15/02/2008  11 min #14952

La tempête financière actuelle : Crise conjoncturelle ou crise structurelle ?

Le site qui nous propose la publication de ce texte semble flirter avec des thèses fondamentalistes chrétiens – anti-musulmanes et anti-arabes, nous publions donc leur texte par courtoisie, mais nous ne cautionnons nullement leur vision raciste contre laquelle nous luttons.

Proposé par le site:  dies-irae.eu

La tempête financière actuelle : Crise conjoncturelle ou crise structurelle ?

Ce que Paul Jorion commente (3)

« Greenspan examine ce qu’il considère comme un changement radical de la donne dans le domaine financier : le fait que la globalisation prive désormais les dirigeants de la Fed d’un outil d’intervention dont ils disposaient jusque-là. Le pouvoir de la banque centrale américaine de modifier les taux domestiques courts lui offrait traditionnellement un moyen d’influer également sur les taux à long terme, or un découplement a eu lieu : les taux longs gagnèrent leur autonomie et ne furent plus influencés que par des facteurs jouant à l’échelle mondiale ».

« Si l’analyse de Greenspan ici n’est pas incorrecte, sa généralité frise cependant la mauvaise foi ».

… et nous ajouterons au commentaire de Paul Jorion que Greenspan minimise largement le rôle et les capacités de la FED.

A lire l’article du Wall Street Journal, nous aurions presque l’impression que l’on a enlevé à la FED le seul outil dont elle dispose...

La Federal Reserve Bank (FED) (4)

Pendant que l'Europe préparait la guerre qui allait la ruiner, elle omit de prêter attention à un événement monétaire qui allait avoir des conséquences gigantesques pour l'économie de la planète : la création le 23 décembre 1913 d'une banque centrale privée constituée par un cartel de banques d'affaires dirigées par les groupes financiers Rothschild, Rockefeller.

Actuellement, les propriétaires de la FED (Federal Reserve Bank) sont :

Rothschild Banks of London and Berlin

Lazard Brothers Bank of Paris

Israel Moses Sieff Banks of Italy

Warburg Bank of Hamburg and Amsterdam

Lehman Brothers Bank of New York

Kuhn Loeb Bank of New York

Chase Manhattan Bank of New York

Goldman Sachs Bank of New York

Les privilèges exorbitants de la FED

Vouloir énumérer tous les privilèges exorbitants de la FED nous entraînerait beaucoup trop loin pour cet article. A tel point qu’il faudrait se demander si la gouvernance des Etats-Unis est une démocratie ou un pouvoir financier privé ?

Car « Donnez-moi le contrôle de la monnaie d’une nation et je n’aurai pas à me soucier de ceux qui font ses lois », disait Nathan Rothschild en 1791.

Nous nous contenterons d’une courte citation du livre de Madame Margaret Thoren (5) :

• la Réserve Fédérale crée de l’argent à partir de rien en émettant des chèques sans provision valables sans aucune contrepartie,

• la Réserve Fédérale détruit la monnaie qu’elle reçoit quand elle vend des bons du Trésor.

• le remboursement annuel de la Fed au Trésor est seulement de la moitié de 1% du total de sa dette.

Margaret Thoren écrit également :

« Les manuels d'économie les plus traditionnels donnent l'impression que la dette du secteur public et l'intérêt sur cette dette, ont peu d'impact sur les conditions économiques parce qu’ils disent que nous devons cette dette à nous-mêmes.

« Par conséquent, si nous devons une dette massive à nous-mêmes, pourquoi, tout simplement, ne pas nous pardonner nous-mêmes et pourquoi ne pas recommencer ?

« Nous ne le pouvons pas et nous ne le faisons pas, parce que la part léonine de la dette Fédérale est due par le gouvernement aux institutions financières - en incluant les banques multinationales, les douze Banques Fédérales régionales de Réserve, les gouvernements étrangers et les institutions étrangères. Le gouvernement entre dans la dette et nous, les contribuables, encourons finalement la responsabilité pour rembourser ces obligations, plus les intérêts.

Le Consensus de Washington

Du fait de la primauté du Dollar, ce qui était vrai pour les Etats-Unis est devenu vrai pour quasiment le monde entier.

Et pour mieux assurer cette mainmise financière, il a été imposé le « Consensus de Washington »

Malgré des dénégations de forme et des critiques parfois virulentes de la part même de ceux qui l’ont mis en œuvre (6), force est de constater qu’il reste la règle de l’économie occidentale.

Ce « Consensus de Washington » est une série d’agréements conclus à partir des années 1980-90 entre les banques de Wall Street et les institutions de Bretton Woods (Banque mondiale et Fonds monétaire international).

Il se base sur quatre principes que l’on peut résumer ainsi :

- Privatisation

- Libéralisation du marché des capitaux

- Libre échange de toutes les marchandises (y compris les travailleurs)

- Prix régulés uniquement par le marché

(y compris santé, éducation, culture, et même aujourd’hui l’armée comme par exemple pour les mercenaires de Blackwater)

Il est imposé au monde entier à qui l’on « offre la démocratie » par interventions armées ou par coups d’état dirigés à l’aide d’ONG et de battage médiatique (révolutions Orange, des tulipes, de velours, etc.) (7).

La conséquence (écrit Jean Ziegler) est qu’un pouvoir économique fabuleux se concentre entre les mains de quelques-uns. En 2004, les cinq cents plus puissantes sociétés transcontinentales privées du monde contrôlaient plus de 52% du produit planétaire brut (c’est-à-dire de toutes les richesses produites en une année sur la planète). (8)

Le ventre fécond du « Consensus de Washington »

Et, selon les termes de Christian de Brie (9) :

« L’abandon des souverainetés et la mondialisation libérale - permettant aux capitaux de circuler sans contrôle d'un bout à l'autre de la planète - ont favorisé l'explosion d'un marché de la finance hors la loi, moteur de l'expansion capitaliste, et lubrifié par les profits de la grande criminalité. Partenaires associés sur l'archipel planétaire du blanchiment de l'argent sale, gouvernements, mafias, compagnies bancaires et sociétés transnationales prospèrent sur les crises et se livrent au pillage du bien commun en toute impunité. Avec, de temps à autre, des opérations « poudre aux yeux » pour donner l'impression de lutter contre des paradis bancaires et fiscaux en pleine expansion, que les gouvernements, s'ils en avaient véritablement l'intention, pourraient mettre hors d'état de nuire du jour au lendemain. A la « tolérance zéro » prônée un peu partout à l'encontre des petits délinquants de la précarité et du chômage répond la « répression zéro » des grands criminels de l'argent...

« Les grandes organisations criminelles ne peuvent assurer le blanchiment et le recyclage des fabuleux profits tirés de leurs activités qu'avec la complicité des milieux d'affaires et le « laisser-faire » du pouvoir politique. Pour conforter et accroître leurs positions et leurs bénéfices, écraser ou résister à la concurrence, emporter les « contrats du siècle », financer leurs opérations illicites, les entreprises transnationales ont besoin du soutien des gouvernements et de la neutralité des instances de régulation. Quant au personnel politique, directement partie prenante, son pouvoir d'intervention dépend des appuis et des financements qui garantiront sa pérennité. Cette collusion d'intérêts constitue une composante essentielle de l'économie mondiale, le lubrifiant indispensable au « bon » fonctionnement du capitalisme.

Le bateau fou

On comprend maintenant l'affirmation de Dick Cheney, « Les déficits (10) ne sont pas une chose importante ». Cette affirmation, dans le contexte de l’époque, signifie que la « planification centrale » avait le pouvoir d’imposer au monde entier le poids de ses  « déficits monétaires » (11) et de ses « papiers financiers spéculatifs » (12)...

Le résultat le plus spectaculaire a été donné par le pillage de la Russie de 1990 à 2000.

Mais depuis que des pays comme la Chine, l’Inde, la Russie, le Venezuela (auxquels on pourrait ajouter le Brésil et beaucoup d’autres) n’acceptent plus les dictats du « Consensus de Washington », on est entré dans une crise structurelle, fait unique depuis les accords de Bretton Woods, qui résulte de la perte de « gouvernance » de la superpuissance financière sur le marché financier mondial.

Car d’un seul coup, « quietly, but rapidly », les marchands de « papiers financiers spéculatifs » se retrouvent tout nus avec leurs papiers sans valeur...

En conséquence, « la superpuissance financière est devenue un bateau fou refusant l’évidence de son état critique. Elle est arrivée au point où il n’est plus effronté de dire que rien ne peut être fait à présent et que les éclats du « chaos global » tomberont là où ils pourront. » (13)

------------------------------------- (1) Alan Greenspan a été Président de la Réserve fédérale des Etats-Unis (FED) du 11 août 1987 au 1er février 2006. C’est la FED, banque centrale privée, qui décide de la politique monétaire des Etats-Unis et supervise le système bancaire américain. Il est un ancien membre du Bohemian Club, qui est l'un des clubs les plus fermés du monde. Véritable club de l'élite, le Bohemian Club regroupe quelques 2.000 personnes (uniquement des hommes, pour la plupart des Américains) qui représentent au total le quart de la fortune privée aux Etats-Unis. (Source : Wikipédia)

(2) The Wall Street Journal - The Roots of the Mortgage Crisis - Bubbles cannot be safely defused by monetary policy before the speculative fever breaks on its own by ALAN GREENSPAN - Wednesday, December 12, 2007.

 opinionjournal.com

(3) Article de Paul Jorion : « Alan Greenspan, l’homme qui n’a pas vu venir la tourmente » sur le site :  contreinfo.info

(4) Voir « Voyage circummonétaire à la recherche du Roi Dollar et découverte de la caverne d'Ali-Baba » sur le site :

 pagesperso-orange.fr

(5) “Figuring out the FED - Truth in Money” by Margaret Thoren, first printing 1985; library of Congress April 1993. Lire également “the truth in money” by Theodore R. Thoren & Richard F. Warner, library of congress, 1980.

(6) Voir l’article de Contre-Info du 21 avril 2007 sur le site :  contreinfo.info

(7) Voir l’émission de Arte : « révolutions, mode d’emploi » par Tania Rakhmanova.

(8) Voir Le Figaro du 6 mai 2005, « Consensus de Washington ou développement normatif de l’économie, deux points de vue irréconciliables » par Jean Ziegler, Rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l’alimentation

 leruisseau.iguane.org

(9) Voir le Monde Diplomatique d’avril 2000, « Etats, mafias et transnationales comme larrons en foire » par Christian de Brie.

(10) « Un déficit est un excédent de dépenses sur les recettes ou plus exactement de charges sur les ressources » écrit le Larousse du 19e siècle.

Les ressources proviennent du travail et du capital.

A l’origine, les capitaux étaient le partage de biens concrets. Actuellement, l’essentiel des capitaux est une spéculation sur le devenir des biens que nous appelons de leur vrai nom : « papiers financiers spéculatifs ». Ils perdent leur fonction d’investissements nécessaires au travail pour devenir une simple valeur spéculative qui, par le fait, écrase le travail.

A notre époque, cet excédent de charges par rapport aux capacités de ressources est généré par une intense création monétaire de la part des banques (qui prêtent de l’argent qu’elles n’ont pas) (11), mais aussi par les Hedge Funds qui sont qualifiés invariablement de « nuées de sauterelles » qui nettoient tout sur leur passage (dirigeant social démocrate allemand Münterfering), de « menaces émergentes qui brassent des milliards provenant de sources douteuses, et peuvent servir de blanchiment d’argent ou pour d’autres activités criminelles » (directeur du FBI) et par d’autres produits dérivés du même type... (12)

(11) Concernant la monnaie, nous vous invitons à lire l’excellente étude de Par Rudo de Ruijter « Secrets d'argent, intérêts et inflation » sur le site :  europe2020.org

(12) Voir l’article de David Pellecuer dans Le Figaro du 15/10/2007 « Faut-il avoir peur des hedge funds ? » sur le site :

 lefigaro.fr

(13) Voir l’article du 27/11/2007 de Paul Craig Roberts ancien Sous-secrétaire au Trésor de Ronald Reagan, publié par Attac France que nous avons utilisé en remplaçant « la superpuissance étasunienne » par « la superpuissance financière »

 france.attac.org

Photo du Site web-libre.org : « tsunami : un cataclysme redouté et impressionnant » :  web-libre.org

 alterinfo.net

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