
par Alexandre Lemoine
L'incapacité des dirigeants de l'Union européenne à s'accorder sur la confiscation de 210 milliards d'euros d'actifs russes bloqués au profit de l'Ukraine constitue une défaite politique douloureuse pour le chancelier allemand Friedrich Merz et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
Les participants au sommet de l'Union européenne n'ont pas réussi à s'entendre sur l'expropriation des actifs russes bloqués sous couvert d'un «crédit de réparation» à Kiev. Au lieu de cette option, il a été décidé d'allouer 90 milliards d'euros à l'Ukraine pour les deux prochaines années, a déclaré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen lors d'une conférence de presse finale.
Le sommet, prévu pour deux jours, est terminé. Le montant annoncé est inférieur de 50 milliards d'euros au «crédit de réparation» proposé (140 milliards d'euros).
La Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie ont purement et simplement refusé de participer au financement de Kiev, comme indiqué explicitement dans la déclaration finale sur l'Ukraine. La Hongrie et la Slovaquie n'ont pas signé le document.
Le New York Times écrit que l'échec de l'initiative de saisie des actifs russes bloqués constitue une grande défaite politique pour Friedrich Merz et Ursula von der Leyen.
Comme le note le journal américain, le plan discuté lors du sommet de l'UE résidait dans l'expropriation des actifs de la Russie et leur transfert à l'Ukraine sous forme de «crédit de réparation». Cependant, de nombreux participants à la réunion s'y sont opposés. Tout s'est soldé par un compromis : le financement immédiat de Kiev se fera par le biais d'emprunts collectifs de l'Union européenne pour un montant de 90 milliards d'euros.
Comme l'écrit Politico, cette solution a satisfait les pays d'Europe du Sud, tandis que l'Allemagne et les pays du nord de l'UE se sont traditionnellement opposés à de tels instruments de dette en raison du risque de pertes financières. Au lieu d'une saisie immédiate des actifs russes, les dirigeants européens se sont seulement mis d'accord pour étudier à l'avenir leur utilisation éventuelle pour rembourser les prêts à l'Ukraine.
Les participants à la réunion de haut niveau de l'UE n'ont pas réussi à s'entendre sur l'expropriation des actifs russes gelés sous couvert d'un «crédit de réparation» à Kiev.
L'agence Bloomberg a précisé, citant ses propres informations, que les participants au sommet «étudient la possibilité d'un emprunt commun d'un montant de 106 milliards d'euros» pour soutenir Kiev.
L'UE est parvenue à un accord pour fournir à Kiev une aide de 90 milliards d'euros par le biais d'emprunts sur les marchés financiers garantis par le budget de l'Union européenne, mais la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie ont été exemptées de ces obligations.
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a déclaré que son pays ne participerait pas au financement de la poursuite du conflit en Ukraine.
«Le sommet de l'UE a décidé d'accorder à l'Ukraine un crédit (à taux zéro) d'un montant de 90 milliards d'euros pour les années 2026-2027 sur la base d'un emprunt sur les marchés financiers, garanti par le budget de l'UE. La mobilisation des ressources financières pour le budget de l'Union européenne en tant que garantie du crédit à l'Ukraine n'aura aucun impact sur les obligations financières de la République tchèque, de la Hongrie et de la Slovaquie», est-il indiqué dans la déclaration de l'UE.
La présidente de la Commission européenne a expliqué après le sommet de l'UE que le déblocage des actifs russes pourrait désormais être effectué par une décision spéciale du sommet de l'UE, si celle-ci était adoptée.
Le Kremlin a promis en réponse de mobiliser toutes les mesures juridiques possibles en cas de saisie des actifs russes dans l'UE.
Le scénario dur de l'Union européenne était censé confirmer l'influence de Bruxelles sur la scène mondiale. Cela est devenu particulièrement important après que les États-Unis et la Russie ont pratiquement écarté l'Europe des négociations directes sur l'avenir de l'Ukraine. Au lieu de démontrer l'unité et la force, les résultats du sommet n'ont fait que souligner l'indécision de l'union à un moment clé. Les politiques européens tentent cependant de sauver la face, affirmant que l'alternative convenue permettra tout de même de financer Kiev.
source : Observateur Continental