26/05/2022 ejmagnier.com  4 min #208932

«Pas un avis positif» : Erdogan pourrait bloquer l'adhésion de la Finlande et la Suède à l'Otan

Erdogan a les cartes en main pour diviser la Syrie et faire chanter les Usa

Posted on  26/05/202226/05/2022 by  Elijah J Magnier

Par Elijah J. Magnier

Traduction : Daniel G.

La priorité absolue de l'administration américaine actuelle est de créer une scission entre l'Europe et la Russie, de tenir Moscou occupé en Ukraine, de séparer la Russie de l'Union européenne et d'élargir l'OTAN en ajoutant deux nouveaux pays membres aux 30 existants. Encercler la Russie de forces hostiles et affaiblir son armée est l'objectif suprême des USA et Washington est prêt à payer le prix fort pour y parvenir. De plus, ces objectifs évidents offrent au président turc Recep Tayyip Erdogan une occasion en or de mettre toutes ses exigences sur la table et de faire chanter Biden pour qu'il fasse des concessions difficiles à obtenir en temps normal.

Pour qu'un nouveau pays puisse adhérer à l'OTAN, tous les parlements des pays membres doivent d'abord l'approuver. Cela est dû aux ramifications et à la responsabilité d'une telle décision, notamment le budget annuel alloué aux membres et l'engagement à défendre tous les membres de l'OTAN en cas de menace ou d'attaque. L'accusation de la Turquie voulant que la Suède et la Finlande accueillent des dirigeants kurdes du PKK (qui figure sur la liste des groupes terroristes établie par les USA et l'UE) n'est qu'une piètre excuse pour empêcher ces deux pays européens d'adhérer à l'OTAN, une organisation militaire dirigée par les États-Unis.

Les États-Unis ont accueilli Fethullah Gulen, un ancien allié d'Erdogan devenu son ennemi qui a affirmé être le cerveau du coup d'État manqué de 2016 (il a vécu en Pennsylvanie pendant 20 ans). En outre, les États-Unis arment et financent la branche syrienne du PKK (PYD/YPG) dans le nord-est de la Syrie. Par conséquent, Ankara devrait d'abord exiger que Washington cesse toute collaboration avec le PKK si c'est vraiment ce que recherche Erdogan avant d'autoriser la Finlande et la Suède à rejoindre l'OTAN. Ainsi, de manière ambitieuse, la Turquie cherche à obtenir des concessions sur sa propre liste de demandes avant de faire preuve de flexibilité.

Le premier des souhaits turcs est de relocaliser et d'installer un million et demi de réfugiés syriens (sur environ 3,6 millions dans le pays) dans une nouvelle « zone tampon » turque, une zone déjà occupée par l'armée américaine au nord-est de la Syrie. L'installation des réfugiés syriens vivant en Turquie constitue une barrière essentielle entre les forces turques et leurs alliés syriens d'une part, et les Kurdes du nord-est de la Syrie d'autre part. C'est la première étape de l'expansion turque souhaitée par Ankara dès 2011, au début de la guerre syrienne. Même si une nouvelle zone tampon n'est pas envisageable pour le moment, la réinstallation des réfugiés syriens dans la ville d'Idlib contrôlée par la Turquie et ses environs constitue un pas décisif vers l'annexion d'une partie de la Syrie, sous l'œil attentif de la communauté occidentale.

Ankara est consciente d'être en position de force pour mettre de l'avant ses objectifs stratégiques, d'autant plus que les États-Unis n'ont pas de nouvelle stratégie pour la Syrie hors du maintien du statu quo. L'administration Biden maintient la situation établie par l'ancien président Donald Trump. La Turquie, qui considère le nord de la Syrie, Idlib et même Alep comme des provinces turques, continuera à exercer une forte pression sur les États-Unis pour obtenir davantage de concessions en Syrie en échange de son acceptation des objectifs expansionnistes de l'OTAN.La Turquie contrôle déjà 9 % du territoire syrien, où ses forces sont déployées en coordination avec Al-Nosra, Al-Qaïda (les « Gardiens de la religion ») et tous les groupes d'opposition syriens. Ankara n'abandonnera pas ses ambitions en Syrie tant que le président Erdogan sera au pouvoir. Le président turc considère le président syrien Bachar al-Assad comme un ennemi qui a empêché la réalisation de son objectif le plus important, qui consistait à répandre l'idéologie des « Frères musulmans » au Levant et, de là, en Irak et au

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