22/07/2016 altermonde-sans-frontiere.com  3 min #115561

Plusieurs dizaines de morts dans un attentat à Nice pendant le feu d'artifice du 14 juillet

Conduisez, vous êtes filmé !

Par C. N.

En politique, c'est bien connu, la meilleure défense c'est l'attaque ! Et Christian Estrosi vient de passer maître en la matière. Voilà un élu qui a fait de sa carrière une surenchère sécuritaire permanente et de sa bonne ville de Nice un laboratoire de très haute sécurité. Voilà des années qu'il nous explique que sa cité est la mieux protégée de France, et qu'il le montre. Qu'il claironne à tout-va qu'il détient le record du plus fort contingent de poulets municipaux du pays (près de 400) et qu'il leur fournit le meilleur attirail dernier cri. Qu'il exhibe fièrement devant les télés ses 1 257 caméras de vidéosurveillance et son « centre de supervision urbain » flambant neuf...

Mais, lorsqu'un camion tueur déboule sur la Promenade des Anglais - l'axe le plus surveillé de sa ville la plus surveillée - voilà notre premier adjoint à la sécurité qui se met à vociférer qu'il est très en colère et que c'est la faute de l'État ! Le 19 janvier 2015, réunissant un Conseil municipal exceptionnel afin de vanter sa lutte contre le terrorisme et la radicalisation, l'encore maire Estrosi avait lâché, à propos de sa vidéosurveillance et de l'attentat à Charlie Hebdo : « Si Paris avait été équipé du même matériel que nous, les frères Kouachi n'auraient pas passé trois carrefours sans être repérés ! »

Las ! À Nice, le 14 juillet, un 19 tonnes a parcouru des kilomètres dans un secteur interdit aux poids lourds depuis les années 60, et les caméras n'y ont rien changé. Que dalle ! Pas plus que les flics municipaux, dont, au passage, seuls 10 % des effectifs étaient mobilisés pour un soir de fête nationale, en plein État d'urgence. Le terroriste s'est même payé le luxe de procéder à des repérages avec son camion au cours des deux jours précédents, sur les lieux du crime et sous les caméras, sans subir le moindre contrôle.

En avril encore, le futur ex-maire fanfaronnait avec l'expérimentation d'une vidéosurveillance à reconnaissance faciale pour dénicher les barbus. En d'autres temps, et surtout à l'occasion d'autres campagnes électorales, il avait aussi crâné avec le réseau Voisins vigilants, ou comment 500 personnes à la moralité « vérifiée » étaient formées pour détecter les agissements suspects et prévenir illico les cow-boys d'Estrosi. Sans parler de la fameuse traque du bord de mer, dans le dossier de candidature au classement de la Promenade des Anglais au Patrimoine Mondial de l'UNESCO : la moindre camionnette ne disposant pas d'un bon de livraison était pistée sur la Prom' et son conducteur écopait d'un PV. On en passe...

Chez SuperEstrosi, ce qui compte, c'est ce qui se voit ! Sauf dans l'œil de ses caméras.

 Le Canard Enchaîné N° 4995 du 20 juillet 2016

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