par François Meylan
Le «Pushpa», pétrolier de 244 mètres de long, immatriculé IMO 9332810, avec pavillon de complaisance de l'État du Bénin se trouvait dans les eaux internationales à plus de 40 km des côtes françaises. Son port de destination était Vadinar en Inde.
Il a été arraisonné par la gendarmerie maritime française, mercredi 1er octobre 2025, dans la seconde partie de l'après-midi.
En l'état actuel, la seule chose qu'on puisse lui reprocher est d'être resté un peu longtemps à la hauteur de Saint-Nazaire, parc éolien. Soit depuis le 28 septembre pour une raison que l'on ignore... Avarie ? Problème sanitaire ? Etc..
Pour pouvoir l'arraisonner dans les eaux internationales, le parquet de Brest a dû ouvrir une enquête préliminaire pour déclencher ce qu'on appelle communément le «droit de visite». À charge : «refus d'obtempérer» et «défaut de justification de la nationalité du navire/pavillon».
Nous y voyons, avant toute chose, une nouvelle opération de communication de la part du président Macron qui avec ses camarades otaniens aime jouer à se faire peur. «Il n'y a plus que ça ! Ils sont tous sûrs, mais ils n'ont aucune preuve». dixit le colonel EMG Boris Chollet, ancien des Renseignements militaires suisses. Avec de grandes déclarations impliquant les Russes dans la constellation des «actions de guerre hybride» ou encore de «la guerre informationnelle».
Par ailleurs, on nous bassine avec la pseudo-flotte de vaisseaux «fantômes» de Vladimir Poutine qui serait la pierre angulaire du contournement des sanctions et qui permettrait l'écoulement des hydrocarbures russes, de par le monde. Cette flotte serait constituée d'au moins mille navires. Rien que cela. C'est ce pétrole qui financerait l'effort de guerre russe, toujours selon Emmanuel Macron. Sauf que pour l'instant, on ne peut rien reprocher au tanker «Pushpa» si ce n'est de ne pas avoir répondu à l'adjonction d'un remorqueur de la marine française, alors qu'il se trouvait dans les eaux internationales.
Certes ce bâtiment a changé plusieurs fois de noms et de pavillons au cours de ses quelques décennies d'activités. Pour se nommer tantôt «Kiwala», «Pacific Apollo» ou «P. Fos».
C'est coutumier dans le transport maritime. Ces bâtiments changent régulièrement de propriétaire. Seule l'immatriculation IMO (International Maritime Organisation) demeure immuable.
En arraisonnant ce pétrolier dans les eaux internationales sans avoir un dossier d'investigation et de preuves plus costaud, l'État français se livre assurément à un acte de piraterie.
Et qu'en est-il de l'usage du pavillon de complaisance ou de nécessité comme aiment à l'appeler les maltais ?
C'est devenu la règle ! Plus de 80% du fret maritime y recourt, selon Guillaume Travers, économiste et spécialiste reconnu.
Les drapeaux du Bénin, du Libéria, du Gabon, de la Mongolie, des Îles Marchal pour ne mentionner que ceux-là sont utilisés. Pour des questions de fiscalité, en premier lieu. Et ensuite d'une réglementation générale plus souple voire totalement laxiste. Tant en matière de normes écologiques qu'en matière de conditions sociales pour les employés. C'est ce qui permet, par exemple, à la France de livrer des armes à Israël plus ou moins discrètement (1). Ou au géant français CMA CGM, troisième groupe de transport maritime mondial, de salarier ses marins philippins 3,25 euros l'heure pour des semaines de travail de soixante-cinq heures (2). On estime que ce groupe qui possède quelques 500 navires n'en a domicilié fiscalement que 5% dans l'Hexagone. On imagine assez bien dans quel abysse saute pieds joints le président Macron si il voit le péril russe derrière chaque pavillon de complaisance.