources plus chères, l'Europe compromet sa compétitivité et accélère la perte de son potentiel économique », a-t-il averti.
Cette stratégie ne serait, selon le Kremlin, qu'une tentative supplémentaire d'« infliger une défaite stratégique à la Russie », une obsession que Moscou juge erronée. Peskov a estimé que « les Européens sont profondément dans l'erreur » et que ce choix, loin d'affecter Moscou, touchera en priorité les économies européennes.
Une nouvelle dépendance, plus coûteuse et imposée
Malgré l'objectif affiché d'autonomie, les chiffres racontent une autre réalité. La Russie reste aujourd'hui l'un des principaux fournisseurs de GNL pour l'Europe, avec une part estimée à 13 % des importations totales. Et malgré les annonces, les volumes de gaz russe livrés par le gazoduc TurkStream ont augmenté en 2025.
Parallèlement, un accord énergétique entre l'UE et les États-Unis, signé plus tôt cette année, engage Bruxelles à acheter pour 750 milliards de dollars d'énergie américaine d'ici 2028. Une décision qui lie encore davantage l'Europe à des sources plus onéreuses.