25/07/2016 arretsurinfo.ch  13 min #115678

Attentat de Nice : quand la justice demande à la mairie de détruire 24 heures d'images

Attentat de Nice: les autorités auraient ordonné de mentir sur les failles du dispositif de sécurité

© AP PHOTO/ CLAUDE PARIS

Le JDD a révélé le témoignage du chef de la vidéosurveillance le soir du 14 juillet. Elle affirme avoir été «harcelée» durant une heure par la place Beauvau qui exigeait qu'elle rapporte une présence de la police nationale qu'elle n'avait pas vue.

Dans une interview accordée au Journal du Dimanche, Sandra Bertin, chef du Centre de supervision urbain (CSU) de Nice et secrétaire générale du Syndicat autonome de la Fonction publique territoriale (SAFPT) Métropole-Ville de Nice affirme que le ministère de l'Intérieur lui a ordonné, au lendemain de l'attaque du camion fou de Nice, de taper dans son rapport des positions spécifiques de la police nationale qu'elle «n'a pas vue à l'écran».

Le chef du CSU est formel : «Le lendemain des attentats, le cabinet du ministre de l'Intérieur a envoyé un représentant au CSU qui m'a mis en ligne avec la place Beauvau. J'ai alors eu affaire à une personne pressée qui m'a demandé un compte-rendu signalant les points de présence de la police municipale, les barrières, et de bien préciser que l'on voyait aussi la police nationale sur deux points dans le dispositif de sécurité».

Sauf qu'à l'écran, le soir de l'attaque, Sandra Bertin n'a pas vu la fameuse présence de la Police nationale évoquée par le ministère de l'Intérieur. Elle affirme que la place Beauvau a exigé d'elle qu'elle envoie par email une version modifiable du rapport, pour «ne pas tout retaper», ordonnant également de taper des positions spécifiques de la police nationale «qu'[elle n'a] pas vu à l'écran».

Le chef du CSU a finalement envoyé par email «une version PDF non modifiable et une autre modifiable».

Sandra Bertin déplore aussi que les policiers municipaux n'aient pas été armés le soir du 14 juillet, «une de nos revendications [..].». S'ils avaient été armés comme nos collègues de la police nationale, une de nos revendications, ils auraient pu le stopper [le camion].

Ces révélations obtenues par le JDD relancent ainsi la polémique quant aux mesures de sécurité qui n'auraient pas été respectées par les forces de l'ordre le soir du drame.

Dans la soirée du 14 juillet, jour de la fête nationale, un camion fou de 19 tonnes a foncé sur la foule venue assister au traditionnel feu d'artifice sur la Promenade des anglais, provoquant un véritable carnage lors duquel 84 personnes ont perdu la vie.

RT - 24 juil. 2016

 Lire aussi :  Nice : la mairie refuse de supprimer les images de vidéosurveillance

 Sous-effectifs, barrages partiels... Les failles du dispositif de sécurité du 14 juillet à Nice

 Nice : la justice demande à la mairie d'effacer toutes les images de vidéosurveillance de l'attentat

Source:  francais.rt.com

Attentat de Nice : le ministère de l'Intérieur accusé d'avoir exercé des pressions, Cazeneuve réagit

24 juil. 2016,

La responsable de la vidéosurveillance le soir du 14 juillet affirme avoir été «harcelée» durant une heure par la place Beauvau exigeant d'elle qu'elle inclue dans son rapport une présence de la police nationale qu'elle n'avait pas vue.

Dans une intervew accordée au Journal du Dimanche, Sandra Bertin, chef du Centre de supervision urbain (CSU) de Nice et secrétaire générale du Syndicat autonome de la Fonction publique territoriale (SAFPT) Métropole-Ville de Nice, affirme que le ministère de l'Intérieur lui a ordonné, au lendemain de l'attaque du camion fou de Nice, de taper dans son rapport des positions spécifiques de la police nationale qu'elle «n'a pas vue à l'écran».

La responsable du CSU est formelle : «Le lendemain des attentats, le cabinet du ministre de l'Intérieur a envoyé un représentant au CSU qui m'a mis en ligne avec la place Beauvau. J'ai alors eu affaire à une personne pressée qui m'a demandé un compte-rendu signalant les points de présence de la police municipale, les barrières, et de bien préciser que l'on voyait aussi la police nationale sur deux points dans le dispositif de sécurité.»

Sauf qu'à l'écran, le soir de l'attaque, Sandra Bertin n'a pas vu la fameuse présence de la police nationale évoquée par le ministère de l'Intérieur. Elle affirme que la place Beauvau a exigé d'elle qu'elle envoie par email une version modifiable du rapport, pour «ne pas tout retaper», ordonnant également d'inclure des positions spécifiques de la police nationale «qu'[elle n'a] pas vu à l'écran».

Sandra Bertin a finalement envoyé par email «une version PDF non modifiable et une autre modifiable».

Elle déplore aussi que les policiers municipaux n'aient pas été armés le soir du 14 juillet : «S'ils avaient été armés comme nos collègues de la police nationale, une de nos revendications, ils auraient pu le stopper [le camion].»

Ces révélations obtenues par le JDD relancent ainsi la polémique quant aux mesures de sécurité qui n'auraient pas été respectées par les forces de l'ordre le soir du drame.

Dans la soirée du 14 juillet, jour de la fête nationale, un camion fou de 19 tonnes a foncé sur la foule venue assister au traditionnel feu d'artifice sur la promenade des Anglais, provoquant un véritable carnage lors duquel 84 personnes ont perdu la vie.

Bernard Cazeneuve porte plainte pour «diffamation»

Après le témoignage de Sandra Bertin, assurant qu'elle avait reçu des pressions, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a déposé une plainte pour diffamation, a fait savoir la place Beauvau, qui évoque de «graves accusations».

«Contrairement à ce que Madame Bertin affirme, ce n'est en aucun cas « le cabinet du ministre de l'Intérieur qui a envoyé un commissaire au CSU »», puisque «le procureur de Paris François Molins vient de rappeler que c'est sous sa seule autorité et dans le cadre de l'enquête judiciaire que des policiers ont été dépêchés au CSU de Nice le 15 juillet», a indiqué le ministère de l'Intérieur dans un communiqué de presse.

Déplorant des «accusations indignes», le ministère conclut : «Il serait très utile que Madame Bertin soit auditionnée par les enquêteurs et puisse leur produire les identités et les fonctions des personnes qu'elle met cause, les mails qu'elle évoque et leur contenu.»

Source:  francais.rt.com

Attentat de Nice : Pourquoi le Parquet demande l'effacement total des vidéos ?

Par  Karine Bechet-Golovko le 23 juillet 2016

A la surprise de la ville de Nice, le Procureur de Paris en charge de l'enquête sur le massacre de la Promenade des anglais demande à la ville de supprimer totalement 24h d'images visant le déroulement de l'acte de terrorisme sur la Promenade des anglais. Estrosi refuse et la ville se dit incompétente pour le faire.

La ville de Nice compte plus de 1200 caméras de surveillance, c'est une des villes les mieux équipées. en France. Environ 140 d'entre elles ont filmé les lieux de l'attentat terroriste, ce qui fait en gros 30 000 heures cumulées de bandes.

Le mercredi 20 juillet, la sous-direction antiterroriste adresse une réquisition urgente demandant à la ville de Nice de détruire toutes les images de la Promenade des anglais, citant certaines caméras en particuliers et également demande de détruire toutes les copies non judiciaires. Voir la demande de réquisition sur le site du  Figaro :

la sous-direction antiterroriste (SDAT) a envoyé aux agents qui gèrent la vidéosurveillance de la ville une réquisition citant les articles 53 et L706-24 du code de procédure pénale et de l'article R642-1 du Code pénal leur demandant l'effacement « complet » de 24 heures d'images provenant de six caméras nommées et numérotées, mais aussi de toutes les scènes depuis le début de l'attentat ayant eu lieu sur la promenade des Anglais, dans la nuit du 14 juillet.

La ville est surprise, c'est la première fois qu'une telle demande leur est adressée. Et pour cause, l'  art. 56 du Code de procédure pénale, qui règle la question de la préservation des éléments de preuves, dispose :

Il est procédé à la saisie des données informatiques nécessaires à la manifestation de la vérité en plaçant sous main de justice soit le support physique de ces données, soit une copie réalisée en présence des personnes qui assistent à la perquisition.

Si une copie est réalisée, il peut être procédé, sur instruction du procureur de la République, à l'effacement définitif, sur le support physique qui n'a pas été placé sous main de justice, des données informatiques dont la détention ou l'usage est illégal ou dangereux pour la sécurité des personnes ou des biens.

Quelle est la logique de ce texte ? Après avoir travaillé les preuves, vu lesquelles étaient utiles à l'enquête et lesquelles non, un tri peut être fait à la fin de l'enquête : les éléments utiles sont gardés, les autres peuvent être détruits. Or, nous sommes en tout début d'enquête, c'est ce qui surprend.

Le Parquet, pour une raison ou pour une autre, veut avoir la maîtrise totale de l'image et des preuves. Soit. Mais il invoque pour cela une raison étrangère aux motifs prévus par le Code de procédure pénale. Or, même s'il s'agit de terrorisme, la légalité républicaine n'a pas totalement été suspendue.

Selon le Parquet de  Paris :

« Cette réquisition de la Sdat, avec l'accord du parquet, correspond à la nécessité impérieuse d'éviter la diffusion non contrôlée et non maîtrisée de ces images, profondément choquantes pour la dignité et l'intégrité des victimes. »

Certes, l'intention est très louable. Mais cela signifie-t-il qu'il n'est pas suffisant de demander à la mairie de Nice de ne pas vendre ses vidéos aux médias ou les diffuser sur internet ? A moins que les serveurs de la mairie ne soient à ce point faciles à craquer et le Parquet est beaucoup mieux protégé. Le maire, ses adjoints ou les personnes travaillant à la mairie de Nice auraient-ils l'idée saugrenue de vendre ces vidéos aux terroristes pour leur propagande ? Cela semble absurde.

L'autre argument avancé est celui de ne pas voir ces images sur les sites de propagande terroriste.

Sur le plan juridique, l'art. 56, qui règle cette question, pose comme critères aurotisant la destruction :

-la détention illégale : la mairie de Nice détient ces bandes légalement ;

-l'usage illégale : la mairie n'en a fait aucun usage illégal et elle n'a aucun moyen de contrôler les personnes privées ayant filmé des images de la scène ;

-un danger pour la sécurité des personnes et des biens : ces images ne présentent pas un danger, elles ne montrent pas de témoins dangereux qu'il faudrait retrouver avant les truands, comme dans les films de mafias.

La réquisition du Parquet est donc très étrange. Et techniquement, cet ordre présente un danger pour la  sauvegarde des images :

La demande paraît d'autant plus étonnante que la SDAT a envoyé depuis vendredi dernier des serveurs afin de récupérer les 30.000 heures de vidéosurveillance liées aux événements. Une opération de sauvegarde qui va s'étendre encore sur plusieurs jours. « Nous ne savons pas si donner un ordre de destruction alors que nous sommes en pleine sauvegarde ne va pas mettre en rideau tout le système », s'inquiète-t-on dans l'entourage du dossier.

L'avocat de la ville de Nice a affirmé que la ville refusait de répondre à cette demande et que les vidéos seraient mises sous séquestres, en vue d'une possible utilisation ultérieure lors de l'enquête. Etrange demande en effet. Alors que des copies circulent déjà dans tous les services, notamment à l'Elysée, le Président ayant voulu avoir les images. Lui aussi devra-t-il les détruire de peur qu'elles ne filtrent dans la presse ?

Sans oublier que toutes les vidéos possibles et imaginables sont déjà sur la Toile, chacun y allant de son téléphone portable. Alors que cherchent les enquêteurs ? La maîtrise totale de l'image est impossible aujourd'hui. C'est plus une question de morale publique que de réquisition urgente. Avec un peu de chance l'on pourra au moins éviter de chercher des Pokémons dans la morgue de Nice. Quoique...

Karine Bechet-Golovko | 23 juillet 2016

Source [Russie politics]

«Il a réclamé une version modifiable du rapport»

La policière responsable de la vidéosurveillance à Nice affirme avoir subi des pressions du ministère de l'Intérieur lors de la rédaction d'un rapport sur le 14 juillet.

Selon le procureur, Mohamed Lahouaiej Bouhlel a également bénéficié de complicités dans la préparation de l'attentat. (Jeudi 21 juillet 2016)

Sandra Bertin, qui s'exprime dans le « Journal du Dimanche », était en poste le soir de l'attaque qui a fait 84 morts sur la promenade des Anglais. Selon elle, un représentant de la place Beauvau lui a demandé de mentionner la présence de policiers nationaux sur les lieux de l'attaque.

«J'ai (...) eu affaire à une personne pressée qui m'a demandé un compte-rendu signalant les points de présence de la police municipale, les barrières, et de bien préciser que l'on voyait aussi la police nationale sur deux points dans le dispositif de sécurité», déclare-t-elle au JDD.

Pas sur les vidéos

«Or la police nationale était peut-être là, mais elle ne m'est pas apparue sur les vidéos. Cette personne m'a alors demandé d'envoyer par courriel une version modifiable du rapport», ajoute la cheffe du Centre de supervision urbain (CSU) de la municipalité.

«J'ai été harcelée pendant une heure, on m'a ordonné de taper des positions spécifiques de la police nationale que je n'ai pas vues à l'écran», précise encore Sandra Bertin, également secrétaire générale du Syndicat autonome de la fonction publique territoriale (SAFPT) de Nice. La policière dit avoir finalement envoyé deux versions du rapport, l'une modifiable et l'autre non.

Polémique sur les moyens

La question des moyens mis en oeuvre par l'Etat pour assurer la sécurité du public lors du feu d'artifice du 14 juillet fait l'objet d'une polémique, certains, à droite et au Front national, jugeant que la tuerie aurait pu être évitée.

François Hollande a promis vendredi une transparence totale dans l'analyse du dispositif de sécurité déployé ce soir-là.

Sous le feu des critiques, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a annoncé jeudi l'ouverture d'une enquête interne, confiée à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN). Ses conclusions doivent être dévoilées la semaine prochaine.

Source:  20min.ch

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