Les militaires putschistes du 18 août ont affirmé que leur chef assurerait «la continuité de l'Etat» et préparerait «la transition». La première réunion de concertation politique et civile a été reportée. Une attitude qui laisse la Cédéao perplexe.
La junte militaire qui a pris le pouvoir au Mali le 18 août a confirmé avoir fait de son chef, le colonel Assimi Goïta, le chef de l'Etat. La publication discrète le 27 août au Journal officiel malien d'un «acte fondamental» en ce sens, ayant valeur constitutionnelle selon ses rédacteurs, avait suscité la perplexité. De plus, les militaires putschistes ont annoncé reporter la première réunion de concertation prévue le 29 août avec les organisations politiques et civiles sur un futur transfert des pouvoirs.
La junte avait invité les partis, des groupes rebelles signataires d'un accord de paix et des organisations de la société civile à des «échanges sur l'organisation de la transition» le 29 août au matin à Bamako. Elle a annoncé dans un communiqué le report de cette rencontre «à une date ultérieure» en invoquant des «raisons d'ordre organisationnel».
Assurer la «continuité de l'Etat»
Les colonels au pouvoir sont restés très discrets quant à la proclamation d'Assimi Goïta comme chef de l'Etat et n'ont, dans un premier temps, pas répondu publiquement aux questions de la presse qui demandait s'ils en étaient bien les auteurs. Le porte-parole de la junte, le colonel Ismaël Wagué, a confirmé le 27 août que les militaires assumaient la paternité de cet acte. Il a invoqué l'actuel vide institutionnel, en l'absence de gouvernement et d'Assemblée nationale.
«Pour assurer la continuité de l'Etat, il faut qu'il y ait un chef d'Etat. Cet acte permet de prendre le président du Conseil national comme le chef d'Etat (ce) qui lui permet d'assurer la continuité de l'Etat et préparer la transition», a-t-il déclaré à la télévision nationale. Le colonel fait référence au Comité national pour le salut du peuple (CNSP), que les militaires ont institué. Le CNSP, dont le chef de la junte est le président, doit «assurer la continuité de l'Etat en attendant la mise en place des organes de transition», stipule l'acte fondamental.
Ce dernier dispose que le président du CNSP «assure les fonctions de chef de l'Etat». Il «incarne l'unité nationale», est «garant de l'indépendance nationale, de l'intégrité du territoire» et du respect des accords internationaux. Il nomme les responsables civils et militaires de haut rang, «signe les ordonnances et décrets adoptés» du CNSP et accrédite les ambassadeurs étrangers.
Il peut être investi de «pouvoirs exceptionnels» quand les institutions, l'intégrité du territoire ou l'exécution des engagements internationaux «sont menacés d'une manière grave et immédiate».
La perplexité grandit face au moment choisi pour cette publication, à la veille d'un sommet de la Communauté des Etats ouest-africains (Cédéao) qui presse les militaires de remettre rapidement le pouvoir entre les mains des civils.
Lire aussi Mali : la junte militaire annonce avoir libéré l'ex-président renversé