24/07/2016 tlaxcala-int.org  4min #115637

 La fusillade à Munich en vidéo

« Amok » à Munich

 Fausto Giudice Фаусто Джудиче فاوستو جيوديشي

-Ich bin ein Deutscher (Je suis un Allemand)

-Du bist ein Wichser (Tu es un branleur)

Dialogue entre David Ali S. sur le toit du parking et Thomas Salbey, à son balcon

9 morts, en majorité des jeunes : 3 jeunes Kossovars, 3 jeunes Turcs, 1 jeune Grec. C'est le terrible bilan de la tuerie du McDo du centre commercial Olympia de Munich du vendredi 22 juillet. Le tueur, qui s'est suicidé lorsque la police l'a débusqué, était un jeune Irano-Allemand - ou Germano-Iranien - de 18 ans, né à Munich, où sa famille s'était installée dans les années 90.

David Ali S. n'était pas islamiste. La date choisie pour son acte renvoie au 22 juillet 2011, jour où le nazi Anders Breivik a commis le massacre de jeunes sociaux-démocrates sur l'île d'Utøya en Norvège. David avait une photo de Breivik sur son whatsapp et il rendait un culte à un autre héros coureur d'amok, Tim Kretschmer, 17 ans, auteur de la tuerie de Winnenden, près de Stuttgart, en mars 2009, qui avait fait plusieurs dizaines de victimes, à commencer par quinze lycéens et enseignants, dont quatorze étaient de sexe féminin.

Selon les premières informations dont on dispose, David Ali était un dépressif suivi en psychiatrie, il avait fait l'objet de mobbing (harcèlement) à l'école et il venait ce jour-là déchouer à un examen. Il n'a pas voulu tuer des « autres » mais des semblables. Son acte entre donc dans la catégorie des « suicides anomiques » pratiqués par des personnes prises de folie meurtrière, qui se tuent elles-mêmes après avoir commis un massacre au hasard. Ce qu'on appelle « amok », un terme désignant cette forme de folie en Malaisie,et qui a fait l'objet d'une riche littérature, aussi bien scientifique que de fiction, et très présent dans les jeunes vidéos, tout comme les « berserkers », la variante viking du guerrier kamikaze habité par l'esprit de l'ours ou du loup.

Les Musulmans respirent : le tueur n'était pas l'un d'eux. La police bavaroise escompte que cette affaire lui permettra d'augmenter son budget, après sa gestion exemplaire du drame. Très présente sur facebook et twitter, la police munichoise a passé son temps à calmer les gens, à démentir les rumeurs, à inciter les gens à ne pas publier de photos ou de vidéos, mais plutôt à les lui envoyer sur une page de téléchargement créée à cet effet. Un homme est devenu le héros de cette affaire : Marcus da Gloria Martins, 43 ans, porte-parole de la police munichoise, unanimement salué pour son travail de relations publiques pendant et après le drame. Ce fils d'immigrés portugais a eu la surprise de découvrir qu'une page à son nom avait été créée sur facebook, et avait été « likée » par 50 000 personnes.

Les politiques se sont aussi tenus à carreau, préférant se taire plutôt que de dire n'importe quoi, avant d'en savoir plus. Un exemple que les politicards français et usaméricains feraient bien de suivre. A commencer par l'occupant de l'Élysée, qui, avant tout le monde, a décrété qu'il s'agissait d'un « acte terroriste ».

Maintenant, le débat officiel allemand se focalise sur deux points : comment rendre l'accès aux armes à feu encore plus difficile et faut-il permettre à l'armée fédérale d'intervenir dans ce genre de drames ? Tim Kretschmer, le tueur de Winnenden, s'était procuré ses armes dans l'arsenal de son père, qui avait 15 armés à feu dans sa chambre à coucher, et a d'ailleurs pour cela été condamné à un an et demi de prison avec sursis, ayant été d'autre part débouté de sa plainte contre la clinique pratiquant le suivi psychiatrique de son fils. David Ali S. était muni d'un Glock 9mm., sans doute une arme de collection réactivée, et avait encore 300 projectiles dans son sac à dos. On estime qu'il y a 5,6 millions d'armes à feu légalement en circulation et trois à quatre fois plus qui le sont illégalement en Allemagne.

Pour les vrais débats de fond que devrait susciter cet énième amok d'un jeune Allemand, sur un modèle venu tout droit des USA, où l'on ne compte plus les épisodes de meurtres de masse suicidaires, il n'y a pas grand-chose à attendre des politiciens, aussi responsables et respectables soient-ils. L'heure des psys a sonné.

PS: les détails de l'enquête en cours fournis par la police de Munich ce dimanche après-midi rendent caduque la thèse de "l'amok". En effet, David Ali aurait planifié son "opération" depuis un an. On ne peut donc parler de crise soudaine de rage meurtrière. Affaire à suivre...

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