11/06/2021 10 articles entelekheia.fr  9 min #190778

Le G7 2021, désespérément en quête de pertinence

Le G7, ouvert hier en grande pompe, ne représente plus qu'un collectif de pays vieillissants, paralysés par un système obsolète (son propre fonctionnement interdisant toute réforme salvatrice à cause de son incapacité structurelle à réguler les entreprises les plus puissantes, devenues de véritables forteresses hors-la-loi) et qui se retrouvent, en conséquence, irrémédiablement à la traîne de la marche du monde.

Par Pepe Escobar
Paru sur  Asia Times sous le titre G7: Desperately Seeking Relevancy

Le G7 en Cornouailles pourrait au premier abord être considéré comme une rencontre saisissante entre « L'Amérique est de retour » et la « Grande-Bretagne globale ».

La situation générale est toutefois beaucoup plus délicate. Trois sommets consécutifs - le G7, celui de l'OTAN et le sommet EU-US - ouvriront la voie à une rencontre à haute tension très attendue : le sommet Poutine-Biden à Genève - qui ne sera certainement pas un « reset ».

Les intérêts dominants cachés derrière l'hologramme qui porte le nom de « Joe Biden » ont un programme mondial clair : embrigader les démocraties industrialisées - en particulier celles d'Europe - et les maintenir sur le pied de guerre contre ces menaces « autoritaires » pour la sécurité nationale des États-Unis, la Russie et la Chine « malfaisantes ».

C'est comme un retour à l'époque oh, si stable de la guerre froide des années 1970, avec James Bond combattant des démons étrangers et Deep Purple subvertissant le communisme. Eh bien, les temps changent. La Chine est tout à fait consciente qu'aujourd'hui, le  Sud mondial « représente près des deux tiers de l'économie mondiale, contre un tiers pour l'Occident : dans les années 1970, c'était exactement le contraire ».

Pour le Sud global - c'est-à-dire l'écrasante majorité de la planète - le G7 n'est pas vraiment pertinent. Ce qui compte, c'est le G20.

La Chine, superpuissance économique montante, est issue du Sud et est un pays leader au sein du G20. Et quels que soient leurs problèmes internes, les acteurs européens du G7 - l'Allemagne, la France et l'Italie - ne peuvent pas se permettre de contrarier Pékin sur le plan économique, commercial et des investissements.

Un G7 refondu en croisade sinophobe ne trouvera pas preneur. Le Japon et les invités spéciaux en Cornouailles : la Corée du Sud, puissance technologique, ainsi que l'Inde et l'Afrique du Sud (toutes deux membres des BRICS), se sont vus offrir la carotte d'une éventuelle adhésion élargie.

L'offensive de Washington en matière de relations publiques se résume à se vendre comme le primus inter pares de l'Occident, en tant que leader mondial revitalisé. La raison pour laquelle le Sud n'y croit pas est illustrée par ce qui s'est passé au cours des huit dernières années. Le G7 - et en particulier les Américains - n'ont tout simplement  pas pu répondre à la stratégie de commerce et de développement pan-eurasienne de grande envergure de la Chine, l'initiative « Belt and Road » (BRI).

La « stratégie » américaine jusqu'à présent - la diabolisation 24/7 de la BRI en tant que « piège de la dette » et machine de « travail forcé » - n'a pas marché. Aujourd'hui, trop tard, arrive la mise en place d'un plan du G7 impliquant des « partenaires » tels que l'Inde, pour « soutenir », du moins en théorie, de vagues « projets de haute qualité » dans le Sud, notamment l'  « initiative Clean Green », axée sur le développement durable et la transition écologique, qui sera discutée lors des sommets du G7 et de l'UE.

Comparée à la BRI, l'initiative « Clean Green » peut difficilement être qualifiée de stratégie géopolitique et géo-économique cohérente. La BRI a été approuvée et soutenue par plus de 150 États-nations et organismes internationaux, dont plus de la moitié des 27 membres de l'UE.

Les faits sur le terrain disent la vérité. La Chine et l'ASEAN sont sur le point de conclure un accord de « partenariat stratégique global ». Les échanges entre la Chine et les pays d'Europe centrale et orientale (PECO), également connus sous le nom de groupe 17+1, qui comprend 12 nations de l'UE,  continuent de se développer. La route de la soie numérique, la route de la soie de la santé et la route de la soie polaire continuent de progresser.

Ce qui reste sont des grommellements occidentaux à propos de vagues investissements dans la technologie numérique - peut-être financés par la Banque européenne d'investissement, dont le siège est au Luxembourg - pour couper « l'avancée autoritaire » de la Chine dans le Sud mondial.

Le sommet UE-US pourrait lancer un « Conseil du commerce et de la technologie » pour coordonner les politiques relatives à la 5G, aux semi-conducteurs, aux chaînes d'approvisionnement, aux contrôles des exportations et aux règles et normes technologiques. Un petit rappel : l'UE et les États-Unis ne maîtrisent tout simplement pas la complexité de cet environnement. Ils ont grandement besoin de la Corée du Sud, de Taïwan et du Japon.

Une minute, Monsieur le percepteur

Pour être honnête, le G7 a peut-être rendu un service public au monde entier lorsque ses ministres des finances ont conclu un accord prétendument « historique », samedi dernier à Londres, sur un impôt mondial minimal de 15 % pour les sociétés multinationales.

 Le triomphalisme était de mise - avec moult louanges extasiées sur la « justice » et la « solidarité fiscale », combinées à de très mauvaises nouvelles pour les différents paradis fiscaux.

En fait, c'est un tout petit peu plus compliqué.

Cette taxe fait l'objet de discussions au plus haut niveau de l'OCDE à Paris depuis plus de dix ans maintenant, notamment parce que les États-nations  perdent au moins 427 milliards de dollars par an en raison de l'évasion fiscale des multinationales et autres multimilliardaires. En ce qui concerne le scénario européen, cela ne tient même pas compte des pertes de TVA dues à la fraude - ce que pratique allègrement Amazon, entre autres.

Il n'est donc pas étonnant que les ministres des finances du G7  aient eu Amazon, la compagnie qui vaut 1 600 milliards de dollars, dans leur ligne de mire. La division « Cloud » d'Amazon doit être traitée comme une entité distincte. Si la taxe mondiale de 15 % est ratifiée, le groupe méga-tech devra payer plus d'impôts sur les sociétés dans certains de ses plus grands marchés européens - Allemagne, France, Italie, Royaume-Uni.

Alors oui, il s'agit surtout de Big Tech - des experts en fraude profitant de paradis fiscaux situés à l'intérieur même de l'Europe, comme l'Irlande et le Luxembourg. La manière dont l'UE a été construite a permis à la concurrence fiscale entre les États-nations de virer à la gangrène. En discuter ouvertement à Bruxelles reste un tabou virtuel. Dans la liste officielle des paradis fiscaux de l'UE, on ne trouve pas le Luxembourg, les Pays-Bas ou Malte. [*]

Tout ceci ne serait-il donc qu'une opération de com' ? C'est possible. Le problème majeur est qu'au Conseil européen - où les gouvernements des États membres de l'UE discutent de leurs problèmes - on a traîné les pieds pendant longtemps et, en quelque sorte, délégué l'ensemble du dossier à l'OCDE.

En l'état actuel des choses, les détails de la taxe de 15 % sont encore vagues, alors même que le gouvernement américain pourrait en récolter les plus grands bénéfices, étant donné que ses multinationales ont transféré des sommes massives à travers toute la planète pour éviter l'impôt américain sur les sociétés. Sans compter que personne ne sait quand et comment ou même si l'accord sera accepté et mis en œuvre au niveau mondial : ce sera une tâche herculéenne. Au moins, il sera à nouveau discuté, lors du G20 à Venise en juillet.

Ce que veut l'Allemagne

Sans l'Allemagne, il n'y aurait pas eu d'avancée réelle sur l'accord d'investissement UE-Chine à la fin de l'année dernière. Avec la nouvelle administration américaine, l'accord est à nouveau au point mort. La chancelière sortante, Mme Merkel, est opposée au découplage économique entre la Chine et l'UE, tout comme les industriels allemands. Il sera très intéressant de suivre cette intrigue secondaire au G7.

En résumé : L'Allemagne veut continuer à se développer en tant que puissance commerciale mondiale en utilisant son importante base industrielle, tandis que les Anglo-Saxons ont complètement abandonné leur base industrielle pour adopter une financiarisation non productive. Et la Chine, pour sa part, veut commercer avec la planète entière. Devinez qui est hors-jeu.

Si l'on considère le G7 comme un rassemblement de facto de l'hégémon américain avec ses hyènes, ses chacals et ses chihuahuas, il sera également très intéressant d'en observer la sémantique. Quel degré de « menace existentielle » sera attribué à Pékin - notamment parce que, pour les intérêts qui se cachent derrière l'hologramme « Biden », la véritable priorité est l'Indo-Pacifique ?

Ces intérêts n'ont que faire d'une UE aspirant à plus d'autonomie stratégique. Washington annonce toujours ses diktats sans même prendre la peine de consulter préalablement Bruxelles.

Voilà donc en quoi consistera ce triplet de sommets - G7, OTAN et UE-US : un hégémon qui fera tout pour contenir/éloigner l'émergence d'une puissance montante en enrôlant ses satrapes pour « combattre » et préserver ainsi « l'ordre international fondé sur des règles » qu'il a conçu il y a plus de sept décennies.

L'histoire nous dit que cela ne marchera pas. Deux exemples : les empires britannique et français n'ont pas pu arrêter la montée des États-Unis au 19e siècle ; et l'axe anglo-américain n'a arrêté la montée simultanée de l'Allemagne et du Japon qu'au prix de deux guerres mondiales, avec l'empire britannique aujourd'hui détruit et l'Allemagne redevenue la première puissance en Europe.

La réunion de « L'Amérique est de retour » et de la « Grande-Bretagne globale » en Cornouailles doit donc être considérée comme une simple note de bas de page de l'histoire.

Traduction et note d'introduction Corinne Autey-Roussel

[*] Note de la traduction :

Voici la liste établie par Forbes en 2010 des principaux paradis fiscaux (prise sur  le site Paradis Fiscaux 2.0). Notons ceux qui sont situés aux USA ou en Europe, ou encore qui sont des territoires d'outre-mer britanniques (8 sur 10, sans même compter la colonie britannique rétrocédée à la Chine en 1997 Hong Kong) :

  1. U.S.A (Delaware),
  2. Luxembourg,
  3. La  Suisse,
  4. Les Îles Caïman (territoire britannique),
  5.  Royaume-Uni (City de Londres),
  6.  Irlande,
  7. Les Bermudes (territoire britannique),
  8.  Singapour,
  9. Belgique,
  10. et  Hong Kong (ancien territoire britannique).

Et la liste établie par l'UE, avec un tour de passe-passe saisissant : tous les paradis fiscaux de premier plan ont disparu. Et hop !

  1. Anguilla
  2. Bahamas
  3. Fidji
  4. Guam
  5. Îles Caïman (ajouté en Février 2020)
  6. Iles Vierges américaines
  7.  Iles Vierges britanniques
  8. Oman
  9. Palaos
  10. Panama
  11. Samoa américaines
  12. Samoa
  13.  Seychelles
  14. Trinité-et-Tobago
  15. Vanuatu

Comment veut-on que l'UE lutte contre l'évasion et la fraude fiscale des multinationales alors qu'elle tente de cacher l'existence de ses paradis fiscaux-maison ?

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26/06/2021 lesakerfrancophone.fr  13 min #191383

Le G7 2021, désespérément en quête de pertinence

La valse genevoise à deux temps de Biden a simplement augmenté sa marge de manœuvre

🇬🇧

Washington ferait bien de ne pas tenir compte du coup de foudre de Mme von der Leyen pour M. Biden - cela ne signifie pas grand-chose, écrit Alastair Crooke.

Par Alastair Crooke − Le 21 Juin 2021 − Source Strategic Culture

Le spectacle a eu lieu et est maintenant terminé. Les images du G7 étaient censées illustrer la prolongation du moment unipolaire et de ses prétendues valeurs - Macron l'a décrit comme une réunion de « famille », après une longue interruption, et Johnson a fait remarquer que cela faisait penser à un « retour à l'école », avec de vieux camarades qui se pressent autour d'eux, après les « vacances ».

21/06/2021 strategic-culture.org  10 min 🇬🇧 #191192

Le G7 2021, désespérément en quête de pertinence

Biden's Two-Step Geneva Waltz Simply Buys Him Space

🇫🇷

Alastair Crooke

Washington would do well to discount von Leyen's gushing love-in with Biden - it means very little, Alastair Crooke writes.

The show came, and now has passed. The G7 visuals were meant to underline the prolongation of the unipolar moment and its purported values - Macron described it as a 'family' get-together, after a long hiatus, and Johnson remarked that it was so reminiscent of a 'return to school', with old mates crowding around, after the 'hols'.

9 articles 14/06/2021 mondialisation.ca  6 min #190898

Le G7 2021, désespérément en quête de pertinence

Le G7 s'attaque au projet chinois de la nouvelle Route de la soie

Par Mikhail Gamandiy-Egorov

L'influence grandissante de la Chine dans les affaires mondiales, tant sur le plan géoéconomique que géopolitique inquiète de plus en plus l'establishment occidental. Le récent sommet du G7 en Angleterre ne fait que le confirmer. L'Occident a-t-il sérieusement une quelconque chance de contrer la Chine? Rien n'est moins sûr.

Les soubresauts des élites occidentales confirment une réalité assez simple et désormais bien connue: celle d'une compréhension de leur part que le monde actuel n'est plus du tout celui ayant suivi l'éclatement de l'URSS.

14/06/2021 strategic-culture.org  6 min 🇬🇧 #190892

Le G7 2021, désespérément en quête de pertinence

Targeting Russia and China Instead of the Real Enemy - Capitalist Inequality

Finian Cunningham

Capitalism and its inequality is the number one enemy of today's world. That is the objective and empirical reality that is staring the world in the face, Finian Cunningham writes.

U.S. President Joe Biden and his Western allies are trying to frame global challenges in a way that ultimately avoids dealing with the most urgent problem that really matters - the explosion in inequality under the capitalist economic system.

14/06/2021 reseauinternational.net  2 min #190881

Le G7 2021, désespérément en quête de pertinence

Le monde n'est plus dirigé par un « petit groupe de pays », dit la Chine au G7

L'époque où un « petit groupe de pays » décidait du sort du monde est finie depuis longtemps, a déclaré la Chine dimanche, en réplique à la volonté affichée par les membres du G7 réunis en sommet en Angleterre d'adopter une position unie face aux ambitions de Pékin.

« L'époque où les décisions mondiales étaient dictées par un petit groupe de pays est rév

13/06/2021 dedefensa.org  12 min #190859

Le G7 2021, désespérément en quête de pertinence

Chronique-bouffe du sommet à gravir

Bloc-Notes

[• Comme l'on sait, "Ol'White Joe" est en balade, sous la surveillance protectrice de sa chère épouse, la First Lady Jill à laquelle il peut nationalfile.com

On pourrait croire que le président Biden et la partie américaniste qui l'entoure et le dirige font tout pour que le sommet du 16 juin avec Poutine, expressément voulu par eux, se déroule dans ses aspects de relations publiques comme s'il n'y avait pas de sommet, et que le susdit Biden se trouvait seul à discuter avec lui-même des vastes problèmes du monde.

Ainsi a-t-il été décidé, à l'insistance de la partie américaniste, que Biden donnerait une conférence de presse seul, après la rencontre. Les Russes ont évidemment accepté et conclut que Poutine donnerait de son côté sa propre conférence de presse. Du côté Biden, seule "la presse libre" (donc, la presseSystème US, avec quelques avortons de l'un ou l'autre pays fermement "allié" avec les USA) assistera à la conférence de presse. Là aussi, les journalistes russes accrédités, - ils semblent donc finalement avoir été autorisés, on respire, à venir à Genève malgré la prise de vaccins Spoutnik-V, - seront présents en même temps que tel et tel journaliste qui voudront être présents. Tout cela ressemble à un piège grossier pour tenir une tribune anti-russe en toute tranquillité, mais on sait que Poutine est armé pour y répliquer et on peut avancer l'hypothèse qu'il s'en privera d'autant moins que le piège est grossier. Autant pour les espoirs d'un sommet constructif ; il s'agit plutôt d'une pièce-montée qui permettra d'accroître encore plus l'antagonisme entre les USA plongés dans la folie et la Russie.

Ainsi le sommet-bouffe de Genève nous avertit-il déjà de son originalité, tel que le présente Tony Cox, ancien de Bloomberg passé à RT. (Et le titre de son article [« Biden to hold solo press conference after Putin, avoiding risk of mistakes while sharing stage and keeping control of narrative »] traduit par avance, par l'interprétation qu'on peut en donner, le souci de toutes ces précautions sanitaires à l'égard du président Biden et de la bulle qui l'accompagne comme son ombre : «...pour écarter le risque de gaffes dans un échange entre les deux, et pour garder le contrôle de la 'narrative' ») :

[« Le président Joe Biden tiendra une conférence de presse en solo à l'issue de son sommet du 16 juin à Genève avec le président Vladimir Poutine, évitant ainsi le risque de faire une gaffe en partageant la scène avec son homologue russe.

» "Nous nous attendons à ce que cette réunion soit franche et directe, et une conférence de presse en solo est le format approprié pour communiquer clairement à la presse libre les sujets qui ont été abordés lors de la réunion, - à la fois en termes de domaines dans lesquels nous pouvons être d'accord et de domaines dans lesquels nous avons des préoccupations importantes [par rapport à l'action de la Russie]", a déclaré un responsable de la Maison Blanche aux journalistes, samedi lors de la réunion du G7 à Carbis Bay, en Angleterre.

» Cette approche permettra à Biden, 78 ans, d'éviter d'avoir des désaccords ouverts avec Poutine (68 ans) devant la presse et de l'empêcher de diriger la conversation. Elle permettra également d'éviter les interactions embarrassantes ou controversées, comme lorsque Trump avait été éreinté [dans la presseSystème] après sa rencontre avec Poutine à Helsinki en 2018 pour avoir pris le parti du Russe en affirmant que le Kremlin n'avait pas interféré dans l'élection présidentielle américaine.

» Le sommet de Genève intervient à un moment où les relations américano-russes sont, - selon les mots de Poutine, en début de semaine, - au "point le plus bas de ces dernières années". Biden a déclaré qu'il souhaitait entretenir des "relations stables et prévisibles" avec Moscou, mais il arrivera en Suisse armé d'accusations selon lesquelles la Russie serait responsable des récentes cyberattaques contre des infrastructures américaines, et il cherchera probablement à continuer à se présenter à la presse comme un dur à l'égard du Kremlin.

» Au-delà des attaques de piratage, les points litigieux de la discussion pourraient inclure des allégations de violations des droits de l'homme de part et d'autre, le contrôle des armes nucléaires et le conflit en Ukraine. Biden pourrait également revenir sur les allégations d'ingérence russe dans les élections américaines.

» "Les États-Unis répondront de manière robuste et significative si le gouvernement russe s'engage dans des activités nuisibles", a déclaré Biden aux journalistes lors de la réunion du G7... »]

Pour saluer la rencontre au sommet et ajouter encore un peu aux perspectives déjà étouffantes de la conversation des deux hommes, le Pentagone a jugé de bonne politique d'annoncer une nouvelle aide militaire de $150 millions à l'Ukraine, pour « les capacités de guerre, le commandement et le contrôle, et les capacités d'évaluation de la situation des forces ukrainienne ».

Un autre commentaire intéressant vient du prédécesseur de Joe Biden, qui a donné conseils et consignes à son successeur, que nous reprenons en version anglaise, neutre pour la grammaire, et en version "rançisée" (traduction en français rance) en supposant le tutoiement entre ces deux vieilles canailles ; ce qui conduit à remarquer comment Trump a tout de même réussi en une apostrophe tweetée à résumer quelques caractères remarquables de l'actuelle situation du pouvoir aux USA (notamment et subtilement, et le moins perceptible mais peut-être le plus significatif, en donnant du "Biden" au président Biden et du "Président Poutine" à Poutine, accentuant ainsi l'ironie du "Bonne chance" adressé à Biden).

[« Good luck to Biden in dealing with President Putin - don't fall asleep during the meeting, and please give him my warmest regards! »

« Bonne chance à Biden dans ses négociations avec le président Poutine, - ne t'endors pas pendant la rencontre et, s'il te plaît, transmets lui mes plus chaleureuses pensées ! »]

Pour qui suit avec attention le déroulement de cet important chapitre des relations internationales, développé pour introduire dans l'équation du Grand dés-Ordre Mondial l'équation superbement originale du président Biden (mettre en place la mille-et-unième coalition des démocraties occidentales sous la direction de la plus exceptionnaliste d'entre elles, contre l'ennemi russe), il apparaît que d'importantes réunions précèdent le sommet-bouffe de Genève. Pour assurer le rythme et l'unité des événements de cette importance, le G7 qui a eu lieu, et la réunion de l'OTAN qui va avoir lieu avant le 16, on supposera sans trop exagérer que ces deux rencontres sont de la même catégorie ("bouffe").

Pour l'instant on s'arrête donc au G7, dont les Chinois nous ont signalé qu'il n'a strictement aucune importance face à leur "Route de la Soie" déjà fortement tracée ; et c'est alors, pour notre compte, pour signaler deux épisodes qu'on aurait tendance à considérer comme des à-côtés, et qui n'en sont certainement pas tant il s'agit de remarquables révélateurs des choses, aussi bien pathologique que psychologique. Si l'on fait montre d' inconnaissance en laissant de côté les divers bavarderies, caquetages et superfluités des réunions de tous ces grands chefs, on laissera libre cours à l'intuition pour nous attacher à ces deux aspects jugés audacieusement comme très révélateurs.

• D'abord, le comportement de l'incontestable vedette de ce G7, qui est bien entendu le nouveau président des États-Unis de l'Amérique, à partir d' une vidéo de la chaîne ITV :

[« Sur la vidéo, le Président américain arrive par erreur sur la véranda d'un restaurant occupé par des journalistes. Hagard, il s'arrête et se met à regarder autour de lui.

» À en juger par la réaction des gens présents, il s'est retrouvé là où il ne devait pas être.

» Alors que quelqu'un lui demande comment s'est déroulé le sommet, Biden répond "très bien" et continue de chercher quelqu'un, apparemment son épouse.

» Juste à ce moment-là celle-ci apparaît de l'autre côté de la véranda et l'appelle... »]

• L'autre grand événement concerne le président français Macron qui s'est distingué par l'espèce de chaleur serpentine qu'il a mise à guider le président (quand on le voit prendre Biden bras-dessus bras-dessous, qui se demande à tout hasard "Où suis-je ?" et certainement "But who's that guy ? C'mon man !") ; mais aussi et peut-être surtout, lors de sa "bilat" avec l'homme "le plus puissant du monde", ses accents d'enthousiasme presque touchants d'un charmant atéliose, avec son "C'est super !", à la manière qu'il a d'habitude, selon des sources très mal placées, de saluer un nouveau jeu vidéo. Spoutnik.news donne comme lien sur le nom de Macron et de son enthousiasme, un texte qui renvoie à sa mille-et-unième affirmation de la nécessité d'établir de bonnes relations avec la Russie (de l'OTAN avec la Russie), comme prélude au sommet-bouffe du 16.

[[« Emmanuel Macron fr.sputniknews.com

Et que pense, pendant ce temps, le flegmatique et énigmatique Poutine, celui que l'Occident adorerait pouvoir haïr encore plus qu'elle a haï Saddam Hussein et Bachar al-Assad ? Il reste égal à lui-même, flegmatique et énigmatique, non sans qu'on se permette d'espérer tout de même, lors de sa conférence de presse tenue en apartheid à Genève, l'une ou l'autre saillie de bon aloi concernant ses "partenaires" occidentaux, de celles dont il a le secret, lorsque, parfois, il s'étrangle de rire en les disant. Car de plus, c'est toujours à propos des Occidentaux qu'il fait ces choses ; ce qui est, on l'avouera en présence de cette constance du vice, pour le moins une « marque sataniste »...

Dans tous les cas, il a bien voulu, Poutine, donner une interview à un média de la presseSystème américaniste, la chaîne NBC, ce qu'il n'avait plus fait depuis 2017 [une interview à un média américaniste]. On retrouvera avec une tranquille confiance les habituelles formules pleines de retenue du président russe, salées et poivrées de quelques insinuations perceptibles seulement aux initiés, - dont nous ne sommes pas, mais dont certains des auditeurs et lecteurs de la chose pourraient être...

[«...L'occasion pour Vladimir Poutine de s'exprimer, entre autres, sur les mots qu'avait eus à son endroit son homologue américain au mois de mars, le qualifiant de "tueur sans âme". "Quand on a demandé au président Biden s'il estimait que vous étiez un tueur, il a répondu : 'Oui, je le pense' Monsieur le président, êtes-vous un tueur ?", lui a ainsi demandé le journaliste de NBC News Keir Simmons.

» "Durant ma carrière, je me suis habitué aux attaques venant de tous les côtés, pour de nombreuses raisons, et des attaques de différentes qualités et finesses. Rien de cela ne m'étonne. Les personnes avec qui nous coopérons et nous disputons sur la scène internationale, et nous-mêmes, nous ne sommes pas de jeunes mariés : nous ne nous jurons pas amour et fidélité pour l'éternité. Nous sommes des partenaires, et, sous certains angles, nous sommes rivaux", a expliqué à ce sujet Vladimir Poutine. Il a conclu pour cette question en observant que l'étiquette de "tueur" correspondait à une accusation typique du "machisme hollywoodien"....

» "J'estime toujours à l'heure actuelle que l'ancien président américain, monsieur Trump, est une personnalité extraordinaire et talentueuse. Dans le cas contraire, il ne serait pas devenu président des États-Unis. C'est une personne remarquable. Il peut plaire ou ne pas plaire. Ce n'est bien évidemment pas une créature de l'establishment américain : il n'avait aucune pratique politique [lorsqu'il fut élu].... Le président Biden est de toute évidence totalement différent de Trump, parce que c'est un professionnel. Il a passé quasiment l'intégralité de sa vie d'adulte en politique. C'est ce qu'il fait depuis de nombreuses années. »]

On conviendra alors qu'il est difficile de faire de cette succession de perles à enfiler avec précaution une opinion stable et structurée sur cette série d'"événements". Il est tout aussi difficile de ne pas s'exclamer en se demandant la cause de cette agitation, qui sera suivie, comme l'on s'en doute, par le vide sans fin ni horizon de la moindre décision, du moindre acte qui fasse mentir le désintérêt que suggère l'inconnaissance.

Comme on l'a lu, Houellebecq parle d'« un suicide occidental ou plutôt un suicide de la modernité », et finalement c'est bien ce que nous signale cette sorte de séquence d'énormes agitations complètement vides sinon pour les services de sécurité, de manifestations enthousiastes de coopérations d'impuissances paralysées, et d'hostilités (contre la Russie consentant encore à figurer) absolument simulacrées mais pourtant brandies avec fureur. Il faut avoir un grand courage intellectuel pour s'entêter à continuer à commenter avec sérieux et rigueur ces événements-choses absolument désemplis et asséchés, réglés au seul son du rythme endiablé de la communication et de la publicité, où les présidents et les premiers ministres apparaissent comme les locataires insipides et robotisés d'une luxueuse station de thalassothérapie brutalement transformée en EPAD (même les innombrables jeunes gens et jeunes filles qui apparaissent dans ces réunions, figurant les 'Young Leaders' de service, semblent avoir abandonné toute la fraîcheur de leur âge).

Qu'un président Macron soit encore capable de s'écrier « C'est super ! » alors qu'il se trouve en présence de Biden, représente en fait de simulacre une réelle performance de télé-réalité, ou bien l'équivalent d'une victoire à Roland-Garros. La magie de la communication, - puisque Macron en est la marionnette incontestée, - nous montre une fois de plus qu'elle seule est capable d'affronter, comme si de rien du tout n'était, le ridicule abyssal du vide, la force chenue et sans voix de la langue de bois et les fortes chaleurs annonçant l'apocalypse climatique.

Mis en ligne le 13 juin 2021 à 20H25

dedefensa.org]]]

11/06/2021 strategic-culture.org  5 min 🇬🇧 #190796

Le G7 2021, désespérément en quête de pertinence

Group of Seven Illustrates Existential Global Problem Not Solution

http://www.newsnet.fr/561934435

The G7 represents much about the world order that is totally unsustainable: elite wealth promoting false conflicts among nations instead of implementing genuine cooperation and peace.

Posing as problem-solvers of the globe's ills, the leaders of the so-called Group of Seven (G7) nations are gathered in an English seaside resort this weekend for an annual summit. It's a spectacle that has lost any illusion of luster.

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